CHAPITRE II. LE RISQUE DE MARCHÉ ET DE CRÉDIT COMME FONDEMENT DE L’ACTIVITÉ BAN

CHAPITRE II. LE RISQUE DE MARCHÉ ET DE CRÉDIT COMME FONDEMENT DE L’ACTIVITÉ BANCAIRE. Les banques, comme beaucoup d’entreprises, sont soumises aux risques. Toutefois, elles sont soumises à plus de formes de risques que la plupart des autres institutions et la maîtrise des risques bancaires est un enjeu important : il s’agit du thème central des nouveaux accords de Bâle II. La liste des risques pouvant affecter une banque est longue : risque de marché, d’option, de crédit, de liquidité, de paiement anticipé, de gestion et d’exploitation, risque sur l’étranger, risque administratif, réglementaire, événementiel, spécifique… Les risques qui nous intéresseront ici sont le risque de crédit, aussi appelé risque de contrepartie, et le risque de marché. SECTION I. LE RISQUE DE CRÉDIT I- Définition. Plusieurs définitions ont été avancées pour définir le risque du crédit. HEEM(2000) définit le risque de crédit ou de contrepartie pour le banquier comme le risque de voir son client ne pas respecter son engagement financier, à savoir, dans la plupart des cas, un remboursement de prêt. Ce risque de contrepartie désigne aussi le risque de dégradation de la santé financière de l’emprunteur qui réduit les probabilités de remboursement. Le risque de crédit est donc le risque qu'un emprunteur ne rembourse pas tout ou partie de son crédit aux échéances prévues par le contrat signé entre lui et l'organisme préteur (généralement une banque). La maitrise du risque de crédit est au cœur du métier du banquier car il détermine la rentabilité des opérations effectuées. Si l'établissement financier sous-évalue ce risque, le montant prêté et les intérêts dus ne seront pas perçus et viendront s'inscrire en perte. L'évaluation 1 | P a g e R i s q u e d e C r é d i t e t d e M a r c h e c o m m e f o n d e m e n t d e l ’ A c ti v i t é B a n c a i r e du risque de crédit passe par une bonne connaissance du client et, si c'est une entreprise, par une bonne évaluation de son projet et du secteur dans laquelle elle exerce son activité. La banque s'appuie pour son évaluation du risque de crédit sur son expérience et éventuellement sur des outils statistiques (scores ou systèmes experts). Pour une opération donnée le risque de crédit peut être minoré par la prise de garanties (cautions d'une personne ou d'une société de cautionnement, suretés réelles comme des hypothèques, ...) mais également en incorporant dans le taux d’intérêt une marge dont la valeur dépend du niveau de risque. Lorsque l'opération concerne une grande entreprise la banque peut également réduire ce risque en limitant sa participation à hauteur d'une partie de la somme empruntée grâce à la mise en place d'un pool bancaire. Depuis 1984, la théorie de l’intermédiation financière considère que les intermédiaires financiers et notamment les banques sont des surveillants spécialisés auxquels les prêteurs délèguent la surveillance des crédits et quelques indices comme l’augmentation du prix de l’action d’une entreprise suite à l’obtention d’un crédit bancaire ou le fait que les entreprises obtiennent plus facilement des capitaux après le recours au financement bancaire, semblent indiquer que les banques sont tout particulièrement compétentes dans l’octroi et la surveillance des crédits. Les banques bénéficient donc d’informations particulières. Cette compétence bancaire en matière de crédit peut s’expliquer par le pouvoir de négociation des banques, leur expérience du crédit ou l’acquisition d’informations spécifiques du fait de leurs activités. Cela conduit à l’idée que l’étude des instruments bancaires de gestion du risque de crédit serait bénéfique à toute organisation qui peut être amenée à prêter. Dans cette optique, il convient de comprendre comment sont utilisées ces techniques bancaires, en fonction de la phase de vie du crédit. Il ressort donc que l’on peut distinguer deux phases principales dans la vie d’un crédit : sa mise en place et son déroulement. Lors de la demande de crédit, le banquier responsable collecte des informations auprès du client et d’autres sources externes afin de monter le dossier de crédit et les complète par des informations internes lorsque le demandeur est déjà client. Ce dossier va servir de support à l’analyse du risque de crédit qui va conduire le banquier, généralement assisté par un comité, à décider de l’opportunité d’accorder ou non le crédit, en fonction de la politique de risque et de rentabilité ainsi que de la volonté stratégique de la banque. 2 | P a g e R i s q u e d e C r é d i t e t d e M a r c h e c o m m e f o n d e m e n t d e l ’ A c ti v i t é B a n c a i r e Si le crédit est accordé, un contrat est mis en place. Si les conditions du crédit ont souvent été négociées entre le banquier et le client lors de la demande de crédit, le comité peut décider de les modifier. Ces conditions visent généralement à réduire les risques pour la banque : ce sont le plus souvent des garanties réelles et personnelles, parfois accompagnées de covenants et de souscriptions d’assurances. Selon les procédures définies au sein de la banque, une note peut être attribuée au crédit ou au client parallèlement à la décision de prêter ou non : elle servira dans le suivi du crédit ou pour des analyses des risques postérieurs. Au cours du crédit, le banquier surveille un certain nombre d’indicateurs de difficultés du client, analyse régulièrement le risque de défaillance et révise la note afin de prendre des mesures permettant de recouvrer au mieux sa créance et éventuellement désengager la banque. En fonction du déroulement du crédit, celui-ci peut prendre fin sans incident avec le remboursement ou finir de façon contentieuse. II- Analyse du risque de défaillance. Le risque de défaillance du client est essentiellement lié à sa cessation de paiement et à son insolvabilité. La défaillance du client implique que le banquier recouvre difficilement ses ressources voire ne les récupère pas. L’analyse du risque de défaillance vise donc à déterminer le risque d’occurrence de tels événements : la décision d’octroyer ou non le crédit sera prise sur la base de cette analyse, au regard de la politique générale de la banque concernant le risque mais aussi des aspects commerciaux comme la volonté de conserver un bon client ou de s’introduire dans un secteur particulier. L’analyse du risque utilise diverses informations regroupées dans le dossier de crédit (II.1), elle peut être menée par des banquiers (II.2), ou reposer sur des modèles (II.3) II.1- Les informations disponibles. MANCHON (2001), dans un manuel destiné à la profession bancaire, propose une liste quasi exhaustive des sources d’informations à la disposition du banquier. Il distingue les informations provenant du client, les informations disponibles chez le banquier et les informations professionnelles. 3 | P a g e R i s q u e d e C r é d i t e t d e M a r c h e c o m m e f o n d e m e n t d e l ’ A c ti v i t é B a n c a i r e Parmi les informations provenant du client, il y a bien sûr les documents comptables et financiers obligatoires, certains éléments de communication (plaquettes, sites internet, publicité…) mais aussi les renseignements collectés lors de rencontres entre le banquier et le client. Certaines informations ne sont disponibles que pour les banques. Lorsque le demandeur de crédit est déjà client, le banquier peut analyser ses opérations bancaires. Dans tous les cas, les établissements de crédit au Cameroun ont accès à certains fichiers de la Commission Bancaire d’Afrique Centrale, la Centrale des Risques, et avoir des informations du Conseil National du Crédit. Le banquier peut également avoir recours à l’information « de place » (le coup de téléphone aux confrères), à des études privées ou publiques, aux informations issues des greffes des tribunaux de commerce, aux rapports du commissaire aux comptes… tout information permettant d’affiner le jugement est bienvenue. Enfin, le suivi de l’actualité est nécessaire pour tenir compte de la conjoncture économique, identifier les secteurs en pointe, les secteurs risqués, les produits à la mode.. Toutes ces informations, recoupées entre elles, doivent permettre aux banquiers de se faire une opinion sur le risque de défaillance du client. II.2- Analyse humaine du risque de défaillance. L’analyse par le banquier du risque de défaillance des entreprises a été étudiée sous différents points de vue. Dans une première optique, cette analyse a été utilisée afin de vérifier que certaines informations comptables fournies à des banquiers leurs suffisaient pour prédire la défaillance des entreprises. Globalement, il ressort que la capacité de prédiction des banquiers à partir à partir de quelques ratios comptables est relativement bonne. De plus, si l’on agrège les prédictions individuelles en une prédiction commune (opinion majoritaire), cette uploads/Finance/ chapitre-ii-management-de-la-banque.pdf

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  • Publié le Sep 09, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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