118 I. Présentation du chapitre Ce deuxième chapitre de sociologie du programme

118 I. Présentation du chapitre Ce deuxième chapitre de sociologie du programme de Terminale s’inscrit entre un chapitre qui met en évidence la structuration de la société française en groupes hiérar- chisés (donc inégaux) selon de nombreux critères, et un chapitre sur la mobilité sociale, qui constate notam- ment l’existence d’une certaine reproduction sociale. La question est alors de savoir comment l’École (au sens large d’institution de formation initiale), qui accueille des enfants et des jeunes d’origine sociale et de sexe différents, parvient (ou pas) à remplir ses fonctions indissociablement sociales, politiques et démocratiques, d’instrument d’égalité des chances. → →1er AXE Le programme invite d’abord à effectuer un constat, celui des multiples fonctions théoriquement attribuées à l’école puis celui de ses résultats. Il s’agit en premier lieu de montrer que, dans les sociétés démocratiques (qui abolissent le caractère héréditaire des positions sociales et lui substituent, en principe, un détermi- nant méritocratique), l’École a une double fonction : transmettre des savoirs (à la fois des connaissances théoriques et des savoir-être) et favoriser l’égalité des chances donc faire en sorte que cette acquisition de savoirs, et la position socioprofessionnelle à laquelle elle donne droit, ne récompensent que le talent et les efforts individuels. En second lieu, il faut vérifier si, empiriquement, toutes les mesures (juridiques, finan- cières) qui ont été adoptées pour permettre à l’École de remplir ce rôle essentiel ont porté leurs fruits : l’École réussit-elle à abolir le poids de l’origine sociale et du genre ? Le programme invite à distinguer la massifi- cation scolaire, largement atteinte (la majorité des jeunes fait aujourd’hui des études secondaires, voire supérieures), et la démocratisation scolaire, beaucoup moins vérifiée (le niveau de diplôme, le type d’études, continuent à dépendre de l’origine sociale et du genre). → →2e AXE Il s’agit maintenant de décliner les principales expli- cations de la persistance des inégalités de réussite scolaire. Le programme conduit à montrer comment se rencontrent et se cumulent les causes qui proviennent des familles (les différences de socialisation selon les catégories sociales et selon le genre, la familiarité plus ou moins grande des familles avec les pratiques cultu- relles valorisées par l’École, les investissements plus ou moins forts des parents, des frères et sœurs, dans la scolarité des enfants) et les causes qui proviennent de l’École elle-même (les pratiques pédagogiques des enseignants, le contexte scolaire plus ou moins favo- rable à l’ambition et à la réussite). Par exemple, les élèves découvriront comment les stratégies adoptées par certains ménages pour favoriser la réussite de leur enfant (le choix de telle ou telle filière, de tel ou tel établissement) renforce les inégalités induites par le système scolaire lui-même, en réduisant la mixité sociale. II. La mise en œuvre du programme dans le chapitre La page de sensibilisation « Entrer dans le chapitre » (p. 201) permet aux élèves de comprendre que la réalité qu’ils vivent tous les jours (le fait que les établissements scolaires accueillent tous les enfants et les jeunes, quels que soient leur sexe et leur origine sociale, pour y traiter les mêmes programmes, avec les mêmes objectifs) n’a pas toujours existé, et ne suffit manifes- tement pas à abolir les inégalités de réussite scolaire. Dans la vidéo, François Dubet aborde la complexité des causes de ces inégalités, donc permet de déconstruire les représentations : de nombreux élèves attribuent ces inégalités à des causes financières, qui existent mais sont loin d’être les seules ; de plus, Dubet montre que les trajectoires individuelles résultent à la fois de déterminants sociaux puissants, sans qu’on puisse pour autant parler de déterminisme : la réussite scolaire peut ainsi, même dans des milieux défavorisés, dépendre de l’investissement parental. Le chapitre s’articule autour de trois dossiers. Le premier dossier met en évidence la double fonction de l’École dans une démocratie. L ’École doit transmettre des savoirs (qui sont à la fois des connaissances, des attitudes, des valeurs) qui doivent permettre à chaque élève de se construire comme sujet pensant, de s’inté- grer à la société globale (de « faire société ») et d’obtenir une qualification validée par des diplômes reconnus sur le marché du travail. L’École est aussi le principal instrument d’égalité des chances : par des lois succes- sives (qui ont permis à tous les enfants et les jeunes d’accéder en principe à une même formation, au moins jusqu’à 16 ans), par des mesures financières (aides aux élèves issus de milieux défavorisés), l’École a cherché à rendre la réussite méritocratique, donc indépendante des caractéristiques socioculturelles de l’individu. Le deuxième dossier invite à dresser un bilan nuancé des résultats obtenus par l’École. Si la massifica- tion scolaire est incontestable (la durée des études a augmenté, le niveau de diplôme s’est accru), les inéga- lités de réussite sont toujours présentes et continuent à dépendre très fortement du genre (les filles restent très minoritaires dans certaines formations, malgré leur meilleure réussite jusqu’au lycée) et de l’origine sociale (les jeunes issus de milieu défavorisés écono- miquement et culturellement font des études plus courtes). On ne peut donc pas réellement parler de démocratisation. CHAPITRE 7  Quelle est l’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ?  Manuel p. 200-227 119 CHAPITRE 7 Quelle est l’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? Le troisième dossier analyse les explications des inégalités de réussite scolaire. Selon l’origine sociale, la transmission du capital culturel valorisé par l’École est inégale, même si la réussite peut aussi dépendre de l’intensité de l’investissement familial, par exemple de l’intérêt que les parents manifestent pour la scola- rité de leur enfant. L’École joue elle-même un rôle (selon l’établissement, selon la taille des classes, mais surtout selon l’attitude et les méthodes des ensei- gnants, la réussite des enfants ne sera pas la même). La socialisation différenciée selon le sexe explique largement les écarts persistants de féminisation selon les filières. Enfin, les ménages mettent en place des stratégies, en matière d’orientation, de choix d’établis- sement, qui contribuent à expliquer les inégalités de niveau de diplôme. BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE Des ouvrages de sociologie de l’école : - - Marianne Blanchard et Joanie Cayouette-Remblière, Sociologie de l’école, La Découverte, coll. « Repères », 2016. Excellent petit ouvrage, très accessible et court, sur le sujet. - - Marie Duru-Bellat et Agnès Van Zenten, Sociologie de l’école, Armand Colin, 2018 (5e édition). Un ouvrage de référence, qui a valeur de manuel universitaire, à la fois très complet et clair de deux spécialistes françaises de cette question. Une enquête récente sur les inégalités scolaires dès le plus jeune âge : - - Bernard Lahire (dir.), Enfances de classes, Le Seuil, 2019. À partir d’entretiens, menés auprès d’enfants, de leurs parents, de leurs enseignants, 17 sociologues ont étudié le cas de 35 enfants de milieux très différents pour montrer comment les inégalités se construisent dès le plus jeune âge. Des rapports des sites institutionnels : - - L ’État de l’école, publié chaque année par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui contient de nombreux indicateurs essentiels (données sur les dépenses d’éducation, les effectifs, la réussite aux examens, le niveau de diplôme) ; voici le lien vers L ’État de l’école 2018 : https://www.education.gouv.fr/ cid57102/l-etat-de-l-École-31-indicateurs-sur-le-systeme-educatif-francais.html - - Repères et références statistiques, également publié chaque année par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui fournit aussi des données chiffrées essentielles du 1er degré jusqu’à l’enseignement supérieur ; voici le lien vers Repères et références statistiques 2019 : https://www.education.gouv.fr/ cid57096/reperes-references-statistiques.html - - Les résultats des enquêtes PISA de l’OCDE. La dernière a été faite en 2015. Voici le résumé des résultats pour la France : http://www.oecd.org/fr/france/PISA-2015-France-FRA.pdf III. Corrigés PAGES D’OUVERTURE p. 200-201 1. Dans cette salle de classe du début du XXe siècle, il n’y a que des filles, très nombreuses et toutes vêtues et coif- fées de façon identique (uniforme). La légende précise que les cours n’étaient pas totalement les mêmes pour les filles et les garçons. Aujourd’hui, les classes sont mixtes, et tous les enfants et les jeunes doivent suivre le même enseignement, les mêmes programmes, quel que soit leur sexe. On a également supprimé l’uniforme. Cela montre en premier lieu que l’École avait autrefois davantage pour fonction de favoriser la transmission de valeurs et de normes identiques, alors qu’aujourd’hui on tolère et on encourage l’individualisation des pratiques et des attitudes. D’autre part, l’École a pour fonction de préparer l’individu à son futur rôle social, qui était strictement différencié selon le sexe il y a un siècle. Aujourd’hui, l’École a pour rôle de former des individus à la fois plus différenciés et plus égaux. 2. Le dessin évoque le fait que deux collégiens du même âge, soumis en principe à la même scolarisation, auront une probabilité inégale de réussite selon l’établissement dans lequel ils étudieront et, plus généralement, selon leur lieu de résidence et leur milieu social. Ce dessin uploads/Finance/ pdf-ses-tle-ldp07.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Dec 04, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1558MB