(3) René de Longueil, Madeleine de Boulenc de Crèvecœur. Vestibule d'honneur. —

(3) René de Longueil, Madeleine de Boulenc de Crèvecœur. Vestibule d'honneur. — La voûte est soutenue par huit colonnes doriques, ornées de feuillages. Les bas- reliefs sont l'œuvre de Jacques Sarrazin et représentent les quatre éléments. Aux angles, des aigles, armes parlantes des Longueil. Décoration et aménagements intérieurs Avant de procéder à la visite de l'intérieur du château, il paraît nécessaire de préciser que, dans leur ensemble, les appartements d'appa- rat sont restés à peu près semblables à ce qu'ils étaient le jour de 1651 où Mansart les a remis à René de Longueil. A l'exception de l'appartement de la Renommée, transformé par le comte d'Artois, et de l'appartement des Aigles ou de la Reine, entièrement modifié, la physionomie générale des lieux n'a pas varié. Par contre le fastueux mobilier, dont les inven- taires de 1677, 1732, 1736 et 1777 nous per- mettent de mesurer l'importance, a complète- ment disparu, emporté par les crises succes- sives qui ont affecté le domaine. Les meubles, tapisseries, sculptures, tableaux qui garnissent actuellement les pièces des différents appartements proviennent pour quelques-uns des dons faits au château; la plupart appartiennent à des musées et ne sont placés à Maisons qu'à titre de dépôt. La récente remise en état a ajouté à ce mobilier des rideaux, des lustres et de nouvelles ten- tures. La décoration du château avait été confiée à Jacques Sarrazin, qui, aidé de ses collaborateurs Gilles Guérin, Van Obstal et Philippe de Buyster, s'est en quelque sorte incorporé à l'œuvre de Mansart en une éton- nante harmonie. Vestibule d'honneur Huit colonnes doriques d'un seul morceau, ornées de feuillages et timbrées aux initiales R.L.M.B.(3), soutiennent la voûte du vestibule d'honneur. Les aigles qui se trouvent aux angles ne rappellent pas, comme on pourrait le croire, la période Empire, celle du maréchal Lannes, mais les armes parlantes des Lon- gueil. Les bas-reliefs qui ornent la retombée de la voûte sont de Jacques Sarrazin. Ils repré- sentent les quatre éléments sous les traits de Jupiter, Junon, Neptune et Cybèle. Jusqu'à la Révolution, les deux entrées étaient fermées par des grilles en fer poli de grande valeur artistique et aussi de grande valeur vénale puisqu'elles avaient coûté 40 000 écus à René de Longueil. L'une de ces grilles, côté cour, exécutée d'après les dessins de Jean Marot, porte, en son dormant, un satyre cou- ronné par des enfants; l'autre œuvre, d'un Allemand, présente en sa partie centrale un cartouche en ovale, avec un caducé entouré d'épis de blé, rappelant les armes des Boulenc de Crèvecœur. Arrachés à leurs gonds au cours de la tourmente révolutionnaire, ces grilles allèrent échouer chez un certain Dau- mier, serrurier, qui, en l'an V, les rétrocéda au musée des Arts (Archives du Louvre, lettres 369-380). 81 Chambre des captifs. — Cette pièce possède une belle cheminée due au sculpteur Gilles Guérin et dont les motifs (deux captifs enchaînés sou- tenant un médaillon à l'effigie de Louis XIII), ont servi à désigner la pièce ainsi que l'appar- tement où celle-ci se trouve située. Au linteau, nous retrou- vons le roi assis sur un char que suivent d'autres captifs, repré- sentant les provinces conquises. A gauche, copie du Repas chez Simon, par Véronèse. 82 Appartement des Captifs ou des marquis de Maisons Tournant le dos à la cour d'honneur, à gauche du vestibule, on entre dans un appartement appelé dans les inventaires anciens «appar- tement des Captifs», désignation inspirée par la décoration d'une très belle cheminée due à Gilles Guérin. Au temps des Longueil, cet appartement était probablement celui des marquis de Maisons. Sous le marquis de Soyecourt, l'appartement des Captifs fut affecté à la réception. L'inventaire de 1777 précise, en effet, que les lits ont disparu dans toutes les pièces qui en contenaient sur l'in- ventaire de 1677. Sous le comte d'Artois, l'appartement conserve la même destination; l'inventaire de 1792 en fait foi. Les deux premières pièces n'ont conservé de leur aspect XVIIe siècle que leurs belles proportions. Destinées aux réceptions elles sont peu meublées. Dans la première anti- chambre ont été placés cependant quatre bustes à l'antique, deux de femmes et deux d'hommes, qui autrefois ornaient un des ves- tibules des Tuileries, et dans la deuxième antichambre un beau lustre Empire en bronze doré, deux baromètres en bois sculpté du XVIIIe siècle et deux médaillons du XVIIe, Hercule et Omphale, qui faisaient partie de la décoration de Maisons avant la Révolution. Chambre des Captifs La chambre des Captifs fut vraisemblable- ment la chambre d'apparat des présidents de Maisons avant d'être transformée en salle de billard sous le marquis de Soyecourt et en salon de jeux à l'époque du comte d'Artois. Cette pièce possède une très belle cheminée, due au talent de Gilles Guérin, sur le manteau de laquelle se détache un grand médaillon soutenu par deux prisonniers accroupis. Dans le médaillon apparaît le profil de Louis XIII. Les sculptures du chambranle de la cheminée représentent un triomphe antique. Le vain- queur, Louis XIII bien entendu, est assis sur un char traîné par deux chevaux. Un licteur précède le char, portant la hache enveloppée dans son faisceau de verges. Derrière, des guerriers et des esclaves chargés d'un riche butin, puis quatre captifs enchaînés représen- tant allégoriquement l'Artois, l'Alsace, le Rous- sillon et la Cerdagne, provinces conquises par les armées du roi. Lors des dernières restaurations un plafond à caissons semblable à celui qui existait au XVIIe siècle a été place. Des tentures vieil or à dessins Louis XIV ornent les murs. Une grande toile due à l'Ecole Française du XVIIIe représente la partie centrale de l'œuvre célè- bre de Véronèse : Le repas chez Simon. Un autre Repas chez Simon est attribué à Jouve- net à qui serait due aussi une troisième toile, Jésus chassant les marchands du temple. Chambre des Gravures Cette chambre, dont nul document authen- tique ne donne la destination, paraît avoir été la chambre privée des marquis de Longueil. En effet, les grands seigneurs, à l'imitation des souverains.se faisaient souvent aménager, à côté de leur chambre d'apparat, une cham- bre plus intime aux dimensions plus réduites, en un mot plus confortable. De récents tra- vaux ont fait apparaître un intéressant plafond peint datant du XVIIe siècle. Actuellement sont exposés dans cette pièce des documents relatifs au domaine de Maisons, son histoire, ses transformations, ainsi que les portraits des propriétaires successifs. Salle à manger des Officiers. - De la déco- ration d'origine, due à Bélanger et à Lhuillier, il ne reste que les cham- branles de la glace et de la porte. L'un des murs est occupé par deux grandes toiles de J.-B. de Champaigne faisant partie d'un ensemble, jadis aux Tuileries, consacré à l'Éducation d'Achille. Ici le tir à l'arc et la course de chars. (4) Le tir à l'arc et La course de chars. Ces tableaux provien- nent du Palais des Tuileries où ils faisaient partie de la décora- tion d'un plafond de l'appartement du Grand Dauphin. Cabinet Longueil Cette petite pièce, appelée par tradition orale le Cabinet Longueil, a conservé intact son plafond d'origine. Le visiteur peut y remarquer un riche cabinet en laque incrusté de cuivre, datant du début du règne de Louis XIV, ainsi que d'intéressantes peintures : Le mariage mystique de sainte Catherine par Carlo Maratta, L'Annonciation par Francesco Albani et deux paysages de Bloemen. Appartement de la Renommée ou du comte d'Artois Toujours au rez-de-chaussé, séparé de l'ap- partement des Captifs par le vestibule d'hon- neur et le grand escalier central, s'étend l'ap- partement jadis appelé de la Renommée, en l'honneur d'une Renommée qui surmontait dans la pièce principale une cheminée monu- mentale. Cet appartement fut celui des deux dernières marquises de Maisons. Après l'ac- quisition par le comte d'Artois du domaine de Maisons, les lieux changèrent de vocation et devinrent aussi appartement de réception. Salle à manger des officiers Cette pièce a porté également le nom «d'anti- chambre et de salle à manger d'hiver». Le comte d'Artois n'en modifia pas la destination mais bouleversa de fond en comble sa décora- tion, qui fut confiée à l'architecte Bélanger et au sculpteur Lhuillier. Les dimensions furent encore modifiées au XIXe siècle. De la décora- tion, il ne reste plus aujourd'hui que les cham- branles de la glace et de la porte donnant dans la salle à manger du comte d'Artois. Dans cette pièce sont actuellement exposés une série de tableaux de valeur : deux grandes toiles de Jean-Baptiste de Champaigne, sur le thème de l'éducation d'Achille (4), les por- traits du comte d'Artois et du comte de Pro- vence d'après Louis-Michel Van Loo, deux très beaux Hubert Robert, La cascade et un Intérieur de parc, deux petits tableaux de Pierre Antoine Patel, Le mois d'août (les moissonneurs) et Le mois de septembre (les brigands). Ces deux toiles appartenaient à un ensemble (les douze mois de l'année) exécuté pour l'église Saint-Louis-de-la-culture, deve- nue aujourd'hui l'église Saint-Paul-et-Saint- Louis. Deux paysages de Claude-Louis Cha- telet, signés et datés de 1781, provenant de l'ancienne collection de Louis XVI, complètent cet ensemble. Salle à manger du comte d'Artois Cette uploads/s3/ construire-magazine-pp81-96.pdf

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