AVERTISSEMENT. Il sulïit d'examiner la table des matières qui terminece volume

AVERTISSEMENT. Il sulïit d'examiner la table des matières qui terminece volume pour se convaincre qu'il ne présente pas partout le même degré d'intérêt. D'une part, de précieux renseignements sur des tribus dont l'origine est encore peu connue, des extraits d'ouvrages presque aussi anciens que la conquête musulmane et perdus aujourd'hui, une description fidèle des contrées visitées par l'auteur; de l'autre, des dynasties fabuleuses, des anachronismes qui font sourire, des contes puérils à la place des faits historiques que le titre semblait promettre; tout cela rédigé avec précipitation et sans ordre, dans un style tantôt prolixe, tantôt concis jusqu'à l'obscurité. Voilà ce qu'on trouvera dans le présent volume dont nous ne voulons nullement dissimuler les imperfections. Serait-il juste cependant de reprocher à Maçoudides erreurs qui étaient celles de son siècle, et doit-on condamner, pour quelques défaillances, une entreprise conçue avec grandeur et exécutée avec un zèle qu'on ne saurait trop apprécier? Agrandir les horizons de l'histoii-e, l'alfranchir des entraves que le koran et la tradition prophétique lui imposaient, surmonter les dédains et les préjugés du fanatisme nuisuhnan pour révéler à ses coreligionnaires l'existence de peuples séparés à jamais de l'islam par le sang, le langage et l'idéal religieux, tel était le but que Maçoiidi s'efforça d'atteindre dans les deux grands ouvrages perdus pour nous, dont les Prairies f/'or n'offrent que l'esquisse. Un dessein aussi vaste était entouré d'é- cueils contre lesquels l'amour de la science et la sincérité ne trouvaient aucune sauvegarde. Personne assurément n'irait chercher dans leschroniques contemporaines de Charlemagne ou des croisades le récit des révolutions qui agitèrent les premiers siècles de l'hégire. Si des fastes de Ninive et de Babylone, si des exploits d'Alexandre et de Rome les Arabes n'ont conservé qu'un souvenir confus , des noms méconnaissables et quelques légendes ridicules, a-t-on le droit de se montrer plus sévère? L'origine même de ces fables et leurs transformations échappent le plus souvent à nos recherches. Sans doute les développements que l'auteur leur avait donnés dans ses Annales historiques nous auraient mis surla voie d'un problème où d'ailleurs la curiosité seule trouve à se satisfaire. Dans la rédaction rapide et désordonnée des Prairies d'or, il est jjIus difficile d'en suivre la trace, et tout au plus peut-on se laisser guider par de vagues analogies. Ainsi le récit fabuleux de l'expédition d'Alexandre dans l'Inde, les prodiges qui signalent la fondation d'Alexandrie, sont peut-être une image affaiblie des rêveries des rhéteurs alexandrins, auxquelles l'imagination d'un peuple enfant a prêté de nouvelles fictions. Dans la description non moins bizarre des obsèques du conquérant macédonien , nous retrouvons l'inspiration sentencieuse et mystique des néoplatoniciens. L'intérêt que Maçoudi accorde aux persécutions des premiers chrétiens, les détails circonstanciés qu'il nous donne sur les conciles, la connaissance à peu près exacte qu'il a (les dynasties byzantines nous révéleraient, s'il ne l'avouait lui-même, ce qu'il doit aux Melkites établis en Orient. Sa mémoire, sa curiosité toujours en éveil obviennent au défaut de documents écrits, et la science trouve plus à glaner dans ces fréquentes digressions que dans le sujet principal. Mais en nous conduisant dans le Caucase, il nous ramène sur le solide terrain de l'histoire et de l'ethnographie; les légendes et les fables font place à la réalité, et la vérité historique pénètre, à la suite des armées musulmanes, dans ces montagnes inaccessibles. L'importance de ce chapitre a été signalée depuis longtemps et il est un de ceux que les savants et les voyageurs ont le plus volontiers mis à contribution. Sans négliger les relations dues à Reineggs, Jean Potocki et Dubois de Montperreux, nous avons consulté de préférence l'ouvrage de C. D'Ohsson sur les peuples du Caucase et le travail de Klaproth. Ce savant, qui a laissé aussi une relation fort curieuse de son voyage dans le Caucase, a traduit dans le premier volume de son Magasin asiatique tout ce morceau, moins quelques hors-d'œuvre que la science pouvait laisser de côté sans regret. C'est donc à ce travail que nous avons eu recoiu's toutes les fois que nos copies nous inspiraient des doutes sur l'orthographe des noms propres et leur signification actuelle. Pour l'histoire de l'ancienne Perse, nous avons trouvé dans le commentaire d'Ibn Badroun un auxiliaire d'autant plus utile que les noms iraniens ont été mutilés à l'envi par les copistes. Avec le sans gêne ordinaire des compilateurs musulmans, Ibn Badroun s'est emparé du texte des Prairies d'or, oubliant presque toujours d'en citer l'auteur et l'abrégeant a sa guise. I^e contrôle sévère apporté par M. Dozy à la révision du texte et les notes excellenles qui l'accompagnent ont facilité notre tâche clans ce morceau important. Pour la description de l'Lgypte, Makrizi nous a offert dans son Kitab el-Méwaïz des fragments épars mais fidèles du chapitre xxxi, et nous ne les avons pas négligés. Si l'édition publiée à Boulak ne mérite pas toujours une entière confiance, en revanche les renseignements donnés par Makrizi sont venus plus d'une fois éclairer un passage d'une interprétation douteuse. Nous devons mentionner pour ce même chapitre le premier des deux volumes du Nodjoiini ez-zdiireh par Abou'l-Mehaçin , dont la publication est due à feu M. Juynboll et à M. Matthes. On trouve , au début même de cette chronique, plusieurs citations littérales de Maçoudi; par exemple, la comparaison du sol de fEgypte avec la perle, l'émeraude, etc. une partie du curieux colloque entre Ahmed ben ïouloun et le vieux Copte, un fragment sur les crues du Nil et enfin la liste des Pharaons donnée in extenso p. 60 et suiv. Ce passage, collationné soigneusement par les éditeurs , nous a fourni de bonnes leçons pour tous les noms que les copistesavaient transcrits à l'aventure. Sans nous départir d'une extrême réserve dans le choix des variantes et des annotations, nous avons cru pouvoir, dans deux ou trois occasions, éclaircir à faide de publications récentes le langage de Maçoudi, lorsqu'iln'offrait pas une clarté suffisante. Quelques erreurs qui avaient échappé à notre attention dans le tome premier ont été corrigées à la suite de la liste des variantes: elles nous ont été signalées par plusieurs de nos collègues avec une sollicitude que nous nous emprossons de reconnaître. Nous devons surtout des rcmercîments à un fonctionnaire éminent du Gouvernement ottoman, S. E Ahmed Véfyk, ancien ambassadeur à Paris, quia pris la peine de revoir le texte du tome premier sur une ancienne copie qui lui appartient, et de nous en faire connaître les principales variantes. Le concours que ce savant nous a généreusement oilert pour la suite de notre travail nous est d'autant plus précieux qu'une de nos meilleures copies, celle que nous désignons par ll, ne va pas au delà du chapitre xxxii. Nous devons aussi des remercîments à M. Derenbourg, correcteur à l'Imprimerie impériale, qui, non content de lire attentivement les épreuves de notre travail, a bien voulu mettre à notre disposition la connaissance spéciale qu'il avait acquise avant nous du texte de Macoudi. Nous sommes heureux de témoigner ici des services que nous a rendus la bienveillante collaboration de notre prédécesseur. CHAPITRE XVII. I.lv MONT CAUCASE ( EL-KABKH ) ; HENSEIGNEMENTS SlIK LES PEUPLADES QUI l/HAP.ITENT, SUR LES ALAINS (eL-LAn), SUR LES KHAZARS, SUR LES TRIBUS TURQUES ET BULgARES (boghoz) ; DESCRIPTION DE BAB-EL-ABWAlî (dERBENd); LES ROIS ET LES PEUPLES DU VOISINAGE. Le Kabkh est une grande chaîne de montagnes qui renferme, dans sa vaste étendue, un nombre considérable de royaumes et de tribus : en effet, on n'y compte pas moins de soixante et douze peuplades, qui ont chacune leur chef et parlent une langue qui leur est propre. Ces montagnes sont sillonnées de gorges et de vallées; c'est à la tête de l'un de ces défdés que se trouve la ville de Bab- el-Abwab , bâtie par Kosroës Enouchirwân, sur un point intermédiaire entre le pays montueux et la mer des Khazars. Le même souverain construisit cette célèbre muraille qui , d'une part , s'avance dans la mer, jusqu'à une dislance d'environ un mille des côtes, et, d'autre part, s'élève sur les sommets abruptes des montagnes et descend dans leurs gorges profondes, sur une longueur de quarante parasanges, jusqu'à ce qu'elle aboutisse à une place forte nommée Tabarestân. De trois milles en trois milles à peu près, suivant l'importance de la route sur laquelle elle s'ouvrait, il plaça une porte de fer, près de laquelle il installa, dans l'intérieur de l'enceinte, une peuplade chargée de veiller à sa garde et à celle de la muraille. Ce rempart devait opposer une barrière infranchissable aux allaqnos des tribus voisines du Kabkh, telles que les Khazars, les Mains, les Turcs, les Serirs et les autres peuplades infidèles. Pour visiter les sommets escarpés des monts Kabkhs et les parcourir dans leur longueur et leur largeur, il faudrait bien deux mois ou plus. Quant aux tribus qui habitent ces cantons, le Créateur tout-puissant pourrait seul les énumérer. Un des délilés de ces montagnes vient aboutir à la mer des Khazars, près de Bab-el-Abwab, ainsi que nous venons de le dire; un autre aboutit à la mer Mayotis, citée plus haut dans cet ouvrage et uploads/Geographie/ al-masudi-france-1.pdf

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