MÉTHODE POUR LA TROMPETTE. INTRODUCTION. On a pu voir dans le Précis historique
MÉTHODE POUR LA TROMPETTE. INTRODUCTION. On a pu voir dans le Précis historique, que la Trompettefut cul- tivée avec passion dès l'antiquitéla plus reculée, néanmoins elle fut longtemps négligée dans nos orchestres, sous le rapport des ressources qu'elle peut offrir comme instrumentd'accompagne- ment ; le développementde ces ressources, etl'emploi méthodique qu'on en fait, sont de date encore très-récente.Le mécanisme de la Trompette, simple en apparence, ne laisse pas que de présenter d'assez grandes difficultés: car, privée de l'avantage du doigté dont jouissent les autres instruments à vent, la Trompette doit par- courir l'échelle de ses sons par la seule pression de l'embouchure sur les lèvres, proportionnellement graduée. Le son de la Trom- pette est bien capable de saisir et d'entraîner tous les êtres doués de quelque sensibilité : son timbre, clair et argentin, n'est pas dé- pourvu d'agrément,même pour les oreilles délicates, si l'on en sonne avec art ; mais cet art ne s'acquiertque par de laborieuses études car la nature rebelle de l'instrument exige, une grande aptitude jointe à une volonté persévérante pour s'en rendremaître. Aussi celui qui se destine à l'étude de la Trompette doit-il avoir, avant tout, une vocation bien prononcée ; être doué en outre d'une bonne constitution ; avoir les dents sur lesquelles s'appuie l'embouchurebien rangées, et une heureuse conformation de la langue et des lèvres. La connaissance du solfège lui est indispen- sable, parce qu'il doit réunir une bonne organisation musicale et des notions théoriques qui lui permettent, avant d'émettre le premierson sur l'instrument, de solfier avec facilité etjustesse. Il arrive souvent, en effet, qu'après avoir compté plusieurs mesures de silence, et passé par quelques modulations, il s'agit d'attaquer instantanément une seule note, laquelle souvent détermine dans la partition une nouvelle modulation : alors l'instrumentiste, s'il n'est pas à mêmed'apprécierles intervalles que produit chaque ton ou corps de rechange, manque de précisionpour exprimer les intentions du compositeur. En outre, la nature de la Trompette ne permettant pas d'en varier beaucoup la musique, qui est extrêmement simple, l'étude simultanée d'un autre instrument, soit le piano, le violon, ou le violoncelle, devra hâter le dévelop- pement des facultés musicales. J'engageraidonc lesjeunes élèves à s'imposer l'obligation d'étudier l'un de ces instruments, con- curremmentavec la Trompette. Depuisenviron un demi-siècle, la forme dela Trompette d'har- monie a subi divers changements. De droite qu'elle était primiti- vement, ou si l'on veut, repliée directement sur elle-même,on la fit demi-circulaire, ou recourbée en demi-circonférencequ'on appelaitvulgairementdemi-lune,puis tout à fait circulairecomme un petit Cor. Ces deux modèles offraient à l'exécutant assez de facilité pour obtenir quelques tons et demi-tons, par l'emploi de la main dans le pavillon (moyen auquel on n'a plus recours, depuis l'invention des Trompettes chromatiques). C'estde l'an1826 que date à l'orchestre de l'Opéra l'abandon des trompettes circu- laires, et la restauration des trompettesdroites, dont l'usageest aujourd'hui partout rétabli en France; et l'on a reconnu que le son qu'elles projettent directement, plus abrupt, plus incisif que celui des trompettes circulaires, conserve mieux à l'instrument son caractère essentiel et est bien préférable. Les Trompettes d'harmonie sont ordinairementen sol aigu, et l'on y ajoute lestons ou corps de rechange de fa, mi t|, mi b, ré,, ré b, ut, si bj, si b, ~ et la b. On s'était longtemps contenté d'employer six tons ou corps de rechange, qui sont, à partir du grave : si b, ut, ré, mi b, mi q, et fa ; mais les compositeurs modernes, depuis Rossini, ont inséré à son exemple, dans leurs ouvrages, des trompettes dans les tons sus-nommés. On emploiepresque toujours dans les orchestres les Trompettes par couple ; et même quelquefois par quatre, alors souvent dis- posées en deux tons différents. Sous le rapport de l'exécution des différentesparties de Trompette, je n'admettrai pas dans ma Mé- thode le principe établi pour le Cor, d'une étudeparticulièrepour chacune d'elles. Je prétends que le trompettiste bien exercé peut les remplir indistinctement,sauf l'avantagepeu commun dont la nature aura doté quelques-uns,de produire avec une extrême fa- cilité les notes aiguës ; la seule supériorité du talentdevra désigner ordinairementl'artisteauquel on pourra confier l'exécution de la première partie. Je laisserai donc à l'habileté l'avantage d'exécuter égalementl'une et l'autrepartie; cettetâche, d'ailleurs,sera rendue moins difficile par le modèle d'embouchureque nous avons adopté, lequel forme le moyen terme entre ceux qui sont spécialement disposés pour le grave ou l'aigu. Les fanfares de cavalerie s'écrivent aussi à quatre parties, mais pour des Trompettes en mi b, à l'unisson,que l'on désigne ainsi : 1re Trompette, 2e Trompette, 3e Trompette ou Principale, attendu que c'est elle qui est chargée d'exécuterles passages rapides en doubles coups de langue, les arpéges et variations placées dans une fanfare. La 4e s'appelle toquet ou toccato. Les Italiens désignent les parties de Trompette de la manière suivante : Clarino 1° ... ou 1re Trompette. Clarino 2° ... OU 2e id. Tromba la ... ou 3e id. ou Principale. Tromba 2a ... Toccato, ou 4e Trompette. On se ferait de la Trompette une idéeincomplète, si l'onne con- cevait qu'elle joint à la sublimité et à l'éclat incisif qui appartien- nent essentiellement au type originel et fondamentalde l'instru- ment, lequel électrise,pour ainsi dire, les hommes et les chevaux sur un champ de bataille, d'autres qualités variées et même en- tièrementopposées. Je pourrais citer nombrede passagesoù l'in-' troductionde la Trompette a produit les plus heureux effets sans troubler le calme et sans altérer la douceur qui doivent y régner. Le changement de tonalité apporté par chacun des corps de re- change donne au compositeur la possibilité d'obtenir la variété des timbres dont il peut avoir besoin pour nuancer ou colorer diversement ses effets. En m'imposant la tâche d'écrire cette méthode, j'ai eu pour but de conserver et de propager,en les développant, les principes d'un instrumentqu'il serait fàcheux de laisser tomber dans l'oubli, et dont les traditions ne sauraient se perdre sans dommages pour les intérêts de l'art musical. Non ! le principe originel dela Trom- pette ne doit point être effacé par les inventions modernes des pistons et cylindres, qui ont donné naissance à de nouveaux in- strumentsqui peuvent servir, il est vrai, à enrichirl'instrumen- tation, mais ne remplacerontjamais, sous le rapport de la pureté et de la clarté de son, la Trompette naturelle, tant appréciée dans sa simplicitépar les compositeurs d'intelligence et de goût, et dont je comparerai généralement l'emploi dans les partitions, à une couleur vive et éclatante placée sur la palette du peintre, qui ne s'en sert que de temps à autre pour obtenir de brillanteslumières. En définitive, je dirai qu'il est impossible de devenir habile trompettiste, dans aucungenre, si l'on ne commencepar faire une étude complète de la Trompette naturelle. Ne serait-ce pas, en effet, s'opposer à tout progrès ultérieur,que de se livrer d'abord à l'étudede l'instrumentqui offre le secours mécanique des cylindres et pistons, au lieu de s'exercer à vaincre toutes les difficultés de l'articulationpar le seul jeu de nos organes, tandis qu'il faudra à peine quelques instants pour se rendre maître du mécanisme de tous les systèmes de Trompettes possibles, à celui qui a déjà obtenu la précision de l'attaque du son, c'est-à-dire la chose la plus difficile, la plus longue à acquérir sur la Trompette ? Enfin, dans cetteMéthode,je me suis efforcé d'exposer avec toute la clarté dont ils sont susceptibles les préceptes d'un art auquel j'ai voué toute mon existence, persuadéd'avance que les élèves pourront les suivre pas à pas : heureux de les guider dans cette carrière, si je puis leur aplanir les obstacles et concourir à leur succès ! 1 PREMIÈRE PARTIE. Da Son et de ses principales modifications. Toutes les vibrations de la matière pondérable qui s'opèrent avec une certaine rapidité, transmisesà l'organede l'ouïe, don- nent lieu à la perception du son. Des vibrations isochrones dont les intervalles sont réglés et appréciables, simultanés ou succes- sifs, distinguentle son musical des autres sons ou bruits qui ré- sultent de vibrations plus ou moins confuses. Toutes les modifications du son se rapportent à quatre pritici- pales, savoir : Le ton, l'intensité,la durée, et le timbre. Le ton, c'est-à-dire le degré d'élévation ou d'abaissement du son, résulte de la plus ou moins grande vitessedes vibrations so- nores. La distinction des sons s'établit donc par leurs intervalles. Les intervalles des sons musicaux sont réglés sur une échelle de proportiondont le type normal est dans la nature. Le degré de cette échelle qui correspondau son fondamental d'un instrument est le ton auquel cet instrument emprunteson nom propre. Ainsi, Trompette en ut, Trompette en ré, etc., celles dont le ton le plus grave, ou la tonique est un ut ou un ré de la gamme diatonique. La tonique de la Trompette est déterminée par la longueur de son tube, laquelle sera toujoursen raison inverse de l'élévation du ton ; de sorte qu'on abaisse le diapason de l'instrument par l'ad- dition des tubes de longueurs déterminées par les intervalles des toniques nommées tons ou corps de rechange de la Trompette. Or, on obtient les tons à partir du grave, en augmentantgraduelle- ment la pression de l'embouchurependant l'émission du son, et proportionnellementaux intervalles.En uploads/s3/ imslp569176-pmlp917211-me-thode-pour-la-trompette-pre-ce-de-e-methode-1.pdf
Documents similaires
-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 09, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 10.4522MB