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LES lVlALADIES DE L' Al'v1E ET - E"'TR,... nE'.l\NT'l)E,,c L L,.,,.~ n.~n-.u..:.;1. ·~ 'E?A.ITE DE PSYCHOLùGIF SGUF!E Traouit de l'arabe par AE DtJL KA;.<. I'M ZETN /\.RCHÈ EDIDIT ''l;ne des maladies de l'âme est de ne jamais accepter !,. Vérité, Ia soumission étant contraire à fa nature de son caractère, Le remède consiste à s'affranchir du désir et de la passion pour aller vers son Seigneur" (al-Sulami). Ce manuel de psychologie pratique, qui fait partie de l'enseignement prodigué aux disciples uans la voie scufie, donne les clés d'une meilleure connaissance de l'âme. L'éducation spirituelle et la purification de i'âme sont indispensables pour se connaitre soi-même, et 1onc- connaitre Dieu. "Celui qui connaît 2011. âme, connait sen Sei ~ne;;r", a dit le Prophète. Comment sauver son âme? L'originalité de ce traité réside :lans sa façou très simple d'aborder cette mission essentielle de l'existence humaine, celle qui devrait normalement préoccuper tous les hommes, "créés d'une seule âme' comme dit le Coran, L'auteur : 'Abd al-Raërnân ~-~ula.1:11 (Xème siècle), qui fut le maître ce Qushayiï, a exposé <laus divers ouvrages les fondements du souiisme, fondements qui ont été con- sièérahlement développés ples tard p.::ü· les grands maîtres de l'ésoténsn.e musulman, (:OIT!me Gb:izâ:î e: Muhyî al-din 'Ibn "Arabi. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier toute personne qui d'une manière ou d'une autre a aidé ou encouragé ce travail. Je demande à Dieu qu'II agrée cette humble traduction, et Lui rend grâce pour toutes les richesses qu'Il nous a faites découvrir afin de nous attirer à Lui. INTRODUCTION 1. L'auteur 'Abû 'Abd al-Rahmân Muhammad bin al-Husayn bin Muhammad bin Mûsâ al-Sularni al-'Azdî al-Nîsâbûrî est né à Nîsâbûr (Iran) en 325i937 ou 330/942. Il fut l'élève de son grand-père maternel, 'Ismâ'îl bin Nujayd al-Sulamî dont l'un des disciples, 'Abû Sahl al-Su'Iûkî, l'initia au soufisme et l'autorisa à enseigner à des novices. Il reçut aussi la khirqal de 'Abû al-Qâsim al-Nasrâdhî. Al-Sulamî étudia les principes de la théologie (kalâm)2 d'al-'Ash'arî3 et adhéra pour la jurisprudence (ftqh)4 à l'école © by ARCHE' 1990 Via Medici 15 . MILANO Imprimé en Italie DigitalPrint Service - Segrate (Mi) 1. La khirqa est un manteau en laine que portaient les soufis. Donner la khirqa à quelqu'un signifie l'initier. 2. Le kalàm est selon une définition célèbre "la science à la- quelle il appartient d'établir solidement les croyances reli- gieuses en apportant des preuves, et d'écarter les doutes". La science du kalâm aborde ainsi la question de responsabilité ou non responsabilité de l'homme, le problème des attributs di- vins, leur existence et leur rapport avec l'essence divine. 3. Al-'Ash'arî serait né en 260/873-874. Il a fondé l'école de théologie orthodoxe qui porte son nom. 4. En Islam, tous les aspects de la vie publique et privée et des affaires doivent être régis par des lois fondées sur la religion; c'est le.fiqh qui est la science de ces lois. Outre les lois réglant les pratiques rituelles et religieuses comprenant des 9 de Shâfi"î 5. Son intérêt pour le hadîth 6 l'entraîna dans de longs voyages de Marw au Hijâz en passant par l'Iraq. L'un de ses disciples les plus connus fut 'Abû al-Qâsim al-Qushayrî qui mentionne fréquemment son maître dans sa Risâla 1. 2. L'éducation de l'âme injonctions et des prohibitions, le fiqh englobe le domaine entier du droit familial, le droit successoral, le droit de propriété, les contrats et obligations, en un mot les dispositions concernant toutes les questions juridiques qui se présentent dans la vie sociale. Il s'applique aussi au droit et à la procédure criminels et enfin au droit constitutionnel et aux lois règlementant l'administration de l'Etat et la conduite de la guerre. 5. Imâm al-Shâfi"î est né en 150(767 à Ghazza. Il est le fon- dateur de l'école juridique shâfi' ite. Les trois autres écoles sun- nites sont : l'école hanbalite, l'école hanafite et l'école mâli- kite. 6. Les 'ahâdîth (pluriel de hadîth) sont des traditions rappor- tant les actes ou les paroles du Prophète, ou son approbation tacite de paroles ou d'actes effectués en sa présence. Le hadith est considéré comme l'autorité venant immédiatement après le Coran. L'authenticité des 'ahâdîth a divers degrés: on en juge de par la chaîne de trasmission, si les rapporteurs ont eu la pos- sibilité physique de se rencontrer et si ceux-ci sont intègres et dignes de confiance. On raconte que Bukhârî voyagea pendant de nombreux jours pour rencontrer un homme réputé pour sa connaissance des 'ahâdîth. En arrivant dans le village, Bukhârî vit cet homme, le poignard caché derrière le dos, en train d'attirer une chèvre avec une poignée d'orge. Bukhârî s'en fut aussitôt car il ne pouvait avoir confiance en un transmetteur de 'ahâdîth qui trompait un animal. L'éducation ('adab) de l'âme (nafs) constitue l'un des thèmes centraux de la littérature soufie. Tous les grands au- teurs soufis ont abordé ce sujet dans leur œuvre et lui ont accordé soit un chapitre soit un ouvrage entier. C'est le cas de 'Ibn "Arabi dans ses Futûhât al-makkiyya (les illumina- tions de la Mecque) et de Yimâm Ghazâlî dans son 'lhyâ' 'ulûm al-dîn (la revivification des sciences religieuses). Al- Muhâsibî a écrit 'ôââb al-nufûs (l'éducation des âmes), Tirmîdhî a rédigé une petite épître intitulée makr al-nafs (les ruses de l'âme). 'Ibn 'Atâ' 'Allâh quant à lui a composé tahdhib al-nufûs (l'éducation des âmes). Pour éduquer l'âme, il faut connaître ses maladies et les moyens d'y remédier; c'est ainsi qu'al-Sulamî a nommé son traité : "les maladies de l'âme et leurs remèdes" ('Uyûb al- nafs wa mudâwâtuhâ) 8. Contrairement aux autres écrits sur 7. Le titre complet est al-Risâla al-Qushayriyya fi 'ilm al-ta- sawwuf; c'est un ouvrage de référence dans le soufisme. 8 . Le mot "ayb (pluriel 'uyûb) signifie littéralement "défaut"; quand il s'agit de l'âme on peut traduire par "vice" ou "maladie". Dans notre traduction, nous avons préféré ce dernier terme. 10 11 Ce manuel de psychologie soufie est destiné avant tout aux murîdûn (pluriel de murîd) qui peuvent être des novices débutant dans la voie, ou des disciples plus avancéslv, - la nafs instigatrice du mal (ai-îammâra bi al-sû'ï : "Certes la nafs est instigatrice du mal ('ammâra bi al-sû'), à moins que mon Seigneur par miséricorde ne la préserve du péché" (Coran 12, 953); - la nafs qui blâme (al-lawwâma) : "J'en jure par la nafs qui blâme (al-lawwâma)" (Coran 70, 72); - la nafs apaisée (al-muima'inna) : "O nafs apaisée (al- mutma'inna), retourne vers ton Seigneur satisfaite (râdiya) et agréée (mardiiyya), entre parmi Mes serviteurs, entre dans Mon Paradis" (Coran 89, 27-30). Ces trois catégories de la nafs 11 ne sont que des aspects divers d'une seule et unique âme. Et l'éducation de l'âme consistera à en éliminer les tendances négatives et contraires à Dieu pour que seules subsistent les tendances positives et agréées par Dieu. ce sujet, le traité d'al-Sulamî est très synthétique et sa con- sultation très pratique. Nous avons suivi la présentation de Kohlberg'' en soixante-treize paragraphes : trois paragraphes d'introduction, un paragraphe de conclusion et soixante-neuf autres paragraphes formant le cœur de l'ouvrage. Il ne semble pas y avoir de suite logique dans ces soixante-neuf paragraphes qui sont indépendants les uns des autres et divisés chacun en deux sections: la première pré- sente une maladie de l'âme et la deuxième traite des moyens d'y remédier. Le Coran distingue dans l'âme (nafs) trois parties : * * * 9. Etan Kohlberg a fait une édition comparée du texte arabe en se basant sur trois manuscrits : l'un à la British Library, l'autre à Berlin et le dernier à Kôprülü à Istambul. Quand l'édition de Kohlberg comprend une variante ou une adjonction intéressante nous la citons en note. 10. Pour rendre le texte arabe intelligible en français, le mot "rnurîd" a été rajouté là où il a été jugé nécessaire. Littéralement murîd signifie aspirant. 11. En arabe, nafs peut aussi signifier "lui-même" lorsque l'on parle d'une personne. A cause de cette richesse du mot nafs, se posent des problèmes de traduction vu que dans une même phrase al-Sulamî utilise sans distinction la troisième personne du masculin (pour se référer au disciple), la troisième personne du féminin (pour se référer à la nafs) et parfois aussi la deuxième personne du singulier lorsqu'il s'adresse directement au lecteur. 12 13 Platon considère que l'âme a trois aspects. Dans son œuvre il en donne deux illustrations très significatives. La première, dans Phèdre (246a et 253d), nous décrit un atte- lage constitué d'un cheval noir à gauche, d'un cheval blanc à droite et d'un cocher. Le cheval noir est ami de la violence et de la fanfaronnade, il est sourd et n'obéit qu'avec peine au fouet et à l'aiguillon. Le cheval blanc est amoureux de l'honneur, de la tempérance et de la pudeur, attaché à l'opinion vraie; la parole et la raison sans les coups, suffi- sent à le conduire. Le cocher quant à lui gouverne l'attelage. l'âme qui blâme travaille avec elle pour dompter l'âme ins- tigatrice du mal. Il ne s'agit pas de tuer cette dernière, Platon parle d'élever la bête. uploads/S4/ sulami-les-maladies-de-l-x27-ame-et-leur-remede.pdf
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- Publié le Mai 22, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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