La musique Grecque Antique © Marielle Eichenberger, 1998. INTRODUCTION I. Les i

La musique Grecque Antique © Marielle Eichenberger, 1998. INTRODUCTION I. Les instruments dans la Grèce Antique 1) les cordes 2) les vents 3) les percussions II. La pratique musicale dans le quotidien des Grecs 1) les mythes 2) les concours 3) les genres de compositions musicales III. L’éducation musicale 1) notions préalables 2) les modes 3) les genres et les tons 4) les rythmes et la notation musicale 5) les vestiges découverts BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE DISCOGRAPHIE CRITIQUE CONCLUSION ANNEXES INTRODUCTION La musique, assurons-nous tous, compte parmi les choses les plus agréables, qu’elle soit simplement instrumentale, ou instrumentale avec chants ". Cette citation d’Aristote, dans Politique, nous plonge immédiatement au cœur de l’art musical qui occupait une place majeure dans la vie des Grecs anciens. Dépassant tous les arts, la musique a été pratiquée en de multiples occasions, faisant partie intégrante de leur vie quotidienne. En témoignent les multiples inscriptions sur les vases, sculptures, peintures, les traités musicaux. Bien que les supports écrits aient difficilement traversés l’épreuve du temps, on dénombre tout de même une cinquantaine de fragments musicaux retrouvés à ce jour. Il s’agit principalement de papyrus, de marbre ou de pierre. En réalité, il n’y a qu’une douzaine de fragments que l’on peut étudier, les autres étant en trop mauvais état pour en tirer des éléments valables, et par là même, faire avancer les recherches dans ce domaine. A ce propos, force nous est de constater que le nombre de chercheurs spécialisés n’atteint pas celui des doigts de la main. Non pas que le sujet n’ait suscité aucun intérêt, mais l’ampleur du travail en ayant rebuté plus d’un. Ce n’est pas le cas de Théodore Reinach, Jacques Chailley, Annie Bélis qui se sont intéressés de près à cette musique antique ; je serai donc amenée à citer leurs noms de temps à autre, ayant nécessairement eu recours à leurs nombreux écrits, qu’il s’agisse d’ouvrages ou d’articles de périodiques. En ce qui concerne ces articles, je tiens à préciser que je ne les ai volontairement pas cités dans la bibliographie car la plupart d’entre eux ne fait l’objet que d’une ou deux pages. La musique dans l’Antiquité grecque représente environ dix siècles de musique, commençant véritablement au VIIème siècle avant Jésus-Christ ; c’est sur l’ensemble de cette période que nous allons découvrir la richesse et la variété des instruments, la pratique musicale venant à tout moment embellir le quotidien, sans oublier bien sûr la naissance de la théorie musicale, que les Grecs nous ont léguée. I- Les instruments dans la Grèce Antique Afin de se rendre compte de l’ampleur et de l’importance du rôle musical dans la civilisation grecque, il est intéressant de connaître une estimation qui a été faite : dans l’Antiquité, un vase peint sur dix représentait une scène avec un instrument de musique. Aucun autre thème iconographique n’a jamais atteint cette proportion étonnante ! Hormis quelques cuivres réservés à un usage particulier et les percussions, les instruments prépondérants de la Grèce antique résident dans la lyre et l’aulos. Ils sont révélateurs de deux civilisations menant une lutte impitoyable : l’une nomade et pastorale dont le symbole est la lyre faite de matière animale, associée au culte d’Apollon, l’autre sédentaire et agricole s’exprimant par l’instrument végétal, l’aulos de roseau, lié au culte de Dionysos. Il existe naturellement d’autres instruments, que j’évoquerai après avoir étudié plus en détail ces principaux instruments à cordes et à vent. 1) les cordes Nous venons de citer la lyre comme l’instrument à cordes le plus populaire dans l’Antiquité grecque. En effet, c’est avec elle que les enfants s’initiaient à la musique dès qu’ils avaient appris à lire. Leur cours se déroulait chez un " cithariste ", qui était un professeur de lyre, et non pas de cithare, comme le mot pourrait le laisser croire. De nombreuses poteries représentent des scènes d’école, où les enfants tiennent une lyre, assis face à leur maître. La lyre était un instrument pour amateurs : on en jouait dans les banquets, les fêtes privées, au gynécée. Homère y fait allusion dans le chant XVIII (590) de l’Iliade : " Au milieu des filles et garçons, un enfant jouait d’une claire lyre de façon charmante, accompagnant la belle cantilène qu’il chantait d’une fine voix. Les autres en même temps le suivaient, frappant le sol avec force, poussant des cris en choeur, marquant les pas de la danse ". Pour comprendre tout d’abord comment a été conçu cet instrument, je relaterais brièvement la légende d’Hermès qui, enfant, inventa la lyre : il ramassa une carapace de tortue, il y adapta deux montants qu’il réunit par une traverse, tendit une peau de bœuf sur la caisse ainsi formée et attacha sept cordes sur l’instrument naissant. Cette construction se perpétua de l’époque archaïque jusqu’au déclin de l’empire romain. Les parties essentielles de la lyre sont : la caisse de résonance " echeion ", faite d’une carapace de tortue. Une membrane vibrante en peau était tendue sur le côté concave, accroissant la puissance sonore de l’instrument. deux bras de corne ou de bois, appelés " pecheis " = bras ou " kerata " = corne. Ces bras étaient reliés par un joug en bois appelé " zygon ". les cordes en boyau ou en lin, appelées " chordai ", " neurai ", étaient fixées au " chordotonion ", ou " chordotonos " en bois situé sur la partie inférieure de la caisse. Elles passaient sur un chevalet appelé " magas " et étaient tendues jusqu’au zygon où elles étaient attachées à des anneaux mobiles de cuir ou de coton ou à des chevilles appelées " kollaboi " et " kollopes ". La lyre primitive avait trois cordes. Celle qui est le plus souvent représentée sur les vases en comporte sept. Une huitième corde fit son apparition au VIème siècle avant J.- C., on suppose qu’elle a été ajoutée par Pythagore. Le nombre de cordes fut porté à neuf, onze, douze et même quinze. Elles étaient accordées de façon qu’on puisse bénéficier de plusieurs échelles modales. Les mains de l’exécutant se partageaient les cordes : les graves à gauche, les aiguës à droite. Il pouvait jouer avec les doigts ou avec un plectre d’os ou de métal. Nous trouvons dans le chant VIII de l’Odyssée, parmi les passages faisant allusion aux coutumes musicales, cette citation : " Allons, tous les meilleurs danseurs Phéaciens, à vous de jouer ! Je veux que, navigation, course à pied, chant et danse, notre hôte de retour chez lui, conte aux siens combien nous sommes supérieur aux autres. Qu’on aille vite et rapporte à Démodocos sa lyre au chant clair, qui se trouve quelque part dans notre demeure. Le hérault alla chercher dans la maison du roi la cithare bombée ". Phorminx fut le nom le plus ancien de la lyre, tandis que la cithare fut un dérivé. La forminx Probablement le plus ancien des instruments à cordes, cette lyre primitive aurait été utilisée par les aèdes, sortes de bardes qui allaient de place en place chanter l’histoire des héros. Elle avait deux bras en corne et formait un croissant d’un seul tenant. Homère la cite dans le neuvième chant de l’Iliade : " Ils trouvèrent Achille en train de se réjouir l’âme au son clair d’une belle lyre artistement travaillée, qui portait un manche en argent. Avec elle, il se réjouissait le cœur, chantant les actions glorieuses des héros ". la cithare Deux variétés existent : la kithara à base plate, plus élaborée et plus perfectionnée que la lyre et qui diffère par sa caisse, sa taille et sa sonorité. La caisse, en bois, largement plus grande que celle de la lyre, produit par conséquent un ton plus sonore et plus plein. Tandis que la lyre fut toujours l’instrument privilégié des amateurs, la kithara était surtout jouée par des professionnels. Dans sa forme classique, elle a sept cordes. Elle apparaît au VIIème siècle et elle est associée à Terpandre. Il eut le mérite de l’améliorer ou de l’imposer car elle existait depuis longtemps. la " cithare à berceau ", un instrument plus simple à base arrondie, ainsi dénommée par les savants modernes. Cette dernière pourrait être identifiée à la phorminx. Une cithare de très grande dimension, plus haute qu’un homme, a été retrouvée dessinée en relief sur un vase hitite. Elle est représentée posée au sol et jouée par deux exécutants simultanés. Ce vase est exposé au Musée d’Ankara. le barbitos Variante de la lyre mais plus étroite et comportant des cordes plus longues, avec un diapason plus bas. Comportant sept cordes, cet instrument était également appelé " barbiton ". Contrairement à la lyre et ses dérivés que l’on portait devant soi, appuyés contre la poitrine, maintenus par un baudrier, la légèreté du barbitos permettait de le porter sur le côté, appuyé contre la hanche et perpendiculaire au corps. Les courtisanes utilisaient souvent cet instrument, facile d’emploi lors de banquets. A la suite de ces instruments à cordes les plus souvent employés, nous en trouvons d’autres, mineurs. Le canon uploads/s3/ la-musique-grecque-antique.pdf

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