L'écoute à la question Author(s): Antoine Hennion Source: Revue de Musicologie

L'écoute à la question Author(s): Antoine Hennion Source: Revue de Musicologie , 2002, T. 88, No. 1 (2002), pp. 95-149 Published by: Société Française de Musicologie Stable URL: https://www.jstor.org/stable/947473 REFERENCES Linked references are available on JSTOR for this article: https://www.jstor.org/stable/947473?seq=1&cid=pdf- reference#references_tab_contents You may need to log in to JSTOR to access the linked references. JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Musicologie This content downloaded from 86.252.33.179 on Fri, 11 Jun 2021 09:49:58 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Antoine HENNION L'6coute a la question Le propos de cet article est de recueillir, de fa;on ouverte et proviso car il s'agit d'un travail en cours, les reflexions collectives d'un semin qui, a partir de quelques premisses partagees sur lesquelles nous revenir, s'est donne comme objet de travailler sur l'6coute en montan serie de dispositifs experimentaux 2 L'id"e de depart est simple : considerer la musique comme un re incertain, dependant de ce qu'en fait son auditeur, et non comm acquis. Car par ces mots, d'experiences, de resultats, il ne faut pas ent que, tels des physiciens ou des 6thologues, nous ayons revetu des b blanches et transform6 en cobayes quelques volontaires remun&re les soumettre a des tests regles. On peut meme dire que c'est la demar exactement inverse que veulent suivre nos tentatives experimenta propos n'est pas d'extraire des reactions des auditeurs les fonde objectifs d'une 6coute qu'ils ne vivraient d'ordinaire que de fa;on s tive 3. 1 ne s'agit pas plus, selon une approche critique familibr sociologue, de reveler les determinations sociales veritables de l'6 derriere un plaisir ou une relation au sonore vecus comme pure musicaux ; ni meme, plus modestement, de mesurer le mieux possible reactions d'un auditeur a l'audition d'un objet consider6 comme d Car sommes-nous si stirs de savoir ce qu'est la musique ? C'est dji" beaucoup d'hypotheses que de prendre comme une evidence qu'il s' se mettre devant une source sonore et de l'6couter en essayant va ment d'y percevoir un sens, ou au moins d'6prouver quelque cho 1. Antoine Hennion est le redacteur de cet article, mais, dans la mesure s'agit du compte rendu d'un seminaire, il serait plus juste de parler d'un collectif des participants des seances analys~es. Celles-ci reunissaient le gro recherche Musiques/Pratiques (en particulier E. Buch, R. Campos, V. Dob J.-M. Fauquet, A. Hennion, M. Jouvenet, S. Maisonneuve, O. Roueff, G. A. Yaneva, qui ont organise ou comment6 diverses seances), les memb seminaire CSI-Ecole des Mines/CNRS << Aimer la musique. Musicologie du sociologie de la musique, histoire de l'amateur > de J.-M. Fauquet et A. He et certains doctorants du CSI. 2. Ce travail est repris dans la troisieme partie du rapport sur Le Gotit comme un < faire ensemble ), S. Maisonneuve, G. Teil, A. Hennion (Paris : CSI-Mission du Patrimoine, 2002). 3. Ni afortiori d'en imaginer de toutes pieces une typologie sauvage i partir de nos propres conceptions esth~tiques, i l'instar de ce que fait Adorno, avec aussi peu de scrupule qu'il a de talent ! Voir T.W. Adorno, << Types d'attitude musicale >, in Introduction d la sociologie de la musique, orig. Einleitung in die Musiksoziologie (Orgemont/Genbve : Contrechamps, 1994), 7-25. This content downloaded from 86.252.33.179 on Fri, 11 Jun 2021 09:49:58 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 96 Revue de Musicologie, 88/1 (2002) sensations, motions, significations - en fonctio de son histoire personnelle. Nous avons done essay6, symetriquement, de << couteurs > comme les informateurs passifs dont construire ses donnees et sa th6orie a leur insu prendre l'auditeur de musique comme une sorte solde, d'en faire notre expert de l'6coute. Dans l'ins nos objectifs est de profiter de l'immense savoir rechercher ce qu'il pref~re, gerer son plaisir, 6v situation ou retarder ses diagnostics, et de tente l'preuve certaines modalites ; mais, au del& de c aussi dans la duree que les auditeurs ont et6 les bat oreilles, en forgeant un cadre a leur 6coute : tant a collectif, les 6coutes ont une histoire (il faut alors elles ne se reduisent pas a la vibration d'un tym fabriquer a travers l'invention de formats et de rep de dispositions, tous elements que les amateurs des & peu mis au point en les discutant passionnement Une telle conception de l'auditeur, plus genereuse qu'un recepteur de musique et l'objet passif des me n'est pas sans consequences. D'abord, sur l'enjeu elle ne se donne pas < la musique >> comme point d point d'arrivee. L'objet musical n'est pas dej Ia", ecoutes qui s'emparent de lui, et que nous pour C'est son surgissement meme qui est en question ration de l'auditeur a la definition de ce qui se pass qui fait la difference entre mesurer l'audition de d l'apparition d'un moment de musique. Coheren nous venons de decrire, notre methode consiste contexte l'6coute ordinaire pour en preciser les qu'd l'inverse, en rapportant de fagon critique aux artificielle que nous croons les 6checs, les biais realiser la fMlicit6 de l'6coute en laboratoire, de m la mesure de l'importance de ces conditions et de le diverses situations ordinaires de l'6coute musica groupe, en concert, & la radio ou en disque, en aussi sur ordinateur et via Internet, etc. - situation nous serons en definitive renvoyes. Autremen laboratoire nous permet d'approcher l'ecoute music indirectement, par ses manques : ils soulignent tou saire d'etre muni pour pouvoir en realit6 6cou trouver son compte. Cela presente aussi l'avantage, non negligeable chercheurs, d'autoriser un optimisme que les nomb seances auraient pu entamer : les 6checs deviennent blent d'ailleurs aux nombreuses deceptions qui m de l'amateur. C'est que, pour lui comme pour n passer de la musique pour qu'il y en ait... Il ne tient This content downloaded from 86.252.33.179 on Fri, 11 Jun 2021 09:49:58 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Antoine Hennion : L'Ycoute a la question 97 ces echecs comme des indices de quelque chose que nos mo pas reussi & reproduire, par rapport a ce dont il est questi d'6coute reelle, de les promouvoir au rang de rev6lateurs de l de nos presupposes, de nos attentes, de nos interpretatio quoi, mais nous l'assumons vaillamment, la presente tentat rendu ressemble souvent au suivi en direct d'un difficile plus qu'a la confirmation empirique d'hypotheses bien a pour pouvoir en juger, il est necessaire que soient d'abord hypotheses et ces questions, th6oriques et methodologiq voulions mettre a l'6preuve de l'6coute. La musique n 'est pas la partition Nous ne voulions pas < construire >, par des techniques specifiques, un auditeur sur mesure, mais redonner sa place & nage bien peu consider6 par la musicologie et les analyses s'agissait aussi de revenir sur une absence paradoxale dans Au fur et a mesure que dans la musique elle-meme, hist l'oeuvre d'auteur devenait la modalit6 specifique de la crea plines de l'6crit se sont alignees sur cette redefinition et musique & la partition, se sont debarrassees de l'auditeur chez le psychologue et l'acousticien. Quelques travaux histo ont bien commence & le prendre en compte 4, mais il s'en fa pour qu'on puisse parler pour autant d'une presence e 1'<< couteur >> de musique, dans les analyses musicales 5. Or loin de pouvoir &tre justifiee par l'importance croi partition dans la musique classique, cette fagon qu'a eue la mu s'embarquer avec la musique qu'elle etudiait sur le vaisseau si l'criture, I'a rendue aveugle & un deplacement qu'elle acc trop pres pour en percevoir le caractere radical. Au lieu l'analyse historique et technique, elle en devenait elle-meme & des effets et l'un des moteurs : meme et surtout si, en musiq performance s'appuie desormais de fagon centrale sur l'6cr saisir le sens de cette transformation, de cette << graphomor musique, qu'& condition de la prendre elle-meme comme o l'avaliser en ne traitant d'abord la partition que comm transcription, neutre, de la musique elle-meme, puis bient6t, ne faisant de la musique qu'une consequence presque supe est dej& dans la partition. 4. Voir M. S. Morrow, Concert Life in Haydn's Vienna: Aspects o Musical and Social Institution (Stuyvesant NY: Pendragon Pre Johnson, Listening in Paris: A Cultural History (Berkeley : Univer nia Press, 1995) ; W. Weber, << Did people listen in the 18th century ? 25 (November 1997), 678-691. On lira un compte rendu de ces S. Maisonneuve dans le present volume. 5. Signalons le travail de T. DeNora, << Music as a technology Poetics, 26 (1999), 1-26, et Music in every day Life (Cambridg University Press, 2000). This content downloaded from 86.252.33.179 on Fri, 11 Jun 2021 09:49:58 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 98 Revue de Musicologie, 88/1 (2002) Mettre l'accent sur l'6coute, c'est done aussi, de fag uploads/s3/ hennion-ecoute.pdf

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