Anne Queffélec J o h a n n S e b a s t i a n B a c h C o n t e m p l a t i o n
Anne Queffélec J o h a n n S e b a s t i a n B a c h C o n t e m p l a t i o n Anne Queffélec Anne Queffélec piano Johann Sebastian Bach J e d é d i e c e d i s q u e à m a m è r e Johann Sebastian Bach 1. Bach/Busoni « Ich ruf’ zu dir, Herr Jesu Christ » BWV 639 3'40 2. Bach Adagiosissimo du Caprice sur le départ de son frère bien aimé BWV 992 3'12 3. Bach Prélude n°4 en do dièse mineur BWV 849 (1er Livre) 2'35 4. Bach Prélude n°22 en si bémol mineur BWV 867 (1er Livre) 2'12 5. Bach/Cohen Choral de la Cantate « Jesus nahm zu sich die Zwölfe » en si bémol majeur BWV 22 1'55 6. Bach Prélude n°8 en mi bémol mineur BWV 853 (1er Livre) 4'16 7. Bach/Busoni Adagio de la toccata pour orgue en ut majeur BWV 564 4'29 8. Bach Sarabande de la suite anglaise n°2 en la mineur BWV 807 3'46 9. Vivaldi/Bach Largo du concerto pour orgue en ré mineur BWV 596 3'08 10. Bach Sarabande de la suite française n°1 en ré mineur BWV 812 2'55 11. Bach Andante du concerto italien en fa majeur BWV 971 5'18 12. Marcello/Bach Adagio du concerto pour hautbois en ré mineur 4'34 13. Bach Prélude n°14 en fa dièse mineur BWV 883 (2ème Livre) 2'34 14. Bach/Siloti Prélude en si mineur BWV 855a 2'56 15. Bach/Siloti Prélude pour orgue en mi mineur 4'08 16. Bach Aria des variations Goldberg BWV 988 4'24 17. Bach/Hess « Jesu, meine Freude » de la Cantate « Herz und Mund Tat und Leben » en sol majeur BWV 147 3'30 18. Bach Sarabande de la Suite anglaise n°3 en sol mineur BWV 808 4'12 19. Bach/Kempff Siciliano de la sonate pour flûte et clavecin en mi bémol majeur BWV 1031 3'29 20. Bach/Busoni « Nun komm’t der Heiden Heiland » BWV 659a 5'04 21. Bach/Kurtág Sonatina de la Cantate « Actus Tragicus » en si bémol majeur BWV 106 (pour piano à quatre mains, avec Gaspard Dehaene) 2'36 durée totale : 74’ 34“ 4 Eloge de la lenteur ou suspendre le temps Si j’ai ressenti le besoin de rassembler en un florilège ces moments musicaux de temps suspendu, ce n’est pas pour constituer ce que l’on désigne de nos jours du vilain mot commercial de compilation mais pour obéir à une nécessité intérieure de célébration de la lenteur en ces temps de renoncement à la durée. « L’œil écoute » selon le titre d’un beau livre de Claudel, mais les musiciens savent que l’oreille voit. Que l’oreille « contemple », elle aussi, même si le mot approprié manque en français. Ces préludes sans leur fugue, ces sarabandes hors de leur suite, ces transcriptions, ces adagios ne sont pas réunis au hasard. Ils répondent tous, dans leur ferveur, au doux impératif de la Passion selon St Jean « Betrachte, meine Seele », « Contemple, mon âme ». Ils procèdent de la même quête spirituelle, exprimant ces états de la prière, consubstantiels à l’œuvre de J.S. Bach. Attente, questionnement, supplication, angoisse, mais aussi acceptation du « Fiat »…, sérénité, dépassement « alles ist vollbracht », le temps de l’accomplissement vient… Comme face à un vitrail perpétuellement métamorphosé par les plus infimes variations de la lumière, ces pièces invitent à la méditation, rendent grâces à la splendeur de l’intime dans sa douceur comme dans sa douleur, recréent le silence intérieur, ce cadeau paradoxal de la musique faite de sons et qui, alors qu’elle coule et fuit comme et avec le temps, reste l’art qui peut le plus nous donner le sentiment de l’éternité, nous la rendant tout à coup plausible et familière. Chacun de nous connaît l’affinité mystérieuse qui le lie à tel mouvement de symphonie ou de sonate, tel lied, telle ligne mélodique, telle modulation, telle harmonie. C’est pourquoi il m’a semblé que le plus libre des musiciens m’autorisait ce parcours personnel plus lié à l’esprit qu’à la lettre, « aventure au lent cours » éloignée de toute virtuosité, en raison de cette vibration secrète, chimie inexplicable et bénie qui seule, m’a guidée vers ces chants qui « brisent ou raccommodent le cœur ». Puissent ceux qui écouteront ce disque rejoindre avec moi la pensée de G. Steiner « il est des andantes qui paraissent ouvrir la prison du moi et nous mettre en harmonie avec la paix océanique de l’être ». Anne Queffélec « c'est comme si l'harmonie éternelle s'entretenait avec elle-même, comme cela a dû se passer dans le cœur même de Dieu juste avant la création du monde ». Goethe, à propos de Bach Passer du clavecin au clavicorde ou à l'orgue était sans doute habitude courante pour J.S. Bach. Peu importe l'émetteur sonore car c'est plutôt la pensée et l'intellect qui comptent pour le maître de Leipzig : la forme de l'œuvre, la tonalité et les contours mélodiques ont plus d'importance que l'instrument en soi. Et d'ailleurs, avec ce travail de la pensée musicale, Bach n'a-t-il pas imaginé, en utilisant les différents claviers, l'instrument à venir : le piano tel une synthèse entre le clavecin, l'orgue et le clavicorde ? Le Clavier bien tempéré, les Suites Anglaises et Françaises comme L'Art de la fugue montrent chez Bach une idée à laquelle il était attaché : l'indifférence au choix de l'instrument. Compositeur de l'absolu, Bach regarde directement au cœur de la musique et se moque presque de son côté « matérialiste » ; et réunir, pour cet enregistrement au piano, des pièces issues aussi bien des différents claviers ou d'ensembles Johann sebastian bach 5 instrumentaux, mais aussi des diverses formes (concerto ou cantate) montre que le contenu musical prime sur le moyen : que l'idée dépasse la technique. C'est aussi pour cela que Goethe parle d'une musique qui passe par le cœur de Dieu avant la création, la formule est belle. Certes, l'homme- compositeur, - unique et génial -, ne fait pas oublier que l'époque, soucieuse des échanges entre les différentes écoles européennes, permettait aux créateurs de copier, transcrire ou adapter l'œuvre d'un contemporain. Bach l'a fait avec ses propres partitions comme avec celles de ses collègues (Vivaldi, Marcello,...). C'est aussi pour cela, qu'au-delà du passage des siècles, Busoni, Siloti, Kempff ou Kurtág feront résonner l'orgue, l'orchestre ou les chœurs de cantate vers le piano. École de la liberté, Bach inspire de tout temps car les transcriptions retenues ne trahissent jamais la pensée et laissent évoluer les arabesques, les beautés du chant, la rigueur de construction et les polyphonies jubilatoires. Au commencement était le texte. Souci de la sagesse, du savoir-faire, attention envers le prochain (ses élèves ont copié et recopié les Suites Françaises), c'est de l'expression simple, importante et primordiale à transmettre, que naissent les Préludes du Clavier bien tempéré ou les Sarabandes des Suites de danses. Destinés à l'édification, au sens architectural du terme, ces nombreuses pièces pour clavier deviennent des lieux de « passage », des valeurs essentielles pour tout apprentissage. Même la famille du cantor va se les approprier ; ainsi l'Aria des Variations Goldberg, a la svelte apparence d'une sarabande, qu'Anna Magdalena recopie et isole dans le journal intime de la famille, le deuxième Clavierbüchlein. L'écriture pour clavier de Bach est rarement virtuose : elle cherche plutôt la quintessence du chant, du rythme et de l'harmonie ; ce qui lui donne une réelle autonomie, une façon fluide de délier et de rendre indépendants les doigts du musicien. Ici, avec les trois sarabandes retenues (Suites Anglaises et Françaises), - exercices de grâce car le geste est suspendu comme celui du danseur à la cime de son saut -, perdu entre ciel et terre au milieu de la suite de danses, Bach déploie son art de la rigueur. Son art de la concentration car rien ne dépasse de ces bijoux d'orfèvrerie. C'est par une notation précise (détails d'ornementation, précision rythmique,...) qu'il sera possible d'atteindre une certaine liberté pour le compositeur. Énergie déployée, élan rythmique, carrure impeccable, Bach connaît les architectures, les accents de chaque danse, il suspend le « temps-geste » ; et l'émotion, portée par le corps qui danse, trouve sa route à travers le beau chant. Génial mélodiste avec ces simples lignes soutenues par une basse implacable, Bach joue avec les périlleux équilibres. Avec le même souci de rhétorique, les préludes (ici détachés de leurs fugues) doivent poser, avec un sens de la trajectoire déconcertant, l'enjeu d'un clavier bien tempéré : une exploration de l'affect à travers les différentes tonalités. Johann Mattheson, théoricien contemporain de Bach, parle de la sensibilité mise en émoi par chaque ton mais n'envisage que 17 tonalités sur les 24 excluant ainsi sib et mib min, ut# et fa# min encore peu usitées à l'époque. Ce sont justement ces tonalités qu'Anne Queffélec a retenues pour son disque, montrant ainsi la difficulté à nommer précisément le caractère de uploads/s3/ bach-j-s-piano-music-contemplation-queffe-lec 1 .pdf
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- Publié le Nov 18, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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