QUE SAIS-JE ? Histoire du Luxembourg Des origines à nos jours JEAN-MARIE KREINS
QUE SAIS-JE ? Histoire du Luxembourg Des origines à nos jours JEAN-MARIE KREINS Chapitre I Premières occupations du territoire De la Préhistoire… os connaissances sur le genre d’existence des premiers occupants qui peuplèrent l’actuel territoire luxembourgeois sont des plus ténues. Les premières traces d’activité humaine sembleraient remonter au paléolithique inférieur. Les fouilles ont révélé l’existence d’une activité industrielle lithique ancienne dont nous gardons pour témoins des pierres à la taille rudimentaire, type coups-de-poing en silex, outils et armes à la fois, ou bien des objets en quartzite distribués pratiquement sur tous les sites fouillés. Il est probable que les premières populations se rattachèrent au groupe des chasseurs- pêcheurs, dits de Mauer (homo Heidelbergensis), de provenance sans doute méditerranéenne, et firent souche dans la région de la Moselle (Mosella), notamment en Lorraine. Au cours de la période acheuléenne, de nouvelles populations méridionales s’implantèrent sur les hauteurs dominantes des rives de la Moselle et de la Sûre inférieure, suivies au Moustérien d’autres groupes humains venus de l’ouest et du sud de l’Europe. Ces populations, proches sans doute de la race de Neandertal et de Spy (Belgique), occupèrent occasionnellement des cavernes et inhumèrent leurs morts avec vivres et objets usuels. Dès le Paléolithique supérieur, soit environ 40 000 ans avant l’ère chrétienne, apparaissent des traces d’homme de Cro-Magnon (homo sapiens diluvialis). Les changements climatiques provoqués par la glaciation contraignent le nouvel arrivant à se réfugier dans les grottes et les abris naturels. On trouve des témoignages de ces habitats le long de la Sûre (Sura) et de l’Ernz noire dans la région du Mullerthal. Plus évolué que son prédécesseur, cet homme de l’âge du renne développe une industrie lithique florissante et notamment des lames tranchantes. Outre la pierre, il transforme os, ivoire et bois de renne pour en faire des ustensiles usuels et des objets de parures masculins et féminins dont on conserve des spécimens dans les collections du Musée national à Luxembourg. Il subsiste aussi des témoignages d’activité humaine datant de l’Aurignacien, du Présolutréen et du Magdaléen, en particulier sur les sites d’Œtrange, dans la région d’Echternach et d’Altrier. Au cours du Mésolithique, les peuplades locales se stabilisent pour développer les activités plus sédentaires de pasteurs et d’agriculteurs. De cette époque, on a conservé des microlithes, harpons et pointes de flèches, des tessons de poteries et le premier squelette d’un jeune adulte mâle. Des traces d’activité humaine furent localisées dans la région de Diekirch (au lieu-dit Herrenberg), près de Rodange (au lieu-dit Titelberg, qui sera ultérieurement un oppidum celtique), dans la vallée de l’Ernz noire, à Marscherwald, Berdorf, Altwies et Itzig près de Luxembourg. À la fin de la période, les vastes mouvements migratoires des peuples indo-européens assurèrent sans doute à nos régions un apport de populations nouvelles. Durant le Néolithique (entre 3500 et 3000 av. J.-C.), les populations quittent les vallées pour se répartir sur les plateaux fertiles du calcaire liasique et sur les terrains triasiques. D’où viennent-elles ? Les modalités de l’expansion du néolithique restent encore à préciser mais il semblerait que des flux migratoires aient existé en provenance des régions rhénanes. Les premiers agriculteurs cherchent des terres fertiles. En contournant le massif ardennais et sa vaste forêt (le terme Arduenna est un toponyme celtique signifiant haute forêt) dont les sols pauvres constituent un milieu naturel peu attractif, ils se répartissent vers le nord (environ 4000 av. J.-C.) à partir de la région de Cologne, et vers le sud en suivant la vallée de la Moselle pour pénétrer dans le nord du Bassin parisien (peu après 3500). On trouve des témoignages de leur présence entre les cours de la Syre, de la Moselle et de la Gander, ainsi qu’au sud et à l’ouest de la Sûre inférieure. Malgré le peu de documents disponibles, on sait que ces peuplades vécurent dans des huttes et construisirent peut-être des palafittes. Certaines érigèrent des monuments mégalithiques comme l’Autel du Diable près de Diekirch. En plus d’outils et d’armes polis, on a découvert des vases en céramique rubanée (Bandkeramik) d’origine danubienne et des vases campaniformes (Glockenbecher). Malgré ces quelques découvertes, le Néolithique reste peu représenté dans la région. La transition fut lente de la pierre au cuivre puis au bronze. Des fouilles dans la région de la Moselle (Trèves et Sierck) ont livré des lingots et des haches de cuivre provenant sans doute du commerce avec l’Europe centrale. Le bronze apparaît vers 1800 avant J.-C. Les objets en bronze furent mis au jour dans toute la région luxembourgeoise, tant le long de la vallée de la Moselle, de Remich à Grevenmacher et à Schengen, que dans les régions environnantes du pays de Trèves et de l’actuel Luxembourg belge (Arlon et Fauvillers). Outre ces outils en bronze, on a découvert des objets en or produits probablement à partir d’anciens gisements aurifères des actuelles provinces belges de Liège et du Luxembourg. D’après les différents sites des découvertes, les populations de l’âge du bronze occupèrent les mêmes territoires que ceux du Néolithique – à savoir, les plateaux proches de la Moselle et de la Sûre inférieure. À côté de tertres funéraires fouillés à Schengen, Remerschen, Niederdonven (Moselle), Hünsdorf (Alzette), Hobscheid (Eisch) et Mompach (Sûre inférieure), les fouilles ont permis de localiser des champs d’urnes à l’est du Gutland, sur la Sûre inférieure et la Moselle. C’est vers la fin de l’âge du bronze qu’ont lieu une fois de plus de grandes migrations. La migration de populations orientales et méditerranéennes, mises en mouvement par une période de sécheresse qui s’est déclarée vers l’an mil, conduit dans nos régions des populations celtiques en provenance probable de l’Illyrie et du Danube. Avec ce nouvel apport migratoire, le territoire passe à l’âge du fer (environ ixe siècle av. J.-C.). Durant la période du Hallstatt, les populations localisées dans le sud de l’actuel territoire luxembourgeois (dit Gutland ou Bon Pays), instruites sans doute par des artisans originaires d’Europe centrale, vont travailler le fer. Favorisée par sa position centrale, la région bénéficia d’apports divers : superposition de l’utilisation du bronze et du fer, fabrication de poterie hallstattienne, influences multiples tant de l’Europe du Sud que de l’Europe centrale. Les objets découverts sont multiples : épées, poignards, lances, javelots, boucliers et cuirasses retrouvés dans les tombes des guerriers. À part les armes, on dénombre aussi des objets ornementaux tels des colliers ou des anneaux et des poteries du Hallstatt, jaunes, rouges ou noires de type méridional. Semblable à celui de la période précédente, l’habitat est formé soit de petites huttes rectangulaires, soit de grandes fermes. Palissades, remparts et fossés entourent les villages souvent construits sur des promontoires comme à Alburg dans la région de Beaufort. L’époque marque un net progrès par rapport à la période précédente grâce à l’usage du nouveau métal, mais aussi par les apports en provenance de l’Europe centrale et méridionale. Pendant la période de La Tène (dès le ve siècle av. J.-C.), les populations celtiques vont largement se répandre en Europe et deux tribus se fixent de part et d’autre de la Moselle : les Trévires, groupe d’origine celtique, occupent une large partie de l’espace du futur Luxembourg et les Médiomatrices s’établissent dans la région de Metz. Ces deux peuplades se rattachent au peuple des Belgae établi entre la Seine et le Bas-Rhin. Elles s’établissent sur des sites occupés par leurs prédécesseurs et hérissent la région de forteresses dont le Titelberg, vaste oppidum de 50 ha sis entre Differdange et Pétange, ou bien sur le plateau de Ferschweiler près d’Echternach. La « celtisation » va jouer un rôle important dans nos régions : sans le vaste mouvement celtique ouvert aux innovations techniques, économiques et N sociales qui se développa chez nous pendant plusieurs siècles, il est peu probable que la civilisation romaine aurait pu s’étendre aussi largement et aussi aisément dans cette partie de l’Europe. … à l’occupation romaine Lors de la guerre des Gaules (58-50), César soumit, non sans peine, un ensemble de tribus établies entre la Seine, la Meuse (Mosa), le Rhin, et auxquelles on donna le nom générique de Belgae. L’arrivée des légions romaines en 53 avant J.-C. va étendre la domination romaine à nos régions. Il faudra néanmoins attendre la défaite des Trévires en 70 (Bingen, Riol, Trèves) pour que la romanisation s’enracine ; celle-ci va perdurer jusqu’au viie siècle de notre ère et opérer des transformations importantes. Durant la période gallo-romaine, la composition ethnique de la population ne se modifia guère ; seuls les modes de vies et l’organisation du territoire sont quelque peu transformés. L’apport romain se concrétisa essentiellement par l’arrivée d’agents militaires et administratifs mais aussi par celle d’hommes d’affaires et de marchands. De plus, les Romains permirent la cohabitation des dieux locaux avec ceux du panthéon romain et autorisèrent les habitants à conserver leur patronyme et leur langue. Pour établir la pax Romana (de 70 ± 400), jamais totalement acquise sur les frontières germaniques, les Romains organisèrent la Gaule en civitates, circonscriptions territoriales soumises à l’autorité d’un fonctionnaire romain. L’espace du futur territoire luxembourgeois s’inscrit à cette époque en grande partie entre la uploads/Geographie/ histoire-du-luxembourg-pdf.pdf
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- Publié le Oct 14, 2021
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