Le safoutier (Dacryodes edulis) · un arbre mal connu T SILOU Laboratoire d'étud

Le safoutier (Dacryodes edulis) · un arbre mal connu T SILOU Laboratoire d'études physico-chimiques Faculté des sciences BP 69 Brazzaville Congo Reçu le 3 janvier 1996 Accepté le 26 mars 1996 Fruits, 1996, vol 51 , p 47-60 © Elsevier, Paris Le safoutier (Dacryodes edulis) : un arbre mal connu. RÉSUMÉ Le safoutier est domestiqué depuis longtemps dans les pays du golfe de Guinée où son fruit est très largement consommé. La revue présentée fait le point des connaissances acquises sur certaines caractéristiques de cet arbre encore peu connu, mais qui offre de grandes potentialités : origine, distribution, botanique, multiplication tant végétative que sexuée, maladies, utilisation de la plante, valorisation et transformation. MOTS CLÉS Dacryodes edulis, localisation des productions, botanique, multiplication des plantes, organisme nuisible, utilisation, traitement. The relatively unknown bush butter tree (Dacryodes edulis). ABSTRACT The bush butter tree has long been domesticated in the Gulf of Guinea region, where its edible fruit is highly appreciated. The present bibliographical review summarizes published data on some characteristics of this still relatively unknown tree species with considerable potential: origin, distribution, botany, vegetative and sexual propagation, diseases, uses of the plant, development and processmg. KEYWORDS Dacryodes edulis, production location, botany, plant propagation, pests, uses, processmg. Fruits, vol 51 (1 ) 47 El safou (Dacryodes edulis) : un arbol mal conocido. RESUMEN Hace mucha tiempo que el safou es domesticado en los paises del Golfo de Guinea donde su fruta es muy consumida. La revista bibliografica presentada recapitula los conocimientos adquiridos sobre ciertas caracteristicas de este arbol todavia poco conocido pero que ofrece grandes potencialidades : origen, distribucion botanica, multiplicacion tanto vegetativa coma sexuada, enfermedades, utilizacion de la planta, valorizacion y transformacion. PALABRAS CLAVES Dacryodes edulis, localizaciôn de la producciôn, botanica, propagaciôn de plantas, plagas, usos, procesamiento. SILOU introduction Le safoutier (Dacryodes edulis HJ Lam) appartient à la famille des Burseraceae. Il est domestiqué depuis longtemps dans les pays du golfe de Gui­ née et en particulier au Cameroun, au Congo, au Nigeria et au Zaïre. Le safou, fruit du safoutier, est très largement consommé en Afrique centrale, où il fait l'objet d'un commerce intense qui tend à dépasser les frontières de ces différents pays. Malheureusement, cette plante est peu connue sur le plan scientifique dans son aire de dévelop­ pement, et pratiquement inconnue ailleurs. De plus, l'information disponible, publiée le plus souvent sous forme de littérature non conven­ tionnelle (mémoires d'étude, rapporrs techniques internes, etc), n'est pas facilement accessible. Le fruit du safoutier présentant un grand intérêt alimentaire, une revue bibliographique a été entreprise pour réunir les connaissances acquises sur la biologie de cet arbre et la composition chimique de son fruit dans la perspective de sa valorisation. origine, distribution et botanique Contrairement à beaucoup de plantes cultivées en Af rique tropicale (manguier, manioc, mais, bana­ nier, etc), le safoutier, comme le palmier à huile, serait originaire d'Af rique équatoriale et tropicale (AoRlENS, 1943 ; TROUPIN, 1950 ; AUBREVlLLE, 1962 ; BOURDEAUT, 1971 ; KEN GUE, 1990a), et plus exactement du golfe de Guinée (Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo, Zaire, etc). Son aire de distriburion s'étend actuellement de l'océan Atlantique à l'ouest (Sierra Léone à l'Angola), jusqu'en Ouganda à l'est (fig 1). Ses nombreuses appellations vernaculaires - atanga (Gabon), omunu (Bénin), basau ou sau (Cameroun), nasa fou, nsa fou ou sa fou (Congo, Zaïre, Cameroun) - témoignent tout à la fois de l'étendue de son aire de répartition, de son importance pour les populations locales et de son caractère autochtone dans ces différentes régions. Ces mêmes facteurs pourraient expliquer le nom­ bre élevé de noms scientifiques différents qui ont pu être utilisés pour désigner le safoutier : - Pachylobus edufis G Don, Pachylobus sa phu Engl, 48 Fruits, vol 51 (1) Canarium saphu Engl, Canarium edulis Hook, Canarium mubago Fichalo, et enfin Dacryodes edulis HJ Lam (BOURDEAUT, 1971). D edulis, qui est le nom d'espèce qui a été le plus utilisé dans la littérature scientifique durant ces dix dernières années, tend à supplanter tous les autres. Le safoutier est un bel arbre au tronc très droit et au port étalé, qui peut atteindre 8 à 12 m de haut, parfois 20 à 25 m lorsqu'il croît en forêt dense. Ses feuilles sont composées et imparipennées, avec des folioles oblongues, lancéolées, acumi­ nées, glabres et très luisantes sur la face supérieure. Les inflorescences sont en panicules axillaires. Les fleurs sont brun-foncé et l'intérieur des pétales est jaune (BOURDEAUT, 1971). Si l' on se réfère à la systématique de certains autres fruitiers tropicaux tels que l' avocatier par exemple (famille des lauracées, genre Persea), qui donne lieu à dès subdivisions aussi fines que la « race » et la variété (GAILLARD, 1987), il convient de noter le peu de connaissances acquises en ce domaine pour le safoutier. Sur le plan de son développement, le safoutier serait classé dans le modèle architectural de Rauh (KENGUE, 1990a). Il possède une architecture monopodiale, des rameaux tous de type ortho­ trope, et un rythme endogène et autonome caractérisé par l'alternance régulière de phases d'activité et de périodes de repos du bourgeon. multiplication reproduction sexuée Le safoutier se rencontre à l'état spontané ou cultivé en forêt, dans les villages et même en ville. Il se reproduit naturellement par voie sexuée et sa multiplication traditionnelle se f ait donc par semis. Cette reproduction suppose d'une part qu'il y ait une fécondation efficace des ovules, et d'autre part que les graines aient une bonne aptitude à la germination et conservent suffisamment long­ temps leur pouvoir germinatif. Certains travaux orientés vers l'étude de la mor­ phologie florale de l'arbre (GIACOMO, 1982 ; KENGUE et NYA NGATCHOU, 1991) ont permis de distinguer trois types d'inflorescences chez le safoutier : des mâles, des femelles et des herma­ phrodites. Le nombre des pieds femelles, ou plus exactement le rapport [R = (pieds femelles) / (pieds mâles + hermaphrodites) J, serait le meilleur indicateur de la productivité d'un verger. Des études entreprises au Gabon (GIACOMO, 1982) et au Cameroun (KENGUE et TCHIO, 1994) indiquent que ce rapport serait de l'ordre de 1 ; un verger de safoutiers issus de la germination de graines aurait donc 50 % de ses arbres peu aptes à produire, ce qui constitue un handicap pour une telle culture. Le meilleur taux de répartition serait selon K.ENGUE et NYA NGATCHOU (1991) de 5 pieds mâles / 95 pieds femelles. Certains auteurs se sont intéressés au pouvoir germinatif de la graine : ÜLAPADE et ÜNI ( 1994) ont étudié le processus de développement des fruits afin de déterminer la meilleure période de récolte des semences ; MIALOUNDAMA (1991) a analysé, en détail, le phénomène de la germina­ tion, alors que KENGUE et NYA NGATCHOU (1990) ont cherché à évaluer la conservation du pouvoir germinatif de la graine. l'.ensemble de ces travaux a permis de constater que l'aptitude à la germination est optimale à partir du l 47e jour qui suit la nouaison et que la graine conserve son pouvoir germinatif jusqu'à 14 jours, à température ambiante (25 °C), lors­ qu'elle est conservée avec la pulpe. Cette aptitude à germer se conserve moins bien au froid (4 °C). Il s'ensuit que les graines de safou perdant rapi­ dement leur pouvoir germinatif, les pépinières ne peuvent être mises en place en dehors de la période de récolte. La reproduction sexuée du safoutier n'est donc pas aisée, et, de plus, elle conduit à une grande variabilité des caractères exprimés par les plantes et les fruits. multiplication végétative Pour pallier les problèmes liés à la reproduction sexuée du safoutier, certaines techniques de mul­ tiplication végétative ont été expérimentées. Les premiers essais, entrepris par PHILIPPE ( 1957) sur le bouturage, le marcottage et le greff age de cet arbre, ont été décevants et ont conduit leur auteur à considérer l'espèce comme inapte à ce type de reproduction. T rois décennies plus tard, MAMPOUYA (1991) rendait compte d'une stratégie globale sur la base de laquelle MAYILA ( 1988) avait mis au point une LE SAFOUTIER : UN ARBRE MAL CONNU Figure 1 Aire de distribution du technique de marcottage aérien chez le safoutier, safoutier (Dacryodes edulis). puis NZAHOU (1990) avait implanté pour la première fois, avec succès, un parc-à-bois de 2 ha à Boko (Congo), et GALAMO (1992) développait la technique d'utilisation des régulateurs de crois- sance au cours du marcottage. La technique de base ainsi mise au point peut être schématisée de la manière suivante (fig 2) : - choix d'une branche bien aoûtée, d'un diamètre suffisamment gros (2 à 5 cm) ; - double incision annulaire délimitant, sur la branche, un cylindre de 4 à 6 cm, à l'endroit ou devraient naître les racines ; - décortication annulaire, en prenant soin de gratter légèrement le bois afin d'enlever les parti­ cules d'écorce adhérant au bois ; - après cicatrisation de la blessure laissée à l'air libre pendant quelques jours, mise en place d'un épais bourrelet de substrat (terre noire, compost de feuilles de safoutier, tourbe, inflorescences mâles de palmier à huile, seules ou en association, etc), le tout uploads/Geographie/ ciradjournals-388317.pdf

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