Faut-il souhaiter, ainsi que le soutenait J.M. Keynes, « l’euthanasie des renti

Faut-il souhaiter, ainsi que le soutenait J.M. Keynes, « l’euthanasie des rentiers » ? La politique monétaire : de l’analyse classique aux préceptes keynésiens La monnaie se définit comme un moyen de paiement directement utilisable pour effectuer les règlements sur le marché des biens et services ou pour régler définitivement une dette au sein d’un espace monétaire donné. Cela signifie que la monnaie a un pouvoir libératoire immédiat et général. La monnaie a d’abord fait l’objet d’une analyse économique séparée de la sphère réelle. La théorie keynésienne a établi les liens qui relient la sphère monétaire à l’économie réelle. Les préceptes de politique monétaire keynésiens ont cependant été remis en question à la fois sur un plan théorique avec un renouveau de l’analyse classique et du point de vue pratique, l’inflation ayant entraîné des effets pervers sur l’économie et la croissance. Les politiques monétaires ont alors renouvelé leurs instruments et placé l’objectif de la stabilité des prix au sommet de la hiérarchie, afin de réduire l’inflation. La stabilité de la monnaie semble aujourd’hui acquise, sans que le débat sur la politique monétaire soit clos, opposant ceux qui souhaitent un assouplissement aux partisans d’une politique rigoureuse. Si les fonctions de la monnaie ont été identifiées dès l’Antiquité, l’analyse de l’impact de la politique monétaire sur l’économie s’est développée tardivement, la théorie étant largement dominée par l’analyse classique. A. L’analyse classique de la monnaie i. La monnaie peut être analysée par de multiples approches Elle peut d’abord être définie par ses fonctions classiques. Elle fait aussi l’objet d’une approche comptable à travers la notion d’agrégats monétaires ou de contrepartie de la masse monétaire, ce dernier concept mettant en évidence le mécanisme de création de la masse monétaire. Les trois fonctions de la masse monétaire. Unité de mesure des prix ; moyen d’échange ; réserve de valeur. Cette dernière fonction n’est possible que s’il n’y a aucune suspicion à l’égard de la valeur future de la monnaie, notamment du fait des anticipations d’inflation. Selon la loi de Gresham (16e siècle), les agents économiques tenteront de se défaire le plus rapidement possible de la monnaie dont la valeur se déprécie (la mauvaise monnaie), la bonne monnaie se définissant comme celle dont la fonction de réserve de valeur est mieux assurée étant thésaurisée. « La mauvaise monnaie chasse la bonne ». Toutefois, la défiance dans certains PED à l’égard de la monnaie officiellement en circulation peut être telle que les agents économiques recourent plus facilement au dollar pour le paiement des transactions, ce qui contredit la loi de Gresham. Le mécanisme de création monétaire. Selon la définition de la BdF, « un acte de création monétaire consiste à transformer des créances en moyen de paiement ». Ce pouvoir de création monétaire est exclusivement détenu par les institutions financières et principalement les banques. Celles-ci créent de la monnaie lorsqu’elles accordent des crédits. La création monétaire par les banques : à l’origine, les banques ne prêtaient qu’à hauteur du montant de monnaie métallique détenu à leur actif. Toutefois, les stocks de monnaie métallique ne diminuant pas en dessous d’un certain seuil, puisqu’une partie des prêts reviennent en banque sous forme de dépôts, les banques peuvent décider de prêter une nouvelle fois cette encaisse. Elles accordent donc de nouveaux crédits sans prendre de risques excessifs, puisque les dépôts se reconstituent dans les comptes des nouveaux emprunteurs. Ses limites : le pouvoir de création monétaire détenu par les banques commerciales est cependant limité par la nécessité de se refinancer auprès de l’organisme d’émission en monnaie banque centrale : - les banques ont en effet besoin de billets pour faire face aux besoins de leurs clients ; - elles doivent effectuer les règlements de leurs créances interbancaires en monnaie banque centrale ; - leurs opérations en devises sont réglées par crédit ou débit des comptes des banques commerciales à la banque centrale ; - les réserves obligatoires contraignent les banques commerciales à maintenir une encaisse non rémunérée dans les comptes de la banque centrale. Ces contraintes de refinancement en monnaie banque centrale sont appelées fuites dans le circuit de la monnaie car elles correspondent à une part de monnaie immobilisée à la banque centrale que les banques commerciales ne peuvent pas utiliser pour accorder des crédits. Le multiplicateur de crédit : une banque commerciale est ainsi tenue de conserver un solde créditeur de son compte dans les livres de la banque centrale. Ces réserves de la banque dépendent du ratio marginal d’encaisses qui est le rapport entre l’accroissement des réserves en monnaie banque centrale et l’augmentation des dépôts bancaires. Ainsi, lorsqu’une banque commerciale dispose d’un solde créditeur positif, elle peut prêter une partie de cet argent pour accorder un crédit. L’utilisation de ce crédit engendre une augmentation des dépôts, qui se retrouveront pour une part bloqués par les fuites en monnaie banque centrale pour l’autre partie sous forme de dépôts. Ces nouveaux dépôts pourront à leur tour être utilisés pour accorder des nouveaux crédits, le processus pouvant se reproduire jusqu’à ce que les fuites en monnaie banque centrale aient épuisé le crédit initial. « Les crédits sont à l’origine des dépôts ». La quantité supplémentaire de monnaie créée est ainsi égale au crédit initial multiplié par l’inverse du ratio marginal d’encaisse. Selon ce mécanisme, la banque centrale dispose d’un pouvoir considérable. En baissant le coefficient de réserves obligatoires, elle augmente la quantité de monnaie en circulation. En ce sens, la base monétaire, qui représente la monnaie banque centrale, détermine le montant de la masse monétaire. Mais la relation peut être inversée dans des circonstances où la banque centrale est un prêteur de dernier ressort contraint. Après avoir accordé des crédits, une banque commerciale peut en effet avoir besoin de se refinancer à la banque centrale et contraindre celle-ci à lui assurer son refinancement (par le réescompte de ses créances). La banque centrale peut accepter cette position contraignante de façon temporaire pour soutenir le système bancaire ou les entreprises en général. Dans ce cas, le mécanisme est celui d’un diviseur de crédits puisque c’est la masse monétaire qui détermine la base monétaire et les crédits le montant du refinancement en monnaie banque centrale. Cette situation n’est cependant tenable qu’en cas de crise qui justifierait une telle intervention de la banque centrale. A LT toutefois, les banques commerciales sont contraintes en pratique de suivre une politique de crédits conforme aux orientations de la banque centrale. La mesure des agrégats. L’extension des moyens de paiement et l’apparition de nouveaux moyens de transaction (chèques, virements, CB) ont rendu nécessaire de dépasser le seul décompte de la monnaie divisionnaire (pièces et billets) pour comptabiliser la masse monétaire. Classement des composantes les plus liquides au moins liquides reflétant le caractère plus ou moins immédiat du pourvoir libératoire. Dépôts transférables, dépôts à terme et placements à vue, OPCVM monétaires. Les contreparties de la masse monétaire. Les agrégats mesurent la masse monétaire en fonction d’un critère de liquidité, mais ils ne rendent pas compte de l’origine de la création monétaire, conséquence de la monétisation des créances. - Les créances sur l’extérieur : cette contrepartie répercute l’impact du solde commercial. Un pays en excédent commercial connaît une expansion monétaire et vice versa. Ces mouvements monétaires influencent théoriquement le taux d’inflation du pays considéré, ce qui affecte sa compétitivité et devrait ainsi conduire automatiquement à un rééquilibrage de sa balance commerciale. Les résultats des échanges ne sont pas les seuls à influer sur la contrepartie extérieure. Les mouvements de capitaux ont un impact sur la création monétaire : ainsi des émissions de certificat de dépôts par les banques sur le marché extérieur correspondent à une réduction de la masse monétaire en réduisant les créances sur l’étranger. - Les créances sur le Trésor mesurent la contrepartie sur l’Etat. S’il émet des obligations de LT, pas de création monétaire mais simplement affectation particulière de l’épargne. Mais l’Etat peut faire appel au système bancaire pour financer son déficit à CT. Possibilité auprès de la BdF proscrite par le traité de Maastricht. L’Etat peut faire appel aux banques commerciales en plaçant auprès d’elles des titres courts. - Les créances sur l’économie correspondent à l’essentiel des contreparties de la masse monétaire. Elles représentent l’ensemble des crédits accordés aux entreprises, que ce soit pour leurs besoins de trésorerie ou pour financer des investissements, et l’ensemble des prêts accordés aux ménages. ii. Du voile monétaire à la théorie quantitative a. L’approche classique isole la sphère monétaire de la sphère réelle Pour les classiques, la monnaie est un voile, dans la mesure où elle ne peut modifier les conditions de l’échange des biens et services. La monnaie ne peut pas être désirée pour elle-même, elle n’a pas d’influence sur les échanges comme elle est indépendante de la valeur intrinsèque du bien acquis ou vendu. Son prix d’équilibre, le taux d’intérêt, est alors la résultante de la confrontation entre l’offre et la demande de monnaie. Toutefois, pour construire la courbe d’offre de monnaie, il est nécessaire d’apprécier l’effort que le détenteur de monnaie est disposé à effectuer pour épargner uploads/Finance/ la-politique-monetaire-de-l-x27-analyse-classique-aux-preceptes-keynesiens.pdf

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  • Publié le Nov 23, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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