Michelet, Jules (1798-1874). Histoire de France. 1-5, [Livres 1-5, 1-1461]. 184

Michelet, Jules (1798-1874). Histoire de France. 1-5, [Livres 1-5, 1-1461]. 1840. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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HACHETTE , LIBRAIRE DE UNIVERSITÉ DE RRANCE, RuePierre-Sarrazin, 42. 1840 Ce volume et le cinquième qui doit suivre de près, ont pour sujet commun la grande crise du quinzième siècle, les deux phases de cette crise où la France sembla s'abîmer. Celui-ci racontera la mort, le suivant la résurrection. La première des deux périodes, celle dont on va lire l'histoire , dure près d'un n demi-siècle ; elle part du schisme ponti- fical, et traverse le schisme politique d'Orléans et de Bourgogne, de Valois et de Lancastre. Notre faible unité nationale du qua- torzième siècle était toute dans la royauté ; au quinzième, la royauté même se divisant , il faut bien que le peuple essaie d'y suppléer. Le peuple des villes y échoue en 1413, et de cette tentative, il ne reste qu'un code, le pre- mier code administratif qu'ait eu la France. Lepeuple dès campagnes fera par inspiration ce que là sagesse dés villes n'a pu faire; il relèvera la royauté, retablira l'unité, et de Cette épreuve cm le pays faillit périr, sortira, confuse encore, mais vivace et forte, l'idée même de la patrie. Avant d'en venir là, il faut que ce pays descende dans la ruine , dans la ni mort, à une profondeur dont rien peut- être ni avant, ni après, n'a donné l'idée. Celui qui par l'étude a traversé les siè- cles pour se replacer dans les misères de cette époque funèbre, qui, pour mieux les comprendre, a voulu y vivre et en prendre sa part, ne pourra encore qu'à grand'peine en faire entrevoir l'horreur. . L'histoire est grave ici par le sujet; elle ne l'est pas moins par le caractère tout nouveau d'autorité qu'elle tire des monuments de l'époque. Pour la pré- mière fois peut-être elle marche sur un terrain ferme. La chronique, jusque-là enfantine et conteuse, commence à dé- poser avec le sérieux d'un témoin. Mais à côté de ce témoignage, nous en trouvons un autre plus sûr. Les grandes collections d'actes publics , imprimés, IV ou manuscrits, deviennent plus com- plètes et plus instructives. Elles forment dans leur suite, désormais peu inter- rompue , d'authentiques annales ', au moyen desquelles nous pouvons dater , suppléer, souvent démentir, les on dit des chroniqueurs. Sans accorder aux ac- tes une confiance illimitée, sans oublier que les actes les plus graves , les lois même, restent souvent sur le papier et sans application, on ne peut nier que ces témoignages officiels et natio- naux n'aient généralement une auto- rité supérieure aux témoignages in- dividuels. Les Ordonnances de nos rois, le Tré- sor des chartes, les Registres du Parle- ment, les actes des Conciles, telles ont été nos sources pour les faits les plus im- portants. Joignez-y quant à l'Angleterre le Recueil de Rymer et celui des Statuts du royaume. Ces collections nous ont donné , particulièrement vers la fin du volume, l'histoire tout entière d'impor- tantes périodes sur lesquelles la chro- nique se taisait. L'étude de ces documents de plus en plus nombreux , l'interprétation, le contrôle, des chroniques par les actes, des actes par les chroniques , tout cela exige des travaux préalables, des tâtonnements , des discussions cri- tiques dont nous épargnons à nos lecteurs le laborieux spectacle. Une histoire étant une oeuvre d'art au- tant que de science, elle doit paraître dégagée des machines et des échafau- dages qui en ont préparé la construc- tion. Nous n'en parlerions même pas , si nous ne croyions devoir expliquer et VI la lenteur avec laquelle se succèdent les volumes de cet ouvrage et le déve- loppement qu'il a pris. Il ne pouvait res- ter dans les formes d'un abrégé, sans laisser dans l'obscurité beaucoup de choses essentielles, et sans exclure les éléments nouveaux auxquels l'histoire des temps modernes doit ce qu'elle a de fécondité et de certitude. 8 février 1840. HISTOIRE DE FRANCE LIVRE VII. CHAPITRE I. Jeunesse de Charles VI. 1380-1383. Si le grave abbé Suger et son dévot roi Louis VII s'étaient éveillés, du fond de leurs caveaux, au bruit des étranges fêtes que Charles VI donna dans l'abbaye de Saint-Denis, s'ils étaient revenus un moment pour voir la nouvelle France, certes, ils auraient été éblouis, mais aussi surpris cruellement; ils se se- raient signés de la tête aux pieds et bien volontiers recouchés dans leur linceul. Et en effet, que pouvaient-ils comprendre à ce spectacle? En vain ces hommes des temps féodaux, studieux contemplateurs 1 des signes héraldiques, au- raient parcouru des yeux la prodigieuse bigarrure 1 Voir tome II, livre IV, chapitre III, sur Godefroi de Bouillon. IV. . 1 des écussons appendus aux murailles] en vain ils auraient-cherché les familles des barons de la croi- sade qui suivirent Godefroi bu Louis - le-Jeune ; la plupart étaient éteintes. Qu'étaient devenus les grands fiefs souverains des ducs de Normandie., rois d'Angleterre, des comtes d'Anjou, rois de Jérusa- lem, des comtes de Toulouse et de Poitiers? On en aurait trouvé les armés à grand'peine, rétré- cies qu'elles étaient ou effacées par les fleurs de lis dans les quarante-six écussons royaux '. En récom- pense , un peuple de noblesse avait surgi avec un chaos de douteux blasons. Simples autrefois comme emblèmes des -fiefs , mais devenus alors les insignes des familles, ces blasons allaient s'embrouillant de mariages, d'héritages^ de généalogies vraies ou fausses. Les animaux héraldiques s'étaient prêtés aux plus étranges accouplements. L'ensemble présentait une bizarre -mascarade. Les devises, pauvre invention mo- derne 2, essayaient d'expliquer ces noblesses d'hier. Tels blasons, telles personnes-Nos morts du dou- zième siècle n'auraient pas vu sans humiliation, que dis-je! sans horreur, leurs successeurs du quatorzième. Grand eût été leur scandale, quand la salle se serait remplie des monstrueux costumes de ce temps, des immorales et fantastiques parures qu'on ne craignait pas de porter. -D'abord.des hommes-femmes, gracieu- 1 Le Laboureur, Histoire de Charles VI, introduction, p. 41. s Moderne, c'est-à-dire renouvelée alors récemment. Les anciens avaient eu aussi des devises. V. Spener, et mes Origines du droit, ( 3 ) sement attifés, et traînant mollement des robes de douze aunes ; d'autres se dessinant dans leurs ja- quettes de Bohême avec des chausses collantes, .mais leurs manches flottaient jusqu'à terre. Ici, des hom- mes-bêtes brodés de toute espèce d'animaux ; là des hommes-mûsique, histories de notes 2 qu'on chantait devant ou derrière, tandis due d'autres s'af- fichaient d'un grimoire de lettres et de caractères 3 qui sans doute ne disaient rien de bon. Cette foule tourbillonnait dans une espèce d'église ; l'immense salle de bois qu'on avait construite en avait l'aspect. Les arts dé Dieu étaient descendus complai- samment aux plaisirs de l'homme. Les ornements les plus mondains avaient pris uploads/S4/ michelet-jules-1798-1874-histoire-de-france-4-livres-1-5-1-1461-1840-4.pdf

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  • Publié le Mai 05, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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