JANGARH KALAM ou l’art tribal indien des Gond Galerie Anders Hus 9 mai - 23 jui

JANGARH KALAM ou l’art tribal indien des Gond Galerie Anders Hus 9 mai - 23 juin 2012 2 Sommaire Avant-propos par Akhilesh Verma page 3 Le Jangarh Kalam ou l’art des Gond page 4 Artistes exposés : Anand Singh Shyam page 6 Durga Bai page 10 Gariba Singh Tekam page 12 Japani Shyam page 14 Kala Bai page 16 Mayank Kumar Shyam page 18 Nankusia Shyam page 20 Narmada Prasad Tekam page 22 Premi Bai page 24 Saroj Venkat Shyam page 26 Subhash Vyam page 28 Venkat Singh Shyam page 30 Extraits du prochain ouvrage de Bertrand Tardé page 33 Communiqué de presse page 34 Nos partenaires page 35 3 Avant Propos L’ouverture du musée Bharat Bhawan en Inde a permis à toutes les branches de l’art, peinture, sculpture, poésie et théâtre de se retrouver réunies sous un même toit. Le grand peintre Jagdish Swaminathan, à qui l’on avait confié l’organisation du musée, conçut deux galeries : l’une destinée à l’art tribal et l’autre à l’art urbain, montrant qu’il n’y avait pas de différence au sein de l’art contemporain. Parmi les nombreux artistes qui purent y être exposés, puis être connus ainsi à l’étranger, Jangarh Singh Shyam était très différent. Il était peintre mais aussi chanteur, en fait un « Pardhan », c’est- à-dire un barde, conteur et prètre de la communauté Gond. Jan- garh commença à peindre en utilisant les images des divinités, sensible au son et à la forme, il se pencha sur le mystère et sur le support. C’était la première fois qu’un Pardhan s’intéressait à la peinture. Il n’y eu aucun peintre dans sa communauté avant lui, aucun chanteur après lui. L’art pictural Gond est réellement né de l’imagination de Jangarh. Dans les années 80, les expositions d’art tribal du Bharat Bha- van ont révolutionné le monde de l’art indien. Actuellement, en Inde, de nombreuses expositions font connaitre cette forme d’art. Quelques peintres de la famille des Shyam, parmi les plus célèbres de l’école dite du Jangarh-Kalam sont exposés par la galerie An- ders Hus à Paris. Je suis sûr qu’elle aidera à faire comprendre et connaître le message sous-jacent de l’art tribal Gond. Anne Chevalier et Anders Laustsen ont fait un travail remarquable pour organiser cette exposition. J’apprécie, par ailleurs, leur dé- marche de venir jusqu’à Bhopal. Ils ont rencontré les artistes; ils ont passé du temps avec eux. Ils ont regardé leur travail et ont choisi les œuvres. Je salue le talent et la persévérance des artistes présents dans cette exposition. Akhilesh Artiste peintre, commissaire d’expositions en Inde et à l’étranger, conférencier et écrivain sur l’art, il a été directeur adjoint du Bharat Bhavan. Akhilesh soutient l’art contemporain indien, et particulièrement celui des tribus du Madhya Pradesh. Traduction réalisée par Writtwik Banerjee, traducteur spécialisé, Paris par Akhilesh Verma Akhilesh Verma 4 Jangarh Kalam Jangarh Kalam Jangarh Kalam veut dire à la fois le style et le pinceau de Jan- garh. C’est le peintre Akhilesh, auteur de notre avant-propos, qui a donné ce nom à une école de peinture qui s’est créée autour de la figure emblématique de Jangarh Singh Shyam. Jangarh, de son vivant mais plus encore après sa mort prématurée en 2001, est le maître incontesté des artistes Pardhan de la communauté Gond du Madhya Pradesh. Les œuvres des douze artistes que nous exposons reflètent leur vibrante mémoire collective. À tra- vers cette forme artistique nouvelle et bien distincte, cette com- munauté tribale indienne a gagné une belle victoire sur l’obli- tération annoncée de son héritage séculaire et de sa créativité. L’exposition Jangarh Kalam est un simple témoignage de cet héritage immatériel qui laisse voir de nouvelles perspectives. Jangarh Singh Shyam En 1982, le musée Bharat Bhavan, demande au grand artiste Ja- gdish Swaminathan d’organiser des recherches sur l’art tribal dans l’état du Madhya Pradesh. L’art florissant de ces tribus an- ciennes, musique, danse, célèbre et vivant dans le passé, a presque disparu. Pourtant, un jour on découvre une maison dont les murs sont couverts de dessins aux couleurs merveilleuses dans le vil- lage de Patangarh. C’est l’œuvre du jeune Jangarh. Swaminathan l’appelle auprès de lui pour travailler au musée et développer ses dons artistiques. Marié à quinze ans, Jangarh s’installe à Bhopal avec sa jeune épouse Nankusia. Sa créativité et l’originalité for- melle de ses dessins le rendent vite célèbre. Il est sollicité en Inde et à l’étranger. Il expose au musée tribal Bharat Mahotsav au Ja- pon en 1988, puis à Londres, à Paris au Centre Pompidou pour Ma- giciens de la Terre en 1989, en Hollande en 1992 et en Australie en 1993. Jangarh se suicide au Japon en 2001 dans de mystérieuses circonstances. D’un caractère ouvert, était-il néanmoins suffisam- ment préparé aux voyages lointains, à la solitude ? On dit aussi que son passeport lui aurait été retiré… Deux mondes le pleurent : celui des artistes, celui de sa commu- nauté. À l’âge de trente-huit ans Jangarh Shyam aura su faire re- naître la tradition des Pardhan, l’art tribal des Gond. Il aura aussi fait reconnaître un art, son art, au delà des frontières du royaume des Gond et de l’Inde nouvelle. Jangarh Kalam Le Jangarh Kalam est devenu le mouvement artistique actuel des Gond. Un mouvement inspiré par l’art de Jangarh et par la musique Pardhan, celle du Bana, reprise et transformée en cou- leurs et en dessins. Chacun des artistes du mouvement Jangarh Kalam est inspiré par la mythologie éclatante de la tribu et dé- veloppe également un style propre, symbolisé formellement par une signature pictographique, logotype formé de points et de traits, qui s’inspire souvent des tatouages et des masques rituels. Aujourd’hui grâce à ce mouvement artistique, la mémoire col- lective et les traditions Gond renaissent. Cet élan sert un mou- vement plus global de reconnaissance des formes artistiques tribales en Inde et des populations souvent opprimées ou spo- liées. Retour au Royaume des Gond, des Pardhan et des Dieux Il y a très longtemps le royaume des Gond, alors prospère, s’étent sur le centre de l’Inde : le Madhya Pradesh, l’Andhra Pra- desh, le Chattisgarh et le Maharastra. Cette période prospère dure peut-être 1400 ans. La communauté est relativement éga- litaire. On sait qu’il n’y a pas de prison. Le royaume est suffisam- ment riche pour entretenir ses artistes. Les Pardhan, bardes de la communauté, musiciens et chanteurs, sont aussi des prêtres qui permettent à la communauté de rester unie. Ils représentent la mémoire collective Gond en racontant l’histoire du peuple et de ses dieux. Après une très longue période de prospérité le peuple 5 Jangarh Shyam - détail - 65x51cm Gond s’appauvrit ; il n’y a plus assez de familles riches pour ré- munérer les Pardhan. La tradition se perd avec ses artistes. Dés le règne des Moghols et des Marathes, leur environnement se dégrade. Sous l’empire Britannique et après l’indépendance de l’Inde, la spoliation de leurs terres et la déforestation sont telles que les Gond ne trouvent plus leur arbre bien aimé, le Ma- hua : « On nous a pris la forêt, nous ne savons plus d’où nous ve- nons », disent les Gond. L’arbre sacré très souvent représenté, est le symbole de cet attachement à leur mémoire et de cette perte. Sources: Ce texte est largement inspiré de : 1. Narrative of a tradition - Gond Painting, Jangarh Kalam de Udayan Vajpeyi et Vivek - A Publication of Tribal Welfare Department - Madhya Pradesh. Edition Vanya 2008. ISBN 81-903764-3-8. 2. Signature - patterns in Gond art de Gita Wolf, Bhajju Shyam et Jonathan Yamakami. Tara Books 2010 - ISBN 978-93-80340-02-9 6 Anand Singh Shyam Parmi les artistes du Jangarh Kalam, Anand a créé un style poétique aux thèmes animaliers, aux couleurs basiques : le jaune, le vert, le rouge. Son approche artistique est directe, il ne cherche pas à plaire, il est parfaitement imprégné de l’art tribal. Dans la piéce où il nous reçoit, sont accrochées deux photos : l’une de son oncle Jangarh, l’autre de la cérémonie où il remet au Premier ministre indien l’œuvre qu’il vient de lui vendre. Anand est actif dans les mouvements politiques et sociaux qui défendent l’accès aux droits des populations tribales du Madhya Pradesh. Très jeune, il commence à peindre, et participe à de nombreuses expositions, en Inde et à l’étranger. Plusieurs de ses peintures sont accrochées au Bharath Bhavan à Bhopal, dans la collection Poddar exposée à la Devi Art Foundation en 2010, ainsi qu’ au Musée du Quai Branly à Paris pour Autres Maîtres de l’Inde la même année. L’exposition montre des toiles aux fonds éclatants, très représentatives de son art, à la fois poétique dans la représentation de la forêt et radical dans le traitement de sa « signature » dont les grands carreaux rouges et blancs structurent géométriquement les corps. 7 Anand Shyam - 105x85 cm - Acrylique sur toile 8 Anand Shyam - 84x57 cm- Acrylique sur toile 9 Anand Shyam - 35x28 cm- Acrylique sur papier 10 Durga Bai Les peintures de Durga Bai racontent des histoires, celles uploads/s3/ catalogue-expo-art-tribal-gond-galerie-anders-hus.pdf

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