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Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l'Institut National de la Langue Française (InaLF) [Observations sur la combinaison de l'iode et du chlore] [Document électronique] / L.-J. Gay-Lussac p157 Dans mon mémoire sur l' iode, j' ai fait voir que le chlore, l' iode et le soufre avaient entr' eux beaucoup de rapports, et qu' avec l' azote, le phosphore et le carbone ils formaient une série continue dans laquelle l' affinité de chaque corps pour l' oxigène était en raison inverse de son affinité pour l' hydrogène . En établissant ces rapprochemens, j' ai eu pour objet de montrer que le chlore et l' oxigène ne formaient point une classe séparée, jouissant exclusivement de la propriété de former des acides ; qu' ils la partageaient au contraire avec beaucoup d' autres corps, et que les substances salines formées par la combinaison du chlore ou de l' iode avec l' oxigène et les bases, étaient entièrement analogues aux nitrates et aux sulfates. J' ai aussi fait voir que le caractère acide dépend autant de l' arrangement que de l' énergie des molécules élémentaires ; et quoique, dans la combinaison des substances simples, on observe les mêmes phénomènes de saturation que dans la combinaison des acides avec les p158 bases, j' ai proposé de réserver le nom d' acide pour les substances composées , jouissant d' ailleurs des propriétés acides. Considérant enfin que l' hydrogène forme des acides très- remarquables avec le chlore, l' iode et le soufre, j' ai encore proposé le nom hydracides pour désigner ces combinaisons, au nombre desquelles a été ajouté l' acide hydrocyanique. Antérieurement à mon mémoire sur l' iode, M Davy s' était formé une idée particulière du chlore et de ses combinaisons : le chlore était pour lui un nouveau principe acidifiant, n' ayant de l' analogie qu' avec l' oxigène ; et l' hyperoximuriate de potasse était une combinaison triple particulière d' oxigène, de chlore et de potassium, dans laquelle ce dernier pouvait être oxidé à un degré même supérieur à celui qu' on lui connaît quand il est isolé. La découverte de l' iode, celle surtout de l' acide Livros Grátis http://www.livrosgratis.com.br Milhares de livros grátis para download. chlorique, n' a point changé sa manière de voir ; et dans deux mémoires qu' il a publiés dans les transactions philosophiques de I 8 i 5, pages 2 o 3 et 2 i 4, l' un sur la combinaison de l' iode avec l' oxigène, et l' autre sur la décomposition des chlorates par les acides, il établit une distinction entre les iodates et les chlorates, et les nitrates, les sulfates, etc. Il propose même une nomenclature particulière pour les combinaisons salines de l' iode avec les bases. Ainsi, en adoptant le nom d' iodine pour désigner l' iode, il donne celui d' oxiodine à l' acide iodique sans eau ; celui d' acide oxiodique à l' acide iodique combiné avec l' eau, et celui d' oxiodes aux iodates. M Davy ne regarde pas le nom acide iodique comme suffisamment défini, attendu qu' on peut l' appliquer aux divers acides formés par l' iode, et que la terminaison en p159 ate placerait les iodates dans la classe commune des sels neutres, dont ils diffèrent sous plusieurs rapports. " ils en diffèrent, dit M Davy, en ce que, lorsqu' ils deviennent des composés binaires, en conséquence de leur décomposition par la chaleur, ils conservent leur caractère neutre et salin, quoiqu' ils perdent tout leur oxigène ; ce qui n' arrive point pour aucune autre classe de corps, excepté pour les hyperoximuriates. " M Davy a donné le nom d' oxiodine au composé anhydre d' oxigène et d' iode, et a réservé celui d' acide oxiodique au même composé combiné avec l' eau, parce que " il n' est point du tout improbable que l' action de l' hydrogène dans l' eau combinée est liée avec les propriétés acides du composé ; ... etc . " enfin M Davy regarde comme probable que l' acide liquide, composé de chlore, d' oxigène et d' eau, que j' ai nommé acide chlorique , doit sa puissance acide à l' hydrogène combiné, et qu' il est analogue aux autres hyperoximuriates, qui sont des composés triples de bases p160 inflammables, de chlore et d' oxigène, dans lesquels la base et le chlore déterminent le caractère du composé ; de sorte que, suivant M Davy, on n' aura aucun droit de dire que le chlore est susceptible d' être acidifié par l' oxigène, et qu' il existe un composé acide dans les hyperoximuriates, tant qu' on n' aura pas obtenu une combinaison pure de chlore et d' oxigène, jouissant des propriétés acides. On voit par cet exposé que nous différons beaucoup, M Davy et moi, sur la manière de considérer les propriétés chimiques du chlore et de l' iode, ainsi que leurs combinaisons. Son autorité semble condamner les opinions que j' ai émises ; mais avant d' y renoncer, je prierai M Davy de vouloir répondre aux objections que je vais avoir l' honneur de lui adresser. Je demanderai d' abord si les propriétés d' après lesquelles M Davy établit une différence entre les chlorates et les iodates, et les autres composés salins, savoir, que les chlorates et les iodates neutres jouissent seuls de la propriété de perdre tout leur oxigène, sans que leur caractère neutre et salin soit altéré, ont réellement l' importance qu' il leur attribue. Pour moi, je ne vois dans ces propriétés rien d' extraordinaire, rien qu' on ne retrouve au moins dans celles d' une foule de combinaisons. Les résidus de la décomposition, par la chaleur, des chlorates et de quelques iodates, sont des composés binaires, parce que le chlore et l' iode ont pour certaines bases métalliques plus d' affinité que l' oxigène. Ces résidus sont neutres, parce que la quantité de chlore ou d' iode contenue dans l' acide chlorique ou dans l' acide iodique est justement égale à p161 celle nécessaire pour former un chlorure ou un iodure neutres avec les bases métalliques. Mais à quel caractère reconnaîtra-t- on cette neutralité ? Si, par exemple, on ne considérait que les iodates de baryte, de strontiane et de chaux, qui, en se décomposant par le feu, ne laissent que des oxides, comment pourrait-on s' assurer que les iodures de baryum, de strontium et de calcium sont neutres ? Et comment prouverait-on que le sulfure , l' azoture, le phosphure de potassium qui resteraient, quand on aurait enlevé tout l' oxigène au sulfate, au nitrate, au phosphate neutres de potasse ne le sont pas ? Si les nitrates et beaucoup de sulfates ne laissent que des oxides quand on les décompose par le feu, de même que les iodates de baryte et de strontiane, c' est parce que l' oxigène a beaucoup plus d' affinité pour les métaux que le soufre et l' azote. On peut observer encore que deux sels du même genre, comme l' iodate de potasse et l' iodate de baryte, peuvent laisser, quand on les décompose par la chaleur, l' un une combinaison neutre, l' iodure de potassium ; l' autre une combinaison alcaline, l' oxide de baryum. Enfin on peut demander comment on doit considérer un sulfate neutre par rapport à un sulfite neutre ; car le premier, en perdant de l' oxigène pour passer à l' état du second, conserve son caractère neutre et salin. D' après ces considérations, il me semble que le caractère de la neutralité du chlorure et de l' iodure de potassium, dont M Davy s' est servi pour séparer les chlorates et les iodates des autres genres de sels, n' a réellement aucune valeur. Cette neutralité est en quelque sorte accidentelle ; et en admettant qu' elle est particulière aux p162 chlorures et aux iodures, elle prouverait au plus que le chlore et l' iode ont une énergie saturante plus grande que l' azote, le phosphore, le soufre, etc. Il ne faut pas d' ailleurs, malgré les apparences, confondre un chlorure ou un iodure avec un sel proprement dit. J' ai déjà observé qu' il fallait réserver le nom d' acide aux composés binaires ou ternaires jouissant réellement des propriétés acides, et ne pas l' appliquer aux corps simples, quoiqu' ils eussent les propriétés générales des acides. J' ajouterai qu' il faut aussi réserver le nom d' alcali aux composés binaires jouissant des propriétés alcalines , et celui de sels aux combinaisons formées par un acide et par un alcali, d' après l' idée que je viens d' en donner. Des molécules complexes ne se comportent pas comme des molécules simples ; et il me paraît aussi important que naturel de classer les composés d' après l' ordre de composition de leurs molécules constituantes, lesquelles peuvent être considérées tantôt comme simples, tantôt comme complexes. Une pareille classification ne serait pas seulement commode ; elle est aujourd' hui absolument indispensable. Ainsi l' eau ne dissout presqu' aucun corps uploads/s3/ gay-lussac-observations-sur-la-combinaison-de-l-x27-iode-et-du-chlore-ga000542.pdf

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