Michelet, Jules (1798-1874). Histoire de France. 10, La Ligue et Henri IV. 1856

Michelet, Jules (1798-1874). Histoire de France. 10, La Ligue et Henri IV. 1856. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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Quoique la nouvelle sanglante produisît par- tout un effet d'horreur, on put croire que le sang s'écoulerait bien rapidement de la terre. Un mois après l'événement, M. de Montmorency, le chef des modérés, qui n'avait dû qu'à son ab- sence de ne pas périr au massacre, écrivit à la reine d'Angleterre pour excuser le roi (27 sep- tembre 1572). Deux mois à peine étaient passés, que la reine Elisabeth accepta d'être marraine d'une fille de Charles IX, et envoya un prince du 1 (1575-1574) — 2 — sang au baptême avec une riche cuve d'or (9 no- vembre). Huit mois (presque jour pour jour après la Saint-Barthélemy) le plus grand homme du temps, Guillaume le Taciturne, dans sa défense désespérée contre le duc d'Albe, traita avec Charles IX, le reconnut pour protecteur de Hol- lande et roi de ce qu'il pourrait conquérir aux Pays-Pas. (Archives de la maison d'Orange, IV, 117, mai 1573.) Ce n'est pas tout. Louis de Nassau, l'héroïque frère de Guillaume, travaille pour que l'Em- pire élise un Roi des Romains, et qu'après Maximilien Charles IX devienne Empereur! Il appuye le duc d'Anjou pour l'élection de Pologne, et le duc d'Alençon pour le mariage d'Angleterre. Ainsi la maison de France, couverte du sang protestant, se présente à toute l'Europe appuyée des protestants. Je n'avais pas compris pourquoi sur son tombeau et dans tels de ses portraits, Guil- laume le Taciturne a le visage d'un spectre. Je crois maintenant le savoir. C'est pour avoir subi cette fatalité exécrable de boire le sang de Co- ligny. Ces étranges phénomènes s'expliquent par la terreur que l'Europe eut de l'Espagne. On crut — 3 — (1573-1574) que le coup venait de Madrid, que celui qui avait fait la Saint-Barthélemy des Flandres avait fait la nôtre; que la France, emportée si loin, allait être tout espagnole, devenir comme un poignard dans la main de Philippe II. Hypothèse vraisemblable, très-logique, et pourtant fausse. Sans doute, une seule chose était sage au point de vue catholique, au point de vue du pape et des Guises, de la future Ligue, dont le comité existait déjà dans le clergé de Paris, c'était d'achever la Saint-Bar- thélemy avec l'aide de l'Espagne, qui offrait toutes ses forces, puis de faire à frais com- muns l'invasion d'Angleterre. Cela aurait tran- ché tout. La Hollande eût tombé d'effroi. L'Al- lemagne était à genoux, et sans doute le pro- testantisme exterminé de la terre. Mais, au fond, la cour de France n'était point du tout fanatique. Elle était toute domi- née par l'intérêt de famille, et partout trou- vait devant elle, en Angleterre, en Pologne, en Allemagne, l'opposition de Philippe II. L'Europe favorisa la France dans ses vues les plus chi- mériques, et l'on eut ce spectacle étrange, que, le lendemain d'un massacre dont chacun avait horreur, le roi qui s'en disait coupable eut tout le monde pour lui. Il devint le centre de tout; on semblait de toutes parts vouloir en- (1575-1574) — 4 — tasser les couronnes sur la tête folle et furieuse du roi de la Saint-Barthélemy. Nous entrons, dans un pays: étrange et nou- veau, la terra incognito, comme disent les an- ciens géographes. Dans, cette terre inconnue, ne nous étonnons pas si nous voyons surgir des monstres. Le fait le plus imprévu, c'est que, sur ce sol rouge et détrempé d'une des plus larges saignées qu'ait faites le fanatisme religieux, la religion baisse tout à coup et n'est plus qu'en seconde ligne. Un Dieu blafard, à masque blême, trône à sa place : Politique. Les huguenots, sauf quelques villes, quelques fortes positions où ils essayent de résister, vont fuir ou se convertir. Les catholiques sont ma- lades; ils tâchent de rester furieux, mais leur coeur n'en est pas moins trouble, comme au lendemain d'un grand crime. Tout à l'heure, par un art habile, un mélange artificieux de grands seigneurs et de canaille qu'on parvient à griser ensemble, on fera l'orgie de la Ligue. Ce qui n'empêchera pas qu'après avoir cuvé son vin, ce parti ne doive rester tout aussi énervé que l'autre. La France, bien observée, est politique ou tiers-parti. Ce n'en est pas un léger signe que le roi, dès — 5 — (1575-1574) le lendemain de ce fameux coup de force, soit obligé de se faire protéger près de la reine Eli- sabeth par le premier des politiques, M. de Mont- morency. L'Europe entière est politique. Dans l'élection de Pologne, où l'on va donner la couronne au premier conseiller de la Saint-Barthélemy, trois sortes de personnes travaillent pour lui, le pape, le Turc et les protestants d'Allemagne. Les astrologues assurent à Catherine de Mé- dicis que ses fils seront tous rois. Et la chose en effet devient vraisemblable. Pendant que le duc d'Anjou va être élu en Pologne, la reine mère reprend en Angleterre l'affaire du ma- riage d'Alençon, et continue en Allemagne la négociation pour faire Charles IX empereur; tout cela, après le massacre, sans même ima- giner qu'un si petit événement puisse chan- ger les choses. Cette bonne mère ne s'occupe que de la galante entrevue entre Alençon et Elisabeth. Elle voudrait que les amants se vis- sent entre les deux pays, « en pleine mer, par un beau jour. » Le dialogue entre les reines est piquant et curieux. « Je me soucie peu de l'amiral et des siens, dit Elisabeth. Je m'étonne seulement que le roi de France veuille changer le Décaloguc et que l'homicide ne soit plus péché. » A ces (1573-1574) — 6 — paroles aigres-douces, la reine mère répond pla- cidement : que, si Elisabeth n'est pas contente de ce qu'on a tué quelques protestants, elle lui permet en revanche d'égorger tous les catho- liques (7 septembre 1572). Donc tout s'arrange à merveille pour la gran- deur de la maison de France. Dieu la bénit visiblement. Par élection, mariage, appel des peuples libres, elle va régner sur l'Europe, de l'Irlande jusqu'à la Vistule. Notre ambassadeur à Madrid écrit plein d'en- thousiasme (17 juillet .1575) : « Mon maître, par force ou raisons, vous vous ferez maître du monde. » Voilà les succès du dehors. Voyons maintenant ceux du dedans. La Rochelle, Nîmes, Montauban, Sancerre, se mirent en défense, avec quelques pays de mon- tagnes. Mais généralement le coup sembla, pour un moment du moins, assommer les protestants. Une trentaine de mille hommes qu'ils avaient perdus n'auraient pas dû abattre un parti qui faisait alors le cinquième de la France. Il y eut panique et vertige. Ils uploads/S4/ michelet-jules-1798-1874-histoire-de-france-10-la-ligue-et-henri-iv-1856.pdf

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  • Publié le Fev 07, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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