La voie initiatique du labyrinthe Dominique Aucher 5 PRÉFACE DE BENOÎT DE SOLYS

La voie initiatique du labyrinthe Dominique Aucher 5 PRÉFACE DE BENOÎT DE SOLYS Depuis la nuit des temps, la quête de l’essentiel a toujours été envisagée sur le modèle du voyage. Que le voyage soit concret ou qu’il soit métaphorique, il constitue l’élément dynamique de la quête. Et nous devons envisager cet élan dans une parfaite interre- lation entre le corps, l’âme et l’esprit. Ce voyage qui commence par la Terre doit nous conduire d’em- blée vers la Terre-Mère, ce qui nous laisse à penser que tout voyage que l’on fait, même sur un plan symbolique, est un voyage qui s’accomplit sur le corps de la mère à la recherche de l’espéré centre. Et cette terre promise est aussi celle qui est inscrite au plus profond de notre chair, au cœur même de notre corps. Ce centre corporel est la figuration de la chair et de la parole perdues. C’est ce centre qui nous appelle et qui nous aide à parcourir le chemin et à retrouver la voie. Dans les civilisations traditionnelles, avec une intuition parfaite et une grande certitude, le chemin de l’âme en quête du centre va se transcrire dans le phénomène du pèlerinage et l’itinérance symbolique au cœur du labyrinthe en sera le fidèle modèle. Dès les plus hautes époques de l’histoire, on constate que le quêteur est convié à ce pèlerinage de l’âme et que ce processus se traduit par la recherche de notre propre âme en accédant au lieu sacré de la Terre-Mère, là où la communion entre nous et l’univers est alors actualisée. Ce lieu sacré de la Terre-Mère a toujours été singularisé par deux réalités particulières qui sont d’une part la grotte temple et d’autre part, le sommet de la montagne. C’est-à- dire le lieu où l’on entre à l’intérieur de la Terre, ou, au contraire, celui le plus extérieur à elle, là où la Terre essaie de rejoindre le ciel. Ce contraste évoque une double polarité dynamique du dedans et du dehors, du creux et du plein, de la vulve et du pénis renvoyant aux deux manières dont l’humanité s’est toujours repré- senté le centre du monde. En d’autres termes, il s’agit du nombril La voie initiatique du labyrinthe 6 du monde et de l’axe du monde. Une fois qu’on a trouvé le nombril du monde, on accède à cet axe qui fait le lien symbolique entre le centre de la Terre et le centre du ciel : le cœur du labyrinthe. Au cours des âges, cette représentation a évolué pour devenir le temple en tant qu’aboutissement du voyage. Le temple devenant le lieu où nous devions nous rendre, tel un centre surréel et spiri- tuel du monde. Au fur et à mesure que l’on fait le voyage sur le corps de la Terre vers son centre, on est nourri et guidé par cette Terre Grande-Mère et en même temps verticalisé et inspiré par l’Axis Mundi céleste. L’épreuve véritable qui valide le pèlerinage est donc l’intégra- tion du labyrinthe (en tant que structure de la conscience d’être) et le fait de ne point se dissoudre dans ce centre tant espéré. La première étape consiste à se dégager d’un maximum de leurres, car même après un si long parcours, on peut se brûler les ailes comme un papillon attiré par les feux illusoires. La pleine lumière n’étant pas visible, c’est le vide de représentation qui va devenir plein et coagula. Alors, c’est le temple de notre âme vidée des fausses représentations profanes qui va pouvoir entendre le son du Tout Autre. Le voyage de l’âme sur le chemin du labyrinthe nous conduit à l’intimité même de la Terre Chair. Cette chair de la Grande- Mère se réalise par l’assomption de la Vierge Marie-Isis en tant que structure en creux de l’œuvre de l’Esprit saint. La quête à travers le labyrinthe est le rythme spirituel de l’âme en harmonie spatio-temporelle avec la mélodie des mesures supérieures et éter- nelles de l’Infinité. L’expérience du labyrinthe est quelque chose de vraiment supra-mathématique dans la vie. Le labyrinthe ne ressemble pas non plus à un effet artistique mais plutôt à l’artiste qui travaille, rêve, élève ses pensées, progresse et cherche à trans- cender le monde des choses matérielles par un effort pour atteindre un but spirituel. En d’autres termes, parcourir et comprendre le labyrinthe en conscience, c’est accéder aux clefs pratiques de la loi de la Foi en Soi. Labyrinthe octogonal de Cologne 9 PRÉAMBULE Cet ouvrage est l’expression de ma relation avec le mystère du labyrinthe. Ma rencontre singulière a émergé en conscience suite à une immersion dans les profondeurs sans aucune préméditation. J’ai été choisi par le labyrinthe dans ses formes les plus subtiles. Il m’a d’abord accompagné sans se montrer ni se dévoiler pendant de nombreuses années. Il était présent dans ma vie intérieure et se manifestait sans que je le voie. J’étais aveugle de ne pas distinguer ce qui m’était donné à voir. En somme, comme le dit la Tradition, j’étais le parfait ignorant. Lors d’une quête personnelle de fin de formation pour devenir thérapeute, le labyrinthe s’est imposé à ma conscience par l’inter- médiaire d’une petite voix douce et puissante à la fois. Les liens intérieurs se sont révélés telle la pelote de Thésée, pour conduire jusqu’au centre du labyrinthe, rencontrer sa vraie nature, sa relation avec son âme dans son parcours sur le chemin de la spiri- tualité. À ce titre, les cinq principaux acteurs du mythe (Thésée, Ariane, Minos, Dédale et Minotaure) sont des figures vivantes des archétypes majeurs et universels de l’âme humaine. C’est pour- quoi comme tout personnage, leurs noms sont évoqués sans qu’ils soient précédés par un article (le, du, au…) qui pourrait induire chez le lecteur une qualification, une fonction, une abstraction, une distance ou un « hors de Soi ». Cette remarque vaut particulière- ment pour Minotaure qui personnifie un paradoxe permanent. J’ai vécu cette période d’écriture avec beaucoup de facilité. La richesse des relations entre la structure et mes vibrations était intense et fluide. J’ai simultanément décomposé et recomposé le puzzle inté- rieur dans une démarche créatrice sous diverses formes avec la recherche dans des ouvrages, la remontée épanouissante d’infor- mations créatrices et une relation énergétique constante et intense sur plusieurs années. Au fil des pages, vous découvrirez des icono- graphies de labyrinthes. Certains illustrent directement le texte. La voie initiatique du labyrinthe 10 D’autres sont présentés avec l’intention de montrer la richesse et la diversité des formes qui correspondent à des conformités mentales différentes. À ce jour, j’ai référencé trente-six labyrinthes en France métropolitaine et soixante-douze autres dans toute l’Europe. Derrière tous les aspects mis en lumière, il s’agit de l’identité réelle d’un individu qui s’offre à vous, sans qu’il s’agisse d’une représentation égotique. Avec le labyrinthe, j’ai levé les voiles et découvert l’être profond qui habite dans cette incarnation. Le chemin est sans cesse en mouvement suivant les déambula- tions et les pérégrinations que la Vie présente pour accompagner l’ouverture de conscience vers le retour aux origines. Cette explo- ration est une invitation, par propositions successives, à partager cette écoute intériorisée. Ainsi, chacun peut prendre la nourriture qui lui convient dans le moment présent. J’offre, sincèrement et à cœur ouvert, ce cadeau qui est le plus beau que je puisse prodiguer. Après avoir fait fi de la pudeur personnelle, je propose un présent d’Amour après être passé par les étapes successives de vouloir, pouvoir, oser et se taire. Je vous invite à vivre cette offrande, ce partage, dans un état d’être résonnant et de laisser vibrer en vous l’information et la mémoire. Puisse le labyrinthe vous parler comme il a communiqué avec moi. Je vous invite à lire ces pages avec le cœur, laissez l’être intérieur suivre le parcours, cheminer là où l’âme murmure ici et mainte- nant, sa voix. Merci Labyrinthe de Sens 17 LA CULTURE DU LABYRINTHE Le labyrinthe à travers les âges et les cultures Le labyrinthe est présent sous diverses formes, à tous les âges, sur tous les continents, et dans de nombreuses cultures de l’huma- nité. Sa présence est plus évidente à saisir dans les civilisations qui laissent des traces écrites et architecturales. Traditionnelles et de transmission orale, elles attribuent à cette structure une valeur symbolique et universelle. Le labyrinthe est un archétype plané- taire qui sert de support à des expériences initiatiques concrètes de lâcher-prise et d’enseignements. Dans cette vue, il convient d’éviter les interprétations intellec- tuelles, analytiques. Les déambulations au sein du labyrinthe sont des expérimentations de « se laisser agir », avec la résonance inté- rieure. L’étymologie de « labyrinthe » relie le royaume des profon- deurs, l’âme et l’expérience spirituelle. La source préhellénique nous signale que le labyrinthe est issu de « labrys » qui signifierait à l’origine « caverne », « mine à galerie et à couloirs multiples ». Une autre signification de « labrys » désigne « la double hache », un symbole qui se retrouve dans des palais de Crète. « Il y a, dans l’idée du labyrinthe, un parallèle uploads/Geographie/ la-voie-initiatique-du-labyrinthe-feuilletage.pdf

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