LE RÔLE DU COMMERCE FRONTALIER DES PRODUITS ALIMENTAIRES AVEC LE RWANDA DANS L'

LE RÔLE DU COMMERCE FRONTALIER DES PRODUITS ALIMENTAIRES AVEC LE RWANDA DANS L'APPROVISIONNEMENT DES MÉNAGES DE LA VILLE DE BUKAVU (Province du Sud-Kivu) Par VWIMA Stany., MASTAKI Jean-Luc, LEBAILLY Philippe. I. JUSTIFICATION DE L’ETUDE Ce travail s’inscrit dans un cadre géographique regroupant deux pays (RDC et Rwanda) appartenant à la Communauté Économique des Pays des Grands (CEPGL) avec le Burundi. Le commerce des produits alimentaires entre population transfrontalière est une réalité. Elle est facilitée par un ensemble d’accord et certaines pratiques de proximité qui n’ont jamais été mise en cause même pendant les périodes des guerres. Les flux importants des produits alimentaires enregistrés lors de la traversée attentive du corridor frontalier entre la ville de Bukavu (RDC) et le district de Rusizi (Rwanda), les difficultés et risques auxquels les petits commerçants et les ménages sont soumis, constituent des éléments qui ont guidé le choix de l’approche conceptuelle. Lors de traversée des frontières, on peut se rendre compte que la ville de Bukavu et le district de Rusizi (Rwanda) ont des fonctions biens réparties. Alors que Bukavu fonctionne comme un grand centre de consommation, le district de Rusizi s’est positionné stratégiquement comme une ville entrepôt (Soule B.G. et Musila C., 2005). Ces approvisionnements à partir de l’étranger solidifient encore la dépendance alimentaire de la province du Sud-kivu en général et la ville de Bukavu en particulier. Ce problème mérite une étude particulière et a guidé aussi le choix de ce travail. Le choix de l’approche conceptuelle de cette étude a été aussi motivé par le souci de voir la contribution du commerce frontalier à la paix, à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire. Ceci constitue les réponses à plusieurs préoccupations au développement et à l’intégration régionale. Dans ce cadre, plusieurs auteurs, comme Johnson D. et al. (2006), Cling J- P.(2006), Tegera A. et al.(2007), Masato Hayashikawa (2009), ont déjà montré qu’il existe un lien entre commerce, développement et lutte contre pauvreté. Plusieurs programmes sous régionaux (CEPGL), régionaux (COMESA, CIRGL), internationaux (Banque mondiale) ainsi que plusieurs ONGs internationaux (Alert International, DFID) s’intéressent de plus en plus à cette problématique. II. PROBLÉMATIQUE Bien que le commerce soit un catalyseur nécessaire à la consolidation de la paix dans la région des Grands Lacs où les populations sont extrêmement interdépendantes (Johnson D. et al., 2006), mais dans l’hypothèse d’un retour durable à la paix dans cette région, comme le souligne Soule B.G. et Musila C. (2005), la relance d’économies sinistrées pose des défis énormes. Les réalités commerciales transfrontalières permettent d’observer des flux très importants d’échanges des produits du secteur primaire, secondaire et tertiaire entre l’Est de la RDC, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. Le Sud-kivu, l’une des provinces de l’Est de la RDC, n’est pas fermée sur elle-même, elle entretien des échanges de proximité avec d’autres pays dont le Rwanda et le Burundi. Elle continue à être une des plaques tournantes du commerce frontalier avec ses voisins malgré le contexte de crise socio-économique actuelle. Mise à part les problèmes liés au foncier et à l’accroissement de la population, la famine au Sud-Kivu s’est accentuée avec l’insécurité généralisée sur toute l’étendue de la province avec comme conséquence la paralysie de l’appareil socio-économique, l’accroissement de la pauvreté, l’exode rural, la forte baisse de la production vivrière et la forte dépendance de son économie alimentaire du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et de la province du Nord-Kivu. Une communauté qui importe l’essentiel de sa nourriture auprès d’une autre, résout son problème alimentaire mais il suffit d’un problème politico-économique entre les deux pour que la communauté vendeuse puisse refuser de vendre ses produits et par conséquent la faim de la communauté acheteuse s’accentue. C’est la notion d’arme alimentaire (CONSORTIUM CRONGD/Sud-Kivu, 2010). Il suffit encore que la production du vendeur baisse pour que ce dernier cesse d’approvisionner l’acheteur. Le vendeur peut à sa guise manipuler l’économie de l’acheteur qui n’a pas de choix en lui imposant ses conditions, l’obligation de nourrir la population étant au dessus de toute chose. Plusieurs questions découlent de ce débat dont les principaux sont : l’instabilité du marché étranger (prix, quantités, taux de change, crise alimentaire) déstabilise régulièrement les échanges entre pays ; les contraintes liées aux capacités matérielles d’importation (transformation, conservation, transport et distribution) ne permettent pas d’assurer toujours une disponibilité alimentaire ; la contrainte liée à la pauvreté de la population rend quelque fois difficile l’accès aux produits alimentaires. Face à l’augmentation de la demande dans la ville de Bukavu due en grande partie par l’augmentation démographique, vaut-il mieux continuer à importer ou produire soi-même ces vivres ces prochaines années ? Cette première alternative améliore naturellement la situation des importateurs urbains mais pas celle des ménages producteurs et constitue la principale contrainte et goulot d’étranglement non seulement à sa souveraineté alimentaire mais aussi à sa sécurité alimentaire. La deuxième alternative oblige de pacifier l’intérieur de la province et d’investir dans le secteur agricole afin de la rentre compétitive, surtout si on se rappelle du poids considérable du secteur agricole dans la vie économique et sociale. Pour assurer leurs couvertures alimentaires, on constate que les ménages urbains trouvent facilités de s’approvisionner en denrées alimentaires sur les marchés frontaliers du district de Rusizi(Rwanda). Cette situation risque encore de s’accentuer étant donnée les limites de l’agriculture du Sud-Kivu à répondre à court terme aux pressions de la demande sans recours aux marchés frontaliers et étrangers. C’est dans ce sens que l’étude sur le rôle du commerce frontalier des produits alimentaires avec le Rwanda dans l'approvisionnement des ménages de la ville de Bukavu, articulée autour de trois questions suivantes, s’avère nécessaire. 1) Le commerce frontalier des produits alimentaires entre le Rwanda et la RDC, crée-il des effets socio-économiques multiples profitables à la province du Sud-Kivu ? 2) Quelle est l’ampleur des produits alimentaires en provenance du district de Rusizi (Rwanda) dans l’approvisionnement des ménages de la ville de Bukavu. 3) Quels sont les déterminants des pratiques d’approvisionnement des produits alimentaires en provenance de district de Rusizi (Rwanda) ? III. HYPOTHÈSES En se basant sur les théories économiques et les revues de la littérature sur le commerce frontalier et approvisionnements alimentaires, les hypothèses suivantes ont été formulées afin de répondre aux questions posées. 1) Les effets socio-économiques multiples créés par le commerce frontalier des produits alimentaires entre le Rwanda et la RDC ne sont pas profitables aux paysans ruraux et à la sécurité alimentaire à long terme de la population du Sud-Kivu. 2) Le flux et le volume global des produits alimentaires en provenance du district Rusizi (Rwanda) sont importants par rapport à d’autres sources d’approvisionnement de la ville de Bukavu. 3) Les facteurs liés aux caractéristiques des ménages, ceux liés à l’offre en produits alimentaires et à leurs caractéristiques et ceux liés aux conditions de transaction déterminent les pratiques d’approvisionnement des produits alimentaires en provenance du district de Rusizi (Rwanda). IV. OBJECTIFS DU TRAVAIL L’objectif global de ce travail est de mettre en évidence l’importance des approvisionnements des produits alimentaires en provenance du district de Rusizi (Rwanda) dans la sécurité alimentaire de la province de la ville de Bukavu. Ce travail a comme objectifs spécifiques d’analyser le commerce frontalier des produits alimentaires entre le Rwanda et la RDC, de quantifier les flux des produits alimentaires en provenance de district de Rusizi(Rwanda) qui entrent dans la ville de Bukavu, d’analyser l’efficacité des marchés des produits alimentaires en provenance de district de Rusizi (Rwanda), d’identifier et analyser les différents facteurs qui déterminent les pratiques d’approvisionnement des produits alimentaires en provenance de district de Rusizi (Rwanda) par les ménages urbains de la ville de Bukavu, de définir des politiques visant à améliorer le système d’approvisionnement alimentaires de la ville de Bukavu et pouvant faciliter l’intégration régionale. V. MÉTHODOLOGIQUE III.1. Choix de la zone d’étude On s’est intéressé à la ville de Bukavu qui est une partie de l’espace à l’intérieur de laquelle les effets directs et indirects liés à la présence de la frontière sont fortement ressentis et matérialisés par la présence des douanier, des agents de police, des militaires, des cambistes, des transporteurs,…. Le choix de la ville de Bukavu est motivé par plusieurs facteurs dont sa position géographique et démographique ainsi que son rôle joué dans cette période pendant laquelle tous les milieux ruraux du Sud-Kivu sont dans une situation d’insécurité. La ville de Bukavu est située à l’Est de la RDC, au Sud-Ouest du lac Kivu. Elle est située à 350 km de Goma, à 1650 km de Kinshasa (capitale de la RDC), à 120 km d’Uvira et à 15 km seulement de Kamembe (Rwanda). Elle est la capitale de la province du Sud-Kivu. C’est une ville qui compte 60 Km². Les statistiques disponibles à la mairie de Bukavu montrent que la population de la ville de Bukavu a sensiblement augmenté. En 1971, la population de cette ville était chiffrée à 133.086 habitants, en 1980 elle était de 250.359 habitants et en 2004, elle était de 459.070 habitants et, selon les statistiques de la division des affaires intérieures du Sud-Kivu, la ville uploads/Geographie/ commerce-transfrontalier-avec-rwanda.pdf

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