"Le crime, c'est la chute d'un masque. La vie sociale maçonne un plâtre sur cha
"Le crime, c'est la chute d'un masque. La vie sociale maçonne un plâtre sur chacun, et n'admet que les mouvements qui conservent ce personnage artificiel." Paul Valéry Lorsque l'on regarde dans le dictionnaire la définition du crime, on constate que ce mot peut avoir deux significations. La première interprète le crime comme un meurtre ou un assassinat et, à l'extrême, un crime contre l'humanité ; un génocide, une extermination de masse. La deuxième définition est plus vague, il est écrit que ce peut être n'importe quelle infraction que la loi punit d'une peine. Ainsi, commettre un crime c'est agir de façon illégale comme voler un œuf ou un bœuf, violer un individu, vendre de la drogue mais aussi cueillir une fleur protégée ou promener son chien sans laisse. Selon Paul Valéry, le crime est naturel chez l'homme et c'est la société qui nous pousse à refouler ce comportement inné. Il a en effet affirmé que : "le crime, c'est la chute d'un masque. La vie sociale maçonne un plâtre sur chacun, et n'admet que les mouvements qui conservent ce personnage artificiel". Toutefois, nous sommes en droit de nous demander si l'on nait criminel ou si ce n'est pas, comme Rousseau le pense, la société qui nous pervertis en grandissant ? Est-ce qu'une personne est artificielle si elle se comporte raisonnablement ? Et au final, est-ce mieux de faire tomber ce masque ou de continuer à le porter indéfiniment ? Entre Rousseau est Valéry, qui a tort, qui a raison ? D'après la loi, un enfant qui dissimule discrètement un bonbon dans sa poche avant de sortir de l'épicerie est considéré comme un criminel. Ainsi, on est en droit de penser que tout le monde ou presque va devenir un criminel un jour ou l'autre, quand bien même la faute commise ne soit pas très grave. On dit toujours qu'un nouveau-né est "si innocent" mais alors, pourquoi va-t-il devenir un criminel ? Parce que la société le veut ou parce que c'est dans sa nature ? C'est très difficile de trancher car nous n'avons ni la technologie ni les connaissances nécessaires pour répondre à cette question de manière scientifique. Et même les philosophes ne sont pas d'accord entre eux ; qu'est-ce qui est acquis, qu'est-ce qui est inné ? Chacun a du bon et du moins bon en lui. Les crimes qu'une personne commettra dépondront, non seulement des proportions de bien et de mal en lui, mais aussi de sa condition. Si l'on est sans le sou et qu'il faut voler pour nourrir sa famille qui vit entassée dans des bidonvilles, je dirais que c'est la société qui veut que l'on soit un criminel. Par contre, si un millionnaire règle son compte à quelqu'un qui a une dette envers lui, alors on peut dire qu'il a tombé son masque pour réveiller la plus malveillante partie de son être. La société n'accepte pas ce type de comportement, il est en effet dit qu'on ne peut faire justice soi-même. Comme le dit l'adage, "chasse le naturel, il revient au galop". Ce genre de vieux dicton ayant déjà fait largement ses preuves, il est inutile que je le remette en question. En effet, chacun peut constater autour de lui que, au final, on ne change pas. Un alcoolique peut retomber dans sa dépendance à tout moment, un mari violent ne se retiendra pas toute sa vie de frapper sa femme malgré ses belles promesses, un pédophile repenti aimera toujours les enfants. C'est dramatique mais c'est la réalité. Dès lors, il est aisé de conclure que faire preuve de retenue, de raison, c'est être artificiel. Mais alors, comment des gens comme Mère Theresa ou l'Abbé Pierre ont-ils pu être si généreux, charitables, sensés tout au long de leur vie, sans qu'une soi-disant nature criminelle ne ressorte ? C'est certainement parce que cette nature n'existe pas en eux, que ce sont des gens réellement bons. Il doit y avoir des personnalités comme eux, sinon à quoi ressemblerait notre monde ? Nous sommes si égoïstes, si centrés sur nous-mêmes, que sans eux, personne ne s'intéresserait aux plus malheureux d'entre-nous. Des gens comme Tenzin Gyatso, l'actuel Dalaï Lama, Prix Nobel de la Paix pour avoir, entre autre, appliqué le principe de non-violence de Gandhi dans sa lutte pour la libération du Tibet, sont les preuves vivantes que l'être humain n'est pas forcément criminel par nature. Cependant, nombre de gens commettent des délits égoïstes pour la seule raison qu'ils ne peuvent faire autrement sous peine d'en être blessés ou frustrés. Un veille dame ne va pas se séparer de son chat, simplement parce qu'on lui a interdit de le garder dans un home, car elle craint de mourir de solitude. De même qu'une mère va tout faire pour revoir ses enfants qu'elle aime même si leur garde lui a été enlevée. Ces femmes ont agit selon ce que leur dictait leur cœur et faire autrement aurait en effet été artificiel. Notre société a créé les juges. Ce sont eux qui décident si un crime est acceptable ou non, en se basant sur des lois et sur la situation dans laquelle s'est inscrit le délit. Ils sont là pour mettre une limite à l'indécence et les punitions qu'ils infligent sont en général assez dissuasive pour le fautif, mais aussi pour la population. Sachant que, pour un meurtre, on risque l'emprisonnement à vie voire même la peine de mort, beaucoup de criminels potentiels retiennent leurs ardeurs. Qu'adviendrait-il si nous ne risquions rien à tuer quelqu'un ? Si chacun pouvait se servir chez tout le monde, faire comme il veut, si, en fin de compte, c'était l'anarchie ? Je ne crois pas que l'humanité puisse vivre en harmonie si chacun fait les choses comme il l'entend. Nous sommes beaucoup trop préoccupés par nous-mêmes et nos propres intérêts pour laisser tomber un mode de vie civilisé, mais ceci est un autre débat. Pour conclure, je dirai que la citation de Paul Valéry est vraie mais appliquer le masque dont il parle est un mal nécessaire. Les premiers humains étaient sauvages mais petit à petit ils se sont civilisés et ont créé des règles, des obligations et des interdictions, ceci afin de pouvoir continuer à vivre chacun pour soi tout en tenant compte de ce que pouvaient ressentir les autres. Après tout, "ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l'on te fasse" est certainement une des toutes premières règles de morale apprise aux enfants. La plus grande évolution actuelle que puisse faire l'espèce humaine est de se débarrasser de cette envie de faire du mal. uploads/S4/ dissertation-crime.pdf
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- Publié le Jul 30, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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