Orientalistische Literaturzeitung 2018; 113(4–5): 283–292 Dimitri Meeks A-t-on

Orientalistische Literaturzeitung 2018; 113(4–5): 283–292 Dimitri Meeks A-t-on enfin trouvé le pays de Pount ? de Breyer, Francis: Punt. Die Suche nach dem „Gottes- land“. Leiden/Boston: Brill 2016. XI, 800 S., 48 Taf., 5 Kart. 8° = Culture and History of the Ancient Near East 80. Hartbd. € 204,00. ISBN 978-90-04-32260-8. Besprochen von Dimitri Meeks : Saint- Clément-de-Rivière / Frank- reich, E-Mail : dimitri.meeks@wanadoo.fr https:/ /doi.org/10.1515/olzg-2018-0099 L’A. défend, dans un copieux volume de plusieurs cen- taines de pages, la thèse d’une situation africaine du pays de Pount. Il veut, de cette façon, contribuer à asseoir cette hypothèse et, comme on le constate à travers tout le volume, en faire la somme qui clôt définitivement le débat. Le plan de l’ouvrage s’articule en huit parties où l’ensemble des éléments en faveur de la thèse africaine sont examinés en détail. Le Chapitre I (p. 1–8) présente les prolégomènes où est très rapidement exposé comment et pourquoi l’A. a été amené à traiter ce sujet et évoque certains points de méthode. Le Chapitre II (p. 9–55) rappelle ce qu’il consi- dère comme les fondamentaux : le nom de Pount et son éventuelle origine ainsi que les sources pertinentes pour son étude. Le Chapitre III (p. 56–310) décrit la quête contemporaine à la recherche de Pount. L’historiographie y occupe une place importante. Cela touche aux accès vers le pays, aux produits qui s’y trouvent (minéraux, végé- taux, animaux), aux huttes sur pilotis, au point de vue des africanistes et des linguistes. Le Chapitre IV (p. 311–441) relate la quête de Pount par les anciens Égyptiens. L’A. examine toute la logistique de l’expédition, ses partici- pants, la traversée du désert oriental vers le bord de mer, les mouillages et les installations portuaires, les navires et leur structure, la navigation proprement dite, sa durée, les saisons favorables, le séjour sur place et le retour avec les marchandises. Il est également question des Poun- tites visitant les côtes égyptiennes et de leurs radeaux et des débuts de l’ethnographie qu’illustreraient les scènes du temple de Deir el-Bahari. Le Chapitre V (p. 442–519) nous emmène „vers de nouveaux rivages“. Le but ici est de confronter les données archéologiques fournies par les recherches récentes dans la Péninsule Arabique du sud- ouest et de l’Afrique du sud-est au sens large, allant de la corne de l’Afrique, jusqu’à l’Abyssinie et le sud du Soudan. Ceci pour tenter de dégager les éléments qui permettent de situer, sur ces bases, Pount d’un côté ou de l’autre de la Mer Rouge. La partie africaine est la plus copieuse et la plus détaillée. En effet, l’A. récuse tous les arguments relatifs à la Péninsule Arabique, qu’il trouve trop super- ficiels et insuffisamment documentés. Je reviendrai plus bas sur cette question. Le Chapitre VI (p. 520–589) procède à une enquête ethno-historique en regardant „à travers les lunettes d’Hatchepsout“. À partir des éléments que l’on peut récolter dans les scènes du temple de Deir el-Bahari, l’A. s’efforce d’identifier la langue parlée par les pountites. Il se fonde principalement sur les rares indices founis par l’anthroponomastique, spécialement le nom du Grand de Pount (Pȝrhw). Il recueille des indices phonologiques, en dépit de la pauvreté des témoignages. Un point attire parti- culièrement son attention, le nom des ḫbs.tw „les barbus“ de Pount qui, selon lui, serait une transposition en égyp- tien de ḥabäšat une désignation des Abyssin (p. 530–535). L’A. s’intéresse à l’organisation politique et sociale de Pount et compare la royauté pountite à ses homologues nubiens et axoumites. L’habillement des pountites n’est pas oublié, non plus que la religion et les croyances funé- raires. Le Chapitre VII (p. 590–593) en arrive à la conclu- sion attendue : Pount se trouve en Abyssinie, ou plus pré- cisément à la jonction de la plaine soudanaise orientale et des hautes terres éthiopiennes bordant la côte africaine de la Mer Rouge. Le Chapitre VIII est dévolu à la traduction commentée des trente-neuf textes égyptiens considérés comme fondamentaux pour l’étude et la compréhension du pays de Pount. L’ouvrage se termine sur une liste des planches et illustrations (Chapitre IX, p. 655–657), une copieuse bibliographie (Chapitre X, p. 658–738), des illus- trations (Chapitre XI, p. 739–786), des cartes (Chapitre XII, p. 787–791), un Addendum (Chapitre XIII, p. 792–794) et des index (Chapitre XIV, p. 795–800). Un travail de cette ampleur devrait emporter l’ad- hésion ne serait-ce que par sa taille et la quantité d’in- formations réunies. Toutefois, en scrutant la façon dont l’A. analyse sa documentation, certaines interrogations viennent à l’esprit, et certains points paraissent avoir été traités avec une certaine désinvolture quand ils n’ont tout simplement pas été pris en compte. Questions de méthode. L’A. insiste très fréquemment sur la nécessité d’une approche méthodologique rigou- reuse et objective qui éviterait de ne retenir de la docu- mentation existante que ce qui conforterait une hypothèse choisie aveuglément par pur a priori. Il est cependant loin d’être évident qu’il ait respecté cette règle et semble Brought to you by | Iowa State University Authenticated Download Date | 3/26/19 10:38 AM 284 Dimitri Meeks être souvent tombé dans le travers même qu’il dénonce. Si le problème posé par la localisation de Pount est à ce point délicat, c’est parce que ce toponyme n’est connu que des textes égyptiens et qu’aucun rapprochement avec d’autres toponymes d’assonance similaire dans d’autres langues n’ont fourni d’indice décisif (p. 86–87 , 242–246). Ces textes peuvent accompagner des scènes représentant des Pountites en contact avec des Égyptiens ou, comme c’est le cas des célèbres scènes du temple d’Hatchepsout à Deir el-Bahari, illustrer un paysage pountite. Pount est mentionné fréquemment dans les textes depuis l’Ancien Empire jusqu’à l’époque hellénistique pratiquement sans interruption. Mais l’intérêt de l’information qu’ils pro- posent est bien évidemment de nature très inégale. L’A. opère une sélection drastique au sein de cette documen- tation. Ne trouve grâce à ses yeux qu’environ une quaran- taine de sources écrites (p. 594–653, mais voir p. 18–23 où soixante-sept d’entre elles sont listées), allant de la Pierre de Palerme au grand papyrus Harris, tout en accordant néanmoins la place finale de sa liste à la stèle de Défenneh, d’époque saïte. Les textes tardifs sont systématiquement écartés au prétexte que, depuis Mariette, il existerait un consensus parmi les égyptologues selon lequel ils n’ont pas valeur de témoignages parce qu’ils sont trop corrom- pus, tributaires de modèles anciens et ne reposeraient sur aucun contact contemporain avec Pount. (p. 17). Sauf à y voir une convenance personnelle, on ne sait d’où l’A. tient ce consensus qui ferait implicitement des prêtres égyp- tiens de ces époques des ignorants totalement isolés des réalités du monde environnant et réduits à recopier, fort mal, des textes qu’ils ne comprenaient pas. Que cela plaise ou non, le problème de Pount est d’abord lié aux textes où son nom apparaît. On ne peut éliminer aucun d’entre eux qui apporterait la moindre lumière sur sa situation géogra- phique, les routes terrestre ou maritime qui y mènent, les produits que l’on y trouve etc., quelle que soit leur époque et leur nature, sans exclusive. Les textes des temples tardifs apportent un nombre important d’informations de ce type qui ne concordent pas nécessairement avec les choix de l’A. On comprend qu’il les ait écartés. Dans un ouvrage aussi copieux, il aurait été plus qu’utile d’analyser ces informations et d’évaluer en détail leur pertinence. De façon générale il aurait fallu aborder le sujet de façon équi- librée entre Afrique et Péninsule Arabique, en confrontant les données relatives aux deux hypothèses, sans traiter la dernière par le seul ridicule. La documentation iconographique a, de toute évi- dence, la préférence de l’A. en ce qu’elle fournirait plus d’indices sur Pount que les textes. C’est, dans une certaine mesure, vrai des reliefs du temple d’Hatchepsout, mais beaucoup moins pour les autres. Ce choix de l’A. repose sur la conviction que les données logistiques, géogra- phiques, ethnographiques, ethniques, sont mieux identi- fiables dans l’iconographie. Même si l’on regarde, comme le fait l’A. „à travers les lunettes d’Hatchepsout“ (p. 520), l’enquête ethno-historique ainsi menée ne peut être que tronquée. Les scènes à notre disposition ne peuvent être analysées correctement sans comparaison directe avec les données textuelles afin de tendre vers un résultat qui aurait quelque cohérence. L’accès au pays de Pount. Selon la façon dont on com- prend la question que le chef pountite adresse aux Égyp- tiens fraîchement arrivés sur place (Urk IV, 324, 10–11) on considèrera qu’il existait deux voies d’accès à Pount, la voie terrestre et la voie maritime, ou une seule : la voie maritime. L’A. a choisi cette seconde option en suivant Kitchen qui traduisait : „Have you descended the paths of heaven (jn jw h(ȝ)~n=ṯn ḥr wȝ.wt ḥr.t), (or) have you tra- velled on water and on land ?“ 1. Ou, comme le propose l’A. : „Seid ihr auf Himmelswegen hinabgestiegen, (oder) seid ihr zu Wasser und zu Land gereist ?“ (p. 624), en ajoutant en note, „Freier könnte man ideomatisch übersetzen Seid ihr vom Himmel gefallen?“. Les Pountites stupéfait de voir arriver des étrangers dont ils uploads/Geographie/ meeks-olz-113-4-5-2018-a-t-on-enfin-trouve-le-pays-de-pount-pdf.pdf

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