2 SOMMAIRE L'Édito du JNA par Alex Anfruns Brésil : à propos des systèmes d'éco

2 SOMMAIRE L'Édito du JNA par Alex Anfruns Brésil : à propos des systèmes d'écoute et la responsabilité des médias par Rogério Christofoletti Échec à la reine : l’Échiquier brésilien en 2016 par Thierry Thomas «L'ambassade des Etats-Unis au Brésil ressemble à celle aux temps d'Allende au Chili» Interview de Carlos Aznarez par Tarik Bouafia Le Brésil vu par Le Monde Stella Bierrenbach, Simone Esmanhotto, Helena Romanach, Adriana Ferreira Silva Néolibéralisme et fracture sociale en Argentine par Marcelo Massoni L'Argentine et la nouvelle géopolitique des Etats-Unis en Amérique Latine par Pablo Gandolfo 40 ans après le coup d’Etat en Argentine, les procès contre l’impunité se poursuivent Interview de Hilda Presman par Alex Anfruns Brèves Venezuela: les tactiques de Colgate-Palmolive face au désapprovisionnement programmé Mision Verdad La Révolution Bolivarienne depuis le champ de bataille par Jean Araud La proposition de loi de la droite vénézuélienne : loi d’amnistie ou loi d’amnésie ? par Laura Castillo L’ Edito "Nao vai ter golpe". Il n’y aura pas de coup d’Etat. C’est la consigne scandée dans les manifestations en soutien au gouvernement de Dilma Rousseff au Brésil, soigneusement occultées par nos médias. Chez nous, par contre, le récit dominant est un copié collé de la version de la droite brésilienne. Devinez sa cible ? L’entourage de Dilma au Parti des Travailleurs, ainsi que l’ancien Président et syndicaliste Lula Da Silva. L’accusation portée ? Une prétendue corruption généralisée. Et...la vérité là-dedans ? Eh bien, chers lecteurs et lectrices, nous avons le plaisir de vous dévoiler dans ce numéro les dessous de cette manœuvre coordonnée par le pouvoir judiciaire et le monopole des médias brésiliens. Ce n’est pas un hasard si tout cela arrive en même temps. Même méthode et mêmes acteurs, le pouvoir judiciaire et les médias argentins s’acharnent contre l’ancienne Présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez, dont la popularité, quatre mois après l’arrivée au pouvoir de la droite de Macri, reste énorme. Car les peuples argentin et brésilien n’ont pas oublié les conséquences néfastes de la politique néolibérale menée pendant les années 80 et 90, ni la complicité de ses oligarchies avec les dictatures militaires issues de coups d’Etat il y a quelques décennies. Nous abordons cette face cachée de l’histoire dans les interviews deHilda Presman et Carlos Aznarez. Entretemps, les médias européens continuent à déformer la réalité du Venezuela lorsqu’ils montrent les effets et évitent systématiquement d’expliquer les causes. Pourtant, une véritable guerre économique se déroule sous nos yeux, suivant les mêmes méthodes que celles qui précédèrent le renversement de Salvador Allende, et qui consiste à interrompre la distribution des produits de première nécessité afin de semer le mécontentement dans la population et de briser l’union du peuple avec les leaders de la Révolution bolivarienne. Ironie du destin, l’affaire des "Panama Papers" vient confirmer que la droite en Argentine, au Brésil et au Venezuela n’est pas vraiment en mesure de donner des leçons en matière d’évasion fiscale. Pas de chance, les dirigeants vénézuéliens ne figurent pas dans les documents filtrés de Panama. Les gouvernements de Correa et d’Evo non plus. Par contre, il y a déjà de quoi écrire un bon scénario de "télénovela" avec les noms familiers de la droite apatride qui y figurent en abondance, comme Aécio Neves, Eduardo Cunha et...un dénommé Macri. Alex Anfruns 3 Le journal de Notre Amérique n° 13 - Avril 2016 Rogério Christofoletti Professeur à l'Université Fédérale de Santa Catarina et chercheur auprès d'objETHOS La réaction a été immédiate mais insuffisante. Visiblement mal à l'aise, les présentateurs du JT de la chaîne Globo ont lu rapidement un court texte pour justifier la manière dont la chaîne a couvert les tensions de la dernière semaine. Il a été impossible d'étouffer la voix des manifestants qui scandaient "Le peuple n'est pas bête, à bas la chaîne Globo!", lors de la transmission en direct des manifestations. Pour cette raison, on a dit dans les coulisses, que "la presse ne fabrique pas de systèmes d'écoute ni ne mène d'enquête sur la justice ni sur la police". C'est vrai mais il y a bien plus à dire là-dessus… Officiellement les médias brésiliens ne font pas comme The News of the World, ancien journal britannique, qui mettait sur des systèmes d'écoute des politiciens, des célébrités et des gens ordinaires pour obtenir des informations. La découverte de l'illégalité a provoqué un scandale inouï, qui a abouti à l'emprisonnement de journalistes, à la fermeture du journal, à une réaction de la part des autorités et à un débat sur une nouvelle réglementation des médias. Au Brésil, c'est la Police Fédérale qui a mis les systèmes d'écoute en place, à l'ordre du juge Sergio Moro. Cela peut nous faire croire que l'opération s'est déroulée dans une parfaite légalité, puisque les exécuteurs avaient les prérogatives juridiques pour réaliser l'opération. Les circonstances en déterminent l'ampleur et les limites. Les écoutes fatidiques Les écoutes téléphoniques sont des moyens assez fréquemment utilisés dans les enquêtes. La constitution fédérale garantit des libertés individuelles, entres autres, le caractère privé des conversations téléphoniques, du courrier postal, des informations fiscales et bancaires, mais ces libertés ne sont pas inaliénables en cas d'ordre judiciaire particulier. C'est ce que nous avons vu au Brésil. Un juge décide de mettre sur écoute le téléphone d'un individu et de faire enregistrer ses conversations téléphoniques. Mais le cas des conversations entre Dilma Rousseff et Lula, est polémique, non seulement à cause de leur contenu, mais aussi à cause de la manière dont elles ont été interceptées et divulguées. La chronologie des évènements : Elle montre que l'appel a été enregistré à 13h32. Plus de deux heures après que le juge lui-même, ait décidé de suspendre la mise sur écoute. L'ordre venant de la part de Moro, a été donné à 11h13, et à 11h44, la police fédérale en a été informée. À 12h20, la justice fédérale de l'État de Paraná a informé les compagnies téléphoniques de la fin de la mise sur écoute. La police fédérale a envoyé un courriel à l'opérateur Claro à 12h46, soit plus d'une heure après avoir appris la décision du juge Moro, d'interrompre la mise sur écoute ! Même en sachant qu'il ne pourrait pas y avoir d'autres interceptions, la police fédérale a informé le juge au sujet de la conversation qui a eu lieu à 15h37min. À 16h21, Moro a décrété la fin du secret de l'enquête, en autorisant ainsi la divulgation des informations au public. La suite des évènements montre une série de dysfonctionnements qui pourraient entacher les preuves de suspicion, et en cas extrême, les rendre nulles. Car ces problèmes se situent à la limite de la légalité. Si l'enregistrement a été effectué après la décision de Moro, il n'est plus couvert par ordre judiciaire, donc n'a pas de validité juridique. Cela a donc été illégal. Conformément au protocole, ce qui a été découvert, à savoir que le contenu était compromettant ou pas, ne devrait pas être pris en compte. Certains juristes allèguent le fait que, puisqu'il s'agit des conversations de la présidente, l'affaire aurait du être remise au Tribunal fédéral suprême. Dans les deux cas le juge Moro n’était pas compétent pour s'en occuper. Le Tribunal fédéral suprême uniquement, peut mener une enquête sur les présidents de la République. Et Moro ne pourrait même pas lever le scellé des écoutes ni divulguer leur contenu. De même il est anormal qu'il ait mis sur écoute 25 avocats du bureau, bureau auquel a recouru Lula, ce qui a 4 Le journal de Notre Amérique n° 13 - Avril 2016 POINT DE VUE: SYSTÈMES D'ÉCOUTE ET RESPONSABILITÉ DES MÉDIAS Les alliés de Dilma et de Lula, n'appartiennent-ils pas au Brésil ? causé un tollé dans le milieu juridique. En effet, le caractère privé des relations entre les avocats et le client a été violé. Mais la divulgation du dialogue controversé est particulièrement intéressante quand on analyse la responsabilité des médias dans cette affaire. Si Globo ne divulgue pas d'enregistrements provenant de mise sur écoute, ni ne mène d'enquête c’est à Globo, la station, de décider si et comment elle divulgue le contenu des enregistrements et les étapes du processus. Moro a décidé la fin du secret des enregistrements et les journaux télévisés ont décidé de divulguer leur contenu, mais non sans éditer l'enregistrement, et en supprimant un passage important, précédent le dialogue entre Dilma et Lula. Quant à l'enregistrement complet, divulgué par UOL, il dure 1 min 34 secondes. En revanche, celui montré par le journal télévisé national et les autres chaînes principales de Globo et de Globonews dure moins de 30 secondes. Les employés de la rédaction peuvent toujours alléguer que l'édition de l'enregistrement a été nécessaire, pour ne mettre en avant que ce qui était vraiment intéressant: la présumée conversation compromettante. Cependant, l'élimination du début de l'enregistrement empêche d'apprendre un détail crucial : c'est bien Dilma qui a été mise sous écoute et non point Lula ! En écoutant l'enregistrement intégral, on s'aperçoit que le système d'écoute a identifié la provenance de l'appel, dans ce cas précis, il s'agissait du secrétariat uploads/S4/ le-journal-de-notre-amerique-n013-dilma-au-coeur-de-la-tempete-mediatique.pdf

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  • Publié le Apv 06, 2021
  • Catégorie Law / Droit
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