Du même auteur À la conquête du chaos : pour un nouveau réalisme en politique,

Du même auteur À la conquête du chaos : pour un nouveau réalisme en politique, Denoël, 1991. Jusqu’à l’os : pour arrêter en politique la machine à se donner des claques, Régine Deforges, 1991. La République sociale (collectif), L’Harmattan, 1992. Rocard : le rendez-vous manqué, Ramsay, 1994. Sept Jours dans la vie d’Attika (collectif), Ramsay, 2000. Le Nouvel Âge du capitalisme (collectif), L’Harmattan, 2000. Le Manifeste pour une école globale (collectif), L’Harmattan, 2002. Causes républicaines, Seuil, 2004. En quête de gauche : après la défaite. Entretien avec Michel Soudais, Balland, 2007. Laïcité. Réplique au discours de Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran, Bruno Leprince, 2008. L’Autre Gauche, Bruno Leprince, 2009. Qu’ils s’en aillent tous ! Vite, la révolution citoyenne, Flammarion, 2010. L’Europe austéritaire : critique argumentée du traité « Merkozy » (collectif), Bruno Leprince, 2012. La Règle verte : pour l’éco-socialisme, Bruno Leprince, 2013. L’Ère du peuple, Fayard, 2014. © Éditions Plon, un département d’Édi8, 2015 12, avenue d’Italie 75013 Paris Tél. : 01 44 16 09 00 Fax : 01 44 16 09 01 www.plon.fr ISBN : 978-2-259-24146-5 « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. ». Avertissement Ceci est un pamphlet. Pas un ouvrage savant. Le ton et le style sont ceux de la polémique. Mon but est de percer le blindage cotonneux des béatitudes et des langueurs de tant de commentateurs hypnotisés par l’Allemagne. Je me suis décidé à l’écrire après avoir vu de quelle manière odieuse la nomenclature allemande a traité le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras et le peuple au nom duquel il parle. Une étape est franchie. Arrogante comme jamais, l’Allemagne est rendue aux brutalités, chantage et punitions pour ceux qui n’obéissent pas au doigt et à l’œil au nouvel ordre des choses qu’elle est parvenue à imposer. Une nouvelle saison cruelle de l’histoire vient de commencer en Europe. Je prends la plume pour alerter : un monstre est né sous nos yeux, l’enfant de la finance dérégulée et d’un pays qui s’est voué à elle, nécrosé par le vieillissement accéléré de sa population. L’un ne serait rien sans l’autre. Cette alliance est en train de remodeler le vieux continent à sa main. Dès lors, l’Allemagne est, de nouveau, un danger. Le modèle qu’elle impose est, une fois de plus, un recul pour notre civilisation. Qu’elle ait pour paravent la Commission européenne, pour cheval de trait l’OTAN et pour complice toute la caste du fric dans chacun de nos pays ne retire rien à sa responsabilité dans l’affaire. Changer la donne politique et faire changer l’Allemagne sont devenus une seule et même chose. Il faut le faire avant qu’il ne soit trop tard. C’est-à-dire avant d’être totalement dilués de force dans « l’ordolibéralisme », le nouveau programme global de la droite et des socialistes allemands. Il faut le faire avant que le poison allemand n’ait produit la violence dans les nations et entre elles qu’il contient. Alarme : l’histoire n’est pas seulement le récit du passé mais le matériau brûlant avec lequel se façonne le présent. Dans la vie des nations, c’est souvent sur les vieilles cicatrices que s’ouvrent les nouvelles plaies. Il avait été promis de faire l’Europe sans défaire la France. Les deux sont en train d’être dissoutes dans un potage nauséabond cuisiné en Allemagne. Mijotent dans la même marmite la cupidité, un futur borné par le vieillissement, la volonté de puissance, et la foi effrayante de devoir faire le bonheur des autres malgré eux. Allemands et Français ont un intérêt commun à mettre tout cela en échec. S’il faut se tenir la main dans la main, que ce soit pour vouloir le bien commun plutôt que pour déplorer la casse. Introduction Goûtez, je vous prie. Quand François Hollande vint lui rendre visite au bord de la Baltique, Angela Merkel1 avait préparé un petit cadeau pour lui ! C’était un tonnelet de « harengs Bismarck » ! On appellerait ça un « message sicilien » dans le film Le Parrain. Le hareng a des arêtes qui peuvent rester en travers de la gorge. Il y a de quoi. Bismarck est l’agresseur de la France. Victorieux, il fit couronner le premier empereur des Allemands dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Ce n’est pas tout. Ce cadeau rustique fut remis au son d’une chorale avec laquelle Angela entonna un charmant lied nostalgique de la grande Poméranie. La Poméranie ! C’est un territoire à cheval sur l’Allemagne et la Pologne. Malheureusement, il est traversé par la fameuse ligne Oder-Neisse... Celle dont les Allemands ne voulaient pas admettre qu’elle soit leur limite à l’est. Mais la France de François Mitterrand a imposé cette frontière comme condition avant d’accepter l’unification des Allemagne en 1990. S’il vous reste assez de souffle pour respirer après cette histoire, apprenez encore un détail. Le nom du bateau. Celui sur lequel cette mignardise fut servie. Le Nordwind. C’est le nom d’un vent obsédant qui passe sur la Poméranie comme la tramontane sur son pays. Mais c’est aussi le nom de la dernière offensive en France des armées allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette scène a eu lieu en mai 2014. Telles sont la chancelière et l’Allemagne d’aujourd’hui. L’une et l’autre se sentent assez fortes pour nous tenir ce langage offensant, les yeux dans les yeux. Et elles savent que les dirigeants français sont assez inhibés pour sourire sans répliquer. En France ces choses-là ne sont pas permises. Les chiens de garde des bonnes manières ne le permettent pas. Mais, en Allemagne, on offre du « hareng Bismarck » et on se tape sur les cuisses. Je vois un consternant contraste entre l’arrogance injurieuse des dirigeants et médiacrâtes allemands actuels et la peur panique de leurs homologues français au moment de dire quoi que ce soit qui les contrarie. Les moutons français bêlent pitoyablement dans leur enclos quand claque le fouet des faces de pierre qui gouvernent outre-Rhin. Alors peut-on parler sereinement d’Allemagne ? La critique est-elle possible sans être accusé de vouloir la guerre ? Certes, en France, il y a toujours eu un fort parti de germanolâtres. Cette faiblesse est souvent innocente et parfois distrayante. Mais dans certaines circonstances elle peut être très toxique pour notre pays. C’est le cas aujourd’hui. Comment ces germanolâtres peuvent-ils supporter que les dirigeants allemands et leurs médiacrâtes parlent sur ce ton à la France comme au reste de l’Europe ? Pourquoi taisent-ils le naufrage auquel l’Allemagne se destine ? Pourquoi nous demandent-ils d’admirer un présent aussi calamiteux et un futur aussi pitoyable ? Si la realpolitik pousse parfois au cynisme, l’irealpolitik conduit toujours à un déni fatal. L’Europe va mal, la finance est reine partout, pille, tue et pollue : c’est parce que l’Allemagne y trouve son compte et ne saurait plus vivre autrement. Elle est prise dans une perpétuelle fuite en avant à la recherche de main-d’œuvre peu chère et nombreuse. Sinon, qui financera les retraites de sa population déclinante et vieillissante, toujours plus gourmande de services à la personne ? Car voici le héros de la nouvelle Europe allemande, celui au nom de qui tout est justifié. C’est celui dont les attentes coïncideraient avec l’intérêt général, le bons sens et peut-être la raison elle-même. C’est Sa Majesté le pensionné de la haute classe moyenne allemande. Celui-ci a signé pour une retraite par capitalisation plutôt que de croupir comme les autres retraités avec les miettes laissées au régime par répartition. Il demande alors à son parti, la CDU-CSU de Merkel et Schäuble, de défendre son pouvoir d’achat ! Euro fort et gros dividendes pour les fonds de pension, voilà son bonheur. Quoi de plus naturel ? Un système fondé sur l’égoïsme produit de l’égoïsme comme le foie de la bile. Jusqu’à nier l’idée même de progrès social. Dans cette vision de la société, le bien-être peut être tourné en ridicule avec un idéal de robot. Ainsi quand monsieur Kohl déclarait sentencieusement en avril 1993 : « Une nation industrielle n’est pas un parc de loisirs où les retraités sont de plus en plus jeunes, les étudiants de plus en plus vieux, et les congés de plus en plus longs. » Comment en est-on arrivé là ? L’Allemagne n’est plus l’Allemagne. En tout cas plus celle à laquelle, en France, banquiers et syndicalistes trouvaient tant de vertu ! La cogestion des entreprises, l’alliance en béton de la banque locale et des entreprises qu’elle alimentait ont été rayées de la carte. Adieu les conventions de branche et la syndicalisation quasi totale ! Le social-démocrate Schröder2 a déverrouillé l’ancien système au profit de la finance libre. Et il a créé le petit peuple uploads/S4/ le-hareng-de-bismarck-le-poison-allemand-jean-luc-melenchon.pdf

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  • Publié le Mar 21, 2021
  • Catégorie Law / Droit
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