Le libertinage journalistique au Sénégal Prolégomènes Depuis quelques temps, au

Le libertinage journalistique au Sénégal Prolégomènes Depuis quelques temps, au Sénégal, s’est érigée une nouvelle doctrine journalistique qui amplifie les droits du journaliste, mais atrophie les devoirs de ceux-ci par une permissivité excessive du droit à l’information, sous l’égide d’une obédience politique latente. Fort de ce constat, il appert d’apporter notre contribution à la construction d’un journalisme neutre, exclusif et juste. Les journalistes, sont, en quelque sorte, le système nerveux de la société actuelle avec des fonctions à la fois centripètes et centrifuges. D’aucuns disent, sans ambages, que le journalisme constitue le quatrième pouvoir, car dit-on; qui détient l’information détient aussi le pouvoir. En effet, les journalistes accouchent l’action de la société sur les événements, en répandant leurs informations ou leurs commentaires, ils sont un moyen de connaitre et d’influencer la vie nationale et internationale. Durant longtemps, ils ne s’adressaient qu’à l’élite intellectuelle, à la société élevée ; les progrès de l’instruction et la décrépitude du taux d’analphabétisme, joints à ceux des procédés de reproduction, des moyens de communication et de transport, les ont mis à la portée d’une foule de plus en plus nombreuse. Aujourd’hui, les journaux voire les informations journalistiques sont les seuls moyens de connaitre et de juger l’action du gouvernement et celle des pays étrangers. L’articulation entre la liberté de la presse et le droit du public à l’information La liberté de la presse se fonde sur le rôle social qui est dévolu aux médias et aux professionnels de l’information dans une société démocratique comme la nôtre. Ce rôle consiste à rechercher, collecter, traiter, commenter et diffuser, sans entrave, l'information d’intérêt public nécessaire à l'existence et au maintien de la vie démocratique. La liberté de la presse découle des libertés fondamentales de pensée, de parole, d'expression et d'opinion reconnues dans divers documents d’ordre juridique, au plan national et international.* En prolongement des libertés susmentionnées, le droit à l'information prend racine dans la reconnaissance de l’intérêt légitime du public à être informé. Il précise les conditions d'exercice d'une presse libre dans une société démocratique, de même que les prérogatives et les responsabilités de ceux dont la fonction première est d'informer. Le droit d'être informé comprend le droit pour les médias et les journalistes de rechercher et de transmettre l'information sans entraves ni contraintes, et le droit du public d'y avoir accès en toute liberté. La liberté de la presse et le droit du public à l'information s'appliquent dans le contexte de l'information véhiculée par les médias et par les professionnels de l'information; leur fonction première est de livrer à la population une information exacte, rigoureuse, complète sur toute question d’intérêt public. Cependant, il n’est pas si aisé de définir la notion d'intérêt public. Cette notion n’est pas statique, mais en constante mouvance. Elle demeure générale et n’a de sens que si elle est appliquée à une société et à une époque donnée. Néanmoins, il est possible, en bon juriste, de prétendre que la notion d’intérêt public en information s’étend à tout ce qui est nécessaire au citoyen pour qu’il participe pleinement à la vie en société. En raison de leur fonction sociale, les médias et les professionnels de l'information doivent évaluer ce qui est d'intérêt public. Ce faisant, ils doivent tenir compte de ces variables en faisant abstraction de leurs intérêts personnels et de leurs préjugés voire de leurs positions politiques. Les choix rédactionnels en la matière relèvent de leur jugement et doivent être faits en toute indépendance et demeurer libres de toutes contraintes autres que celles qui découlent de l'exercice de leur fonction et des législations en vigueur. L’encadrement de l’accès à la presse à l’information gouvernementale L’État doit témoigner d’une volonté politique ferme de rendre son administration aussi transparente que possible. Les institutions et les pouvoirs publics ont l'obligation de respecter cet objectif de transparence et de faciliter l’accès aux documents publics. Toutefois, l’Etat se réserve le droit de classer certaines informations comme étant estampillées « secret-défense ». Cette obligation de confidentialité qui touche certains types d’informations relève d’une volonté nette de protéger certaines données, notamment militaires. Mais le champ d’application du « secret-défense » va au-delà des considérations militaires et concerne tous objets, documents et renseignements dont l’Etat jugera nécessaire de garder secret pour des raisons de sécurité nationale, de sureté urbaine et de stabilité politique. La Loi portant Code de la presse sénégalaise, adoptée le 19 août 2017 au journal officiel, précise avec nitescence que : "le droit du public à une information plurielle et de qualité, dans le respect du droit à la vie privée, des institutions de la République, de l'ordre public et des bonnes mœurs, occupe une place importante dans le dispositif juridique proposé." Dans la même veine, l’article 5 du chapitre III, paragraphe 2 qui organise les droits des journalistes et des techniciens des médias du même code, précise ce qui suit ; « Le journaliste et le technicien des médias ont droit au libre accès à toutes les sources d'information et d'enquête sans entraves sur tous les faits d'intérêt public, sous réserve du respect du "secret défense", du secret de l'enquête et de l'instruction et de la réglementation applicable à l'accès à certains sites ou structures." A la lumière de ce qui précède, il va sans dire que sur l’accès à certains documents des organismes publics et sur la protection des renseignements gouvernementaux, la loi reconnait le principe « secret-défense » selon lequel, l’État qui est au service du citoyen, a le droit ainsi que la légitimité de classer, de garder et de considérer certaines informations comme classées confidentielles. Si un gouvernement peut, pour des raisons d'intérêt public, interdire ou retarder la publication de certaines informations, aucun journaliste ou groupe de presse ne peut se permettre d’avoir une lecture contraire de la nature de ces informations ou de leur intérêt public. La presse ne doit pas confondre l'information qu'elle n’a pas intérêt à faire connaître et l'information d'intérêt public. Il est essentiel que la presse ait accès à l’information concernant l’appareil administratif de l’État ainsi que des institutions et organismes qui en relèvent ou qui en sont une extension. Mais elle doit respecter les limites d’ordre juridique ou administratif en la matière qui ne constituent nullement à une atteinte à la liberté de la presse et à la fonction sociale qui lui est dévolue, mais plutôt à une limite fonctionnelle d’exercice d’un métier pour des raisons sécuritaires et de stabilité politique. Le journalisme de mauvais aloi Nous ne voulons guère remettre en cause ou saper le bon travail des journalistes, mais il nous semble que plusieurs aient perdu leurs lettres de noblesse et leur gloire d’antan en ce qui concerne leur fonction de prédilection qui voudrait qu’ils informent juste et vrai. Que s’est-il réellement passé pour que certains journalistes fassent allégeance à des politiciens véreux, bonimenteurs et affabulateurs ? Quel prix ont-ils payé pour sacrifier un rôle prescient ? Tant de questions mais qui ont un seul dénominateur commun comme réponse ; l’argent et le pouvoir. En effet, ils sont légion les journalistes qui ont quitté leur demeure journalistique vers les chemins rocailleux de la politique ? Ils sont majoritairement à la solde d’un Léviathan politique qui bat et grave monnaie et qui promet paradis et bombance à ses mercenaires. Des journalistes chevronnés, mais qui balisent le terrain d’un présidentiable par la désinformation, la pyromanie et le populisme abject. Qu’on le dise et que l’on meurt, beaucoup de journalistes sont devenus des laudateurs, des chambellans du temps médiéval, des as de la « manipulocratie » médiatique. Ils siègent entre bourdes politiques, calembredaines, chimériques, burlesques, clownesques. Faux-cuteries tétraplégiques, que des élucubrations tintamarresques et matamoresques indues et ténues. On essaie de nous faire croire, toute honte bue, que le développement de la presse se fait de façon conflictuelle avec l’Etat, mais il n’en est rien. En effet, le Sénégal fait partie de l’un des pays parmi les premiers à établir la liberté de la presse. Et cette liberté est un fait parce qu'il y a beaucoup de journaux et de groupe de presse, mais il existe aussi un encadrement raffiné de reconnaissance et de protection du droit de la presse. A vrai dire, l’écueil avec les journalistes qui ont vendu leur dignité, c’est qu’ils ne pratiquent pas leur métier avec un esprit de responsabilité. La liberté ne va pas sans la responsabilité. Ceci dit, je ne saurais assimiler la liberté de la presse à la liberté de répandre en propos injurieux, diffamatoires qui portent atteinte à la sécurité publique et la dignité gouvernementale. Pour le reste, le journaliste doit être libre et responsable. Libre de ses propos et de ses jugements. Y compris sur le parcours politique des dirigeants. Et dans le même pouvoir : éclairer de façon responsable l'opinion. En sa qualité de journaliste expérimenté, Pape Alé Niang ne saurait ignorer que la confidentialité d’information contenue dans un document militaire estampillé « secret - défense » n’est ni exploitable encore moins publiable. Ainsi, en propageant un document militaire estampillé « secret-défense», il ne chercher pas à informer, mais plutôt uploads/S4/le-libertinage-journalistique-au-senegal.pdf

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  • Publié le Apv 22, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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