1 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Table des matières 03 Biog
1 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Table des matières 03 Biographie 22 Œuvres phares 57 Importance et questions essentielles 70 Style et technique 79 Où voir 91 Notes 94 Glossaire 109 Sources et ressources 114 À propos de l’auteur 115 Copyright et mentions 2 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Dans la première moitié du vingtième siècle, Ozias Leduc (1864- 1955) était l’un des peintres les plus importants du Québec. Il naît trois ans avant la signature de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique et décède alors que se devinent les signes avant-coureurs de la Révolution tranquille. Il n’est pas une figure de transition, mais plutôt une personnalité qui marque la continuité. Les changements qui se produisent dans son œuvre traduisent les transformations socioculturelles qui l’affectent dans la permanence d’une pensée centrée sur le rôle de l’art. Pour Leduc, l’art doit manifester les plus hautes valeurs de l’être humain, et celles-ci s’expriment par le beau. 3 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Son œuvre exigeante définit un idéal artistique centré sur la recherche et l’étude qui doivent mener à une meilleure connaissance de soi. Leduc a profondément marqué l’art canadien non seulement par l’œuvre qu’il a créée, mais aussi par l’empreinte durable qu’il a laissée sur ses élèves. LA FORMATION D’UN AUTODIDACTE Au départ, rien n’annonce qu’il deviendra l’un des artistes les plus importants de sa génération. Né à Saint-Hilaire (Québec) le 8 octobre 1864, Ozias Leduc est le fils d’Émilie Brouillette (1840-1918) et d’Antoine Leduc (1837-1921), menuisier-charpentier et cultivateur. Dix enfants sont issus de ce mariage contracté en 1861, mais six seulement atteignent l’âge adulte, dont l’aîné, Ozias. La fratrie semble fort liée et Leduc entretient des liens étroits avec ses sœurs, Délia (Adélia) (1870-1946) et Ozéma (1878-1956), et ses frères, Origène (1876-1952), Honorius (1877-1959) et Ulric (1880-1965). Ozéma et Honorius lui serviront de modèles, ce dernier sera également l’un de ses assistants1. GAUCHE : Ozias Leduc, La maison natale, v.1910, huile sur carton, 20,4 x 34 cm, collection privée. La maison familiale des Leduc aurait été construite vers 1790. En 1913, le peintre la reçoit en donation de son père. Restaurée, elle est accessible au public à Saint-Hilaire. DROITE : La famille Leduc photographiée par Ozias Leduc, photographie tirée d’un négatif sur verre, BAnQ Vieux-Montréal. De gauche à droite : Adélia, Honorius, non identifiée, Ozéma et Ernest Lebrun. Assis : Émilie Leduc (née Brouillette), non identifiée et Ulric. Saint-Hilaire est une localité située à 35 km au nord-est de Montréal. La famille habite une petite maison sur le rang des Trente située à moins de 2 km de la rivière Richelieu, juste au pied du mont Saint-Hilaire, tel que représenté dans le dessin Vue du lac, mont Saint-Hilaire, 1937. Les Leduc possèdent un vaste terrain en dénivelé qui s’étend depuis la montagne. Celle-ci, une des neuf collines montérégiennes, s’élève à 410 m au-dessus de la vallée du Richelieu. Son sol accidenté recèle une carrière, des grottes et un lac. Sa richesse en minéraux, la diversité de sa flore et de sa faune fascinent Leduc qui en fera un objet de recherche et la source de son imaginaire. À ce paysage vertical répond en contrepoint la rivière Richelieu, affluent du Saint-Laurent. Le cours d’eau semble jouer un rôle moins important dans son œuvre bien que ses mouvements fluides et ondoyants, proches de l’Art nouveau, se retrouvent dans plusieurs de ses productions traduisant l’activité qui unit les formes 4 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Ozias Leduc, Autoportrait à la caméra, v.1899, photographie tirée d’un négatif sur verre, BAnQ Vieux-Montréal. naturelles. On les retrouve, par exemple, dans les méandres de la neige de Neige dorée, 1916, ou dans les formes ondulantes qui encerclent les figures dans L’Annonce de Marie corédemptrice, v.1922-1932. Le contact avec la nature est primordial dans sa pensée et sa vie à Saint-Hilaire forme le centre d’un univers qu’il n’a eu de cesse d’explorer. Leduc est mince et petit de taille, ce qui contraste avec ce paysage démesuré. Il porte une barbe à partir des années 1890 et un chapeau couvre alors sa calvitie partielle, tel qu’il se dépeint dans un autoportrait de 1899. Les photos le montrent toujours bien mis : complet, chemise blanche, cravate. Peignait-il dans cette tenue? Plusieurs amis ont témoigné de sa personnalité. En 1954, plusieurs années plus tard, le collectionneur et ami Louis-J. Barcelo écrit ceci : « Ce qui m’a frappé surtout c’était la beauté du regard. Un regard très doux, comme baigné de rêve, mais lumineux et pénétrant, qui suivait avec curiosité et intérêt les mouvements de son interlocuteur, avec parfois une lueur de malice amusée. […] ce rêveur est avant tout l’homme de son métier, l’artisan probe et exigeant2. » Si Leduc se définit comme autodidacte, sa formation est cependant jalonnée de plusieurs apprentissages. Au premier titre, on peut considérer que le cadre familial a instauré des habitudes de vie. Le travail manuel que pratique son père et la régularité que nécessite l’entretien d’un verger ont sans doute fourni au jeune Leduc une disposition pour le travail minutieux, réglé et constant. Toute sa vie, il ne dérogera pas d’une pratique continue à l’atelier, étudiant, dessinant et peignant. Dès ses débuts, Ozias Leduc montre un intérêt pour le livre et la lecture. En 1880, après avoir terminé sa sixième année à l’école du rang des Trente, il s’inscrit à l’école modèle du village où il reçoit l’encouragement de l’instituteur Jean-Baptiste-Nectaire Galipeau. Celui-ci y enseigne pendant 25 ans et dirige la fanfare locale. Leduc s’attache à cet enseignant qui lui fournit des modèles pour dessiner3. Leduc s’entoure d’une bibliothèque importante4 qui lui fournit les bases de sa formation, des livres qui constituent un vaste répertoire de connaissances et d’images dont il peut s’inspirer. Il est abonné à plusieurs périodiques d’art de France, d’Angleterre et des États-Unis dont Studio International, Art et décoration, Arcadia et la série Masters in Art. Ses natures mortes, telles que La phrénologie, 1892, ou Nature morte dite « au mannequin », 1898, et ses scènes de genre, dont Le jeune élève, 1894, mettent en valeur ces imprimés qu’il regroupe autour des outils de son art ou qu’il associe à des adolescents en train de lire. La présence du livre signifie l’importance que l’artiste lui accorde comme instrument de formation et comme mode d’accès à la connaissance de la nature et de l’art. 5 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Ozias Leduc, La liseuse, 1894, huile sur toile, 29,6 x 25,6 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec. Ozéma Leduc, la sœur de l’artiste, pose pour ce tableau qui fait partie d’une suite d’œuvres montrant des adolescents absorbés par la lecture. PREMIÈRES COMMANDES Ses tout premiers pas en peinture sont accomplis dans le domaine de l’art religieux, au sein du cercle d’artistes italiens actifs à Montréal. En effet, grâce aux liens qu’entretient le clergé avec Rome, plusieurs commandes sont passées à des artistes italiens dont un certain nombre viennent travailler au Québec. Au dix-neuvième siècle, un réseau d’artistes se partage le marché de la peinture 6 OZIAS LEDUC Sa vie et son œuvre de Laurier Lacroix Luigi Capello, Saint-Rémi baptisant Clovis, 1877, huile sur toile, église de Saint-Rémi de Napierville. religieuse : les artistes locaux, qui forment une tradition faisant passer les décors d’une suite de tableaux – François Baillairgé (1759-1830), Jean-Baptiste Roy-Audy (1778-v.1848), Joseph Légaré (1795-1855), Antoine Plamondon (1804-1895) – à un traitement unifié prenant en charge l’ensemble du décor architectural – Napoléon Bourassa (1827-1916), François-Édouard Meloche (1855-1914). Puis les artistes italiens et allemands, qui introduisent l’influence des Nazaréens et, enfin, les artistes religieux (prêtres ou religieuses), qui font surtout des copies de tableaux célèbres pour orner les églises et lieux de dévotion. À partir de 18 ans, selon la tradition orale, Leduc est engagé comme peintre de statues pour l’atelier de Thomas Carli (1838-1906) qui réalise des sculptures en plâtre. En 1886, il devient l’apprenti de Luigi Capello (1843-1902), peintre décorateur d’églises, dont celle de Saint-Rémi. Originaire de Turin, Capello a épousé en 1881 la cousine germaine de Leduc, Marie-Louise Lebrun (1859-1939), et il réalise la commande d’un panorama représentant l’intérieur de la cathédrale Saint-Pierre de Rome (disparu) auquel collabore Leduc. Au cours de la même année, Leduc décore la chapelle Saint-François-Xavier de la basilique de Sainte-Anne- de-Beaupré (détruite). En 1892, il reçoit une commande pour compléter le décor de l’église Saint-Paul-L’Ermite, dans ce qui est maintenant le secteur Le Gardeur, à Repentigny, commencé par Capello. Entretemps, il a également assisté l’artiste Adolphe Rho (1839-1905) de Yamachiche dans la réalisation de certains travaux dont un Baptême du Christ destiné à l’église Saint-Jean- Baptiste, Ein Karem (près de Jérusalem), un lieu de pèlerinage visité par les Canadiens français. Leduc demeurera attaché à Rho et à sa famille. Cet artiste touche-à-tout offre un modèle de l’artiste bricoleur et entrepreneur qui doit faire preuve de débrouillardise pour répondre aux multiples demandes du marché. Ces premières commandes lui uploads/s3/ institut-de-lart-canadien-ozias-leduc.pdf
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- Publié le Sep 11, 2022
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