CONTES DU NIVERNAIS ET DU MORVAN CONTES MERVEILLEUX DES PROVINCES DE FRANCE Col

CONTES DU NIVERNAIS ET DU MORVAN CONTES MERVEILLEUX DES PROVINCES DE FRANCE Collection dirigée par PAUL DELARUE D É J A P A R U S : A. MILLIEN et P. D E L A R U E : Nivernais et Morvan. Geneviève MASSIGNON : Brière, Vendée, Angoumois. A L'IMPRESSION : P E R B O S C - C É Z E R A C : Bas-Languedoc et Gascogne. Gaston M A U G A R D : Pyrénées. E N P R É P A R A T I O N : Charles JOISTEN : Alpes (Dauphiné). Ariane D E FÉLICE : Berry et Poitou. François CADIC : Basse-Bretagne. Victor SMITH : Haut-Languedoc et Lyonnais. Ariane D E FÉLICE : Haute-Bretagne. Sont envisagés des Recueils de Guyenne, de Franche-Comté et Bourgogne, de Savoie, etc... et des pays de langue française : Canada, Réunion, etc. A. MILLIEN et P. DELARUE C O N T E S DU NIVERNAIS ET DU MORVAN COUVERTURE ET ILLUSTRATIONS d'ARSÈNE LECOQ ÉDITIONS ÉRASME - PARIS Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Copyright by ÉDITIONS ÉRASME, 1953. CONTES MERVEILLEUX DES PROVINCES DE FRANCE PRÉSENTATION DE LA COLLECTION Gédéon Huet, qui fut l'un des derniers grands spécialistes français du Conte populaire, estimait que « l'une des manifestations les plus remarquables de l'acti- vité scientifique du siècle dernier a été l'investigation, entreprise dans les pays les plus divers, des traditions populaires, particulièrement de la partie la plus belle et la plus intéressante, les contes qui vivent dans la mémoire des peuples » (1). Les recherches se sont poursuivies dans le monde entier jusqu'à nos jours, et l'inventaire des contes populaires est loin d'être achevé, même en Europe où des collections importantes apportent chaque année de nouveaux documents qui bouleversent les fragiles constructions de théoriciens trop pressés; même dans les pays qui parlent notre langue, provinces de la métropole et vieilles colonies d'outre-mer, où des enquêtes trop peu connues ne cessent d'enrichir notre con- naissance du conte français. En Bretagne et dans les provinces de l'Ouest , dans les Alpes, les Pyrénées et çà et là dans toute la France; au-delà de l'Atlantique, au Canada, dans les îlots français ou franco-canadiens des U.S. A., en Louisiane et dans les Antilles, des prospecteurs qualifiés ont recueilli récemment et recueillent encore ce qui subsiste de nos contes traditionnels, condamnés par notre civilisation mécanisée à une proche et totale disparition ; et si, parmi les versions recueillies, beaucoup sont altérées, il en est de très belles, qui n'ont pas subi l'influence de plus en plus envahissante de l'imprimé, il en est qui sont de purs joyaux de cet inimitable style oral particulier aux bons conteurs. A plusieurs reprises, des enquêtes intéressantes, dont les résultats ne sont (1) Revue de l'Histoire des religions (1916), pp. 1-50 : G. HUET. Authenticité et valeur de la tradition populaire. que très partiellement publiés, furent menées par des chercheurs avec le concours de maîtres et d'élèves de l'enseignement primaire ou d'étudiants de facultés. D'excellents folkloristes avaient déjà, dans le dernier tiers du siècle précédent, rassemblé des documents d'une valeur capitale, que la maladie ou la mort ne leur a pas permis de publier. Inaccessibles au spécialiste comme à l'ami de notre littérature orale demeurent les contes colligés par Victor Smith en Velay, Vivarais et Forez entre 1870 et 1876, par Achille Millien en Nivernais entre 1874 et 1895, par Félix Arnaudin dans les Landes avant 1887, par Oscar Havard en Ille-et- Vilaine avant 1900... (2). Ainsi, à l'heure où, pour un recueil sincère, paraissent tant de compilations et de démarquages qui ne donnent pas leurs sources, tant d'arrangements litté- raires au travers desquels on ne reconnaît plus la voix populaire, tant de recueils de contes de telle ou telle province où se mêlent le conte authentique, la légende, l'anecdote, la chronique pseudo-historique et le récit fabriqué, une part impor- tante de notre patrimoine traditionnel, relevée avec toutes les garanties souhai- tables d'authenticité, reste ensevelie dans des archives de musée, des bibliothèques privées, des collections particulières. L'éditeur, qui eut l'idée de la collection « Contes merveilleux des Provinces de France » (3) inaugurée par le présent ouvrage, et moi-même, chargé d'en assumer la direction, avons voulu que les récits choisis pour composer nos recueils fussent de préférence puisés à ces sources ignorées ou méconnues. Et la rédaction des différents volumes a été confiée à des « collecteurs » qui, ayant fait « sur le terrain » la quête des contes, seront appelés à présenter le meilleur de leurs propres récoltes ou de celles de chercheurs disparus. Pour répondre à des degrés de curiosité différents, chaque série provinciale ou régionale se présentera en une double édition : — Une édition courante qui, avec les textes des contes, donnera une introduction précisant les circonstances de l'enquête, la région explorée, la nature et la valeur des documents recueillis, la manière des conteurs qui les ont fournis, et d'autres points qui varieront selon les zones prospectées ou les manuscrits utilisés. — Une édition annotée qui, à la reproduction intégrale de l'édition ordi- naire, ajoutera un commentaire folklorique pour chacun des contes publiés; ce commentaire résumera les autres versions recueillies par l'enquêteur, dira les (2) Sur les grandes collections européennes récentes et les enquêtes et manuscrits énumérés ci-dessus, voir, dans Arts et Traditions populaires, n° 2 (avril-juin 1953), pp. 97-103 : P. DELARUE. La collecte et l'inventaire des contes populaires ; état des travaux en France. (3) Le nom de la collection signifie que la première place sera donnée, dans les recueils, aux contes merveilleux qui sont les joyaux du conte populaire ; mais les autres genres seront aussi représentés : contes animaux, contes facétieux, randonnées, contes d'attrape ou de menterie, etc., comme on pourra déjà s'en rendre compte en parcourant la table du présent volume. caractéristiques locales ou régionales du thème, sa zone de répartition dans le monde, les rapprochements intéressants auxquels il se prête avec des œuvres littéraires, donnera son numéro dans la classification internationale des Contes- types (4), signalera très brièvement l'état de nos connaissances sur ce conte, et, le cas échéant, les travaux publiés ou en cours. Nous souhaitons que nos recueils apparaissent, non comme des collections de fleurs séchées, encloses dans un herbier où elles auraient perdu leurs couleurs, mais, dans la mesure du possible, comme de simples bouquets qui auraient conservé la fraîcheur des vivantes floraisons encore fixées au sol natal. « J'aime à savoir d'où viennent les jolies fleurs que l'on me donne à respirer » a écrit quelque part Emile Henriot, à propos d'un recueil de contes (5). Cette curiosité légitime est, en effet, celle de maint lecteur et plus particulièrement de celui qui habite la région dont on lui présente un florilège ; comme elle est celle du folkloriste qui voit dans l'indication des sources une précision nécessaire, un gage de la sincérité du collecteur et un moyen de contrôle. A la suite de chacune des versions publiées sont indiquées le nom, l'âge et le pays du narrateur, la date de la notation, et parfois d'autres indications sur la provenance du récit ; ces informations, com- plétant celles qui sont données dans l'Introduction particulière à chaque volume, permettront de replacer le conte dans le milieu physique et humain où il fut recueilli. Les textes publiés reproduisent aussi fidèlement que possible la parole des conteurs. Les retouches apportées parfois aux textes enregistrés ou sténographiés ne portent que sur des traits accessoires, réduction, par exemple, du nombre des « alors », des « qu'il dit », des « et puis » qui reviennent constamment dans les récits de certains conteurs et qui, supportables à l'audition, eussent importuné le lecteur. Dans le cas des contes notés en un parler local particulier, l'adaptation française est calquée sur le texte relevé, et une version caractéristique est publiée sous la forme originale, avec la traduction française en regard (6). Pour les contes reproduits d'après les manuscrits de folkloristes disparus, l'introduction signale la manière dont furent établis les textes. Dans ces manuscrits se trouvent souvent des cahiers où les conteurs eux-mêmes ont consigné leur répertoire à la demande de l'enquêteur. Mais, il faut bien le reconnaître, presque toujours, embarrassés de leur plume, ils perdent leur naturel, abandonnent le style oral, (4) Sur cette classification et sa nécessité pour les études sur le conte, voir l'introduction au Commentaire folklorique de l'édition annotée. (5) Emile HENRIOT. Esquisses et notes de lecture, Ed. de la Nouvelle Revue critique, 1908, p. 16. (6) Voir dans ce recueil la présentation du conte n° 7. (Version morvandelle du Petit Chaperon rouge.) s'empêtrent dans le récit, éprouvent la gêne de l'inculte malhabile qui doit écrire une lettre, ou de l'écolier à ses premières rédactions (7). Ces textes doivent presque toujours être retouchés, avec tout le respect que méritent ces gauches et naïfs témoignages. Enfin, dans les contes peu nombreux qui sont reproduits d'après des versions entendues autrefois et reconstituées de mémoire, la simplicité du genre est observée, sans que l'auteur puisse se uploads/Geographie/ contes-du-morvan-et-nivernais.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager