UNIVERSITE D'ORLEANS THESE PRESENTEE A L’UNIVERSITE D’ORLEANS POUR OBTENIR LE G

UNIVERSITE D'ORLEANS THESE PRESENTEE A L’UNIVERSITE D’ORLEANS POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR DE L’UNIVERSITE D’ORLEANS Discipline : Géographie, Aménagement, Environnement PAR DAMAMME Aurélie Le genre à l’épreuve du développement au Maroc Discours et pratiques concernant la place des femmes dans les projets Soutenue le 28 septembre 2005 MEMBRES DU JURY M. Jean-Paul DELEAGE, Directeur, Professeur émérite Université d’Orléans Mme Sonia DAYAN-HERZBRUN, Rapporteure, Professeure Université Paris VII M. Aïssa KADRI, Rapporteur, Professeur Université d’Orléans Mme Françoise GRENAND, Examinatrice, Chargée de recherche CNRS Mme Yveline PONCET, Présidente du jury, Directrice de recherche IRD UNIVERSITE D'ORLEANS THESE PRESENTEE A L’UNIVERSITE D’ORLEANS POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR DE L’UNIVERSITE D’ORLEANS Discipline : Géographie, Aménagement, Environnement PAR DAMAMME Aurélie Le genre à l’épreuve du développement au Maroc Discours et pratiques concernant la place des femmes dans les projets Soutenue le 28 septembre 2005 MEMBRES DU JURY M. Jean-Paul DELEAGE, Directeur, Professeur émérite Université d’Orléans Mme Sonia DAYAN-HERZBRUN, Rapporteure, Professeure Université Paris VII M. Aïssa KADRI, Rapporteur, Professeur Université d’Orléans Mme Françoise GRENAND, Examinatrice, Chargée de recherche CNRS Mme Yveline PONCET, Présidente du jury, Directrice de recherche IRD 3 REMERCIEMENTS : Je voudrais remercier sincèrement tous ceux qui ont contribué directement ou indirectement à la réalisation de ce projet d’étude. Je remercie particulièrement mon directeur de thèse Jean-Paul Deléage qui m’a accordé sa confiance et son soutien pour mener à bien cette recherche. Je remercie également Yveline Poncet pour sa disponibilité tout au long de ma thèse. Je tiens en outre à remercier Jeanne Bisilliat pour l’attention qu’elle a portée à mon travail et pour son soutien constant pendant ces cinq années d’étude. Je remercie l’ADEME qui m'a accordé une bourse durant trois ans. Je remercie tout particulièrement Bernard Cornut pour son soutien à ma candidature et ses marques de sympathie tout au long de mon travail. Je remercie toutes les personnes, chercheurs, militants associatifs, professeurs, qui m’ont aidée à prendre connaissance du terrain marocain, et tout particulièrement Ahmed Bouzbaï, Frédéric Brun, Jeanne Chiche, Sonia Dayan-Herzbrun, Vincent Geisser, Jean- Claude Santucci. Je remercie également le Centre Jacques Berque et son équipe qui m'a accueillie durant trois mois. J'adresse aussi mes remerciements aux femmes et aux hommes des associations marocaines, des ONG et des coopératives, qui m’ont permis de donner corps à mon travail. Je les remercie pour le temps qu’ils m’ont accordé sans compter et pour les échanges que nous avons eus sur les orientations du développement et sur la place des associations et ONG dans ce contexte. Je voudrais plus spécialement remercier Khadija Aït Bellarbi, Khadija Assiraj, Zahra Idali, Aïcha Krombi et leurs familles respectives, Badia et Youssef, ainsi que la famille Touyer. Le chemin parcouru pendant ce travail a été jalonné de rencontres. Je tiens ici à saluer et remercier chaleureusement tous mes compagnons de route en France et au Maroc avec qui j’ai pu dialoguer et nourrir mes réflexions : Nadia Lamarkbi, Claire Langlois, Nassima Moujoud, Meriem Rodary, Léa Sébastien, Myriem Naji. Je remercie les amis et collègues qui ont participé à la relecture de ma thèse : Armelle Bergé, Nathalie Cialdella, Myriam Mackiewicz, Eric Mezières, Veronika Nagy, Yasmina Reggad ainsi que mon grand-père Raymond Gangnery. Un merci particulier à ma tante Marie- Odile Gangnery et à Magalie Saussey qui ont été à mes côtés pour les derniers moments. Un grand merci à ma famille pour son soutien constant et ses encouragements. Enfin, merci à Khalid pour sa présence et son réconfort tout au long de cette entreprise. 4 5 PROLOGUE " Au début, je discutais souvent avec Niila pour savoir si le fait de jouer du rock pouvait être considéré comme knapsu. C'est un mot en finnois de Tornedal qui signifie "pour les bonnes femmes", c'est à dire une chose que seules les femmes font. On peut dire que le rôle de l'homme du Tornedal se résume à une seule chose. Ne pas être knapsu. Cela peut paraître simple et évident, mais tout est rendu complexe par diverses règles particulières qui exigent parfois des dizaines d'années d'apprentissage, situation que des hommes du sud venus s'établir ici peuvent avoir à expérimenter. Certaines occupations sont fondamentalement knapsu et doivent donc être évitées par les hommes. Cela inclut changer les rideaux, tricoter, tisser des tapis, traire à la main, arroser les plantes et ce genre de choses. D'autres occupations sont définitivement masculines, telles que couper des arbres, chasser l'élan, construire un chalet, flotter du bois et se bagarrer au cours des bals. Depuis toujours le monde est divisé en deux, et chacun sait ce qui est en vigueur. Mais ensuite arriva le progrès. Et brusquement apparurent de centaines de nouvelles occupations et de tâches qui rendirent confuses les notions. La notion de knapsu s'étant développée durant des siècles dans des processus inconscients au plus profond des êtres, les définitions eurent du mal à suivre. Sauf dans certains domaines. Les moteurs, par exemple, sont masculins. Les moteurs à essence sont plus masculins que les électriques. Les voitures, les scooters des neiges et les tronçonneuses ne sont pas knapsu par conséquent. Mais un homme peut-il utiliser une machine à coudre ? monter une chantilly avec un fouet électrique ? traire les vaches avec une machine à traire ? vider le lave-vaisselle ? Un vrai homme peut-il passer l'aspirateur dans sa voiture sans perdre la face ? voilà des questions qui méritent réflexion" (Niemi, 2004, p. 258.) Le questionnement sur ce qu'est un homme, ce qu'est une femme traverse toutes les époques et les sociétés. Si cet extrait est d'un ton léger au premier abord, il est une illustration de l'enjeu que représente la définition du contenu des identités de genre et en particulier la question des frontières. L'idée d'identités masculine et féminine différentes en soi interroge toutes les sociétés, elle renvoie à cette question lancinante de modes d'action qui seraient spécifiques en fonction de cette appartenance. Comme l'a constaté Françoise Héritier (1996) en conceptualisant la valence différentielle des sexes, les sociétés humaines dotent de valeurs distinctes les principes du féminin et du masculin, d'une manière orientée, toujours hiérarchique. L'action de distinguer les hommes et les femmes n'est donc pas neutre, elle ne découle pas strictement de l'observation de différences biologiques entre eux. Elle est installée au cœur d'un système de pouvoir qui permet de doter les catégories biologiques mâle et femelle d'attributs à la charge symbolique asymétrique. L'ouvrage de Thomas Laqueur, intitulé La fabrique du sexe (1992), 6 explicite la nouvelle catégorisation sexuée qui se met en place aux XVIIIe et XIXe siècles, sur la base de l'opposition entre les organes sexuels masculins et féminins. Cette récurrence des différences de pouvoir entre le principe masculin et le féminin, au profit du premier, est éclairée par les nombreuses études anthropologiques qui permettent ensuite de connaître de manière plus fine les formes variantes de cette domination masculine. Le matriarcat, invoqué pour contrebalancer l'image du pouvoir des hommes, relève du mythe ; il est abusivement utilisé pour évoquer des situations de matrilinéarité et permet, si l'on suit l'analyse de Nicole - Claude Mathieu, d'accréditer la thèse d'un pouvoir passé des femmes qui serait révolu, conséquence de leur mauvaise gestion. Sans forcément souscrire à cette idée d'une utilisation pernicieuse du mythe du matriarcat, il faut constater à ce stade une certaine cécité de nombreux chercheurs à l'égard du maintien de ces lieux communs, qui participent de la méconnaissance générale des phénomènes de construction sociale des rôles sexués. L'exemple de l'éducation des Inuits illustre avec force la possibilité d'un décrochage entre l'identité biologique et le rôle social, même si cette dissonance est limitée dans le temps. Sur la base des données ethnologiques de Dufour (1977) et Saladin d'Anglure (1992), Nicole Claude-Mathieu met en évidence la relativité de l'homologie entre sexe biologique et sexe social ou genre dans cette société. En effet, dans le système de représentation des Inuits, la naissance d'un enfant est l'occasion pour les ancêtres de "revivre" en l'enfant, de se manifester à travers lui. L'enfant reçoit le nom et le statut de son ancêtre. En cas de contradiction entre le sexe de l'enfant et celui de son ancêtre, deux pratiques sont possibles : le premier comportement s'apparente à du transsexualisme, c'est-à-dire que l'on change symboliquement le "sexe apparent à la naissance" de l'enfant (par exemple, l'enfant avec un sexe masculin est déclaré être une fille si son ancêtre était une femme). Le second comportement, plus couramment pratiqué, relève d'une "sorte de transvestisme" : l'enfant est éduqué (habillé, socialisé, etc.) conformément au genre de l'ancêtre qui lui a donné son nom. Si cet exemple de mise à distance de l'identité avec le sexe biologique est intéressant pour illustrer le caractère non inné des rôles sociaux, il n'en reste pas moins contenu dans un système de normes de 7 genre axées sur la bipolarité homme/femme1, et ce n'est que jusqu'à la puberté des enfants que ces arrangements avec le sexe biologique sont pratiqués. Le transvestisme est alors abandonné et les adolescents adoptent un comportement conforme à leur sexe biologique. Cet exemple atteste cependant de l'importance de la manipulation du uploads/Geographie/ 1257le-genre-a-l-epreuve-du-developpement-au-maroc.pdf

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