Musique et Technologie Regards sur les musiques mixtes P o r t r a i t s p o l
Musique et Technologie Regards sur les musiques mixtes P o r t r a i t s p o l y c h r o m e s H o r s s é r i e t h é m a t i q u e Institut National de l’Audiovisuel Portraits Polychromes n23.indd 1 04/01/2017 11:21 Directeur de la publication : Daniel Teruggi Directrice de la collection : Evelyne Gayou Comité éditorial : Marc Battier, Evelyne Gayou, Daniel Teruggi PAO : Marina Losa Crédits photos : Silver Berg, Eric Bourbotte, Ina, Geneviève Mâche, Lazlo Ruszka, Guy Vivien, Photo couverture : Dispostif de musique mixte entre une interprète, un traitement en direct et l’acousmonium ©ina Groupe de Recherches Musicales de l’Ina Paris - France grm@ina.fr Tel 33(0)1 56 40 29 88 www.inagrm.com ©2016 Institut National de l’Audiovisuel Tous droits réservés pour tous pays ISBN 978-2-86938-244-2 Portraits Polychromes n23.indd 2 04/01/2017 11:21 SOMMAIRE Portraits Polychromes n23.indd 3 04/01/2017 11:21 Préface par Evelyne Gayou Introduction par Marc Battier Esquisse d’une Taxonomie des musiques mixtes par Daniel Teruggi 12 La musique électroacoustique Mixte : interactions entre le « réel » et le « virtuel » par John Dack 21 Poésie pour pouvoir (1958) : l’origine de la « musique mixte » dans l’œuvre de Pierre Boulez par Aï Higashikawa 40 Une Saison en enfer de Gilbert Amy : une lecture musicale d’Arthur Rimbaud par Bruno Bossis 55 Les dernières Heures de Stockhausen : processus et accidents dans les œuvres mixtes de Klang par Brice Tissier 77 L’espace et le temps : une gestuelle traditionnelle de l’Extrême-Orient transcrite dans la contemporanéité de l’Extrême-Occident par Lin Ni Liao 94 La musique mixte comme extension de l’interculturalité par Marc Battier 105 Portraits Polychromes n23.indd 4 04/01/2017 11:21 Le Trio de synthétiseurs GRM Plus (TM+) par Yann Geslin 117 Trio TM+ : premières explorations par Denis Dufour 135 Du trio GRM+ à TM+ par Laurent Cuniot 148 Le quatuor à cordes face à un environnement électronique par Philippe Lalitte 151 Une vision de ma création musicale par Daniel Teruggi 175 Une mise en œuvre de la musique mixte par Gilles Racot 188 Les écritures des musiques informatiques mixtes à la lueur des sources documentaires par Laura Zattra 195 L’analyse de la musique mixte : vers une redéfinition des « workflows » en musicologie par Pierre Couprie 232 Portraits Polychromes n23.indd 5 04/01/2017 11:21 Portraits Polychromes n23.indd 6 04/01/2017 11:21 195 LES ECRITURES DES MUSIQUES INFORMATIQUES MIXTES A LA LUEUR DES SOURCES DOCUMENTAIRES par Laura Zattra Laura Zattra, après une thèse de doctorat consacrée à l'interaction musique technologie, à l'Ircam et au CSC (Padoue), a publié de nombreux travaux sur l'analyse et la philologie de la mu sique électroacoustique. Note au lecteur : une partie de cet article est parue dans Musica/Realtà n° 87, novembre 2008, p. 89-103, sous le titre « Tipologie di scrittura nella musica informatica mista ». Portraits Polychromes n23.indd 195 04/01/2017 11:22 196 Le concept d’écriture musicale implique différentes stratégies de com position, notation et réalisation des idées musicales. Cet article propose une classification des types d’écritures qui se réalisent dans la musique mixte, où la fusion et le contraste des timbres représentent les deux pôles vers lesquels les choix stylistiques verticaux et horizontaux (instrumentaux et électroacoustiques) peuvent s'orienter. L’analyse musicologique est le moyen pour arriver à tracer un bilan des écritures, mais le problème de repérage des sources docu mentaires et leurs variétés risquent d’empêcher une enquête focalisée sur la reconstruction des stratégies compositionnelles. En particulier, on présente deux cas d’analyses où l’écriture fusionnelle est déterminante, mais qui souffrent du manque partiel de sources documentaires : Inhar monique de Jean-Claude Risset, une des premières œuvres informa tiques mixtes réalisées à l’Ircam en 1977, et Sotto pressione de Wolf gang Motz, œuvre produite à Padoue en 1982. Définition de la musique mixte Dans la deuxième moitié du XXe siècle, les œuvres de musique électroacoustique ont confronté l’univers sonore des sons concrets et électroniques, « infinis » mais figés, avec les sons instrumentaux, dans la perspective d’éviter la fixité des concerts pour haut-parleurs. Il s’agis sait, et c'est encore vrai aujourd'hui, de rapprocher le monde artificiel des sons électroniques aux sonorités d’un instrumentarium plus familier, et d’amplifier le monde sonore de la musique traditionnelle ; en d’autres termes, de se réapproprier des situations musicales ritualisées ou d’aug menter la réalité sonore acoustique. Comme cela se passe quand on réalise une hybridation, la fusion n’arrive pas sans conséquences et questions techniques (Comment faire réagir des sons naturels avec des sons artificiels ? Comment traiter l’écriture musicale?) et esthétiques (Comment considérer la conception, l’exécution et la forme musicale des deux mondes? Comment considérer la fixité d’une bande magnétique ou les outils informatiques qui sont générés en temps réel ?). De cette mixité naît une série d’œuvres musicales qui sont, des points de vue technologiques et instrumentaux, très hétérogènes. Le concept de mixité est en effet ambigu ainsi que sa définition. Il indique des œuvres pour instruments et bande magnétique synthétisée par or dinateur, dont l’existence dérive des œuvres analogiques des années cinquante (Déserts - 1954, de Varèse et surtout Kontakte - 1959/60, de Stockhausen étant un point de départ pour ce genre), mais aussi des œuvres pour instruments et électronique où la synthèse numérique est réalisée en temps réel.1 Quelquefois, le terme indique plus généralement 1 Voir entre autres la définition de Musique mixte du Dictionnaire des Arts Médiatiques (1996) : « Musique qui associe une partie électroacoustique préenregistrée (sur bande ou autre sup port) à une partie instrumentale jouée en direct par un ou plusieurs interprètes », dans Dic tionnaire des Arts Médiatiques, 1996, Groupe de recherche en arts médiatiques, UQAM. Voir également la définition proposée par le site DigiArts de l'Unesco (Session 6 - De la musique mixte à l’interactivité, et plus précisément « 6.1 La naissance de la musique mixte ») : « On Portraits Polychromes n23.indd 196 04/01/2017 11:22 197 Les écritures des musiques informatiques mixtes à la lueur des sources documentaires la live electronic music, un terme qui normalement rappelle des œuvres où l’intervention en direct concerne la transformation des sons et non pas la production.2 Dernièrement la musique mixte a été définie comme un sous- genre, à son tour vaste, de la performance-oriented computer music ; musique informatique où la composante visant la performance est im portante3. Plus précisément, les sonorités d’un ou plusieurs instruments acoustiques jouent avec les sonorités électroacoustiques, influencent ou sont influencées par ses dernières. Elles sont soit générées par ordi nateur et fixées sur une bande, soit produites en direct (synthèse pure, captation de son en direct et transformation relative, transformation en direct des sons échantillonnés avant la performance, déclanchement des évènements électroniques selon le niveau de la captation de la per formance). Selon Guy Garnett, ce genre plus vaste de musique inclut la musique traditionnelle pour instrument et bande et la musique infor matique interactive plus récente (interactive computer music), ainsi que la musique pré-composée ou improvisée, où la composante visant la performance est prédominante.4 Le genre de la musique mixte trouve une zone fertile en France dès la fin des années soixante-dix, et un père musical en Pierre Boulez5. En 1958 selon Dominique Jameux, Pierre Boulez avait postulé pour la constitution d’un continuum de timbres avec l’œuvre Poésie pour Pou voir6. Il s’agissait de la conception d’un objectif de base afin de construire définit généralement la musique mixte comme une musique comprenant à la fois un support, la bande magnétique par exemple, et des interprètes présents sur scène. L’interaction entre l’élément enregistré et la musique produite pendant le concert prend différentes formes. Les matériaux utilisés sur le support peuvent être issus des instruments qui seront joués en direct. La bande alterne parfois avec la musique vivante ou un dialogue plus intime peut s’installer ». Adresse de la page du site de l'Unesco : http://portal.unesco.org/culture/en/ ev.php- URL_ID=26601&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html. 2 Dans un article de 1991, Cort Lippe trace une liste de « productions de l’Ircam avec Live Electronics», qui comprend différents types de production: des œuvres pour instruments et électronique en temps réel (4X), pour instruments et bande, ainsi que pour instruments et Live Electronics, dans C. Lippe, « Real-time computer music at Ircam », Contemporary Music Review, vol. 6, part 1, Harwood Academic Publishers, 1991, p. 219-224. 3 Guy E. GARNETT, « The Aesthetics of Interactive Music », Computer Music Journal, vol. 25: n°1, Spring 2001, p. 21-33. 4 « Interactive computer music is a sub-genre of what might be called performance-oriented computer music – that is, any computer music that includes a strong performance compo nent. This broader category requires at least one live performer joined with computer-ge nerated or electronically produced or modified music. The genre thus incorporates both the traditional tape-plus-instrument medium [...] and more recent interactive computer music – wheter precomposed, improvised, randomly generated, or a mixture of those » (ibid., p. 21). Le site EARS (ElectroAcoustic Resource Site), choisit de préférence le terme œuvre mixte (« Ce terme est généralement employé en uploads/s3/ les-ecriture-des-musiques-informatiques.pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
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