Revue Campus N°5 3 Le développement local dans la wilaya de Tizi-ouzou : Potent

Revue Campus N°5 3 Le développement local dans la wilaya de Tizi-ouzou : Potentialités, Contraintes et Perspectives. Mohand Ouamar Oussalem Faculté de sciences économiques Université de Tizi-Ouzou a problématique actuelle du développement local en Algérie est marquée par la conjugaison des effets de deux évolutions de l’économie et de la société algérienne dans les deux dernières décennies : -le durcissement des contraintes sur les finances publiques, à partir du milieu des années 1980, a rendu obsolète le modèle de développement local impulsé par le haut, qui a dominé depuis la fin des années 1960. -la transformation progressive des dispositifs institutionnels d’encadrement de l’économie, dans le sens de la libéralisation a, ouvert des perspectives à une orientation nouvelle du développement local, d’autant plus nécessaire que la période de crise économique et d’ajustement structurel a accru le besoin de retrouver une nouvelle trajectoire de croissance et de développement. Les évolutions récentes offrent une image contradictoire. D’un côté on peut observer l’entrée en scène de nouveaux acteurs du développement local, la multiplication des initiatives de création d’activités, l’émergence d’un entrepreneuriat dynamique, la mise en place de nombreux dispositifs susceptibles de soutenir les actions de développement local. D’un autre côté, pourtant, une véritable dynamique peine à s’amorcer. Cette difficulté à faire émerger une dynamique de croissance est liée, selon nous, au caractère nouveau de la situation, pour un grand nombre d’acteurs, qui nécessite de créer de nouveaux mécanismes de mise en relation et de coordination des principaux acteurs, pour faire converger les projets, rapprocher les stratégies, et mettre en synergie les ressources et les efforts. Dans un premier point, nous montrerons que les ressources sur lesquelles peut prendre appui le développement local sont importantes et sous valorisées. Dans un second point, nous présenterons les nouveaux acteurs et les nouveaux dispositifs d’action mobilisables dans des actions de développement local. Un dernier point présentera des exemples de dynamiques de développement émergentes et tentera d’identifier les principaux obstacles à leur amplification. I- Les ressources mobilisables pour le développement local. La wilaya de Tizi-Ouzou est caractérisée par un relief de hautes collines et de Montagnes, traversées par deux vallées (vallée du Sébaou, longue de 50 km, ou se trouve le chef- lieu, Tizi-Ouzou et la vallée de Draa-El-Mizan, située dans le Sud-Ouest de la wilaya). L’habitat est constitué de 1400 villages, sur les crêtes ou en piémont, et d’une dizaine de villes moyennes en pleine croissance. La population est estimée à 1,2 million d’habitants sur 3.000 km2, soit une densité très élevée, pour une zone de montagne, de 400 habitants au km2. Cette densité a, très tôt, crée un déséquilibre entre population et ressources et entraîné le développement de mouvements migratoires, qui se sont accélérés à partir de 1920. Les ressources humaines constituent donc le premier atout susceptible d’être mobilisé dans l’action de développement local. Revue Campus N°5 4 I-1 – Les ressources humaines. L’investissement public réalisé dans l’éducation et la formation, sur plusieurs décennies, permet à la wilaya de disposer de cadres, d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs dans un éventail de spécialités très ouvert. L’Université de Tizi-Ouzou en a formé plusieurs milliers, et compte actuellement 37.000 étudiants, encadrés par plus d’un millier d’enseignants. Les disciplines enseignées couvrent les sciences biologiques et médicales, les sciences économiques, juridiques et de gestion, les sciences exactes et les différentes disciplines des sciences de l’ingénieur. Une partie de l’encadrement actuel des différentes institutions dans la wilaya est issue de l’université. En outre une dizaine de laboratoires de recherche fonctionnent, assurant l’encadrement de la formation doctorale. Une orientation nette vers les formations de sciences de l’ingénieur et de gestion ouvre des perspectives à une articulation à une dynamique de création d’entreprise, si les mécanismes et les incitations adéquats sont mis en œuvre. Le secteur de la formation professionnelle est composé de 15 centres de formation et de deux instituts nationaux formant au niveau BTS, qui prennent en charge la formation de 10.000 stagiaires. Une cinquantaine de lycées complètent le dispositif dont 8 forment dans des profils technologiques. A ces ressources formées par les institutions d’éducation et de formation, s’ajoutent celles formées par les entreprises publiques dans le cadre de contrats de transfert de technologie et qui ont pu accumuler une expérience industrielle. La mobilisation de ces ressources nécessitera certainement des adaptations, des recyclages, mais une forte contrainte peut être levée si les bons dispositifs de mise en relation, de coordination et d’information sont mis en place. I-2 – L’infrastructure industrielle. Les capacités industrielles de la wilaya sont aujourd’hui soumises à de fortes contraintes de restructuration et d’adaptation à la concurrence et à la nouvelle donne économique. Elles présentent, pourtant, des potentialités intéressantes pour des actions d’essaimage, d’externalisation, de sous- traitance ou d’intégration. Les grands réseaux d’utilités (eau, électricité, gaz) sont en place, même si des investissements complémentaires sont nécessaires, dans le gaz en particulier. Les réseaux de télécommunications ont connu, dans la période récente, une forte impulsion. Les capacités industrielles proprement dites sont réparties en trois grands ensembles : -des grands complexes, appartenant à des entreprises publiques, comptant de 1.000 à 3.000 emplois dans les industries de l’électroménager, du matériel électrique, de la filature et du tissage. Ces complexes industriels sont en phase de restructuration. On peut imaginer qu’une ouverture de capital ou la privatisation, en levant les contraintes financières, puissent permettre d’amorcer des dynamiques de structuration des tissus industriels locaux. -un deuxième ensemble est constitué d’entreprises publiques de taille moyenne (de 150 à 400 emplois) dans les activités d’articles scolaires en plastique, la confection, les matériaux de construction, les produits laitiers et l’ameublement. - un troisième ensemble est constituée de PME privées (environ 400), dont le développement, depuis le début des années 1980, a permis une diversification du tissu industriel Revue Campus N°5 5 régional, et une certaine montée en taille et en complexité technologique. Malgré les contraintes marquant encore l’acte d’investir, le secteur privé recèle des potentialités remarquables, qui sont loin d’être exploitées. Il faut aussi mentionner un très nombreux secteur de la micro entreprise qui s’est développé dans les services (transport, maintenance-réparation) le bâtiment, la confection, l’ameublement et la menuiserie, dans le cadre des divers dispositifs d’incitation mis en œuvre. Une restructuration du secteur public, la levée des principales contraintes sur l’investissement privé, sont potentiellement porteurs d’effets de diversification et d’expansion du tissu industriel local, comme le montrent certaines évolutions « spontanées », que nous présenterons plus loin. I-3- Les ressources financières. Le niveau d’épargne dans la wilaya de Tizi-Ouzou est important, comme le montre le développement des réseaux des principales banques, dans la période récente. Une partie de cette épargne est constituée par des détenteurs de revenus en devises (retraités de l’émigration) et par l’important secteur commercial. Certaines banques signalent des excès de liquidités et se disent à la recherche de projets bancables. On peut ajouter à cela la nouvelle donne des finances publiques : la stabilisation macro économique et la bonne tenue des prix du pétrole ont considérablement desserré les contraintes de financement public ; on estime le programme d’investissement public dans la wilaya à 60 milliards de dinars dans le cadre du Plan de soutien à la croissance économique. On peut penser qu’une partie de ce financement sera destiné à la création des infrastructures nécessaires au développement des activités économiques, et induira une expansion des marchés locaux, pour peu que les priorités et les investissements soient judicieusement choisis. I-4- Les autres ressources. L’agriculture présente des potentialités de développement importantes dans les deux grandes vallées de la wilaya, renforcées par le développement des ressources en eau (une dizaine de petits et moyens barrages sont programmés, destinés en partie à l’irrigation) et par les possibilités offertes par le soutien financier public dans le cadre du Fonds National de Développement Agricole et Rural. Une tendance à la reprise peut être observée, dans la dernière période dans la céréaliculture, les cultures maraîchères et l’élevage bovin. En zone de montagne, les potentialités sont certes plus limitées, mais on peut constater une certaine reprise des activités, soutenue par les aides publiques, dans l’arboriculture (olivier, figuier) et les petits élevages (apiculture, aviculture, caprins). L’ajustement des prix des produits alimentaires a crée des incitations à un certain retour à l’activité agricole. Un dernier ensemble de ressources reste sous exploité et pourrait être valorisé par une politique active coordonnant développement des infrastructures touristiques, relance des activités d’artisanat traditionnel et valorisation des ressources forestières. Revue Campus N°5 6 I-5- L’offre foncière industrielle. La wilaya de Tizi-Ouzou peut tirer profit de sa position centrale, à proximité de grands pôles économiques (Alger, Blida, Bédjaia) et relativement bien desservie par les infrastructures routières et ferroviaires. Le port de Dellys est à moins de 30 kms. Les possibilités d’implantation d’activités, en particulier industrielles, sont constituées par la grande zone industrielle de Oued Aissi, à 10 Kms de Tizi-Ouzou et par des zones d’activités aménagées, localisées dans les vallées et sur la côte. D’autres zones existent (un total de 25 zones d’implantation d’activités a été programmé au début des années 1990), mais nécessitent des investissements importants d’aménagement ou de réhabilitation. II- L’émergence uploads/Finance/ le-developpement-local-dans-la-wilaya-de-tizi-ouzou-potentialites-contraintes-et-perspectives.pdf

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  • Publié le Jui 15, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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