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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/3 « Congo hold-up » : la justice belge ouvre à son tour une enquête PAR YANN PHILIPPIN ET DE STANDAARD ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 JUIN 2022 © Sébastien Calvet / Mediapart avec AFP et EIC. À la suite de nos révélations «Congo hold-up», la justice belge a ouvert une enquête pour «corruption» visant l’homme d’affaires Philippe de Moerloose, qui a vendu pour 742millions de dollars d’équipements à la République démocratique du Congo à des tarifs exorbitants. C’est une magnifique demeure sise près d’un golf à Grez-Doiceau, en Belgique francophone. Ce mardi matin, le riche homme d’affaires belge Philippe de Moerloose a reçu la visite des officiers de l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC), qui ont perquisitionné son domicile dans le cadre d’une enquête judiciaire «corruption privée d’agents publics étrangers», selon des informations de nos partenaires belges Le Soir et De Standaard. Les policiers anticorruption ont également perquisitionné deux autres domiciles privés, ainsi que trois des sociétés de Philippe de Moerloose. Le parquet fédéral belge nous a confirmé que cette information judiciaire, confiée à un juge d’instruction, a été ouverte «suite aux informations publiées dans “Congo hold-up”», la vaste enquête internationale sur la corruption et le détournement de fonds publics en République démocratique du Congo, publiée en décembre dernier par Mediapart et vingt-trois médias et ONG, dont les quotidiens belges De Standaard et Le Soir. L’enquête judiciaire belge a été ouverte sur la base de nos articles sur Philippe de Moerloose, l’une des cent plus grosses fortunes de Belgique, qui dirige les sociétés SDA Holding et African Equities, spécialisées dans la distribution de matériel agricole et de travaux publics. © Sébastien Calvet / Mediapart avec AFP et EIC. Grâce à de nombreux documents confidentiels, nous avions révélé comment Philippe de Moerloose a vendu à la République démocratique du Congo (RDC), à l’époque de l’ancien président Joseph Kabila, des centaines de machines (tracteurs, remorques, moissonneuses…), pour plus de 740 millions de dollars, en appliquant des marges stratosphériques. Sur certains contrats, les machines étaient vendues jusqu’à sept fois plus cher que leur prix d’achat. Ces surfacturations présumées intéressent la justice belge. D’autant plus qu’une partie de l’argent lié à ces contrats a transité par des sociétés offshore basées dans des paradis fiscaux, comme les îles Vierges britanniques, l’île Maurice et le Luxembourg, comme l’a révélé notre deuxième enquête. Sollicité, Philippe de Moerloose n’était pas joignable ce mardi. Lors de la publication de nos articles en décembre dernier, l’homme d’affaires avait démenti l’existence de profits exagérés sur ses ventes de matériels en RDC. Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 2 2/3 «Ces marges bénéficiaires répondent aux standards du secteur et du marché (marge brute de l’ordre de 25 à 30 %)», avait-il indiqué. Philippe de Moerloose avec l'ancien président de la RDC Joseph Kabila. © Photo DR Philippe de Moerloose avait également démenti toute proximité particulière avec l’ex-président Joseph Kabila, qui a quitté le pouvoir en 2019. Pourtant, il négociait ces contrats en direct avec l’ancien chef de l’État congolais, selon des anciens associés que nous avons rencontrés. Cette proximité s’est encore traduite par la vente à la belle-mère de Joseph Kabila d’une superbe villa de sept chambres avec piscine, à Grez- Doiceau, à quelques pas du domicile de Philippe de Moerloose, d’une valeur estimée à 1,2 million d’euros. Nos enquêtes «Congo hold-up» s’appuient sur le plus gros leak africain connu à ce jour, obtenu par Mediapart et l’ONG Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF): 3,5 millions de documents issus de la banque gabonaise BGFI. Un autre de nos articles avait par ailleurs révélé une opération trouble entre Philippe de Moerloose et la société Sud Oil. Contrôlée par Francis Selemani, frère adoptif de Joseph Kabila et à l’époque patron de la banque BGFI RDC, a été utilisée par la famille Kabila pour détourner 92 millions de dollars de fonds publics congolais. En 2013, l’homme d’affaires Belge a vendu à Sud Oil, pour 12 millions de dollars, un grand garage de Kinshasa, qu’il avait racheté deux ans plus tôt à sa propre entreprise. Selon nos informations, il a négocié l’affaire directement avec Francis Selemani. Sud Oil a réglé une partie de la note, à hauteur de 5,5 millions de dollars, avec de l’argent détourné des caisses de la Banque centrale du Congo. Et Philippe de Moerloose a touché l’intégralité des 12 millions de dollars sur un compte suisse ouvert à la banque UBS de Genève. L'ancien garage qui abrite le siège de Sud Oil à Kinshasa. © Kasper Goethals / De Standaard Philippe de Moerloose nous avait répondu à l’époque que ses «échanges avec M. Selemani concernaient» uniquement la «garantie de paiement» octroyée par la BGFI «et non pas la transaction immobilière ». Il assure avoir « à l’époque exigé une copie du registre des actionnaires» de Sud Oil, et que le document qui lui a été présenté «ne renseignait aucun membre de la famille Kabila». Hasard du calendrier, la procédure judiciaire ouverte en Belgique fait suite à l’annonce de l’ouverture en France par le Parquet national financier d’une enquête préliminaire sur un autre volet de l’affaire «Congo hold-up». Elle vise de possibles infractions de « blanchiment aggravé de détournement de fonds publics », et porte notamment sur le rôle de la filiale française de la banque BGFI. Dès nos premières révélations de l’hiver 2021, le parquet de Kinshasa avait indiqué avoir ouvert une enquête. Boite noire L’enquête « Congo hold-up», basée sur la plus grosse fuite de documents jamais survenue en Afrique, révèle de façon inédite les rouages de la kleptocratie et de la corruption qui ont rongé la République Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 3 3/3 démocratique du Congo (RDC) sous le règne de son ancien président Joseph Kabila, et au-delà, le pillage d’un pays continent parmi les plus pauvres du monde. Mediapart et l’ONG Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) ont obtenu 3,5millions de documents et plusieurs millions de transactions bancaires issus de la BGFIBank. Sous la coordination du réseau de médias d’investigation European Investigative Collaborations (EIC), ces données ont été analysées pendant six mois, dans un effort de coopération inédit, par 19 médias (Mediapart, RFI, De Standaard, Le Soir, NRC Handelsblad, Der Spiegel, Bloomberg, BBC Africa Eye, L’Orient-Le Jour…) et 5 ONG (PPLAAF, The Sentry, Public Eye, Resource Matters et Congo Research Group) basés dans 18 pays. Cet effort de recherche, qui a nécessité une plateforme informatique sécurisée et la création d’un logiciel spécifique, n’aurait pas été possible sans l’équipe technique de Mediapart (Chrystelle Coupat et Rubing Shen) et de l’EIC (Gabriel Vijiala). La charte graphique et l’iconographie du projet «Congo hold- up» sont signées Simon Toupet et Sébastien Calvet (Mediapart). Directeur de la publication : Edwy Plenel Direction éditoriale : Carine Fouteau et Stéphane Alliès Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Capital social : 24 864,88€. Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel (Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, François Vitrani. Actionnaires directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie- Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, Société des Amis de Mediapart, Société des salariés de Mediapart. Rédaction et administration : 127 avenue Ledru Rollin, 75011 Paris Courriel : contact@mediapart.fr Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08 Télécopie : + 33 (0) 1 44 68 01 90 Propriétaire, éditeur, imprimeur : la Société Editrice de Mediapart, Société par actions simplifiée au capital de 24 864,88€, immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS, dont le siège social est situé au 127 avenue Ledru Rollin, 75011 Paris Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonné de Mediapart peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 127 avenue Ledru Rollin, 75011 Paris uploads/Finance/ article-1035881.pdf
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- Publié le Mar 16, 2021
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