6642 / Qalʽa des Bani Ḥammād 1. Unesco, Convention Concerning the Protection of
6642 / Qalʽa des Bani Ḥammād 1. Unesco, Convention Concerning the Protection of t he World Cultural and Natural Herit- age, World Heritage Committee, Fourth Session, Paris, 1-5 September, 1980, p. 2. Q03. Qalʽa des Bani Ḥammād : première capitale du royaume berbère des Hammadides (XIe siècle) [Ce texte a été rédigé à l’occasion du Millénaire de la fondation du Royaume Berbère des Hammadides (1004 – 2004)] Fondée en 1007 pour devenir la capitale du royaume Berbère des Hammadides, la Qalʽa des Banī Ḥammād est la première ville du Maghreb central connue pour son rôle de métropole après la conquête arabe. Elle est le symbole d’une période marquée par l’essor urbain et le développement de la vie intellectuelle. En 1091, elle perd définitivement son statut de capitale au profit de la nouvelle métropole maritime, Béjaia/Bgayet. La Qalʽa resta néanmoins une grande métropole économique et garda son prestige de centre d’enseignement, avec ses traditions propres, jusqu’au début du XVIe siècle. Cent ans de travaux archéologiques (voir paragraphe III) vont déboucher en 19801 sur l’inscription du site de la Qalʽa des Banī Ḥammād au patrimoine mondial de l’Unesco. Émergence d’un pouvoir central au Maghreb C’est en 972 que le Maghreb oriental a été gouverné pour la première fois (depuis la conquête arabe) par une dynastie berbère. Bulukīn, désigné comme gouverneur pour le compte des califes Fatimides, s’installa à Kai- rouan et organisa les provinces du Maghreb. Son fils al-Manşūr, qui avait prit les commandes d’un pouvoir quasi-autonome, désigna à partir de 997 son frère Ḥammād pour gouverner la région de Tāhart, après que ce der- nier ait réussi à la soumettre. Un accord de partage du pouvoir fut signé en 1004. Toutes les villes situées à l’ouest du territoire de l’Ifrīqiya (Tunisie) furent attribuées à Ḥammād. Ce dernier quitta alors Kairouan pour aller s’établir au Maghreb central et choisit plus précisément les monts situés au nord-est de M’sila pour y établir le siège du nouveau pouvoir central, qui passa d’une autonomie à un pouvoir dynastique indépendant. Après les troubles qui marquèrent le début du règne de Ḥammād à la Qalʽa des Banī Ḥammād, les années suivantes furent moins agitées. Outre les relations privilégiées avec l’Ifriqiya, les Hammadides ont entretenu des liens étroits avec les Fatimides. En effet, malgré la rupture déclarée par le fondateur des Hammadides avec la cour du Caire, les relations entre les princes de la Qalʽa des Banī Ḥammād et les califes Fatimides ont été réta- blies sous le règne du prince al-Qāʽid b. Ḥammād. Ce dernier avait accédé au pouvoir en 1028, à la mort du fondateur de la dynastie. Il reconnut de 97547_Enc_Berbere_05.indd 6642 4/12/14 10:41 Qalʽa des Bani Ḥammād / 6643 2. Ibn Khaldoun, Kitāb al-‘ibar, Beyrouth, Mu’assasat ğamal li-l-našr, vol. VI, p. 46. 3. Al-Siğillāt al-mustanṣiriya, p. 43. On se reportera aussi à Ḥasan Hadīrī Aḥmad, ʽAlāqāt al-fāṭmiyīn bi Miṣr biduwwal al-Maġrib, Le Caire, Maktabat Madbūlī, 1996, p. 78. 4. Ibn Khaldoun, Kitāb al-‘ibar, Beyrouth, Mu’assasat ğamal li-l-našr, vol. VI, p. 171/ trad., vol. II, p. 43. Seul Yāqūt al-Hamawī, Muʽğam al-buldān, Beyrouth, Dār Sader, 1977, vol. IV, p. 390 écrit que la Qalʽa fut construite en 370/981. nouveau la souveraineté des Fatimides, ce qui lui valu comme récompense le titre honorifique de Šaraf al-Dawla2. Ce retour d’al-Qāʽid à l’obéissance Fatimide est attesté par un document officiel fatimide dans lequel al-Qāʽid décida la mise en circulation de monnaies du calife Fatimide al-Mustanṣir (al-sikka al-mustanṣiriya)3. Ces relations cordiales accompagnent alors les deux dynasties tout au long de l’histoire Hammadide. Fondation de la Qalʽa Pour fonder une ville-capitale, Ḥammād choisit les ruines de la forte- resse dite Qalʽa al-Hiğāra, qui abritait l’oratoire du calife fatimide. En effet, la topographie accidentée de la région présentait un avantage militaire stra- tégique. En 1007 commencèrent les premiers travaux de construction. Voici ce qu’Ibn Khaldoun écrivit à propos de cet événement : « En 398/1007-8, Ḥammād fonda la ville de la Qalʽa dans le voisinage du Kiyāna, montagne qui s’appelle aussi ʽAğīsa et qui est maintenant occupée par les ʽIyād, tribu d’Arabes hilaliens. Il transporta dans la Qalʽa les habitants de M’sila et de Hamza, villes qu’il détruisit de fond en comble et y fit venir aussi les Ğarāwa, peuple du Maghreb. Vers la fin du quatrième siècle, il acheva de bâtir et de peupler sa ville, qu’il entoura de murs, après y avoir construit plu- sieurs mosquées, caravansérails et autres édifices publics4. » Les travaux de la construction de la capitale Hammadide durèrent trois années environ. La ville devint progressivement la métropole politique et économique du Maghreb central. La cour centrale s’organisait autour des palais princiers. En effet, une forteresse royale fût fondée à l’est de la ville, en contrebas de Taqarbūst. Plusieurs palais y furent construits pour abriter la cour. Ḥammād commença d’abord par mettre en place des institutions dont l’origine est tribale. A partir du milieu du XIe siècle, le commerce maritime devint une source considérable de profit tandis que les productions agricoles et pasto- rales régressèrent suite aux périodes de sécheresse qui frappèrent la région. En outre, la pénétration des tribus hilaliennes provoqua un climat d’insé- curité dans les campagnes. Des terres agricoles et des biens furent aban- donnés. Les paysans et habitants des localités de l’arrière-pays cherchèrent 97547_Enc_Berbere_05.indd 6643 4/12/14 10:41 6644 / Qalʽa des Bani Ḥammād 5. Abū Ibrāhīm al-Marīnī, ʽUnwān al-ahbār fī mā marra ʽalā Biğāya, texte traduit par Ch. Féraud, dans Revue Africaine, 69, 1868, p. 256. 6. Méquesse, « Notice sur la Kalaa des Beni-Hammad » Revue Africaine, 30, 1886, p. 310. 7. Ibid, p. 294-311. alors à s’établir dans les villes maritimes. Les Hammadides suivirent cette évolution. A la fin de 1065 débutèrent les travaux de construction d’une nouvelle ville maritime, baptisée al-Nāṣiriya, qui prit l’emplacement de la ville romaine Saldae. C’est à la fin de 1067 que son fondateur, le prince al-Nāṣir, s’y installa avec sa famille. La Qalʽa demeura cependant le siège de la principauté. C’est en 1088, à la mort d’al-Nāṣir, que son fils al-Manṣūr, alors prince héritier, lui succéda. Il commença par faire construire plusieurs palais à la Qalʽa, notamment le Qaşr al-Kawkab et al-Manār. Ce n’est qu’en 1091 qu’il transféra sa cour à Béjaia. Néanmoins, la Qalʽa resta une ville impor- tante, même si elle perdit son statut de capitale et de « pôle économique du Maghreb central ». Sur les traces de la cité disparue Au milieu du XIVe siècle, Ibn Khaldoun, chambillan et chef de la chan- cellerie de Bougie à l’époque Hafṣīde, signala l’importance des ruines de la Qalʽa des Banī Ḥammād, situées à 36 km au nord-est de M’sila. Il fit remarquer qu’à son temps, seul le minaret de la Grande Mosquée de cette ville subsistait encore. Après cette période, rares sont ceux qui mentionnent l’importance du site Hammadide. Parmi eux, on trouve le chroniqueur de Bougie du XVIe siècle, Abū Ibrāhīm al-Marīnī, qui évoque le départ des Ulād Yalā de la Qalʽa et leur installation à l’est de Djabal Fargān en 915/15095. A la fin du XIXe siècle, l’ancienne capitale des Hammadides apparaissait comme un ensemble de ruines disposées en une série de ter- rasses, faisant face au sud, qui laissent à supposer que la poussée des terres a renversé ou recouvert tout ce qui pouvait encore rester debout. Au milieu des ruines, s’élevait encore le minaret de la Grande Mosquée. Les habi- tants, installées autour du site, racontaient des légendes sur la destruction de la ville et le rôle d’Ibn al-Nahwī, qui était devenu le patron incontes- table de la région6. Reconnu à nouveau en 1869 par Méquesse, le site de la Qalʽa commença à susciter l’intérêt des chercheurs français comme l’in- terprète colonial Charles Féraud qui signala au monde savant occidental, dans son Histoire des villes de la province de Constantine, l’intérêt que repré- sentait au point de vue historique les ruines de la Qalʽa des Banī Ḥammād. Méquesse présenta les premiers résultats de ses observations dans une notice parue dans Revue Africaine en 18867. Onze ans plus tard, l’intérêt porté aux ruines de la Qalʽa prit une dimension importante avec le début des prospections archéologiques. 97547_Enc_Berbere_05.indd 6644 4/12/14 10:41 Qalʽa des Bani Ḥammād / 6645 8. Paul Blanchet, « Rapport sur les travaux exécutés à la Kalaa des Beni-Hammad », Recueil des Notices et Mémoires de la Société historique et Géographique du Département de Constantine, XXXII, 1898, p. 97-116. 9. « Deuxième note sur les monuments arabes de la Kalaa des Beni Hammad, commune mixte des Maadid, province de Constantine », Bulletin archéologique du Comité des travaux archéologiques et scientifiques, MDCCCCVI, 1905, p. 185-198. 10. Beylié, « Une capitale berbère au XIe siècle », extrait du Journal Asiatique (sep.-oct. 1908), Paris, Imprimerie nationale, 23 p. 11. Beylié, La Kalaa des Beni-Hammad, une capitale berbère de l’Afrique du Nord au XIe siècle, Paris, Ernest Leroux, 1909. 12. E. Michaux-Bellaire, « La Kalaa des Beni-Hammad, capitale berbère de l’Algérie au XIe siècle, fouilles exécutées en 1908 par le général de Beylié », Revue du monde musulman, 5, 1908, p. uploads/Geographie/ 444-438-qalaa-beni-hammad.pdf
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- Publié le Sep 22, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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