I- Problématique Cette étude pluridisciplinaire vise à saisir les mutations que
I- Problématique Cette étude pluridisciplinaire vise à saisir les mutations que connait le couple Famille et Migration internationale en Tunisie. De manière plus générale, il s’agit d’identifier aussi bien les changements sociologiques, culturels et économiques touchant à ce couple que les réponses concrètes ou potentielles en matière de législation nationale et internationale engageant l’Etat et ses partenaires concernés. Etant le caractère exploratoire de l’étude, qui s’emploie à sonder les évolutions en cours de cette activité à laquelle s’adonne une frange sans cesse croissante de la population tunisienne, nous opterons pour une approche qualitative. Non que nous nous dispensions des données quantitatives produites par les structures nationales et les organisations internationales, ces données demeurent toujours indispensables dans l’analyse des tendances globales. Par l’approche qualitative, nous ciblerons ce qui relève du singulier et de l’imprévisible qui ne se donne pas à voir à travers l’appréhension macro. Ce choix méthodologique a l’avantage de pénétrer une matière intense et riche par la vertu de sa production par les personnes ciblées en chair et en os. Parce qu’on a affaire à un objet d’étude continuellement dynamique, les matériaux vivants autoriseraient de nouvelles pistes de comparaison. Plutôt que se contenter de faire correspondre des types de familles à des périodes historiques de la migration internationale, comme c’était le cas dans des études précédentes, il serait plus intéressant d’observer, sur le tas, comment se cumulent ces anciens savoirs migratoires et se réinventent par de nouvelles manières familiales de migrer, non seulement en transgressant les lois et conventions, mais souvent en les déjouant ou en les mettant à profit. Plus précisément, notre l’objectif est de repérer les modes d‘implication, plus ou moins anciens ou renouvelés, de la famille tunisienne dans le choix de la destination migratoire, des moyens mobilisés et des tactiques de contournement ou de mise à profit des lois et conventions nationales et internationales se rapportant à cette activité. Pour ce faire, nous envisageons d’aller au terrain de la migration internationale et faire parler les acteurs. Par ces derniers, nous entendons des migrants actuellement en séjour estival en Tunisie ou un membre de leurs familles résidant en Tunisie. Parallèlement, des FG seront aussi organisés autour de questions connexes, comme l’accompagnement juridique desdites mutations migratoires multidimensionnelles, le placement des transferts migratoires, société civile et politiques migratoires, l’abandon scolaire « actif » et la propension à la migration irrégulière, etc. L’apport escompté de ces FG viendra sans doute de la participation de migrants d’âges et bords différents. Le retour d’expérience en cours ou achevées déclenchera des thèmes de débats d’actualité. La présence à ces FG de personnes appartenant à la même communauté et considérées comme personnalités agissantes au sein de la société civile, au sein d’institutions gouvernementales, mais aussi de personnalités politiques de haut niveau (députés, responsable de partis) ou de renom économique ou culturel, serait fortement enrichissante. Le débat autour de la politique, voire de la stratégie migratoire nationale est certainement de mise. Des éclairages sont attendus d’un côté sur la vision et les objectifs gouvernementaux de la migration et de l’autre côté, sur les difficultés et les attentes exprimées par les migrants et la société locale. En d’autres termes, y-a-t-il lieu d’entendre de la part des Politiques un discours sur la migration dépassant «sa vocation de source de devise » ? Y-a –il droit de recevoir de la part des migrants des idées innovantes de développement local, autre que celles habituelles revendiquant des exonérations fiscales de biens de consommation importés ? D’autres enjeux et attentes peuvent faire l’objet de débat et justifier autant de FG. La perception des liens de famille, le rapport famille/couple, le couple mixte, la filiation à double nationalité, les différends d’ordre culturel traversant ces liens, sont autant de questions brûlantes qui interpellent 1 une connaissance des législations en vigueur ou en cours et dont les acteurs migratoires ignorent ou maitrisent à peine le plus élémentaire. Y-a –t- il une corrélation entre l’abandon scolaire « actif » et la faible employabilité du système scolaire tunisien d’un côté, et l’évolution des profils migratoires de l’autre côté ? L’observation des effectifs de bacheliers, accompagnés de leurs parents, sollicitant les services des « agences d’inscription » dans des universités étrangères, laisse entendre des dysfonctionnements dans ce système. Une autre hypothèse n’est pas néanmoins à écarter : une « mobilité » des compétences qui n’est pas nécessairement « fuite anticipée des cerveaux ». L’une et l’autre piste peuvent alimenter un débat qui prendra acte de velléités qui se trament : de « nouvelles formes de double citoyenneté et d’appartenance culturelle », ou pour inverser la célèbre expression de Abdelmalek Sayad : « une double présence ». C’est autant dire un pressant besoin de culture actualisée en matière de législation en place ou qui pourrait anticiper des qui pro quo culturels, des conflits de couple sur l’éducation des enfants, ou encore sur les droits de citoyenneté. II- Méthodologie de la recherche Nous avons certes annoncé une préférence à l’approche qualitative. Nous ne partirons pas toutefois d’un néant quantitatif : un balayage de la carte migratoire tunisienne est indispensable, ne serait-ce que dans un premier temps d’identifier les foyens à traditions migratoires. Les données statistiques produites par l’INS ou l’OMN, mais aussi par des centres de recherche et des organisations régionales et internationales orienteront notre regard à ce propos. Ce balayage des données quantitatives permettra aussi de détecter des foyers migratoires peu étudiés et ouvrirait ainsi la voie à la découverte de nouvelles singularités. D’autres informations statistiques sur le genre, la tranche d’âge, le motif avoué de la migration participe aussi au choix des localités visées par l’enquête. Ce balayage étant fait, nous mettons en œuvre notre principal outil d’investigation ; le type idéal que nous emploierons dans la même acception de profil assez répandu dans les études sur la migration. Défini comme étant une construction mentale de quelques caractéristiques propres à l’objet d’étude, le concept de type idéal, tel que forgé Max Weber, présente l’avantage de condenser une ou des caractéristiques de l’objet d’étude dans un contexte social, culturel ou historique donné. Ainsi, la famille migrante comme objet d’étude se prête à la classification en types idéaux sur la base, par exemple, du rôle principal joué soit par le migrant soit par sa famille dans l’enclenchement de la décision migratoire. Ce faisant, nous nous proposons sur la base de nos observations exploratoires théoriques et empiriques, de construire les trois types idéaux migratoires suivants : 2.1. Types idéaux de famille migratoire en Tunisie Les trois types idéaux ont en commun l’implication de la famille dans le projet migratoire du jeune. Le premier type idéal qu’on nomme désormais « famille promoteur migratoire » a pour marque principale la préparation anticipée du « projet migratoire » de leur descendant. On peut suivant la logique de construction des types idéaux pousser à l’extrême une caractéristique bien déterminée et supposer qu’il s’agit de familles bien nanties en espèces de capital économique. Ceci conduirait à des milieux sociaux aisés où, aussi averti qu’on est, l’on inscrit l’enfant précocement dans les centres de langues étrangères et le socialise à l’ouverture d’esprit et aux formes d’Interculturalité. Le second type idéal, décrit la situation de familles non dotées en espèces de capital et à ambitions modérées quant à l’avenir de leurs enfants. C’est justement l’enfant qui semble plus averti des opportunités de la migration et insatisfaits de ce qui est possible dans le pays. C’est pour cela, nous 2 aurons affaire à un type idéal de « famille tirée vers la migration » par son descendant. Sa ténacité, sa culture migratoire en matière de coût et surtout sa capacité de convaincre exercent souvent une pression si forte que la famille finit par mobiliser ce qu’elle a matériellement et à s’investir psychiquement dans l’aventure plus ou moins risquée, tant les moyens sont aléatoires et la destinée plus ou moins floue. Le troisième type idéal est assez complexe : il y est difficile de trancher qui a tiré qui vers la migration. Ayant affaire à des familles inscrites dans des réseaux migratoires de proches-parents et de communautaires, on a l’impression que c’est la structure de relations communautaires qui implique la personne dans la migration. Une sorte d’habitus migratoire qui se forge et forge la personnalité du jeune, d’où l’appellation que nous proposons : « famille à traditions migratoires ». Si complexe et infinie qu’elle est, la réalité migratoire tunisienne, comme toute réalité sociale et culturelle, n’est point réductible à ces trois types idéaux. Une fois au terrain, nous découvririons que des interférences entre un type idéal et un autre sont probables. Loin de biaiser la distinction entre les trois types idéaux migratoires ni de dispenser de leur opérationnalité dans la production d’un savoir accessible pédagogiquement et utilisable concrètement, ces interférences apportent plus de complexification à la réalité migratoire et richesse des informations recueillies. Ces trois types idéaux de profils migratoires nous invite à analyser d’une manière profonde les différentes trajectoires des émigrés, leurs stratégies et leurs projets à venir. 2.2. Une question à caractère transversal Quel que soit le uploads/S4/ note-me-thodologique.pdf
Documents similaires










-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 22, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
- Taille du fichier 0.0726MB