La médina et la ville, pour quel aménagement ? Mme S. BENABBES Département d’Ar
La médina et la ville, pour quel aménagement ? Mme S. BENABBES Département d’Architecture, Université Mentouri, Constantine RESUME: Malgré l’importance indéniable des médinas, elles n’ont pas pu s’inscrire dans les préoccupations des planificateurs, et elles ont été souvent écartées des nouvelles orientations, même lorsqu’on a prétendu vouloir les conserver, elles ont été évitées par les dispositions des plans d’urbanisme. Or la place de la cité historique dans l’agglomération globale est un élément déterminant et guide pour les choix d’aménagements futurs. Dans la pratique, et à différents degrés, on assiste à la translation des activités dynamiques de la médina, vers la ville nouvelle extra muros. La dichotomie de deux systèmes urbains aux contenus culturels si contrastés, crée un état de déséquilibre « psycho spatial », amplifié par la crise urbaine. Celui-ci se traduit par l'intériorisation de la médina transformée en un espace social « Prolétarisé » et un espace urbain dégradé (D. BENJELLOUN, p.23). La rivalité entre la ville et la médina n'est pas seulement socio-économique. Elle est également d’ordre architectural et conceptuel. Dans ce contexte, comment réfléchir donc à la nouvelle vocation de la médina et comment intégrer sa polarité dans la ville ? Son problème prend une forme « bidimensionnelle », il se pose d'abord en terme de survie et de son développement intérieur, et, en terme d’expansion et du rôle joué par cette dernière dans le reste de l'agglomération. La communication que je propose, se veut une lecture synthèse et critique a partir d’une recherche de longue haleine sur les enjeux, stratégies et doctrine de la réhabilitation des médinas, comme elle présentera un essai typologique sur les différentes interventions urbaines relatif à ce type de tissu, a partir d’un bilan des approches faites sur les médinas maghrébines au cours des 30 dernières Années. Enfin, que faire aujourd’hui et demain de ces tissus urbains, et quelle place leur réserver dans les politiques urbaines? MOTS CLEFS : Médina Maghrébine, politiques urbaines, Typologie des interventions, Stratégies, doctrines. Benabbès S. 2 INTRODUCTION La place de la cité historique dans l’agglomération globale est un élément déterminant et guide pour les choix d’aménagements futurs. Les villes modernes du Maghreb évoluent vers un cosmopolitisme formel de couleur technologique et idéologique d'emprunt, reléguant les activités des médinas à un rôle périphérique et folklorique. L'urbanisme communautaire s'en trouve ainsi amoindri, appauvri et étonnamment déprécié, au profit d'un urbanisme Officiel »1. Dans ce contexte, comment réfléchir donc à la nouvelle vocation de la médina et comment intégrer sa polarité dans la ville ? On assiste assez souvent à une concurrence et dualité entre la centralité de la cité ancienne, qui était souvent la ville toute entière, puis devient le centre ville, puis voit son rôle s’éclipser ; et le centre ville de création récente. En effet, et généralement le centre traditionnel de la ville fait une translation spatiale vers des terrains plus propices, offrant de meilleures conditions de services et d’échanges, créant le centre nouveau. Seulement ce nouveau centre de création nouvelle, peut ne pas être concentré au niveau d’un espace unique, il peut avoir une configuration linéaire et même diluée dans une bonne partie de la ville. Profitant de cette situation et de ces conditions, il y a eu plusieurs tentatives pour reconquérir la centralité « perdue » autour du noyau historique, seulement souvent il y a eu négligence du fait que la réalité est formée désormais de deux pôles distincts qui ont leurs avantages et leurs inconvénients, et qui ont des rapports d’interdépendance(pour illustrer cela nous n’avons qu’à voir l’échec de l’opération de sauvegarde de Fès, qui n’ a pas réussie son recentrage pour des difficultés de site ) Une telle reconquête passe par une opération de revalorisation, en vue de renforcer et adapter la configuration actuelle aux conditions nouvelles en matière d’hygiène et d’accessibilité; tout en veillant à mettre l’accent sur la récupération du rôle polarisateur prédominant, afin qu’on puisse répondre de nouveau aux besoins de toute l’agglomération. Le résultat d’une telle approche, peut mettre le noyau historique objet à deux débats contradictoire : Est-ce qu’il réussirait son rôle nouveau de reconquête de place qu’il lui est dû dans toute l’agglomération ? Ou bien se contenterait-il seulement d’être un pole centralisateur, spécialisé, parmi dans d’autres de création récente ? Si c’est ce nouveau rôle qu’il aura à jouer, comment pouvons-nous veiller à trouver un équilibre et une cohérence entre lui et le reste des pôles. I- LA REHABILITATION DES MEDINAS : ENJEUX, STRATEGIES ET DOCTRINE Les grandes mutations économiques et sociales des dernières décennies ont entraîné une urbanisation accélérée, un développement démesuré et non maîtrisé des agglomérations et une transformation de l'image de la ville. Les médinas n'ont pas échappé à ce phénomène, ils se trouvent ainsi en déclin, comme conséquence de politiques urbaines globales trop souvent peu cohérentes et inefficaces. Ainsi, leur problème prend une forme « bidimensionnelle », il se pose d'abord en terme de survie et de leur développement intérieur, et, en terme d’expansion et le rôle joué par ces derniers dans le reste de l'agglomération. 1 Dr Bichara KHADER et Prof. Jean-François NIABARDI; Réhabilitation des médinas Maghrébines. Directeur du Centre d'Etude et de Recherche sur le monde Arabe Contemporain (U.C.L.- D.V.L.P.) ; Unité Architecture (U.C.L. - Faculté des Sciences appliquées) ; Centre d'Etude et de Recherche sur le monde arabe Contemporain n° 41-42 ; Pp22-23. Conférence Internationale sur la Médina Tlemcen, 13 et 14 mai 2008 3 Ce qui nécessite la définition de « tentatives » d’interventions à travers les opérations classiques de rénovation, réhabilitation et restructuration « intra-muros », et parallèlement, penser aux actions ouvertes vers l'extérieur des noyaux historiques, afin de les désenclaver, les relier, les rééquilibrer et leur donner une dynamique nouvelle par rapport aux extensions urbaines plus récentes. 1- Pour quelle démarche en vue de réhabiliter la médina ?2 Les écueils que le débat se devait d'éviter, c’est de ne pas tomber dans un archivage de la Médina dans la ville, ni dans une pétrification d'un tissu de relations sociales et culturelles, mais il faut tracer clairement la perspective d'une réhabilitation qui passe par une revitalisation des ensembles qui ont survécu à la boulimie de la ville dite « moderne »3. Cette ouverture a poussé Dominique DEREMIENS, selon les propos de J.F.Mabardi, à prôner la nécessité de ramener avant tout l'objet du débat à la considération publique, par une réhabilitation qui donne à nouveau une légitimité, qui a été interrompue pendant quelques décennies. Cette « appropriation » vient comme un processus de « re-connaissance » théorique qui dépasse la description et en propose une lecture profonde. Une infinité de travaux et réflexions ont eu lieu pour imaginer un devenir à ces espaces sensibles, par des interventions, mais lesquelles ? Et quel est (sont) le(s) concept(s) les plus appropriés ? « D'abord il s'agit de réhabiliter quoi ? Un tissu urbain physique ? Des fonctions spécifiques ? Une entité culturelle et religieuse ? Un centre de Pouvoir ? Un espace de convivialité ? Ils pensent que ces noyaux historiques ont connu une décadence certaine, ils n’ont pas su résister à la modernité, malgré la profondeur historique qu’ils recèlent, donc ils se retrouvent en quelque sorte dans une position de « disqualification » pour laquelle il faut penser à la retrouver. 2- Les différents rapports aux centres historiques dans la réhabilitation: Afin d’apprécier les différents rapports qu’ont les différents acteurs à ces centres historiques, il faut se rappeler que ces espaces fonctionnaient dans une trilogie formée d’un pôle culturel, un pôle productif et un pôle d'échange, où l’habitant du lieu est le principal acteur. Il suffit qu’il y ait perte d’un des pôles, pour que l’ensemble se déséquilibre et perd de son essence. Donc toute opération de réhabilitation de la médina doit trouver une nouvelle synthèse de cet ordre ternaire pour lui donner sa véritable dimension. Après tant de déclin et de décadences, les centres historiques ne présentent aux yeux des responsables ou décideurs aucun enjeu, du moins pour leur échéancier, qui s’inscrit dans le court terme ; En réalité, ce type de relation devient problématique. Du côté des concepteurs, il y a deux solutions envisageables extrêmes : La conservation pure ou la destruction totale, « les enjeux de la légitimité, de l'identité, de la modernisation, ont formé variablement pour conserver, aménager, remanier une partie du tissu urbain traditionnel ou le faire disparaître »4. Quant aux pratiques de la société, la population originelle les a déjà abandonnées depuis longtemps, lors de l’accession des états à l’indépendance, car on les trouvait déjà incommode aux conditions de vies nouvelles. 2 Pr. Mohamed NACIRI ; « Les préalables à la réhabilitation des centres historiques dans les pays arabes : une personnalité, une structure, une volonté » ; Publication réalisée avec l’aide du ministère des affaires étrangères Italien, et de l’institut culturel Italien à Rabat sur « La réhabilitation des cités anciennes ; Actes du Colloque International ; Salé les 6-9 octobre 1988 ; Edition association BOUREGREG, 1990, 173pp, Pp13-14. 3 Prof. Jean-François NIABARDI; Réhabilitation des médinas Maghrébines; La direction de uploads/Geographie/ la-medina-tissu-urbain-a-sauvegarder-tlemcen-conference-internationale-sur-la-medina-13-14mai2008.pdf
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- Publié le Jul 04, 2022
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