Les jardins sont-ils un lieu où s’exprime la mémoire de notre monde ? Sont- ils

Les jardins sont-ils un lieu où s’exprime la mémoire de notre monde ? Sont- ils des lieux de démonstration, d’expérimentation pour l’avenir ? Qu’imaginons-nous quand nous pensons à un jardin resté dans notre mémoire ? Que projetons-nous comme images ? Lorsque nous avons commencé à travailler ce sujet, nous avons pensé, comme les années précédentes, théoriser un peu sur le thème de la mémoire. Nous avons orienté les candidats vers Nora, Yates, Hartog. Nous leur avons proposé des pistes dans l’histoire des jardins ou des collections botaniques. Très rapidement, nous nous sommes aperçus du paradoxe : la subjectivité de la mémoire s’accommodait mal des consignes. Alors, nous les avons lais- sés aller. Mais nous avons décidé de renouer avec un exercice que nous n’avions plus pratiqué systématiquement depuis la première année (mémoire quand tu nous tiens) : nous avons demandé à des invités de nous raconter ce qu’évoquait pour eux le sujet. On ne s’étonnera donc pas qu’à part égale cohabitent ici de jeunes créateurs inconnus et des personnalités comme Peter Greenaway, Richard di Rosa, les rosiéristes Guillot, un hom- mage à Burle-Marx ou à Monet, Louis Benech, Vincent Floderer et tant d’autres. Les jardins permanents se sont eux aussi adaptés au thème : Le jardin expérimental se remplit d’odeurs et de parfums qui bouleversent nos sou- venirs d’enfance. Dans le Vallon des Brumes, l’atmosphère humide évoque les voyages anciens dans les jardins du Japon ; les ouvertures vers la Loire du Sentier des Fers Sauvages permettent de rêver, confortablement, à l’om- bre des grands arbres. La grande serre présente une collection d’orchidées : à vous de reconnaître les vraies des fausses… Thème : LES JARDINS ONT DE LA MÉMOIRE Chaumont -sur-Loire (41) Festival 2005 Les Jardins du F Festival Jardin de cairns Les roses d'autrefois Burle-Marx est parmi nous Mon jardin à moi Sétois Les fleurs de la ville de Blois 1465-2005, Mémoire brodée Transparences ... J'ai 2 ans Un champ de ruines Stumpery Le nid à fleurs Butterfly La mémoire des cannettes chambre intérieure Le jardin d'ombre et de bleu Babel Mind Mist De branche en branche Tohuwabohu Mémoire tactile De bouche à oreille Le Mémorial de Tulse Luper L'oeil de Claude Monet Dans les replis de la mémoire Topiaires Jardin de soleil et de rouge L'archéologie du cristal conservatoire international des parcs et jardins et du paysage ferme du château - 41150 Chaumont-sur-Loire tél. : 02 54 20 99 22 / fax: 02 54 20 99 24 www.chaumont-jardins.com A l’arrivée, cinq tendances se dégagent : D’abord, celle des souvenirs d’enfance, lorsque nous étions tout petits, quand les plantes, les objets nous paraissaient énormes et menaçants (Je sais que c’est pas vrai mais j’ai deux ans). Plus ludique, un potager familier familial sonore et joyeux (Mon jardin à moi Sétois). Le nid à fleurs évoque la matrice originelle et confortable et Chambre intérieure nous invite à remonter le temps. De bouche à oreille, enfin, nous fait entrer dans le monde du souvenir des sons. Deuxième groupe de jardins, ceux qui rendent hommage au passé : hommage à des personnages réels, comme le jardin Burle-Marx est parmi nous ou L’oeil de Claude Monet ; hommage à des personnages mythiques comme le Mémorial de Tulse Luper. Evocation de la confrontation entre réel et imaginaire avec les films opaques de Transparences ou même de la mort avec les stèles de Mind Mist. Thème récurrent de l’art des jardins, la fascination des ruines, avec Un champ de ruines, où le monde s’enfonce dans la terre et l’oubli, L’Archéologie du cristal où émergent du sol des merveilles que l’on croyait à jamais perdues, un Jardin de cairns, témoin d’inlassables pèlerinages auxquels les visiteurs eux-mêmes pourront se livrer. Les boissons modernes, avec la Mémoire des cannettes, se hissent, improbable troupe d’armures siglées des meilleurs marques, au rang de mythe joyeux. Comme à Este où une fontaine évoque l’incendie de Rome, ici, Dans les replis de la mémoire raconte, avec des feuilles de métal pliées et agitées de mouvements, un récent raz de marée et les mouvements sous-marins de plaques tectoniques qui l’ont provoqué. Tohuwabohu revient pour une deuxième saison, enrichi d’une année d’arrivée de graines portées par le vent. Les techniques jouent un rôle important dans ce thème, comme le jardin De branche en branche qui évoque l’histoire et le devenir du plessage, technique millénaire d’assemblage de bois, ou Stumpery, qui raconte l’art typiquement anglais de la souche empilée, ou les extraordinaires Mémoires brodées où des étudiantes nous projettent à la fois dans les jardins de broderies du XVIème siècle et dans le plus avancé de la recherche en broderie de notre époque. Une collection de topiaires destinées au Château de Versailles ou de Villandry permet de comprendre à quel point les arbres gardent la mémoire des traitements qu’on leur a fait subir (Topiaires). En mettant face à face deux grandes époques de l’his- toire de son fleurissement la ville de Blois nous montre que les modes et les techniques vont et vien- nent (Les fleurs de la ville de Blois). Les collections de plantes constituent le dernier thème de ce Festival, évoquant comment un végétal ramené du bout du monde passe du statut de rareté à celui de familier. Les roses d’Autrefois du rosiériste Guillot nous racontent la saga d’une famille folle d’innovation, mais qui retourne toujours sur ses traces pour mieux faire. Louis Benech, dans Benech is a Butterfly, joue de l’«effet papillon» pour assembler une collection de giroflées, de soucis, de cosmos. Mémoire Tactile se sert d’une collection de fougères pour nous inviter à visiter les volutes de la mémoire, tandis que la spirale de Babel, cou- verte d’une multitude de fleurs nous invite à descendre physiquement, par un escalier hélicoïdal au plus profond de nos souvenirs. Un jardin d’ombre et de bleu et Un jardin de soleil et de rouge nous racontent, seulement avec des végétaux, la mémoire enfouie et la mémoire accessible. Thème : LES JARDINS ONT DE LA MÉMOIRE Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire - 2005 On retrouve des cairns dans de très nombreuses civilisations. Ces empile- ments de pierres que l’on croise en montagne, souvent dans des lieux spec- taculaires ou inhospitaliers, sont l’expression du passage de l’homme. Celui- ci, par un geste esthétique, a besoin de laisser son empreinte dans le paysage comme pour lui rendre hommage. Le cairn garde la mémoire de ceux qui sont passés dans un lieu. Le jardin de cairns s’inscrit dans la longue tradition des jardins de pierre, notamment dans celle des jardins chinois. Le visiteur est ici amené à par- ticiper à la composition du jardin. En laissant sa trace, il fabrique la mémoire du lieu. Les pierres de toutes formes, de toutes tailles et de toutes couleurs, sont autant de mots différents, avec lesquels l’homme écrit l’histoire de la mémoire du jardin. Ces phrases minérales jouxtent des « pierres-mots », comme pour dire la même chose de manière différente. Le cairn est une vari- ation du langage. Les visiteurs s’approprient alors l’espace du jardin en per- pétuelle recomposition, décryptant les traces de ceux qui sont déjà passés et annonçant ceux qui vont encore venir. C’est un flux de mémoire qui structure ce jardin. Au fil du temps, ce jardin va évoluer, se transformer sous l’effet de la pluie, de la solidité des empilements ; il est exempt de nostalgie : les matériaux du passé servent au futur avec un nouvel élan créateur. L’homme écrit l’homme, l’homme écrit le monde, et le sol garde la trace dans sa chair de cette inter- vention. La végétation de ce jardin rappelle la végétation pionnière. On y trouve de jeunes arbres qui ne dépassent pas 1,50m (bouleaux, sorbiers, noisetiers) dont la fragilité tranche avec l’assurance des graminées conquérantes. Jardin de cairns www.chaumont-jardins.com Flora Peregrina : Marguerite Aimé-Sintès, paysagiste & Damien Provendier, écologue, France Eryngium giganteum Festuca gautieri Festuca ovina Helianthemum ‘elfenbein glanz’ Hieracium pilosella Holcus lanatus Saxifraga cuneifolia Scabiosa columbaria Sedum sp. Sempervivum tectorum Sesleria automnalis Silene alpestris Silene vulgaris Stipa tenuissima Betula verrucosa Corylus avelana Salix aurita Sorbus aria Sorbus aucuparia Achillea millefolium Agrostis capillaris Allium tuberosum Asphodelus albus Briza media Bupleurum falcatum Calamintha nepeta Deschampsia flexuosa Epilobium dodonai 4 Principales plantes du jardin Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire - 2005 www.chaumont-jardins.com 1829, à Lyon. La Maison Guillot commence à créer des roses. On se promène dans leur jardin de Monplaisir à l’ombre de parasols fleuris. Les rosiers poussent comme des arbres, les massifs semblent s’enchevêtrer. C’est ici que sont nés, à partir de 1842, des dizaines d’hybrides de Bourbon, les premiers hybrides de thé. En 1975, apparaissent ici les premiers polyan- thas. Bref, c’est ici que cela se passait. Les plus belles roses du monde vien- nent de cette pépinière d’apparence modeste. La mémoire intacte de ces créa- tions toujours reproduites permet de développer de nouvelles roses, les «générosa» inspirées des modèles anciens. A Chaumont, c’est toute l’atmosphère de cette exceptionnelle roseraie anci- enne qui est recréée avec plus de trente roses différentes. En savoir plus : www.rosesguillot.com Jardin uploads/Geographie/ jardins-memoire-2005.pdf

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