BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Généra
BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 1 sur 8 BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR TOUTES SPÉCIALITÉS CULTURE GÉNÉRALE ET EXPRESSION Session 2015 _______ Durée : 4 heures Aucun matériel autorisé Dès que le sujet vous est remis, assurez-vous qu’il est complet. Le sujet comporte 8 pages, numérotées de 1 à 8. BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 2 sur 8 Ces objets qui nous envahissent : objets cultes, culte des objets PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE (/40 Points) Vous rédigerez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents suivants : Document 1 : Philothée GAYMARD, Le vintage. Le monde expliqué aux vieux, Éditions 10/18, 2013. Document 2 : Propos recueillis par Aude LASJAUNIAS, M, le magazine du Monde, 5 juillet 2012. Document 3 : Nathalie SARRAUTE, Le Planétarium, Éditions Gallimard, 1959. Document 4 : Affiche de l’Anjou Vélo Vintage, 2014. DEUXIÈME PARTIE : ÉCRITURE PERSONNELLE (/20 Points) : Selon vous, le culte des objets du passé n’est-il qu’une attitude superficielle ? Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures et vos connaissances personnelles. BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 3 sur 8 DOCUMENT 1 Paris, 2013. Une jeune fille en robe à fleurs et veste en jean élimé enfourche son vélo. Arrivée chez elle, elle allume une lampe de bureau industrielle, posée sur une antique table d’écolier, à côté du canapé Ikea. Elle a presque terminé la saison 6 de Mad Men : son MacBook sur les genoux, elle recherche sur Internet des sous-titres en français pendant que le dernier épisode se télécharge. Cette jeune 5 fille appartient à la génération Y. Elle est née en Occident entre 1980 et 1995. Elle vit à Paris, mais elle pourrait aussi bien être nantaise, nîmoise, montpelliéraine. Elle pourrait également être berlinoise, new-yorkaise ou londonienne. Elle pourrait, aussi bien, être un garçon. Sa vie quotidienne est peuplée de références à un temps qu’elle n’a pas connu : elle possède des meubles des années 1950, porte les robes 10 seventies de sa mère, écoute souvent Elvis Presley et Ella Fitzgerald. Pourtant, elle est considérée par les sociologues comme une digital native, c’est-à-dire quelqu’un qui était assez jeune quand les nouvelles technologies de communication ont émergé pour avoir grandi avec elles. Elle possède un smartphone et un ordinateur. Elle utilise depuis longtemps Twitter, Skype et Facebook. Ses photos et vidéos de la 15 vie quotidienne, prises avec son téléphone, alimentent son profil sur Instagram ; elle y applique des filtres qui imitent le rendu de la pellicule, c’est plus joli. Quand elle part en vacances, elle utilise plus volontiers un vieil appareil argentique que ses parents lui ont donné. Un objet symbolise cette fusion entre la technologie contemporaine et celle du passé : la platine vinyle qui trône dans son salon, dotée 20 d’un port pour y brancher son iPod. Les deux derniers concerts qu’elle a vus sont ceux de We Were Evergreen, trio français aux sonorités qui rappellent la beach pop des années 1960, et Tame Impala, un groupe australien dont le chanteur a piqué la voix de John Lennon. Elle appartient à la génération Y, et le vintage1 peuple sa vie. Le vintage, c’est la mode de l’ancien. Depuis le début des années 2000, la 25 jeunesse occidentale s’adonne à une sorte de culte pour les vêtements, les accessoires, les meubles et les productions culturelles de la seconde moitié du XXe siècle. Le mot « vintage » fleurit partout, sur les devantures des magasins de vêtements et aux frontons des festivals et salons. Il hante les séries télévisées à succès comme Mad Men, qui met en scène des publicitaires new-yorkais des 30 années 1960, et sert de prétexte à des films d’époque dont les auteurs sont nostalgiques. La musique se fait sous l’ombre tutélaire2 de Bob Dylan, de Pink Floyd, de Serge Gainsbourg. Les meubles de Pierre Paulin et le lounge chair d’Eames3 n’ont jamais été aussi prisés. Les jeunes des années 2010 vivent dans un équilibre permanent entre des éléments ultra-contemporains et des résidus des Trente 35 Glorieuses4. …/… 1 Étymologiquement, terme qui caractérise des alcools ayant longuement vieilli en fût, ce qui est un gage de qualité. 2 Protectrice. 3 Fauteuil et repose-pied conçus par le designer américain Charles Eames. 4 Période de forte croissance économique de trente ans débutant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 4 sur 8 En même temps qu’ils sont en train de construire le monde de demain, ils chérissent une époque qu’ils n’ont pas connue. […] Le vintage est le témoin d’un nœud d’incompréhension entre les baby- boomers et leurs enfants. Et ce nœud est fondé sur une définition de la jeunesse qui 40 a changé. Quand on dit « jeunesse », la génération de nos parents entend « révolte », « nouveauté », « nihilisme », « liberté ». Confrontés au goût de leurs enfants pour le vintage – c’est-à-dire pour des choses qu’eux se sont efforcés de repousser pour la seule raison qu’elles n’étaient pas neuves –, les baby-boomers y voient une fascination morbide, des jeunes déjà vieux, confits dans la peur de 45 l’avenir et incapables de créer quoi que ce soit. Quand on dit « jeunesse », la génération Y entend « inquiétude », certes, mais aussi « enracinement », « harmonie », « cohérence », « responsabilité » et, oui, « enthousiasme », « envie », « innovation », « création ». Tous ces mots se retrouvent dans le vintage parce que cette mode est un 50 reflet fidèle de la génération Y, de ses craintes et de ses aspirations. Il serait difficile de trouver un phénomène contemporain qui illustre mieux la manière de vivre des jeunes des années 2010. Plus qu’une mode, le vintage est une manière d’appréhender le monde, en termes esthétiques, économiques, éthiques, sociaux. Et malgré son attachement au passé, cette manière est inédite. 55 Philothée GAYMARD, Le vintage. Le monde expliqué aux vieux, Éditions 10/18, 2013. BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 5 sur 8 DOCUMENT 2 La journaliste Aude Lasjaunias interroge ici Didier Ludot, spécialiste de la haute couture vintage et propriétaire de plusieurs boutiques à Paris. Les pièces et accessoires vintage sont devenus de plus en plus populaires chez les amateurs de mode, comment expliquez-vous cet essor ? C'est un peu sociologique tout ça. Les gens ont besoin de se rassurer, de revenir aux vraies valeurs. Il y a une réelle prise de conscience du fait que les vêtements haute couture vintage sont des pièces très rares : ils ont été faits, à 5 l'époque, à très peu d’exemplaires et ont souvent disparu avec le temps. Les gens veulent de plus en plus l'exclusivité. Imaginez, dans une soirée, deux dames arriver avec la même robe Dior des années 1950... C'est hautement improbable. Il existe une espèce de snobisme aussi pour une femme en se disant : « Je suis la seule à avoir ce tailleur Dior ou ce tailleur Balmain. » 10 Par ailleurs, les femmes en ont assez de suivre les diktats de la mode, d'entendre des remarques comme : « Tiens, celle-là porte un tailleur Chanel de l’année dernière, quelle ringarde ! ». Les femmes qui achètent des vêtements vintage ont une démarche proche de l’achat d'un bijou. Elles savent qu’elles vont pouvoir le porter longtemps, dans la mesure où c’est un vêtement au départ démodé mais qui 15 en définitive ne l’est plus, il en devient intemporel. Aujourd'hui, le vintage dans la garde-robe d'une femme est devenu comme une griffe. Une femme élégante, maintenant, elle va s’habiller chez Prada, chez Gucci et en vintage. Dans un vêtement vintage, il y a une notion de trésor. La femme sait que c'est une pièce unique, donc elle en prend soin. L’achat et le port d'un vêtement vintage 20 en définitive c’est tout un cérémonial. Existe-il une « mode » dans le vintage ? On ne suit pas du tout les tendances de mode dans le vintage. Par ailleurs, je trouve personnellement qu'il n’y a plus de tendance de mode : une femme peut porter une mini-robe comme une robe sous le genou ; il n’y a plus comme dans le 25 temps les couleurs : à telle saison il fallait du rouge, à telle saison il fallait du jaune... BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR – TOUTES SPÉCIALITÉS SESSION 2015 Culture Générale et Expression CULTGEN Page 6 sur 8 Dans le vintage les femmes « tombent amoureuses » d’un vêtement, qu’il s’agisse d’un tailleur des années 40, d’un ensemble Courrèges ou d’un manteau Cardin. Il n’y a pas de démarche du type : « Tiens, tel élément est à la mode cette saison, je vais en chercher une déclinaison vintage. » Beaucoup de femmes 30 apprécient uploads/s3/ bts-cg-et-ex-sujet-vintage-du-15-01-2015.pdf
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- Publié le Sep 26, 2021
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