International Journal of Innovation and Applied Studies ISSN 2028-9324 Vol. 26

International Journal of Innovation and Applied Studies ISSN 2028-9324 Vol. 26 No. 4 Jul. 2019, pp. 1247-1259 © 2019 Innovative Space of Scientific Research Journals http://www.ijias.issr-journals.org/ Corresponding Author: N’GUESSAN Kouakou Romain 1247 Mesure du degré d’intégration financière internationale des pays de la CEDEAO : Une analyse du paradoxe de Feldstein et Horioka (1980) N’GUESSAN Kouakou Romain Docteur, École Nationale de Statistique et d'Économie Appliquée (ENSEA), Abidjan, Côte d'Ivoire Copyright © 2019 ISSR Journals. This is an open access article distributed under the Creative Commons Attribution License, which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited. ABSTRACT: This paper investigates the Feldstein–Horioka coefficients for 13 ECOWAS countries using the recently developed Augmented Mean Group (AMG) estimator over the period of 1975 to 2014. AMG methodology incorporates the issues of endogeneity, heterogeneity and cross-sectional dependence. Furthermore, we also investigate the role of several other macroeconomic factors, Balance trade, inflation, credit and population growth, to improve the international capital mobility. The results show high value of saving retention coefficient (0,76), signifying high association between domestic savings and domestic investment and hence a slow capital mobility or financial integration in ECOWAS countries. KEYWORDS: Feldstein–Horioka, Financial integration, Augmented Mean Group estimator, ECOWAS. RÉSUMÉ: Cette étude fait un réexamen du coefficient de Feldstein et Horioka pour 13 pays de la CEDEAO à l’aide du récent estimateur Augmented Mean Group (AMG) sur la période 1975 à 2014. La méthode AMG tient compte des questions d’endogénéité, d’hétérogénéité et de dépendance interindividuelle. Toutefois, nous regardons le rôle joué par d’autres facteurs macroéconomiques. Il s’agit de la balance commerciale, de l’inflation, du crédit et du taux de croissance de la population. Les résultats montrent une valeur élevée du coefficient de rétention de l’épargne (0,76) signifiant ainsi une association élevée entre l’investissement domestique et l’épargne domestique. Un tel résultat conclut à une faible mobilité du capital et donc à un faible degré d’intégration financière international des pays de la CEDEAO. MOTS-CLEFS: Feldstein et Horioka, Intégration financière, Estimateur Augmented Mean Group, CEDEAO. JEL CLASSIFICATION: C23, F21 , F32. 1 INTRODUCTION Ces dernières décennies se caractérisent par une accélération de la dynamique de la mondialisation qui ne laisse aucun pays indifférent. Bien qu’il n’en demeure pas moins qu’elle fait l’objet de discussions et de critiques, force est de reconnaitre qu’elle est génératrice d’opportunités considérables. Ainsi, un effort visant à promouvoir la coopération et l’intégration régionale s’est fait ressenti avec la création en mai 1975 de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A cet égard, le désir de créer une synergie économique dans la région à travers l’intégration économique et financière, avait pour principal enjeu l’accession à une croissance plus soutenue et à une réduction de la pauvreté. Toutefois, les pays de cette région restent toujours confrontés à un faible niveau de l’épargne intérieure et surtout aux difficultés liées aux modalités de sa mobilisation. Par ailleurs, plusieurs études dont celle de Keho (2012) montrent que le système financier de ces pays est dominé par les banques qui, la plupart du temps, sont réticentes à octroyer des crédits de long terme qui puissent permettre de financer convenablement les investissements. A cet égard, il est tout à fait concevable que les pays de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest se penchent sur d’autres sources de financements de leurs Mesure du degré d’intégration financière internationale des pays de la CEDEAO : Une analyse du paradoxe de Feldstein et Horioka (1980) ISSN : 2028-9324 Vol. 26 No. 4, Jul. 2019 1248 économies qui puissent permettre à la fois le développement technologique et financier puis accroitre les investissements et créer une croissance inclusive. Le fait que l’intégration au système financier international soit devenue un impératif pour tous les décideurs économiques (Diaw, 2012) a suscité plusieurs travaux qui ont tentés de mettre en œuvre différentes approches qui permettent de mesurer le degré d’intégration financière des économies. Ainsi, Andrade (2007) montre que la mesure du degré d’intégration financière internationale atteinte par un pays doit se faire par l’approche de Feldstein et Horioka (1980). Il soutient que la parité non- couverte des taux d’intérêt établit que les flux de capitaux auront comme conséquence l’égalisation des taux de rendement attendus des obligations de chaque pays, en tenant compte de l’exposition au risque de change pour chacun d’eux. Or cette définition exige la parité couverte du taux d’intérêt qui elle stipule que la mobilité créera un seul taux d’intérêt mesuré par rapport à une monnaie commune. A son tour, la parité du taux d’intérêt réel qui dit que la mobilité provoquera l’égalisation des taux réels entre les pays, exige la parité non-couverte des taux d’intérêt. Enfin la définition de Feldstein-Horioka (1980) exige la vérification de la parité du taux d’intérêt réel mais indique aussi que toute autre variable, autre que le taux d’intérêt réel, qui puisse déterminer l’investissement, n’ait aucune influence sur l’épargne nationale. Par ailleurs, la mesure de l’intégration financière internationale par l’approche de Feldstein et Horioka (1980) a suscité beaucoup d’intérêt dans la littérature (Singh, 2016). Certaines de ces études ont même porté sur les pays en développement et particulièrement ceux de l’Afrique subsaharienne (Eggoh, 2011 ; Esso, 2011 ; Adeniyi et Egwaikhide, 2013 ; Hassan, 2016). Cependant, les études en panel souffrent de certaines limites. D’une part, certaines d’entre elles n’ont pas tenu compte du solde de la balance commerciale, de l’inflation, du crédit et de la croissance de la population dans l’examen de la relation entre l’investissement et l’épargne. D’autre part, ces études n’ont pas tenu compte des questions d’endogénéité, d’hétérogénéité et de dépendances interindividuelles. Dans un tel contexte, quelle est le degré réel de l’intégration financière des pays de la CEDEAO ? Répondre à cette interrogation nécessite de définir des objectifs et d’émettre des hypothèses. Ce faisant, l’objectif général de cette étude est de mesurer le degré d’intégration financière internationale des pays membres de la CEDEAO. Spécifiquement, il s’agit de faire un réexamen de la corrélation épargne-investissement de ces pays. Bien que cette étude met l’accent sur l’importance du solde de la balance commerciale de l’inflation, du crédit et de la croissance de la population dans la détermination du degré d’intégration financière, elle utilise des méthodes récentes dans le cadre des données de panel qui ont l’avantage de tenir compte des problèmes d’endogénéité, d’hétérogénéité et de dépendance interindividuelle. Il s’agit de l’estimateur AMG (Augment Mean group) proposés Eberhardt et Bond (2009) puis Eberhardt et Teal (2011). Cette étude est structurée en trois parties. La première partie fait une revue des travaux portant sur le sujet. La deuxième partie présente le cadre méthodologique adopté par l’étude. Les résultats, les interprétations et la discussion apparaissent dans la troisième partie. L’étude se termine par une conclusion qui fait ressortir les principaux résultats et les implications de politiques économiques. 2 REVUE DE LA LITTÉRATURE L’utilisation de l’approche de Feldstein-Horioka (1980) ou corrélation épargne-investissement permet de mesurer la mobilité des capitaux et partant le degré d’intégration financière des pays. Le débat suscité par cette approche et l’ambigüité soulevée par celle-ci a fait dire à Obstfeld et Rogoff (2000) qu’elle constitue une énigme qui est d’ailleurs l’un des six plus grands « puzzles » qu’on connaît en économie internationale. Ainsi, cette section fait un examen des travaux sur la question. Dans un premier temps, une revue critique des travaux sur l’hypothèse de Feldstein-Horioka (1980) est présentée. Dans un second temps, seuls les travaux sur les pays de l’Afrique sub-saharienne sont présentés. 2.1 REVUE DES TRAVAUX SUR L’HYPOTHÈSE DE FELDSTEIN-HORIOKA (1980) Cette sous-section après avoir présenté l’approche de base de Feldstein-Horioka (1980), fait une revue critique de celle-ci. Nous partons des études qui réfutent l’approche de Feldstein-Horioka en tant que mesure de la mobilité des capitaux puis terminons par les études qui soutiennent cette approche mais qui proposent plusieurs éléments et techniques pour l’améliorer. N’GUESSAN Kouakou Romain ISSN : 2028-9324 Vol. 26 No. 4, Jul. 2019 1249 2.1.1 L’APPROCHE DE FELDSTEIN-HORIOKA (1980) ET SON IMPOSSIBILITÉ À SAISIR CONVENABLEMENT LE DEGRÉ D’INTÉGRATION FINANCIÈRE ET PARTANT LA MOBILITÉ DES CAPITAUX La mesure de l’intégration financière par la corrélation entre l’épargne et l’investissement nait du travail pionnier de Feldstein et Horioka (1980). Ces deux auteurs étudient les conséquences de l’intégration financière sur la corrélation entre l’épargne et l’investissement. Selon ces auteurs, une faible valeur du coefficient de rétention de l’épargne impliquerait une forte mobilité des capitaux et donc une plus grande intégration financière. Apres avoir testé cette hypothèse pour 16 pays de l’OCDE, ils aboutissent au résultat selon lequel 85% de l’épargne nationale ont été investis localement sur la période 1960- 1976. Un tel résultat laisse comprendre que le capital n’est pas mobile dans les pays les plus développés alors que ceux-ci sont les plus ouverts sur le plan financier. Bien que ce résultat ait été confirmé par plusieurs autres études (Feldstein 1983; Murphy, 1984; Dooley et al., 1987; Feldstein et Bacchetta 1991; Sinn 1992), l’ambigüité soulevée par celle-ci constitue un paradoxe qualifié de paradoxe de Feldstein-Horioka (1980). Toutefois, plusieurs critiques vont s’élever à uploads/Finance/ijias-18-203-24 1 .pdf

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  • Publié le Jan 17, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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