UNITE 1 : BASES DE L’EXPRESSION LITTERAIRE. 1- LE LANGAGE FIGURE Le langage fig

UNITE 1 : BASES DE L’EXPRESSION LITTERAIRE. 1- LE LANGAGE FIGURE Le langage figuré est celui par lequel un mot exprime une idée en lui donnant du style, tout en faisant appel à une ressemblance pouvant être réelle ou imaginaire. Le langage figuré s’oppose au langage littéral (ou propre), dans la mesure où ce dernier nomme les choses par leur véritable nom, telles qu’elles sont. Par exemple: le mot chien désigne, au sens propre, un mammifère quadrupède qui appartient à la famille des canidés. Cependant, dans le langage figuré voire familier, le concept peut être, du moins en France, employé en tant que terme d’injure. « Quel temps de chien! » (Il ne fait pas beau), « Jean bosse comme un chien » (il travaille dans les pires conditions), « Aujourd’hui, je suis d’une humeur de chien » (je suis de très mauvaise humeur). Le langage figuré attribue au sens propre des énoncés des sens supplémentaires. Il appartient donc au lecteur ou à l’interlocuteur de découvrir voire déchiffrer la véritable valeur et/ou signification. Si quelqu’un écoute une phrase du genre « Il bosse comme un chien » et que cette personne ne connaisse pas les codes linguistiques (ou les figures de style) employés en France, elle se sentira très probablement déconcertée. Ce que le langage figuré produit est un déplacement du sens. « Mon chef m’a rugi et m’a laissé sans alternatives » ne veut pas dire que le patron de cette personne soit un lion (l’animal qui rugit). L’énoncé suggère plutôt que le chef a une attitude féroce avec qui il est impossible de discuter. Le langage figuré est fortement employé dans la poésie et dans les textes littéraires. Par contre, dans les documents scientifiques ou juridiques, pour n’en citer que quelques-uns, le langage propre est préférable étant donné qu’il est plus précis voire neutre, évitant ainsi toute confusion. 2- LES FIGURES DE STYLE Une figure de style est un procédé qui consiste à s’écarter de l’usage ordinaire de la langue pour donner un caractère « littéraire » à ce que l’on énonce. On fait une utilisation originale de la langue, on joue avec les codes, on exprime de façon singulière ce que l’on souhaite écrire. Les figures de style peuvent agir sur le sens des mots, la construction des phrases ou sur leur sonorité. On peut aussi parler de figure de rhétorique ou de figure du discours. Comment faire des progrès et maîtriser les figures de style ? Il existe des ouvrages de référence sur les figures de style, notamment le Gradus de Bernard Dupriez, le Lexique des figures de style de Nicole Ricalens-Pourchot ou le manuel de Patrick Bacry. L’acheter Figures de style en A Accumulation L’accumulation est un procédé qui consiste à aligner, à accumuler un grand nombre de termes pour multiplier les informations dans le but d’insister sur une idée, lui donner plus de force, la rendre plus saillante, plus frappante. L’accumulation est une figure d’amplification. Les mots accumulés sont en général de même nature, de même fonction grammaticale ou de même sonorité afin de rendre l’expression plus cohérente. La gradation et l’énumération sont des types d’accumulation. L’anaphore et l’hyperbole s’appuient sur ce procédé. Exemple : Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume, Le sinistre océan jette son noir sanglot. Hugo, Légende des siècles, Les Pauvres gens Hugo accumule le nom des éléments auxquels « l’océan jette son noir sanglot ». En savoir plus Acrostiche Un acrostiche est un jeu littéraire qui consiste à écrire un poème dont on peut lire un mot formé par les initiales des vers. Ce mot est souvent le nom de l’auteur, le nom de celui à qui on dédie le poème ou un mot en rapport avec le titre du poème. Exemple : Voulez-vous que verte vous die ? Il n’est joué qu’en maladie Lettre vraye que tragédie Lasche homme que chevalereux, Horrible son que mélodie, Ne bien conseillé qu’amoureux Villon, Ballade des contre-vérités On peut lire verticalement le nom de l’auteur du poème : VILLON. En savoir plus Adynaton L’adynaton (adynata au pluriel) est une hyperbole tellement exagérée que l’information en devient inconcevable, invraisemblable, impossible. L’effet visé est souvent humoristique. Exemple : C’est un roc ! C’est un pic ! C’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … c’est une péninsule ! Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4 En savoir plus Allégorie L’allégorie est une figure par laquelle on exprime, on représente une idée, une notion ou un thème par une métaphore, une personnification, une image ou, plus généralement, une forme concrète. En d’autres mots, l’allégorie est une représentation concrète d’une notion abstraite. Elle utilise un symbole (un texte, une image, etc.) qui véhicule une notion. À l’écrit, on la repère souvent par l’utilisation de la majuscule. L’allégorie a donc deux sens : un sens littéral (la forme qui représente l’idée) et un sens figuré (l’idée, la notion qui est représentée). Exemple : Le Temps mange la vie, Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croit et se fortifie Baudelaire, Fleurs du mal, L’Ennemi Baudelaire représente une notion abstraite, le temps qui fuit, de manière concrète, comme un monstre qui dévore la vie de l’homme. Il y a donc, en outre, une personnification du temps. Personnification et allégorie vont souvent de pair. L’allégorie du temps qui fuit (tempus fugit) est un lieu commun de la littérature. En savoir plus Allitération Une allitération est une figure de même consonne (un même « son style qui consiste à répéter de manière exacte ou approximative, une », de type consonne). Cette répétition trouve son sens dans le texte dans laquelle on la trouve. On voit le plus souvent les allitérations dans la poésie ou le théâtre. Jean-Marie Viprey définit l’allitération ainsi : Une saillance significative dans la récurrence d’une consonne, à l’échelle d’une configuration textuelle donnée. Exemple : Un vers de Racine dans Andromaque est l’exemple le plus célèbre d’allitération dans la langue française : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Racine, Andromaque, V, 5 Ici, le son « s » (par la consonne s, ou la consonne c) est répété 5 fois et suggère le sifflement du serpent. Bref, il faut se demander : est-ce que la répétition d’une consonne permet de remarquer quelque chose ? En savoir plus Anacoluthe L’anacoluthe est une figure qui consiste à opérer volontairement (on le suppose…) une rupture dans la syntaxe. La construction grammaticale de la phrase est transformée pour lui donner un effet rhétorique. C’est une faute maîtrisée. La phrase se dirige vers le point vers lequel on l’attend, avant de prendre brusquement une autre direction. Elle est comme interrompue dans son cheminement. Exemple : Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face du monde en eût été changée. Pascal, Pensées, 392 Ici, le verbe aurait dû avoir « le nez » pour sujet. Le sujet « La face du monde » apparaît sans qu’on l’attende. Pascal veut surprendre en exprimant un saut intellectuel par cette étrange syntaxe : l’histoire a été comme modifiée par le nez de Cléopâtre ! Pascal, mathématicien De génie, établit un parallèle implicite entre deux longueurs : la taille du nez de Cléopâtre et la face du monde. On le comprend : l’anacoluthe est fréquente dans le langage parlé. En savoir plus Anadiplose L’anadiplose est une figure qui consiste à répéter le dernier mot d’une proposition (un même ensemble de termes) au début de la proposition suivante. Exemple: Je vis ce beau Lyon, Lyon que tant je prise. Du Bellay, Les Regrets, Lyon Il y a anadiplose car le mot Lyon est répété dans deux propositions différentes, séparées par une virgule. En savoir plus Anagramme Une anagramme est un jeu littéraire qui consiste à former un ou plusieurs mots en transposant les lettres d’un ou plusieurs autres mots. Exemple: Ange / Nage Arts / Rats / Star / Tsar Autre exemple : Les mots « Gare maman » ou « Maman rage » peuvent être formés à partir d’anagramme. En savoir plus Anaphore L’anaphore est une figure de style qui consiste à répéter un même mot ou un même groupe de mots en tête de phrases, de vers, de paragraphes qui se suivent. C’est une figure de style qui donne une impression d’insistance, de symétrie et renforce un propos. Ce procédé est particulièrement populaire en poésie. Attention ! Il faut essayer de comprendre l’intention de l’auteur. En effet, l’anaphore n’est pas le résultat d’une négligence. Elle est voulue par l’auteur qui peut vouloir souligner une juxtaposition, créer un effet d’accumulation, un effet musical, suggérer une obsession, l’urgence ou donner l’effet d’une incantation, etc. Exemple : Paris, Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! … Charles de Gaulle, Discours à l’Hôtel de ville de Paris le 25 août 1944 En grammaire, l’anaphore est un procédé par lequel un mot ou un groupe de mots rappelle un autre mot ou groupe de uploads/s3/ tecnica-1.pdf

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