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Pendant que des hommes de génie percent les isthmes, pour établir la libre communication des mers, les explorateurs de toute nationalité se succèdent sans relâche et rivalisent d’audace pour achever la conquête géographique du globe terrestre : ils parcourent nos possessions françaises du Nord de l’Afrique, ils font le guet aux portes du Sahara et du Soudan, ils sont aux grand lacs, vers le sud-est, sous les feux directs de l’équateur. Aux récits enthousiastes publiés par les voyageurs, les peuples d’Europe se sont émus à leur tour, et dans la pensée d’étendre leur influence et d’accroître leur fortune, ils travaillent assidûment à fonder des colonies au sein des territoires qui viennent d’être ouvert. C’est à qui plantera son drapeau sur quelque promontoire LES PÈRES BLANCS 2 isolé, c’est à qui aura le bonheur d’être déclaré le pre- mier occupant. Toutefois, cette découverte de l’Afrique n’a pas réveillé que des instincts de curiosité et de conquête. Elle a fait naître, au cœur des nations civilisées, le désir de propager leur civilisation parmi les tribus barbares, et comme la France, malgré ses épreuves, malgré ses malheurs, demeure encore, en Europe, la première gardienne de l’idée de civilisation, elle sait toujours en devenir l’apôtre, à l’aide d’une armée nombreuse qui ne rompt jamais ses cadres, et par des soldats qui n’ont pas le droit de répandre le sang, sinon le leur. Parmi ces héros intrépides et toujours à la bataille, figurent au premier rang, ceux que la voix populaire de notre armée, des colons et des Arabes a désigné sous le nom de Pères Blancs. On les appelle aussi Mission- naires d’Alger, à cause de la ville qui fut leur berceau. Les Pères Blancs ont considéré que s’il est beau de supprimer les distances par le percement des isthmes, de tenter des excursions, hardies dans des continents jusqu’à ce jour impénétrables, il est plus beau encore de ne rien ménager, de se dépenser en efforts inouïs, pour faire reculer la barbarie, et rapprocher les âmes et les cœurs de la grande famille humaine. Tel est le secret de leur vocation. Ces ouvriers de Dieu ont eu l’ambition d’être les messagers de la vérité divine, en même temps que les ambassadeurs de la civilisation humaine. D’AFRIQUE. 3 Les Pères Blancs prennent leur nom de leur costume. Ils ont adopté les vêtements de l’Afrique du Nord, afin de moins effaroucher les indigènes et pour mieux se pro- téger eux-mêmes contre les ardeurs dévorantes du cli- mat. L’Arabe n’aime pas les hommes imberbes : le Père Blanc doit donc porter toute sa barbe; il est enveloppé de la gandourah blanche, coiffé de la ceccia ou du haik avec la corde tressée en poils de chameau ; il porte aussi le burnous flottant. L’association de ces apôtres de l’Évangile s’est for- mée quelques années avant la guerre, pour conjurer les effets terribles de la famine et de la peste chez les Arabes. Leur nombre s’est vite accru. Par la délégation des chefs suprêmes de l’Église, avec le consentement du gouvernement de la France, qui les a reconnus d’uti- lité publique, ils ont tout d’abord travaillé à fonder l’influence de leur patrie dans l’Afrique du Nord, et c’est de la civilisation chrétienne qu’ils sont aujour- d’hui les hérauts dans la région des grands lacs de l’équateur. On a pu dire avec vérité de cette œuvre, qu’elle est la plus grande de ce siècle. Malgré le court intervalle qui les sépare de leur origine, les Mission- naires d’Alger comptent déjà plus de douze martyrs et quarante-cinq de leurs membres viennent de fonder quatre vicariats apostoliques et onze établissements dans les royaumes du Nyanza, du Tanganyka et sur la rive droite du haut Congo. D’AFRIQUE. 5 LES PÈRES BLANCS 4 Une entreprise si considérable mérite bien une es- quisse, un court aperçu qui mette sous les yeux le des- sein de tant d’âmes généreuses. Car si l’on vante les exploits d’un seul homme qui a couché sous la tente du désert, qui a navigué en pirogue aux chutes des cataractes, qui s’est frayé un chemin à travers les épi- nes des forêts, au milieu de l’escorte de toute la faune d’une région, n’est-il pas juste de parler aussi d’une congrégation qui compte deux cent cinquante apôtres déjà formés ou en voie de formation, qui voit compléter son œuvre par une congrégation de femmes, où il y a déjà plus de cent membres actifs ? Toute cette vaillante phalange brave aussi les climats, entend sans cesse le glapissement enroué du chacal et le grondement famé- lique de l’hyène, mais elle n’a pas le temps de le dire à toute la terre. Quelles sont donc les Missions des Pères Blancs dans le Novi de l’Afrique, quelles ont été leurs tentatives dans le Sahara et le Soudan, comment se sont-ils réso- lus, sous la bannière du Sacré-Cœur, à la conquête des régions équatoriales ? C’est ce que j’ai l’intention d’in- diquer en quelques pages rapides. Pour bien suivre leurs opérations, j’aurai besoin de fournir quelques don- nées sur la topographie de l’Afrique qu qui leur sert de théâtre, et de faire entrevoir les mœurs de ces peuplades, abandonnées à des instincts sauvages. Mais avant tout, nous devons faire connaissance avec ERS la fin de 1867, au lendemain de la fa- mine et de la peste qui avaient dévasté l’Algérie, plus de deux mille petits enfants’ abandonnés, flétris, dispersés, mangeaient, autour des huttes, l’herbe des chemins. On les recueillit sans se préoccuper des règles de la prudence humaine. N’y a- t-il pas des heures ici-bas, où la prudence de ce monde est trop courte pour les infortunes à secourir ? Mais la miséricorde divine a le secret de susciter alors de gran- des œuvres, afin de les opposer à des détresses sans nom. Pour porter remède aux malheurs qui affligeaient l’Afrique du Nord, il se rencontra un petit groupe de jeunes prêtres français, résolus à se dépenser pour l’É- glise d’Algérie, dans notre. colonie et plus loin encore. Alger fut leur quartier général ; les nombreux orphe- lins adoptés fournirent un aliment au début de leur apostolat. Durant des années, le Pape et les Évèques eurent les yeux fixés sur l’œuvre naissante. Elle se dé- veloppait tous les jours, se formait à l’intrépidité tenace comme elle s’entretenait dans l’espérance joyeuse, au ces pionniers de la civilisation, qui sont aussi les apô- tres de notre foi. D’AFRIQUE. 7 Dans une région où les enfants sont en si grand nombre, où les malades de tout âge implorent les se- cours de chaque instant, les Missionnaires d’Alger se proposent l’éducation des enfants et le soulagement des infirmes. Une congrégation de femmes est fondée à côté de la leur, afin de pourvoir à l’instruction des peti- tes filles, et pour soigner les femmes des indigènes. Des enfants à élever, des malades à guérir, c’est tou- jours et partout le commencement de l’EvangiIe. Que signifie donc l’appel aux petits enfants si souvent répété par notre Sauveur, quel est donc le sens de la recom- mandation faite aux Apôtres : « Soignez les malades ? » Mais les enfants surtout réclament une sollicitude iné- puisable. Leurs premières impressions auront un reten- tissement si décisif sur leur vie toute entière ! Un pro- verbe arabe, dans sa forme concise, quoique un peu absolue, en dit plus que tels manuels de pédagogie de notre temps : « Instruire le vieillard c’est écrire sur l’eau, instruire l’enfant c’est sur la pierre. » C’est d’ailleurs par l’entremise des enfants et des pauvres infirmes qu’on arrive aux âmes, aux cœurs qui ont tant besoin d’être relevés de leurs lourdes dégradations et délivrés de longues erreurs ! Mais la conversion n’est pas affaire d’un jour. Pour être prudente, elle doit être préparée par des épreuves multipliées, et demeurer toujours libre, afin qu’il n’y ait jamais lieu de regretter les défections qui naissent de l’empressement. LES PÈRES BLANCS 6 contact des fils de saint Ignace et des enfants de saint Vincent de Paul. Dès qu’elle eut traversé les crises et les hésitations de la première croissance, l’Église, par la bouche de ses plus augustes représentants, fit enten- dre à ces prêtres, à ces frères, dont la jeunesse était encore toute vive, que l’heure était venue de déclarer librement s’ils se sentaient capables de consacrer leur vie à l’œuvre des missions d’Afrique et de s’y uploads/Geographie/ 1887-les-peres-blancs 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 31, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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