LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs,
LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contem- porains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. Trop d’ouvrages essentiels à la culture de l’âme ou de l’identité de cha- cun sont aujourd’hui indisponibles dans un marché du livre transformé en industrie lourde. Et quand par chance ils sont disponibles, c’est finan- cièrement que trop souvent ils deviennent inaccessibles. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, LDA). Il est également pro- tégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paiement sur le site est un délit. Trans- mettre ce fichier encodé sur un autre ordinateur que celui avec lequel il a été payé et téléchargé peut occasionner des dommages informatiques suscepti- bles d’engager votre responsabilité civile. Ne diffusez pas votre copie mais, au contraire, quand un titre vous a plu, encouragez-en l’achat. Vous contribuerez à ce que les auteurs vous réservent à l’avenir le meilleur de leur production, parce qu’ils auront confiance en vous. © Arbre d’Or, Genève, juillet 2004 http://www.arbredor.com Tous droits réservés pour tous pays Joséphin Péladan Comment on devient Fée À ma mère Ma Mère, L’hommage que je Vous fais ici ne s’inspire ni d’une prédilection pour cet ouvrage, ni du désir d’exprimer ma filialité enthousiaste. Mon œuvre, de caractère monumental, me permet peut-être l’orgueil du plan et de l’ensemble, non pas d’une pierre. Aurais-je attendu si longtemps pour y écrire Votre nom, sans cette pensée que les œuvres comme les actes d’un homme sont tous des fleurons de la couronne maternelle. A Vous qui êtes sainte, je dédie ce livre de la fée, en accomplissement de ma doctrine elle-même. Au domaine de l’inconscience et du vertige, j’ai instauré l’étude, et après avoir peint le monde sentimental, voici que je l’explique. J’ai incanté le sphinx avant de provoquer son énigme : je la révèle ici sous les formes claires et froides de la notation moderne. La douleur acceptée est toute la matière du devenir humain, et l’amour appa- raît la forme providentielle et attrayante de la douleur. Voilà la sinistre lumière que j’apporte, après onze années de méditations et d’expérience. L’amant et l’amante, devenus bourreau et bourrèle, accomplissent incons- ciemment l’œuvre nécessaire de la mutuelle torture : telle est la triste conquête que j’ai faite sur le mystère. J’aurais tu la désespérante vérité, si je n’eusse découvert aussi le baume qui guérira tous les Amfortas de la passion. Une réforme de la sensibilité découle de mes constatations ! Et quelle réforme ? sinon de substituer l’amour du mystère, l’amour de l’idée, l’amour de l’art, à l’amour. Dépouillée des ornements de la poésie et de l’art, réduite à son obscur prin- cipe, la femme devra désormais reconquérir, par des vertus ou des prestiges in- dividuels, cette principauté absurde que les chrétiens attribuèrent à toute son espèce. A ce point de vue lucide, où le Binaire se dévoile un être inconscient chargé des reliques esthétiques, l’idée de la mère a surgi et emporté tout mon enthou- siasme. 5 comment on devient fÉe J’ai comparé le sentiment maternel à tous les autres ; seul résistant à l’ana- lyse et à toutes les réactions de la pensée, il m’a paru le chef-d’œuvre du cœur ; comme la mère doit être pour tous le chef-d’œuvre des créatures. Il y a de la divinité dans cette passion qui a plus de force qu’aucune, sans un moment d’égoïsme, et qui ne montre sa fougue qu’au sacrifice et à l’abnéga- tion. Si l’adolescent était réfléchi, il garderait en son âme le rayonnement maternel comme la pierre de touche et l’ectype qui lui serviront à juger les cœurs offerts : tous seraient refusés. Amené à l’examen minutieux de l’âme féminine, je n’y ai trouvé qu’un senti- ment d’or pur : la maternité, et voilà pourquoi, Ma Mère, je Vous fais cet hom- mage explicite, toute mon œuvre étant implicitement consacrée à Votre gloire ; heureux si je sème de quelques lauriers les pas vénérés de Votre vieillesse. Une des beautés du catholicisme sera d’avoir fait presque un dogme de ce suprême sentiment, d’en avoir sublimé la belle innéité. Marie, mère de Dieu, étend un peu de l’éclat de son nimbe sur toutes les mères. Si je juge les êtres qui m’ont aimé, de tous j’ai souffert, et je découvrirai à chacun quelque reproche : car on n’inspire jamais qu’un unique sentiment abso- lument parfait — au seul cœur de sa mère. Vos mérites sont des joyaux qu’on ne montre pas aux visiteurs, qu’on ne pré- sente pas à un public : ils doivent rester au cœur du fils. Vous avez été le salut, la paix et le sourire de trois nobles esprits dont je suis le moindre. Mon père fut un saint, et mon frère un génie ; à tous deux le destin a manqué : je reste seul à témoigner de Votre âme admirable ; et si quelque inquiétude me peut venir sur l’imperfection de mon effort, c’est en pensant que Votre œuvre — à Vous — c’est moi, et qu’on juge la mère par le fils — du moins. Plein d’admiration et d’amour, sar peladan le pré des oiseaux (saint-enogat), 17 août 1892 6 Elenctique Je crois et je proclame que l’Église catholique, apostolique et romaine est la Vérité. Je fais profession d’en être le fils et je lui promets mon intelligence et mon sang. Je reconnais l’infaillibilité du Pape prononçant sur le dogme « Ex Cathedra » et « Urbi et orbi ». Quoique ma conscience et ma science me reprochent aucune hétérodoxie, je suis prêt à brûler mon œuvre de mes propres mains, si Pierre l’infaillible la jugeait mauvaise ou intempestive. s. p. 7 À la jeune femme contemporaine Voici la vérité, sainte et nue, sur toi et sur l’amour. Reçois, ma sœur, ce don précieux que les hiérophantes, autrefois, faisaient seulement aux jeunes reines. S’il existait encore une vraie princesse, par le monde, c’est-à-dire une femme à la fois puissante au soleil et intelligente devant Dieu, je lui aurais apporté ce livre, au lieu de le publier. Hélas ! les intelligentes ne sont pas princesses, et les princesses ne sont plus intelligentes. Je confie l’enchiridion de la féerie à ce même courant hasardeux où j’ai jeté le manuel de la Magie. Des êtres aux idées, les attractions sont proportionnelles, et si par aventure une princesse doit devenir intelligente, ou bien une intelligente princesse, ces pages fatalement s’ouvriront sous ses yeux. Quant à toi, Mademoiselle ou Madame Tout-le-Monde, qui te crois quel- qu’un, parce que le clair de lune te rend rêveuse, et que tu cherches dans l’art d’amoureuses impressions, comprendras-tu ? Comprenais-tu lorsque j’expliquais moi-même publiquement les secrets du binaire1 ? D’abord curieuse, puis inquiétée de tant de lumière sur ton faux prestige, enfin muette et convaincue, tu as connu ce qu’était le mâle cérébral. La prétention, ici, doit être la virilité de la pensée, maintenue en une matière où les hommes sont femmes. Tu effrayes le prêtre qui t’exorcise, tu amuses le mondain qui te flatte : l’un s’exagère ton charme et l’autre ne voit pas ton danger. Entre le sermon et le madrigal, voici une parole sévère et cependant équita- ble. Si tu t’enquiers de plusieurs avis, les uns te diront que je m’éloigne de l’ensei- gnement de l’Église, ou que je blasphème ta sainte absurdité, ma sœur ; je m’en remets à toi pour décider. Pistole volante, main de gloire, anneau de Gygès, chapeau de Fortunatus, 1 Allusion aux trois conférences faites au Théâtre d’Application les 24, 26 et 28 mai 1892, au profit de l’Ordre de la Rose † Croix du Temple.(Note de l’éditeur). comment on devient fÉe verge d’Aaron, mandragore qui chante, abraxas, philtres et talismans : voilà ce que tu désirerais recevoir du Mage. Le diable, ses parties et ses possessions, le sabbat et ses luxures, la sorcellerie et ses envoûtements, telles sont les matières que tu lirais avec avidité. Au lieu de ce fatras criminel, j’ai dressé en mon œuvre une sorte de serpent d’airain : et les malades de la sensibilité, les hallucinés de la passion, les obsédés de la femme, en y touchant, se sentiront guéris. Sur le couple éternel j’ai jeté les rets de Vulcain, et je convie les êtres pensants à contempler ce que recèle ce faux poème, cette religion blasphématrice de toutes les autres, l’amour, dans le réseau des lois métaphysiques. uploads/s3/ peladan-josephin-comment-on-devient-fee.pdf
Documents similaires
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/AaCybUwcIfsXErwPB1OJXuQEyiRIoBmSB8tkxpASHvFme2bk3ERqAznUKR3tRZsmKl7dadhuqmmsoBRelDtm9c12.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/qIvsJHBfsvJikya2mfPPZ2SIprlprOW9rCF4yuV6qVb9WF90b7mkkcswYutt2S5xu4yD46ahkfSJQm6XrRv0gLfF.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/3m1JZiKIcE2O9GMo7LuD0BbxNbOCqcYgGP8aDsdOZ02nvwS22RjfTCzjYwPt5iPM9VstRdfA4cIBR1bj0kzDTFUt.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/rM5Lw0evvs3m7t1HeU4VDBXWUTGc3KY0sEvAzzwc5m8qSqse5jxmYlsCBLTmSsx54nTUumyYg7UsR62Qfk37gCr4.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/g1r5XkKqAcWLCLKaB3j1GjL3uncFQznt5F9uyyagCJhkUjj2jrFKbVj8xDXih8YdWFUFeqv13SigTWRsONiJk1np.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/NBivBLwPOa19Ocmt6JHqUXmmklNOdz3tmaY5HJzMmBrkvPqn3GOzJQGgUeF1Xq3t5D4Taa2QiyQd8UOghfFVbnhq.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/qsR97seCngU6aIyB5b5nW5UhKEWhncBZweL3C5XPGgZ5db8NVqBDCN7Tx5pnG75DNmuyLfhXsSIdpgTeMXVDHNlc.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/Gcu7X3viYxempBP3iLqYOlRW0gxEb6nfW4A7Ouzi9Kg8vOlrgMhem5Il7e3u0HREBXQ97Grl9XRFNRuhZMMsBatM.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/9cTwZCzh2aGHlzkos789V5XiyqjgyeDbVG43Q6TzLubqv4TRAWBsKL1dWf1pjEXNUEkAzmqDGW9oorshB64Gwc40.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/sr3QSvfWsE5rpiUgGoSjBTX2C8DwMxpZSynfuNz5ZbaTOvxMWIzDIRpI0xVMEwh9pwtIEqSjFIcZYzWHnk734N88.png)
-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 06, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 0.7162MB