Aymeric ALIAS Docteur en Droit privé Avocat au Barreau d’Aix-en-Provence Chargé
Aymeric ALIAS Docteur en Droit privé Avocat au Barreau d’Aix-en-Provence Chargé d’enseignements en Droit privé à l’Université d’Aix-Marseille et à l’Université de Haute-Alsace M É T H O D O L O G I E Des mémoires, rapports de recherche et de stage 2022 — 2023 2 Présenter le droit sous forme de règles est une commodité d’exposition, une recette pédagogique ; mais « l’étude du droit n’a pas pour but de procurer aux professeurs des jouissances intellectuelles ». Si Cicéron souhaite que « le droit soit réduit en science » (reducere jus in artem, c’est-à-dire un corps de connaissances systématiquement ordonnées), c’est pour en simplifier l’étude des avocats. (C. Atias, Philosophie du droit, PUF, Thémis droit, 3ème éd., 2012, n° 45, p. 185 ; M. Villey, Leçons d’histoire de la philosophie du droit, Paris, Dalloz, « Philosophie du droit », 1962, n. 50, p. 83) De peur que notre espèce n’en vînt à périr tout entière, Zeus avait envoyé Hermès apporter à l’humanité la Vergogne et la Justice, pour constituer l’ordre des cités et les liens d’amitié qui rassemblent les hommes. « Hermès demande alors à Zeus de quelle façon il doit faire don aux hommes de la Justice et de la Vergogne : Dois-je les répartir de la manière dont les arts l’ont été ? Leur répartition a été opérée comme suit : un seul homme qui possède l’art de la médecine suffit pour un grand nombre de profanes, et il en est de même pour les autres artisans. Dois-je répartir ainsi la Justice et la Vergogne entre les hommes, ou dois-je les répartir entre tous ? Zeus répondit : Répartis-les entre tous, et que tous y prennent part ; car il ne pourrait y avoir de cités, si seul un petit nombre d’hommes y prenaient part, comme c’est le cas pour les autres arts ; et instaure en mon nom la loi suivante : qu’on mette à mort, comme un fléau de la cité, celui qui se montre incapable de prendre part à la Vergogne et à la Justice ». (Platon, Protagoras, env. 431 anv. J.-C., 322c à 322d, traduct. de F. Ildefonse, GF Flammarion, Paris, 1997, pp. 87 s.) Les théories, même reposant sur des faits réels, ne sont que des foyers de lumière que nous projetons sur les choses pour les éclairer à notre commodité. (M. Hauriou, Notice sur les œuvres de Léon Michoud, Grenoble, Imprimerie Allier frères, 1917, p. 508) 3 SOMMAIRE POINT PRÉLIMINAIRE / QUELQUES OBSERVATIONS PRÉALABLES 1 / LA PREMIÈRE DE COUVERTURE 2 / LA PAGE DE REMERCIEMENTS 3 / LE SOMMAIRE 4 / LA LISTE DES ABRÉVIATIONS 5 / L’INTRODUCTION 6 / LE PLAN ET SES DÉVELOPPEMENTS 7 / LA CONCLUSION 8 / LA BIBLIOGRAPHIE 9 / LA TABLE DES MATIÈRES 10 / LES ANNEXES 4 POINT PRÉLIMINAIRE / QUELQUES OBSERVATIONS PRÉALABLES C’est une fabuleuse expérience. Qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une recherche ou qu’elle soit le fruit d’un stage dans une structure professionnelle, la rédaction du rapport ou du mémoire constitue sans nul doute l’exercice le plus passionnant de votre cursus. Nombre d’entre vous auront à cœur de s’y investir sincèrement. Des esprits très scolaires vous laisseront entendre que le rapport de stage n’est qu’un exercice descriptif et dispense son auteur de toute réflexion théorique profonde sur le droit et les métiers qui lui font prendre vie. Ce sera là le choix de la facilité et de la médiocrité. Le rapport de stage ne doit pas être réduit à la tenue d’un simple journal décrivant la structure d’accueil et le quotidien du stagiaire. Ne faites jamais le deuil de l’intelligence, des questionnements et du raisonnement, surtout lorsque c’est l’institution académique qui vous met à l’épreuve ou les sciences humaines et les lettres vous appellent. Soyez-en sûrs, vous serez jugés sur vos qualités intellectuelles, que votre ouvrage soit aux fins de rendre compte d’un stage ou des fruits d’une recherche. Et un jury de soutenance de rapport de stage ne vous reprochera jamais d’avoir proposé une réflexion. Aussi, qu’aurez-vous, à titre personnel, le bonheur de trouver dans une telle expérience ? Pour l’essentiel, je dirais sommairement au moins deux choses : Tout d’abord, une certaine approche de la liberté intellectuelle. — Dans le travail de rédaction, notamment en droit, que l’on soit en recherche ou en stage, un territoire immense vous y est offert pour y exprimer vos points de vue, vos interrogations, vos tourments, vos critiques, vos suggestions. Tout exprimer avec les exigences que chacun est disposé à s’y imposer, telles que le sens des responsabilités scientifiques, le respect de l’examinateur, la vigueur d’un positionnement, la rigueur d’une démonstration, le souci du respect de certaines formes, etc. Tout y exprimer, que vos propos soient en accord avec une la vogue idéologique, politique ou académique dominante ; qu’ils rappellent à quelques traditions plus minoritaires, marginales ou oubliées ; ou enfin qu’ils soient absolument à contre-courant, dissidents ou insolites – avec la mesure, le tact et la prudence, qualités chères au juriste, qu’il convient d’observer quand il est temps d’oser certaines transgressions. Par ailleurs, l’humilité et la discrétion. — Elles commencent, chez le rédacteur d’un rapport de recherche, par l’interdiction, traditionnelle en droit, de la première personne grammaticale : je est proscrit. C’est cette idée que le chercheur, que chacun de ses mots trahit pourtant dans ses écrits, s’efforce de disparaître de son œuvre, au profit de sa prospection pour le droit. Par suite, l’humilité et la discrétion s’imposent en raison de ce que le rédacteur est accablé par le poids de ses propres imperfections d’écrivain. Des idées lui paraissent belles ; il leur donne des mots et voilà qu’elles deviennent subitement imparfaites, indignes d’intérêt, pas assez joliment exprimées. Ce peut être le vertige de certaines réflexions qui, à l’état d’intuitions embryonnaires se montrent pleines de promesses ingénieuses et finissent tout de même par dégénérer en banalités indicibles lorsqu’elles trouvent les mots. Enfin, une certaine frustration peut naître d’un travail qui ne sera jamais achevé : il est dit qu’on ne finit jamais un mémoire ou une thèse ; on l’arrête. L’idée est ici que, pour les plus exigeants d’entre vous, aussitôt le point final de votre conclusion posé, de nouvelles idées tendant au développement ou à la modification de certains paragraphes de votre œuvre viendront vous tourmenter. Tout ceci, entre autres, dans le travail de rédaction d’un rapport, est une leçon d’humilité, dont un des corollaires est notamment la discrétion. 1. Munissez-vous d’un journal et de pochettes Pour le rapport de stage comme pour le rapport de recherche, conseil pratique, il peut être commode de se munir d’un cahier journal dans lequel vous répertorierez toutes vos idées du moment, tout ce que vous avez réalisé, vécu, pensé en lien avec votre ouvrage. Ce journal est d’autant plus précieux que nos idées du moment, jaillissements spontanés de nos esprits capables de tout, peuvent conduire à de merveilleuses compositions, alors que nos mémoires peuvent parfois se montrer si poreuses et ingrates. De même, répertoriez au sein d’autant de pochettes qu’il sera nécessaire, l’ensemble des documents (recherches bibliographiques, actes accomplis et anonymisés, etc.) que vous aurez soin de photocopier, pour les besoins de votre rapport. 5 2. Soyez aussi organisé dans le monde matériel qu’immatériel C’est une recommandation organisationnelle, logistique, un conseil de papi bienveillant que je vous adresse : dès le début de votre stage ou de vos recherches pour le rapport de recherche, ouvrez dans votre ordinateur un dossier que vous nommerez de la façon que vous entendez, pour désigner votre ouvrage. Vous y créerez en son sein autant de sous-dossiers qu’il est nécessaire à votre organisation. Dans le dossier ou sous-dossier destiné à accueillir votre rapport rédigé, vous enregistrerez chaque jour où vous écrirez, une nouvelle version de votre rapport, en ayant soin de ne pas effacer la précédente. Vous aurez ainsi, dans ledit sous-dossier, une liste de fichiers appelés (par ex.) : rapport version 1, rapport version 2, rapport version 3, etc., jusqu’à ce que vous parveniez à la version finalisée, avant conversion en format PDF et impression pour reliure. De cette façon, vous pourrez, en cas de regret quant à un développement rédactionnel que vous auriez supprimé, au sein des nouvelles versions, aller chercher ce dernier dans une version précédente de votre rapport. 3. Soyez scientifiquement rigoureux dans vos interrogations et vos démonstrations ; ayez une plume littéraire pour les transmettre Votre français, son orthographe, sa grammaire et sa syntaxe, doivent être irréprochables — j’excepte les coquilles, pardonnables si elles demeurent marginales. Pas de réflexion, d’intelligence, sans mots ; ils sont les unités élémentaires de l’intelligence. Et plus vous avez de mots, plus vous apportez de matière première et ouvrez le champ des possibilités, dans lequel cavalcadera votre intelligence, votre imagination, votre créativité, votre sens critique. Aussi, ayez du vocabulaire, toujours plus et renouvelez-le, enrichissez-le, utilisez-le, usez-en sans en abuser, de sorte également que votre ouvrage fasse apparaître le moins de tics de langage possibles, le moins de prêt-à-parler écrit, et qu’il soit le plus agréable à lire. Ayez uploads/S4/ m-thodologie-des-m-moires-et-rapports-de-stage-1656319876.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 30, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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