CLASSE DE 1ÈRE GÉNÉRALE - SÉQUENCE I ETUDE DES CHAPITRES « DES CANNIBALES » ET

CLASSE DE 1ÈRE GÉNÉRALE - SÉQUENCE I ETUDE DES CHAPITRES « DES CANNIBALES » ET « DES COCHES » DES ESSAIS DE MONTAIGNE SÉANCE 4 EXPLICATION DE L’EXTRAIT 1 Support : Extrait n°1, de « Après avoir bien longtemps … » (l.272) à « …après qu’il est trépassé » (l.306) Durée : 2 heures Objectifs : 1/ Etre capable de mener une explication de texte linéaire d’un extrait du chapitre « Des cannibales » 2/ Connaître l’œuvre intégrale dans la perspective de la dissertation sur oeuvre Préparation  Lire le chapitre « Des cannibales » jusqu’à la ligne 323 au moins.  Lire tout particulièrement l’extrait n°1 : de « Après avoir bien longtemps… » (l. 272, p. 68) à « …après qu’il est trépassé » (l. 306, p. 70)  Attention, les lignes et pages sont celles du texte original de Montaigne (page de gauche dans l’édition imposée).  Répondre aux questions suivantes (les recopier ou les imprimer et les coller sur la feuille de réponses, cela facilitera ensuite les révisions) 1. Quel regard porte-ton spontanément sur la pratique du cannibalisme ? (/ 1 pt.) 2. Quel regard Montaigne porte-t-il sur cette même pratique ? (Justifiez par des extraits du texte) (/2 pts.) 3. Quelle explication Montaigne donne-t-il au cannibalisme des Indiens d’Amérique ? (/1 pt.) 4. Quelle explication habituellement invoquée écarte-t-il ? (/1 pt.) 5. Quelle image (méliorative, péjorative) des Portugais Montaigne propose-t-il ? Justifiez. (/1 pt.) 6. A la ligne 303, Montaigne fait référence à des événements « de fraîche mémoire » (c’est-à- dire récents) au cours desquels, « sous prétexte de piété et de religion » des citoyens français se sont entretués. A quel événement historique qui a marqué le XVIème siècle fait-il référence ? (/1 pt.) 7. A quelle ligne la première personne du singulier apparaît-elle pour la première fois dans ce passage ? (/ 1 pt.) 8. Déduisez-en un découpage du texte en deux parties en indiquant les limites des parties et en proposant un titre à chacune. (/2 pts.) Question bonus Quelle action est désignée par Montaigne à travers la périphrase « manger un homme vivant » (ligne 299) ? (/1 pt.) Question de grammaire : Prendre connaissance de la fiche grammaire distribuée en classe « Les modes de néologie -Synthèse » et répondre aux questions 1-4 au verso. Mise en œuvre : Cours dialogué / magistral à partir de questions de préparation préalables Activité de l’élève : Prise de notes Lecture du texte -Adopter un ton neutre pour la partie I et un ton plus virulent de la ligne 295 à la fin - Ne pas se perdre dans la lecture de deux phrases longues : - l.284 à 295 - l.295 à la fin (avec notamment la parenthèse) Annonce de la démarche Nous allons procéder à une explication linéaire du texte. Annonce de l’interprétation globale Nous montrerons comment Montaigne trouve dans le cannibalisme indien, l’occasion de critiquer la violence inhérente à la société européenne. Annonce des principales étapes du texte mouvements Nous étudierons dans un premier temps la partie descriptive du texte, celle dans laquelle Montaigne décrit puis explique, avec un regard neuf, la pratique cannibale (des lignes 272 à 295) puis la partie argumentative, dans laquelle il dénonce, en s’impliquant, les violences commises par les Européens. Explication linéaire Etape 1 Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers, et de toutes les commodités dont ils se peuvent aviser, celui qui en est le maître, fait une grande assemblée de ses connaissants. 1/Dans un premier temps, Montaigne décrit la pratique du cannibalisme : il emploie le temps grammatical présent et les actions qu’il rapporte ont pour sujet des termes à valeur générique : le pronom « ils » et « celui qui » montrent qu’il rapporte des comportements imputables non pas à un individu mais à une communauté. On est bien dans une description des mœurs des Indiens 2/ Il débute par une description des circonstances dans lesquelles s’exerce le cannibalisme. La pratique cannibale n’est pas présentée isolément mais comme s’inscrivant dans une série de traitements réservés aux prisonniers de guerre. C’est ce que montre la préposition « Après ». La mise à mort, puisqu’elle est reportée, fixée un jour donné, prévue de longue date n’est pas un acte instinctif. 3/ Contrairement aux préjugés qui associent cannibalisme et cruauté, Montaigne montre que le traitement réservé aux prisonniers de guerre est respectueux de la personne humaine : « Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers, et de toutes les commodités dont ils se peuvent aviser ». Le verbe « traiter » à valeur neutre est associé à l’adverbe « bien » à valeur méliorative ; l’ensemble est renforcé par « longtemps ». Le complément « de toutes les commodités dont ils se peuvent aviser » présente de manière hyperbolique (emploi du pluriel, du déterminant de quantité « toutes », de la relative « dont ils se peuvent aviser ») le soin apporté au traitement des prisonniers. Cette pratique, puisqu’elle est précédée de bons traitements, n’est pas un acte motivé par la cruauté. 3/ En précisant que l’acte cannibale est réservé à « celui qui en est le maître » Montaigne en fait une pratique qui obéit à des règles, loin de l’acte sauvage que l’on pourrait imaginer. 4/ Il éloigne aussi l’acte cannibale de sa sauvagerie en en faisant un spectacle, une cérémonie puisque cette pratique se fait devant un public invité « une grande assemblée de ses connaissants ». Le cannibalisme se voit ainsi attribuer une fonction de cohésion sociale. Transition : Montaigne après avoir contextualisé le cannibalisme, raconte les conditions de la mise à mort du prisonnier. Etape 2 Il attache une corde à l’un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient éloigné de quelques pas, de peur d’en être offensé, et donne au plus cher de ses amis l’autre bras à tenir de même ; et eux deux, en présence de toute l’assemblée, l’assomment à coups d’épée. Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et en envoient des lopins à ceux de leurs amis qui sont absents. 1/ Montaigne reste objectif : on ne peut relever aucun terme à valeur subjective. Il rapporte les informations sur un ton neutre sans émettre de jugement sur les mœurs qu’il explique. Il n’intervient nullement dans la narration de la cérémonie et il n’en interrompt pas le déroulement par le moindre commentaire. La description se trouve volontairement dépossédée de toute charge émotive résultant de la violence de l’acte. Ce dernier se trouve réduit à un geste à caractère ethnographique. 2/ Cette objectivité est d’autant plus surprenante que l’usage rapporté (le cannibalisme) nous paraît a priori répugnant, ou tout au moins condamnable, critiquable : - par sa cruauté : le prisonnier est attaché et assommé à coups d’épée - par sa dimension contre-nature : le cadavre du prisonnier est rôti et mangé 3/ En réalité, la description objective que fait Montaigne permet d’avoir une image plus positive de cet acte, présenté non comme un acte de violence sauvage, instinctif mais comme un rituel complexe. Tout d’abord cet acte, loin d’être un acte dicté par un besoin vital, est un rituel qui suit un protocole précis et rigoureux qui consiste en : - des étapes déterminée (l’attache + la répartition, de part et d’autre, des deux exécutants + la mise à mort + la cuisson + le repas + l’envoi de morceaux aux absents) - des gestes précis (« il attache une corde à l’un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient, éloigné de quelques pas et donne l’autre bras à tenir de même … ») - des accessoires précis (« corde », « épée ») - différentes étapes soulignées grâce à l’emploi de la conjonction de coordination « et » (employée à quatre reprises), du connecteur «cela fait ». De plus, c’est un usage auquel c’est un honneur de participer : le degré de participation à cet usage permet de mesurer le degré d’amitié entre le maître du prisonnier et ses proches : on peut l’aider à tuer le prisonnier (privilège accordé « au plus cher de ses amis »), partager sa chair ou en recevoir quelques lopins. La fonction de cohésion sociale de cet usage est confirmée par l’emploi d’un champ lexical de la communauté : « toute l’assemblée », « en commun », « amis » : c’est une fête, un repas pris en commun. Transition : Bref, le regard de Montaigne est celui d’un ethnologue avant l’heure, curieux et objectif. Il se distingue d’un ethnologue seulement parce qu’il ne s’est pas déplacé en Amérique. Avec l’ethnologie, il partage aussi son souci de comprendre, d’expliquer, comme il le fait à la phrase suivante. Etape 3 Ce n’est pas, comme on pense, pour s’en nourrir, ainsi que faisaient anciennement les Scythes ; c’est pour représenter une extrême vengeance. 1/ La forme négative « ce n’est pas » montre que le projet de Montaigne est d’aller à l’encontre de l’opinion commune, des uploads/S4/ montaigne-explication-extrait-1.pdf

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  • Publié le Dec 12, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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