Sur la justice Éthique à Nicomaque, livre V Du même auteur dans la même collect
Sur la justice Éthique à Nicomaque, livre V Du même auteur dans la même collection Catégories. Sur l’interprétation (traduction et édition bilingue de Michel Crubellier, Catherine Dalimier et Pierre Pellegrin). De l’âme (traduction et édition de Richard Bodéüs). Éthique à Nicomaque (traduction et édition de Richard Bodéüs). Métaphysique (traduction et édition de Marie-Paule Dumi- nil et Annick Jaulin). Météorologiques (traduction et édition de Jocelyn Groisard). Parties des animaux. Livre I (traduction de J.-M. Le Blond. Présentation de Pierre Pellegrin). Petits traités d’histoire naturelle (traduction et édition de Pierre-Marie Morel). Physique (traduction et édition de Pierre Pellegrin). Les Politiques (traduction et édition de Pierre Pellegrin). Rhétorique (traduction et édition de Pierre Chiron). Seconds Analytiques (traduction et édition bilingue de Pierre Pellegrin). Traité du ciel (traduction et édition bilingue de Catherine Dalimier et Pierre Pellegrin). ARISTOTE Sur la justice Éthique à Nicomaque, livre V • PRÉSENTATION NOTES BIBLIOGRAPHIE DOSSIER par Daniel Agacinski Traduction par Richard Bodéüs GF Flammarion © Éditions Flammarion, Paris, 2008. ISBN : 978-2-0812-1769-0 SOMMAIRE P R É S E N T A T I O N 9 La place de l’éthique dans la pensée d’Aristote 9 La justice en tant que vertu 12 La justice entre morale et politique 15 Les différentes formes de justice 18 La justice et le droit 22 La méthode dialectique 24 N O T E S U R C E T T E É D I T I O N 29 Sur la justice Éthique à Nicomaque, livre V D O S S I E R Platon : Mieux vaut subir l’injustice que la commettre 105 Platon : La justice, un bien étranger 112 Marx : Monnaie et valeur 115 Nietzsche : La dette à la source de la justice 118 Amartya Sen : Quelle garantie pour les transactions ? 121 B I B L I O G R A P H I E S É L E C T I V E 125 P r é s e n t a t i o n LA PLACE DE L’ÉTHIQUE DANS LA PENSÉE D’ARISTOTE Élève de Platon, Aristote (384 av. J.-C – 322 av. J.-C) se distingue d’abord de son maître par l’abandon de la forme dialoguée ; de lui ne nous restent que des écrits sous forme de traités, où la pensée se donne un objet et l’étudie. Les textes que nous lisons aujourd’hui comme s’ils étaient de la main d’Aristote sont selon toute vraisemblance des notes de cours, rédigées par lui-même ou par un élève scrupuleux, puis compilées et organisées par des éditeurs posté- rieurs. La pensée qu’on y trouve est donc simulta- nément une méditation et un enseignement. C’est vrai au plus haut point de l’Éthique à Nicomaque, qui, en tant que traité de morale, doit à la fois déterminer les principes de la vie bonne, et aider son lecteur à devenir vertueux. Si l’œuvre d’Aristote peut être qualifiée de scientifique, lorsqu’elle aborde des objets tels que la démonstration mathématique ou les lois de la phy- sique, elle cesse d’être purement théorique dès qu’il s’agit d’enjeux moraux. Aristote affirme lui-même la nature spécifique de l’étude qu’il consacre à la morale, et place sous cette perspective l’ensemble du texte de l’Éthique à Nicomaque : S u r l a j u s t i c e 10 « … le présent travail n’a pas pour but, comme les autres, l’élaboration d’une théorie (ce n’est pas en effet pour savoir ce qu’est la vertu que nous nous livrons à un examen, mais pour devenir bons, sans quoi nous n’aurions nul besoin de ce travail)… » (Éthique à Nicomaque (désormais noté EN), II, chap. 4, p. 102 de l’édition GF). Les analyses que nous lirons dans ce livre ne sont donc pas du même ordre que celles qui figurent dans sa Physique ou dans ses traités consacrés aux ani- maux, puisque l’utilité de l’éthique réside moins dans la connaissance de ce qui est bon que dans l’incorpo- ration des vertus qui font de nous des hommes bons. À chaque objet correspond en effet une certaine méthode, un certain type de discours qui lui est approprié : « un homme éduqué a pour principe de réclamer, en chaque genre d’affaires, le degré de rigueur qu’autorise la nature de l’affaire. On donne en effet, à peu près la même impression lorsqu’on accepte un mathématicien qui débite des vraisemblances et lorsqu’on exige d’un rhéteur des démonstrations » (EN I, 4, p. 51). L’éthique étant une « science pratique », il n’y a pas lieu de séparer la considération des principes et l’exa- men des moyens par lesquels s’acquièrent les vertus. Ce principe de méthode signale déjà explicitement la distance qu’Aristote prend avec ce qu’on appelle « l’intellectualisme socratique », défendu dans les dia- logues de Platon, d’après lequel la possession d’un cer- tain savoir relatif au bien suffit pour être vertueux. La vie bonne n’a pas à être connue comme un objet, mais doit être activement recherchée, et l’éthique est préci- sément la recherche des principes et des conditions de cette vie bonne. P r é s e n t a t i o n 11 L’organisation du traité tout entier peut être com- prise à partir de cet objectif : il s’ouvre par un examen critique des différents genres de vie que mènent les hommes, montrant que chacun cherche le bonheur à sa manière (poursuite des plaisirs, course aux hon- neurs ou pratique de la vertu), et conclut que la vie vertueuse est la meilleure, puisqu’elle est la seule qui accomplit véritablement la fonction propre de l’homme et que le bonheur de l’homme réside dans sa fonction. Il convient alors d’examiner les différents types de vertus : celles de l’intellect, qui s’enseignent ; et celles du caractère (ou vertus morales), qui s’acquièrent par l’habitude, et qui constituent l’objet central de l’Éthique à Nicomaque. Il s’agit d’abord de voir que ces vertus du caractère sont toutes des dispo- sitions à agir d’une certaine manière en fonction d’une règle droite, des excellences situées entre ces deux abîmes que sont les vices par excès et les vices par défaut, puis de montrer dans quelle mesure notre caractère et nos actions dépendent de nous, avant de considérer certaines d’entre elles en particulier, le cou- rage, la modération, la libéralité, la douceur et enfin la justice, qui fait l’objet d’un traitement beaucoup plus exhaustif que les autres, occupant un livre entier. Ce sont ensuite les vertus de l’intellect qui sont étudiées, au premier rang desquelles la prudence 1, qui fournit aux vertus du caractère la droite règle d’après laquelle on détermine leur application aux cas particuliers : « on ne peut être bon, au sens fort, sans prudence, ni non plus prudent sans la vertu morale » (EN VI 9, p. 342). La fin de l’ouvrage comporte des développe- ments consacrés à l’amitié, ainsi qu’une analyse du 1. Ou « sagacité », selon la traduction de R. Bodéüs ; en grec « phronesis ». S u r l a j u s t i c e 12 rapport entre le plaisir, l’acte et la vertu, qui conclut à la primauté de la vie contemplative, ainsi qu’à la dimension nécessairement politique de l’éducation du caractère. L’inscription par Aristote de l’éthique dans une perspective politique est déterminante dans ce livre V, car la justice est d’une part une vertu du caractère, une vertu morale parmi d’autres, et d’autre part elle porte exclusivement sur le rapport aux autres hommes, sur la vie en commun et relève de la politique. LA JUSTICE EN TANT QUE VERTU Puisque la section relative à la justice prend place à la suite d’une série d’études consacrées aux vertus morales particulières, c’est en tant que vertu morale que la justice est envisagée. Une vertu morale, c’est une certaine « excellence du caractère 1 » qui pousse à agir dans un sens déterminé : le courage est l’excel- lence qui fait que l’homme courageux accomplira des actes de courage et tiendra sa place dans la bataille. Avoir la vertu de courage, c’est être courageux et dis- posé à agir avec courage ; une vertu du caractère est donc une manière d’être qui est aussi une puissance d’agir. 1. On peut traduire « aretè ethikè » aussi bien par « vertu morale » que par « excellence du caractère », si l’on se souvient que le mot vertu signifie « excellence », au sens où la vertu du couteau est de couper. Quant à l’adjectif ethikè, il est dérivé du substantif ethos, qui signifie « les mœurs », ou « le caractère », dont l’origine se confond avec èthos « l’habitude » ; c’est la même dérivation qui conduit en latin de mos (les mœurs) à la discipline du caractère : « la morale ». P r é s e n t a t i o n 13 Ce n’est pas d’abord à une institution que s’intéresse Aristote lorsqu’il parle de la justice (ce n’est pas l’autorité judiciaire), ni même à une valeur, mais à un certain trait de caractère qu’on rencontre uploads/S4/ sur-la-justice-ethique-a-nicomaque-livre-v.pdf
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- Publié le Jul 08, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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