Florin Caragiu L’homme à deux cœurs © Éditions Vinea COLLECTION „ VINEA INTERNA

Florin Caragiu L’homme à deux cœurs © Éditions Vinea COLLECTION „ VINEA INTERNATIONAL ” « BUCAREST-PARIS, HUIT LIVRES DE POÉSIE POUR LA FRANCE », 2014 : Anca Mizumschi : MADRUGADA. Chansons d’amour et de furie Cassian Maria Spiridon, L’ÉPREUVE Angela Nache-Mamier : MADAME BOVARY / votre fidèle et savante lectrice Mihail Gălăţanu : LE HAREM DES PARFUMS Lia Faur : LAMÉ Florin Caragiu : L’HOMME À DEUX CŒURS Paul Gorban : PAVILLONS AU ROUGE À LÉVRES Diana Caragiu : RESPIRE AVEC MOI Coordination éditoriale: Nicolae Tzone (Roumanie) Miron Kiropol, Claudiu Soare (France) Direction littéraire: Rodica Draghincescu (France) Descrierea CIP a Bibliotecii Naţionale a României / Description CIP de la Bibliothèque Nationale de Roumanie: CARAGIU, FLORIN L’HOMME À DEUX CŒURS / Florin Caragiu ; traduction du roumain par Anamaria Lupan. Bucureşti : Editura Vinea, 2014 ISBN 978-973-698-397-9 I. Lupan, Anamaria (trad.) 821.135.1-1=133.1 Florin Caragiu L’homme à deux cœurs Traduit du roumain par Anamaria Lupan Preface de Carmen C. Lasswell Editura Vinea Bucureşti 2014 Table des matières Préface, de Carmen C. Lasswell / 11 au-dessus des nuages de pierre / 17 durée / 18 maintenant / 19 ordre du jour / 20 pique–nique / 21 intérieurs / 22 eau vivante / 23 convalescence / 24 ce fut la mort, ce fut la vie : l’amour / 25 paysage suspendu / 26 7 d / 27 donne-moi une vie de tes jours / 28 fatigué / 29 printemps / 30 5 il te suit partout / 31 paris / 32 morceaux d’automne / 33 errant dans la ville étrangère / 34 voyage vers le couchant / 35 anniversaire / 36 paysage / 37 à l’aube / 38 orphée / 39 pas sur la plage / 40 crépuscule / 41 début d’automne / 42 à midi / 43 tard / 44 canicule / 45 dans la forêt / 46 elle, la splendeur / 47 les cordes de la guitare tremblent à la fin / 48 la cuisse est une faucille / 49 les instants nous quittent plus grands / 50 rétro / 51 cristallisation / 52 miracle / 53 l’auriculaire engourdit / 54 tu te mets à écrire un nouveau roman / 55 prière / 56 6 amour / 57 hasard / 58 jour après jour / 59 bientôt l’orage / 60 il sait comment / 61 poème / 62 aquilon / 63 fleurs de glace / 64 dans un coin d’herbe / 65 voilà / 66 rien / 68 pourquoi ta main qui caresse existe-t-elle ? / 69 sincérité / 71 conte / 72 le temps nous berce jusqu’à ce qu’il s’endorme / 73 fleur des pâques / 74 le jour le plus long / 75 si / 76 mémoire / 77 l’état des choses / 78 mort ou vivant / 79 les jours raccourcissent / 80 ces heures-là torrides / 81 au bout de la terre / 82 très tôt le matin / 83 rejetés par leur propre mort, seuls les mots / 84 7 alluvions / 85 le temps se déplie telle une pâte pétrie longtemps sous les doigts / 86 pensées au débâcle du temps / 87 babel / 88 sur les collines / 89 à chaque moment / 90 la vie t’évite / 91 menu de la soirée / 92 tel un saut léger qui coupe la nausée / 93 journal d’un instant / 94 promesse / 95 sur les rives raides tu éteins les torches / 96 passage / 97 cadre d’automne / 98 le rêve de l’animal sacrifié / 99 rien et tout / 100 comment vis-tu dans un autre ? / 101 requiem pour un livre / 102 Références critiques / 103 Florin Caragiu / 107 8 Je dédie ce recueil de poèmes à ma épouse aimée Diana Je vais prouver aux hommes qu’ ils se trompent lorsqu’ils croient qu’ils cessent d’être amoureux au fur et à mesure qu’ils vieillissent, sans comprendre qu’ils vieillissent lorsqu’ils cessent d’être amoureux. Gabriel Garcia Marquez Préface Voyageur de par le monde accidenté des mots, Florin Caragiu est le poète des petits pas et des plis du sens. Les événements qu’il décrit sont, comme le dit lui-même, « des petits événements de l’absence ». Bien connu comme promoteur du concept de l’iconicité, aussi dans ses méditations théologiques que par ses idées sur l’art, Caragiu semble vouloir faire du tout une clé herméneutique afin de donner une lecture orthodoxe de la vie. La lecture iconique est différente de la lecture symbolique. Son trait caractéristique doit être souligné, parce que la nature du texte cache ses intentions, ses motivations. On connaît très bien les périls d’un symbolisme poétique religieux pratiqué sans raison. Il ne faut pas insister là-dessus. L’immanence est soit sacrifiée à la transcendance comme idée, soit orientée tendancieusement dans une direction univoque ; cette direction connaît finalement un procès d’érosion figurative, explicable par la fausse grandeur d’un allégorisme léger. Le tropisme iconique tend, cependant, à corriger cette polarisation symboliste. L’iconicité met en valeur, tout d’abord, le regard du haut vers le bas, pour respecter la kénose christique. Les choses commencent à être regardées et comprises en elles-mêmes et pour elles-mêmes ; elles commencent à prendre du poids et de la consistance intérieure, tout en étant un point de départ et d’arrivée pour les valences de l’empathie, mais aussi pour l’ionisation négative des états, frappés par le sentiment d’aliénation. La nature cesse d’être conçue comme un signal transparent de la transcendance, comme un niveau mécanique et arbitraire de signification, d’où disparaissent presque entièrement les traces d’une tragédie immanente. 11 Ainsi l’équation de l’ÊTRE se complique ; les petits êtres sans parole, mais aussi l’existence extra-humaine, en général tangente à l’être qui souffre, occupent maintenant le premier plan ; l’on remarque que même les mouvements des corps sont assumés avec une certaine conscience de leur autonomie par rapport à l’esprit qui les habite. La concession faite par le poète à l’existence de l’altérité, sous toutes ses formes, va à son point extrême ; elle a comme conséquence l’annulation de la différence théorique qui existe entre l’esprit et la vie. Le pneuma et la psyché deviennent solidaires, la logique de l’antagonisme semble finie, Jésus est le bonheur de tous... Le père Ghelasie de Frăsinei, un grand amoureux de la nature, disait que le Logos habite le monde et lui parle, pour que chacun puisse répondre, à sa manière, de sa voix et de son visage uniques, comme il les a reçus dès le Début. La création est une polyphonie de voix et de réponses vivantes qui arrivent de partout ; le postulat de l’indétermination féconde, qui ne sait pas tracer des frontières entre le vivant et le non vivant, marque fortement l’émotion artistique, avec son attention libre, flottante, non-située, mais aussi cette modalité de faire de la théologie chrétienne en respectant l’affirmation évangélique ; et cela pour nous dire que tout être DÉSIRE la Résurrection. C’est y déceler la vision leibnizienne, qui fonde l’intropathie iconique. Le poète situe la perspective à l’intérieur d’une chose minuscule et regarde vers le monde extérieur, tout en laissant se développer librement cet horizon caché de l’altérité fascinante. Des accords chromatiques y naissent, et même des structures atonales, mais elles ont une atonalité douce, qui tend se surpasser, qui semble exercer sans cesse, même si imparfaite, la voie vers ce rapport traditionnel avec le sentiment de l’univers durable, qui peut être modifié. Écoutant le bourdonnement des abeilles, Yehudi Menuhin exprime à son tour sa stupéfaction devant la recherche sans fin du son adéquat, de l’accord complexe que ces animaux créent. 12 Voici quelques vers éloquents dans ce sens : « il est temps pour autant / d’accueillir le sable mouvant du visage. sur le treuil d’une voix »; « les cormorans planteront leurs becs d’argent / dans des eaux entremêlées – / tu es une flamme appliquée sur le corps / par le couteau du matin. » ; « ton corps / dispersé sur la terre annule les distances lentement. » ; « on reste accroupis – / le moment se prolonge en nous. » ; « et si tu ne peux plus jeter l’espace / hors de toi, laisse-le grandir en toi. » ; „signe qu’entre l’œil gauche et l’oeil droit / il y a un pont qui craque sous les mondes / mis en marche. » Il faut retenir le fait qu’une poéticité entée sur l’idée féconde d’iconicité rejette ce que l’on pourrait appeler des fausses idéalisations. Les grandes idéalisations fatiguent la perception, l’œil, comme après un combat difficile mené sur un terrain qui a une nature idéo-motrice. Plus l’image est détachée de la terre, plus la fatigue musculaire qu’elle génère est grande ; une sorte d’asthénie du fond de l’œil s’y installe ; elle fait que l’acuité visuelle et affective diminue... Cette constatation est très importante pour comprendre l’ensemble des opérations nerveuses discrètes, mais en même temps graves et persévérantes, qui professent cette idéalisation mentale, mécanisme à effet « asthéniforme », bien sûr, inconnu, mais qui, en réalité, est un grand consommateur d’énergie au niveau nerveux. uploads/Geographie/ florin-caragiu-lhomme-a-deux-coeurs.pdf

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