La houlette Par Garin trousseboeuf Dans son traité, le bon Berger avait introdu

La houlette Par Garin trousseboeuf Dans son traité, le bon Berger avait introduit solennellement mais brièvement la panetière et la boite à « ongnement ». Il écrit deux pages avant de commencer sa description de la houlette : « Le bergier est aussi noblement pare de sa houlette selon son estat de bergerie, comme seroit ung evesque ou ung abbé de sa croce ou comme ung bon homme d’armes est bien acesine et asseure quand il a ung bon glaive pour la guerre ». Il ne faut pas entendre par là, dit il, qu’ils sont sur le même plan, mais « que la croce, les armes, la houlette symbolisent chacun un estat ». La bêche du paysan n’est pas méconnue mais « la houlette… en ceste partie peult et doit lui estre comparee ». Il est hardi d’identifier les deux, voire de mettre la houlette au premier plan. Le plus souvent, celle-ci symbolise plus modestement le métier de berger, là où réside sa grandeur. Dans les pastourelles politiques, la houlette accompagne des bergers de pure convention ; les noms de « maçue » ou de « maque » désignent le même instrument. Malgré sa célébrité, la houlette n’est pas utilisée par tous les bergers en France à la fin du Moyen Âge ; mais seulement par certains pasteurs en certaines régions. Elle répond aux besoins du berger sédentaire des pays cultivés. Jean de Brie qui en est le type achevé nous le fait comprendre en décrivant minutieusement ses parties et leur fonctionnement. « La houlette est ferree d’ung long fer concave en aiguisant… Au premier bout de la hante ou baston doit estre le fer dessusdit concave et ung peu courbe pour coper et houler la terre legiere sur les brebis, car de houler est elle dicte houlette ». Ce fer porte aujourd’hui le nom de cuillère. Jean de Brie tient une telle houlette à la main lorsqu’il présente son œuvre à Charles V sur l’imprimé de Simon Vostre, on y voit nettement le long fer qui prolonge la cuillère et fixe solidement au manche. La cuillère seule faisait le plus souvent de la houlette autre chose qu’un simple bâton. Jean de Brie ajoute : « A l’autre bout de dessoubz doit estre ung crochet de fust de la nature et essence du bois du mance mesme qui tel peult trouver, et sinon si soit fait le crochet par addicion d’ung trou ou d’une cheville de estrange bois ». La houlette alors est dite non seulement à cuillère mais à crochet, comme celle que porte Jean de Brie devant Charles V. Sur la gravure, un point indique même la cheville. Le Bon Berger termine en expliquant la fonction du crochet : « Par ce crochet du bout de la houlette son prises, tenues et acrochiees les brebis et les aignaux pour visiter s’il y a rongne, pour oindre, pour seigner et mettre a obeissance et pour y pourveoir de remede ». Perrine Mane reprend en grande partie les travaux de l’ouvrage cité plus haut qui apparaît dans sa bibliographie. Jean de Brie reste la source textuelle incontournable en ce qui concerne les bergers. Elle précise cependant que « …au XVème siècle, c’est surtout la houlette qu’utilise le berger. Elle n’apparaît pas dans l’iconographie avant les dernières décennies du XIVème siècle, mais devient à la fin du Moyen-Âge l’attribut de l’activité pastorale, du moins dans la France du nord et en Flandre. » Elle ajoute : «En fait, cet instrument qui permet de guider les brebis avec précision répond surtout aux besoins des bergers sédentaires, dans des régions très cultivées. Les documents iconographiques reflètent d’ailleurs assez fidèlement cette répartition géographique spécifique. Ce sont seulement dans les manuscrits provenant d’ateliers rouennais, des bords de la Loire, plus particulièrement la région parisienne, de la France septentrionale et des Flandres que le berger en est armé. (…) elle ne se rencontre guère dans les régions de culture extensive, de bocage ou encore d’élevages transhumants, confirmant ainsi des usages locaux différents. » Constitution de la houlette : Toujours d’après Perrine Mane, « la houlette est constituée d’un bâton écorcé, provenant le plus souvent d’un bois blond et dur, peut-être du néflier, comme le conseille Jean de Brie. Sa longueur varie entre 1,20m et 2m. Une des extrémités de cette hampe se termine par une partie métallique ou cuillère qui « sert à ramasser et à houler, c'est-à-dire jeter de la terre légère sur les brebis. » Cette cuillère peut avoir la forme d’un rectangle incurvé et tranchant ou adopter la forme d’une navette concave à l’extrémité pointue. Ces fers mesurent de 15 à 20cm de long et sont emmanchés à douille sur le bois. (…) est parfois renforcé par quatre clous traversant la douille. » Elle ajoute « Environ 20% de ces houlettes sont munies, du coté opposé à la cuillère, d’un crochet, souvent métallique, d’une dizaine de centimètres. Pour Jean de Brie, l’ergot est en bois » (voir plus haut). Quelle que soit la matière de ce crochet, il sert à attraper et de maintenir les brebis par une patte. Elle note que les bergères en sont toujours dépourvues (sauf rares exceptions….) Proposition de reconstitution. Nous suivons donc l’avis de Perrine Mane en ce qui concerne les matériaux choisis. Il sera peut être difficile de trouver d’une part une branche de néflier (je ne sais pas à quoi ça peut bien ressembler… je me renseignerais !). D’autre part, son diamètre aux extrémités peut varier, ce qui peut poser un problème pour la facture des douilles au forgeron (quel diamètre ?) Il ne semble pas logique, tant pour Crèvecœur que pour la Bretagne d’une manière générale (pays de bocages) d’utiliser un tel outil. Cependant, son caractère emblématique d’une profession importante à l’époque (commerce de la laine !) m’incite à le réaliser quand même. Si des clichés à but régionalisant doivent être réaliser, il faudra s’équiper de simples bâtons, comme précisé par ailleurs dans l’ouvrage. Le crochet, bien que relativement rare gagnera à mon sens à figurer dans la reconstitution, dans un but didactique. Il pourra toujours être démonté si besoin, ou remplacé par un crochet de bois. Autant l’avoir sous la main. Données techniques : La cuillère : Longueur comprise entre 15 et 20cm, soit un peu plus long que la longueur d’une main, douille comprise. Son extrémité libre est carrée, comme présenté sur les images ci-dessus et à coté. Des variantes en forme de feuille concaves (dernières images) sont possibles (pour des réalisations ultérieures). Le fer de la cuillère présente fréquemment un angle avec la hampe de la houlette, mais pas toujours. Est-ce un effet de perspective qui les rend droites ? Difficile à dire. Les cuillères de houlette récentes sont droites et la plupart de celles que j’ai pu voir dans ma petite collecte d’iconographie, sont droites. Le crochet Il est donc assez rare de voir le crochet associé à la cuillère. Néanmoins, comme il apparaît à la page 1 de « Le bon bergier » par Jehan de Brye, édition Simon Vostre (bibliothèque nationale, réserve S 1001) il me semble intéressant de le mentionner. Il est donc moitié plus court en longueur hors tout que la cuillère, monté à douille sur la hampe. Le retour du crochet revient presque jusqu’au niveau de la douille. L’extrémité du crochet n’est pas pointu, mais semble fini en boule ou en petite boucle, probablement pour ne pas blesser l’animal qui se fait attraper. Je suppose aussi que la section du crochet est ronde, une section carrée risquerait de blesser l’animal. L’ampleur de la boucle doit pourvoir permettre le passage de la patte d’un mouton. (je n’ai pas cette donnée sous la main…) Et Donc ? Voilà ce que donne l’objet, réalisé sur la base d ce document, par Gisenpaille, forgeron émérite s’il en est ! L’ensemble de la cuiller et douille fait bien la taille d’une main. C’est un outil assez petit, on pourrait en réaliser de plus gros, au vu de l’iconographie et des pièces existantes, la plupart du temps XIXème. Le crochet a été réalisé lui aussi en fer forgé, cas rare mais non absent. Il est un peu petit pour attraper une patte de mouton, mais conforme à l’iconographie… peu fiable dans ce cas donc ! On évite de jouer avec ce crochet sur les bêtes ! Le manche est un morceau de bois provenant de la forêt du croissant au loup à Saint Renan, un simple rejet de chataigner, les parties en fer ont été placées à chaud sur le bois par Michael Jordan, pour que sa forme soit exactement celle du fer. Le tout solidarisé par un clou replié en fer forgé. Quand à l’usage… C’est là qu’on voit que c’est un métier que celui de berger. On peut en effet creuser et lancer des mottes assez loin devant soi avec, mais avec une précision des plus aléatoires, et pour un résultat qui l’est tout autant : Les moutons qui n’ont pas l’habitude de ces jets ne réagissent pas toujours ! uploads/Geographie/ la-houlette 3 .pdf

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