VALÉRIE BUGAULT Voir tous les articles de Valérie BUGAULT La présence d’une ban
VALÉRIE BUGAULT Voir tous les articles de Valérie BUGAULT La présence d’une banque centrale est-elle compatible avec la souveraineté étatique ? • octobre 10, 2018 • , 12:00 • , Droit, Economie, Géopolitique, Institutions, Monnaie, Politique P ARTAGER CET ARTICLE TRADUCTION Je remercie les organisateurs de ce colloque de m’avoir invitée à discourir sur la question des banques centrales. Bien qu’étant éminemment de nature géopolitique, la question des banques centrales est un sujet trop peu souvent abordé eu égard à ses enjeux ; car cette question est à l’origine d’un nombre considérable de désordres politiques, économiques, sociaux et militaires. Banque centrale de Russie P a r t a g e r s u r f a c e b o o k P a r t a g e r s u r t w i t t e r P a r t a g e r s u r l i n k e d i n P a r t a g e r s u r p i n t e r e s t P a r t a g e r s u r p r i n t P a r t a g e r s u r e m a i l • Note du Saker Francophone Ce discours a été prononcé lors d’un colloque intitulé « Réémergence de la Russie au XXIe siècle » organisé au Centre culturel Russe de Paris, le 15 octobre 2018 par l’Académie de Géopolitique de Paris. Caroll Quigley a justement présenté les choses de la façon suivante : « Les puissances du capitalisme financier (1850-1932) avaient un plan de grande envergure, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier dans les mains du secteur privé capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie mondiale d’un seul tenant. » ( tiré du livre Tragedy and hope). Je voudrais préciser que Caroll Quigley, titulaire d’un doctorat d’histoire à l’université d’Harvard, était professeur à l’université de Georgetown, membre de la Walsch School of Foreign Service, ainsi que consultant au département de la Défense des USA, à la Smithsonian institution et au très sélect Commitee on Astronomics and Space Exploration. Il avait été le professeur de l’ancien Président Clinton. La banque est à l’origine de la création des « banques centrales » qui ont pour fonction de centraliser la gestion des monnaies Nous verrons qu’à l’origine de la création du concept de « banque centrale », se trouve une coalition de banquiers privés qui ont suggéré, plus ou moins ouvertement et loyalement, cette « innovation technique » aux différents pouvoirs politiques en place. Techniquement, une banque est une « entreprise privée » qui prend différentes formes juridiques en fonction de l’État dans lequel elle est implantée. Les grandes banques à implantation internationale sont économiquement contrôlées par des personnes physiques dont le grand public ignore, la plupart du temps, le nom. Au fil du temps, le système bancaire s’est intégré à différents niveaux. D’une part, il s’est internationalisé et concentré, chaque grande banque d’affaires opérant par le biais des marchés ou de missions ou étant directement implantées sur le territoire de différents États (HSBC, UBS, Groupe privé de gestion d’actifs Edmond de Rothschild, banque d’affaires Rothschild & Co, BNP Paribas présent sur tous les continents, J-P. Morgan, Deutsche Bank présente ans plus de 75 pays, Goldman Sachs etc.). D’autre part, il s’est consolidé par zone géographique au moyen des banques centrales. LA BANQUE EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE DE NATURE INTERNATIONALE La banque est une organisation détenue par des personnes privées qui restent, le plus souvent, anonymes. Dire que la banque est une entreprise privée signifie que la banque a pour mission de mettre en œuvre les intérêts privés de ses propriétaires. De façon structurelle, la banque, en tant qu’entreprise privée, n’a jamais eu pour mission de remplir une fonction, de nature politique, concernant l’intérêt commun. Les choses doivent être, à cet égard, parfaitement claires. Aujourd’hui, les banques sont organisées en groupes d’entreprises, bancaires et financières, qui forment un nuage capitalistique ; les plus importantes d’entre elles sont implantées ou travaillent dans la plupart des pays du monde. L’organisation des multinationales sous forme de groupes, autrement dit de constellations capitalistiques, est un moyen essentiel, « capital », pour rendre anonymes les véritables détenteurs de capitaux de ces entités tentaculaires. Il est parfois très difficile, même pour des services d’État, de remonter aux associés décisionnaires des groupes d’entreprises en raison du nombre de sociétés, de leur imbrication dans de multiples États et de la multiplicité des formes sociales juridiquement disponibles. Il faut évidemment ajouter à cela que certains États, sous la coupe du droit anglo-saxon, organisent eux-mêmes l’anonymat des détenteurs de capitaux de certaines structures juridiques utilisées à des fins professionnelles, tels les trusts anonymes. La pratique des groupes d’entreprises permet aux détenteurs actifs des capitaux de prendre, au niveau mondial, un poids économique et politique de plus en plus important tout en restant dans l’ombre, c’est-à-dire à l’abri de toute responsabilité politique. S’agissant du poids respectif des banques par rapport à celui des États, nous pourrions citer l’exemple de BNP- Paribas dont le bilan officiel (non compris le « hors bilan ») s’élève, pour 2017, à 1960 milliards d’euros, à comparer avec le PIB de la France pour la même période qui s’élève à 2163 milliards d’euros. Néanmoins, les chiffres officiels présentés par les banques concernant leurs revenus d’exploitation ne sont pas significatifs car ils font l’objet de trop nombreuses manipulations liées à l’existence d’une opacité juridique et comptable internationale d’ordre systémique : • La présence de trop nombreuses filiales dans les paradis fiscaux qui ne font pas apparaître les donneurs d’ordre (sur le modèle des trusts anonymes) ; • L’organisation en groupes d’entreprises permettant, via le commerce intra-groupe, l’optimisation fiscale ; • Les manipulations consistant à faire passer une partie des actifs en « hors bilan » ; ainsi que, • La quasi-liberté d’évaluation comptable des actifs (le « fair value », autrement dit « juste prix ») imposée par la comptabilité IFRS qui sévit au niveau international, ont pour conséquence que les résultats financiers de ces groupes présentés au public n’ont aucune valeur réelle et ne permettent pas de se faire une idée correcte de la véritable puissance capitalistique des conglomérats bancaires. En outre, il faut garder à l’esprit que le rapport de force entre les banques et les États ne se situent pas seulement au niveau capitalistique, il passe également par : • la participation de certaines banques, par le biais de leur donneur d’ordre effectif, à la détermination des normes comptables (IFRS) et bancaires internationales, • les liens économiques, juridiques et parfois humains qui existent entre les propriétaires de certaines banques et les groupes industriels exploités sous forme de cartel (de façon officielle ou officieuse). Il faut aussi préciser que ce sont les grandes banques, prioritairement celles opérant à la City, qui ont organisé le réseau des paradis fiscaux fondé sur les trusts anonymes. Ce réseau est juridiquement supervisé par les grandes firmes anglo-saxonnes d’audit et de droit, les fameuses « Big Four ». Ainsi, les capitaux cachés dans les paradis fiscaux sont sous l’entier contrôle des grandes banques d’affaires internationales. Non seulement ces réseaux opaques servent à collecter tout type d’argent (évasion, optimisation et argent sale) mais surtout ils permettent aux banques qui y siègent d’utiliser cet argent comme bon leur semble, aucune règlementation ne venant entraver leurs « activités ». LA BANQUE S’EST CONSOLIDÉE PAR ZONE GÉOGRAPHIQUE DANS UN SYSTÈME DE « BANQUES CENTRALES » AFIN DE CENTRALISER LA GESTION DES MONNAIES Le système établit par les banquiers s’est consolidé au niveau de chaque État, ainsi que par zone géographique, au moyen des banques centrales. Historiquement, sur le territoire de chaque État, les propriétaires des banques privées les plus importantes se sont associés pour créer une « banque centrale ». Il en a résulté que l’affectation des ressources monétaires est devenue un monopole des banquiers privés coalisés au sein d’un système de « banque centrale ». Les « banques centrales » sont nées sous le signe de l’imposture : présentées comme des banques d’État, elles disposaient à ce titre de la garantie de l’État – c’est-à-dire des contribuables de l’État – alors que ses capitaux restaient dans des mains privées. Les banques centrales ont le monopole de l’affectation des ressources monétaires. Dans la mesure où ce monopole est détenu par des intérêts privés, la monnaie ne peut, structurellement, plus remplir son rôle de facilitation des échanges, rôle qui est pourtant à l’origine même de sa création. L’appropriation par des intérêts privés est le vice initial du concept de banque centrales. C’est ainsi que la banque d’Angleterre (1694), la Banque de France (1800), la Fed (1913), la Banque des Règlements Internationaux (BRI/BIS 1930), le système européen de banques centrales (dit SEBC, décidé par le Traité de Maastricht en 1992 et entré en vigueur en 1999), la banque centrale de la Fédération de Russie (1990) reflètent toutes un désengagement des uploads/Finance/ bugault-banque-centrale-et-souverainete-etatique.pdf
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- Publié le Mar 16, 2021
- Catégorie Business / Finance
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