Sommaire: Introduction 3 1 – Vers une esthétique de la planéité 6 1.1 De l’abst

Sommaire: Introduction 3 1 – Vers une esthétique de la planéité 6 1.1 De l’abstraction à l’expression : esthétique et enjeux picturaux de l’expressionnisme abstrait 6 1.1.1 L’esthétique de la planéité 10 1.1.2 Le rythme plastique 15 1.2 De la dilution à la vacuité rythmique : esthétique et enjeux dans la pratique du drone et du doom 37 1.2.1 Le Doom et le Drone électrique 37 1.2.2 Le Drone dans la musique contemporaine 42 2 - Geste et processus de création plastique et sonore dans un espace hybride 55 2.1 Essence de l’acte de « figuration » : geste, processus et durée au centre du faire de l’artiste 57 2.2 De l’hybridation d’un espace à l’intelligibilité de la corporéité de l’auteur et de la matérialité de l’œuvre 68 3 - D’une pratique analogique à un dispositif hybride : Anterograde 89 3.1 Evolution du faire pictural et sonore 89 3.2 L’hybridation comme vecteur de l'intelligibilité de l’œuvre 116 Conclusion 125 Bibliographie et webographie 127 Index des noms cités 131 Table des illustrations 133 Annexes 135 3 Introduction Anterograde est un projet visant à mettre en exergue le geste et le processus de création artistique en tant qu’éléments prépondérants à l’expérience esthétique. Je propose ainsi comme axe de recherche que la matière picturale et sonore trouve son plus haut degré d’intelligibilité à travers ce geste et ce processus de création. C’est-à-dire là, où le rapport d’intentionnalité entre l’auteur et l’œuvre, et l’espace-temps de matérialisation picturale et sonore est le plus pur, inaltéré ou non-parasité. Seul le caractère sensible et esthétique de cette matière apparaît alors, laissant émerger une matérialité et temporalité qui lui est propre. Pour apprécier cette intelligibilité de l’œuvre ainsi définie, je propose la mise en place d’un dispositif permettant une appréciation sensible du processus de création artistique simultanément à celle de l’œuvre terminée, afin d’obtenir l’expérience esthétique la plus complète. Les notions fondamentales de mon projet étant le rythme, la durée, le processus, l’intentionnalité, le geste, ainsi que la fragmentation dans le contexte de l’expérience esthétique, visuelle et sonore. D’un point de vue esthétique et théorique, j’ai pris le parti de mettre en résonance la pratique picturale de l’expressionnisme abstrait (plus précisément l’action painting1 de Jackson Pollock2 et les Color-field paintings3 de Mark Rothko4) et la pratique musicale du drone (par exemple les travaux de Sunn O)))5 ou de La Monte Young6). Mes ambitions plastiques et sonores pour ce travail étant de mettre en avant une certaine planéité, dilution, lenteur, abstraction picturale et sonore ainsi que densité et uniformité, j’ai choisis de valoriser la matière même, et non une forme de représentation ou d’incarnation/figuration au sens mimétique où interprétatif de celle-ci. Ainsi, les interprétations sur l’aspect inconscient et surréaliste du travail de Pollock seront mises à l’écart de ma recherche au profit d’un point de vue strictement esthétique et technique, visant à mettre en avant son rapport d’intentionnalité avec la matière, la forme, et les dynamiques plastiques. De plus, l’influence du fresquisme ou muralisme mexicain et plus précisément les travaux de José Clemente Orozco7 ou David Alfaro Siqueiros8 sur les œuvres de Pollock ne feront pas non plus partit de notre analyse. Au niveau pictural et plus particulièrement de l’expressionnisme abstrait, les travaux de Willem De Kooning9, Lee Krasner10, Sam Francis11 voire Pierre Soulages12 seront entre autres étudiés afin d’approfondir et de confronter la relation à la gestuelle et l’esthétique plastique au sein de ce travail de recherche, alors que d’un point de vue sonore, ce sont les travaux d’Eliane Radigue13 ou de Khanate14 que j’étudierai. 1 Ou « peinture d’action ou gestuelle» en français, traduction du terme employé par le critique américain Harold Rosenberg en 1952 dans The American Abstract Painters publié dans la revue ARTnews de Décembre 1952 à propos du travail de Pollock 2 Artiste américain (1912-1956) reconnu pour son langage plastique unique dans l’abstraction américaine des années 50 3 Littéralement « peinture de champs colorés », mouvement émanant de l’expressionnisme abstrait de l’école de New York dans les années 1940 à 1960 4 Artiste américain d’origine lettone (1903-1970) impliqué dans le mouvement expressionniste abstrait aux Etats- Unis 5 Groupe américain de drone formé à la fin des années 90 à Seattle reconnu dans le milieu musical metal 6 Compositeur et artiste américain né en 1935 reconnu comme un des fondateurs de la musique minimaliste expérimentale et pour sa collaboration au mouvement Fluxus dans les années 60 aux côtés de John Cage 7 Artiste mexicain (1883 – 1949) fondateur du muralisme (1920-1930) 8 Artiste mexicain (1896-1974) qui créa en 1936 le New York The Siqueiros Experimental Workshop à New York auquel participa assidument Jackson Pollock 9 Artiste américain d’origine batave (1904-1997) figure importante du mouvement expressionniste abstrait 10 Artiste américaine (1908-1984) épouse de Jackson Pollock participant au mouvement expressionniste abstrait 11 Artiste expressionniste abstrait américain (1923-1994) 12 Artiste plasticien français né en 1919, reconnu pour son travail sur la matière picturale qu’il appelle le « noir lumière » ou « outre-noir » 13 Compositrice de musique minimaliste éléctronique et acoustique française née en 1932 14 Groupe américain formé en 2001 jusqu'à 2006, ils ont sortit 4 albums dont un posthume en 2009 4 Les auteurs principaux sur lesquels j’appuie ma réflexion et mon analyse sont Milija Belic pour sa notion de durée et de rythme dans l’expérience et le processus de création artistique : « Au commencement, alors, il n’y a que l’énergie et sa nature vibratoire exprimée par le mouvement ondulatoire. Ces phénomènes ondulatoires ou vibratoires expliquent aussi bien la genèse de la forme que la forme finie, aussi bien le mouvement qu’une forme stationnaire, l’organisation temporelle que la configuration spatiale qui est, finalement, toujours provisoire. La forme suit le mouvement : la forme est le produit du mouvement en même temps que le mouvement possède une forme. ». 15 Je convoque également Margit Rowell pour son approche du geste et de la matière picturale dans son analyse de l’expressionnisme abstrait : « La matière picturale idéale du peintre d’action est ainsi pratiquement une anti-matière. Traditionnellement inerte, ici la matière doit être aussi mobile que l’improvisation psychique et gestuelle qu’elle incarne. » 16ainsi qu’Edmond Couchot pour sa théorisation de l’intelligibilité de l’œuvre, du temps du faire et du voir artistique ainsi que l’hybridation numérique : « Il faut aussi abandonner l’idée, elle aussi trop simple, que la temporalité d’une image est entièrement contenue dans le temps des événements que l’image décrit. ». 17 L’autre aspect important dans l’appréhension de ce projet de recherche est l’hybridation des techniques picturales et sonores, et des techniques analogies et numériques. Tout d’abord au niveau de la technique et des matériaux, le dispositif constituera en la création d’une œuvre interactive (auteur/œuvre) dans laquelle peinture, sons et images seront liés directement via la gestualité de l’auteur et la matière durant le processus de création artistique. L’analogique et le numérique rentreront ainsi en relation entre la corporéité de l’auteur, la matière picturale et sonore, et un dispositif numérique faisant entrer en résonance ces différents éléments afin de créer à la fois un nouveau matériau (plastique et sonore) et un nouveau niveau de lecture de l’expérience de création artistique. Techniquement, afin de mettre en avant l’intentionnalité de l’auteur, un rapport d’interactivité sera mis en place dans le dispositif par un système de captation ; les mouvements de l’auteur (acte créateur) seront retransmis numériquement pour modifier et visualiser la matière sonore qui s’écoulera tout au long de la création artistique. De cette interactivité geste/matière, des nouveaux rapports d’intentions vont découler pour l’auteur, confrontant ainsi sa corporéité à une matérialisation picturale et sonore interdépendante. Un intérêt particulier sera également porté au montage de la captation vidéo du processus, afin de faire écho aux notions agissantes de mon projet. Notons également que ce projet de recherche vise par cette hybridation de pratiques analogiques avec l’outil numérique à actualiser des problématiques picturales et sonores. En introduisant les notions propres à la peinture américaine des années 50 et à la musique contemporaine des années 70 dans une œuvre mettant également en jeu les technologies numériques, je souhaite proposer une nouvelle appréhension de ces pratiques, contemporaine et propre à ma sensibilité. Ainsi, je souhaite aller dans la continuité d’une démarche proposée par Miguel Chevalier18 par exemple avec son œuvre Pixel Liquide.19 S’inscrivant dans la continuité de l’Action Painting, il propose une version interactive et numérique de l’expressionnisme abstrait, mettant en jeu le corps comme « pinceau électronique » ou créant des « dripping électroniques ».20 Si ma démarche n’est pas la même dans la forme, ma volonté commune à celle de Chevalier de dépasser les limites de la plasticité et de la sonorité dans un cadre nouveau via d’autres mediums artistiques que ceux mis en jeu dans ces pratiques habituellement, apporte à 15 Milija Belic, L’Apologie du Rythme. Le rythme plastique : prolégomènes à un méta-art, Paris, L’Harmattan, 2002, p°51 16 Margit Rowell, La peinture, le geste, l’action, Editions Klincksieck, Paris, 1972, p°33 17 Edmond Couchot, Des images, du temps et des machines dans les arts et la communication, uploads/s3/ benjamin-moreau-memoire 1 .pdf

  • 23
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager