LES MAÎTRES DU DESORDRE 11/04/12 – 29/07/12 Galerie jardin Commissaires Jean de
LES MAÎTRES DU DESORDRE 11/04/12 – 29/07/12 Galerie jardin Commissaires Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo assisté de Sandra Adam-Couralet, critique d’art Nanette Jacomijn Snoep, responsable des collections Histoire au musée du quai Branly Conseiller scientifique Bertrand Hell, anthropologue, professeur d’ethnologie à l’Université de Franche-Comté 2 * Sommaire * Editorial de Stéphane Martin 3 * Avant-propos de Jean de Loisy 4 * Avant-propos de Nanette Jacomijn Snoep 5 * Avant-propos de Bertrand Hell 6 * Le parcours de l’exposition 7 Le désordre du monde 7 L’ordre imparfait 7 Les puissances du désordre 7 La maîtrise du désordre 8 Les intercesseurs 8 Clowns sacrés 8 Election / Initiation 9 Voyages cosmiques 9 « Psychonautes » 9 Esprits auxiliaires 10 L’envol 10 Métamorphoses 10 Epicerie des forces 11 Maladie 11 Exorcisme 12 Paroles d’initiés 12 Catharsis 13 Suspension de l’ordre cosmique 13 Le musiqué 13 Bacchanales 13 Fête des fous 14 Fêtes d’hiver 14 Conjurations profanes 15 * Le projet scénographique 16 * Générique de l’exposition 17 * Autour de l’exposition 18 Catalogue de l’exposition 18 Les aides à la visite 18 Conférences 19 Cycle de cinéma 19 Cycle de spectacles Transes et désordres 19 BEFORE Maîtres du désordre 20 Salon de lecture Jacques Kerchache 21 * Symposium L’artiste en ethnographe 22 * L’art contemporain au musée du quai Branly 23 * Informations pratiques : www.quaibranly.fr 24 * Mécènes et partenaires de l’exposition 26 3 * Editorial de Stéphane Martin Président du musée du quai Branly Quoi de plus naturel qu’une exposition sur le chamanisme au musée du quai Branly ? La question du chamanisme traverse les civilisations représentées dans nos collections, et se situe au cœur des patrimoines matériels et immatériels que le musée, depuis sa création en 2006, présente dans une perspective tout à la fois historique, scientifique et contemporaine. Le musée du quai Branly aurait pu aborder le thème de manière classique, et privilégier le point de vue scientifique, l’analyse de l’anthropologue. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait. Cette exposition, première du genre au musée du quai Branly, est en effet née de la rencontre avec un homme brillant et atypique, Jean de Loisy, érudit historien de l’art, commissaire renommé d’expositions qui ont fait date, comme Traces du sacré au Centre Georges Pompidou (2008), ou La beauté à Avignon (2000). C’est à lui que l’on doit le récent Léviathan de l’artiste indien Anish Kapoor, à l’occasion de Monumenta au Grand Palais (2011). Jean de Loisy a depuis été nommé président du Palais de Tokyo, et je me réjouis qu’il soit devenu l’un des éminents voisins du musée du quai Branly sur la colline de Chaillot. Pour ces Maîtres du désordre, projet qu’il définit lui-même comme « inhabituellement subjectif », Jean de Loisy a fait le choix original de faire dialoguer chamanisme et art contemporain, abordant ainsi la question par un chemin inattendu. Il donne la parole à une vingtaine d’artistes contemporains de renommée internationale, qui ont réalisé des installations sur la question du désordre. Aux côtés de plus de trois cents objets ethnologiques représentant ou participant des pratiques chamaniques, les œuvres contemporaines choisies témoignent d’une résonnance des questions ancestrales que posaient ou posent encore les chamanes. Ces artistes rendent lisibles, dans un langage contemporain, des thèmes constitutifs de la conscience humaine. Ils font ressurgir des signes et des comportements dont nous pensions être affranchis. Mes remerciements les plus sincères s’adressent à Jean de Loisy, dont je salue l’audace et le talent visionnaire, à l’anthropologue Bertrand Hell, auteur d’un livre qui donne son titre à l’exposition et qui a recueilli de nombreuses paroles de chamanes, et à Nanette Jacomijn Snoep, responsable des collections Histoire du musée du quai Branly, qui a guidé Jean de Loisy dans les collections du musée du quai Branly. Je salue la réalisation des architectes Dominique Jakob et Brendan MacFarlane, dont la scénographie accompagne le visiteur dans son voyage initiatique et constitue une œuvre en soi. J’adresse enfin toute ma reconnaissance aux collectionneurs privés et aux musées du monde entier, qui ont accepté d’accorder des prêts d’œuvres aussi rares qu’exceptionnelles. 4 * Avant-propos de Jean de Loisy L’Occident désenchanté fut confronté presque simultanément à l’éloignement des dieux anciens, à l’affaiblissement de l’irrationnel et à la découverte des arts primordiaux. Amputé en deux cents ans d’une conception du monde qui le régissait depuis le temps des cavernes, l’art moderne naissant, encore accompagné en ses débuts par les sorcières de Goya, les formes primordiales de Redon et les masques d’Ensor, se détourne d’abord, puis retrouve, capte à nouveau les intuitions et le sens des mythes de sociétés parfois révolues. Si, de l’aube du XX e siècle à aujourd’hui, l’intérêt des artistes pour les arts dits « premiers » ne s’est jamais démenti, de l’expressionnisme allemand à Joseph Beuys, de Picasso à Barnett Newman, de Pollock à Cameron Jamie, on a eu tort de n’y voir qu’un enrichissement de l’histoire des formes. La fréquentation avérée, continue, des poètes, des écrivains, des essayistes et des peintres avec les ethnologues du XX e siècle, le mélange des genres et des activités des uns et des autres, éclaire de manière éloquente le sens profond, la responsabilité dont se charge ainsi l’art depuis presque deux siècles. La quête que conduisent ces grands artistes est une recherche sur l’humain, une traversée des significations de l’expérience individuelle ou collective, bref, selon une procédure particulière, une anthropologie. C’est à ce titre qu’une exposition dans un musée d’ « arts premiers » peut être nourrie par l’intervention des artistes d’aujourd’hui. C’est dire que leur présence dans ce projet, où ils accompagnent la présentation d’objets rituels de cultures pour la plupart apparentées à l’animisme, n’est pas convoquée parce qu’ils seraient des sortes de mages ou de chamanes contemporains. Absolument pas. Ils sont présents en tant qu’ils explorent, comme des chercheurs, comme des poètes, les thèmes constitutifs de la conscience humaine. Or, parmi ces grands sujets, l’interminable drame cosmique de la création du monde, théâtre perpétuel de la sortie du chaos vers un cosmos ressenti comme provisoire, le maintien du rythme des jours et des nuits, du cycle des saisons comme la relation difficile entre la liberté individuelle, l’expression des pulsions et les contraintes de l’organisation sociale, sont associés à la continuelle oscillation, au difficile équilibre de l’ordre et du désordre. C’est ainsi qu’au cœur de la plupart des rituels, la régulation de ce couple turbulent, sujet des mythes anciens et de pratiques toujours actuelles, est confiée à des personnages qui doivent se charger statutairement ou implicitement de cet équilibre : nous les appelons les « maîtres du désordre », ainsi que les qualifie Bertrand Hell dans le livre éponyme qui est à l’origine de cette exposition. Cet ouvrage, sous-titré Possession et chamanisme, décrit des pratiques toujours vivantes qui font surgir en des points multiples de la planète la silhouette fort connue, quelle que soit l’époque, d’un personnage très particulier « associé à l’ambivalence, à la transgression, au bricolage ». Élu par les esprits, sa marginalité, son extranéité, parfois son ambiguïté sexuelle manifeste, souvent l’ensauvagement, témoignent de l’authenticité de l’élection et de la légitimité de la parole inspirée. Il ne s’agit pas là d’une simple question de pouvoir ou de pittoresque, mais plus gravement de la condition de l’efficacité des soins qu’apporte l’initié à l’individu ou à la communauté confrontée à l’infortune. Dérisoire et burlesque parfois, redouté car porteur de vérité, libre de sa parole, incarnation de la nécessité du politiquement incorrect, personnage à la formidable fortune littéraire et picturale, certains artistes aujourd’hui, Jacques Lizène ou Paul McCarthy par exemple, endossent un rôle semblable. Grotesques, triviaux, ils tendent au regardeur le miroir dans lequel se reflètent les travers de la société. L’indécence ne les gêne pas puisque c’est la nôtre, ils sont les personnages libres qui déjouent les tentatives coercitives du consensus. Ce sont les nécessaires figures transgressives qui réaniment le jeu sans fin du chaos et de la règle. Ils permettent à l’art contemporain de remplir l’une de ses fonctions majeures dans notre société moderne : mettre en turbulence les convictions, rejouer ce qui paraît acquis, élargir notre champ de conscience, faire exploser les règles convenues. Jean de Loisy Commissaire de l’exposition 5 * Avant-propos de Nanette Jacomijn Snoep Le principe d’une entité perturbatrice du monde est universel. On trouve ces perturbateurs de l’ordre de l’Égypte à la Grèce antique, du Maroc au Congo, du Brésil au Groenland, de Bali à la Sibérie. Ces puissances du désordre, agitatrices de l’ordre divin et animatrices de la vie des hommes malgré eux, vagabondent et errent dans les deux mondes. Ces êtres rusés et toujours imprévisibles brouillent les cartes, les pistes de l’existence. Le désordre n’a pas de limites, enfreint les règles, dépasse les frontières aussi bien divines qu’humaines. Sa manifestation est toujours inattendue, aléatoire ; elle peut se produire n’importe où. La mort violente ou soudaine, les maladies, les catastrophes naturelles, ou encore les drames personnels sont souvent considérés comme les signes de manifestation des puissances agissantes du désordre. Mais ne faut-il pas conférer uploads/s3/ les-mai-tres-du-de-sordre-pdf.pdf
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- Publié le Jui 17, 2021
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