3’:HIKRTF=WU[^U[:?a@k@l@j@a"; M 07952 - 19 - F: 6,90 E - RD Juillet-Août 2019 •

3’:HIKRTF=WU[^U[:?a@k@l@j@a"; M 07952 - 19 - F: 6,90 E - RD Juillet-Août 2019 • N° 19-20 • Le Nouveau Magazine Littéraire 3 édito e bleu est passé au rose ! Merveilleux en- gouement populaire pour le foot féminin qui a enfin conquis les prime times, les unes des journaux, et même celle de L’Équipe, dont 98 % des pages consacrées au ballon rond en 2017 étaient… masculines. La percée est no- table, célébrée en fanfare de compliments hyperboliques – indexés aux recettes publicitaires en hausse. Une semblable ferveur a déjà soulevé l’opinion à la fin du xixe siècle, puis pendant la guerre de 1914-1918 et un peu après, quand les premières joueuses disputèrent des matchs enthou- siasmants. Jusqu’à ce que ces messieurs prissent ombrage de cette concurrence déloyale : les méde- cins découvrirent subitement que « la fertilité pou- vait en être affectée » ! Fini la plaisanterie : les com- pétitions féminines étaient supprimées. Priorité à la natalité : les femmes devaient rester à la maison. Ainsi se produisit ce qu’on appellerait aujourd’hui un « backlash », phénomène dont nous avons tenu à vous parler plus longuement (lire p. 18-23) car les avancées féministes sont menacées par ces re- tours en arrière dont nous sommes loin d’avoir pris vive conscience. L’alarme vient des États-Unis. Alabama, Géorgie, Kentucky, Louisiane, Missouri, Tennessee… Tous reviennent sur le droit à l’avortement, avec le sou- tien de Trump, des républicains et des mouvements religieux « pro-life ». Et l’on y punirait plus lourde- ment les médecins avorteurs que les violeurs. Au nom de « la défense de la vie », des années de lutte des femmes se trouvent balayées à la joie des obscu- rantistes de tous bords qui veulent maintenir l’autre sexe en soumission. Certains diront que tout cela ne nous concerne pas. Sauf qu’en Europe de nombreux pays sont at- teints de fièvre anti-avortement et, au-delà, anti- égalitaire, comme en Pologne et en Italie. On en- tend chez nous monter la même musique : halte au « terrorisme féministe », comme le titrait récem- ment Valeurs actuelles, après Causeur. Ce que disait autrement le philosophe de la nostalgie Alain Fin- kielkraut lorsqu’il s’agaçait des revendications des « mauvaises joueuses », qui ont accès à tous les mé- tiers mais persistent à se plaindre… Sans parler des violences et des viols, des inégalités salariales ou des métiers inaccessibles, l’académicien très myope de- vrait regarder autour de lui : il n’y a que 5 sièges oc- cupés par des femmes à l’Académie française (sur 35 actuellement). Pis encore, après la déferlante #MeToo, qui a per- mis une salutaire libération de la parole, on voit re- venir en force la contre-offensive, qu’on pourrait ainsi résumer : les prétendus progrès des femmes fe- raient leur malheur, celui de leurs enfants, de leurs amants, et même de la civilisation qui n’aurait rien à voir avec la domination d’un sexe sur l’autre. À pré- tendre combattre une soumission « fantasme », les féministes en viendraient à détruire la « galanterie française et la famille », à déviriliser une société qui a besoin de chasseurs, de guerriers, de modèles mas- culins pour se perpétuer. Ainsi irait à vau-l’eau, et donc au naufrage, un vivre-ensemble fondé sur un partage des rôles immuable dont la remise en cause produirait l’infertilité, les maladies et la délinquance infantile, voire l’alcoolisme et le cancer généralisé ! Le disciple de Raymond Aron, Nicolas Baverez, peut bien écrire, chiffres à l’appui, que « la femme est l’avenir de la croissance et que son investissement dans l’entreprise garantit les profits de tous », ce qui monte, si l’on n’y prend garde, c’est : « L’égalité, ça suffit, la bataille du féminisme a été gagnée et ces- sons de gommer les différences entre sexes ! » Re- frains repris par des femmes, telles les journalistes lucioles de l’ancien monde, Eugénie Bastié ou Éli- sabeth Lévy. Les maîtres ont toujours trouvé des es- claves pour les défendre, lesquelles s’octroient le ver- nis de l’affranchie. L Gare au backlash Par Nicolas Domenach Des années de luttes se trouvent balayées. Juillet-Août 2019 • N° 19-20 • Le Nouveau Magazine Littéraire 5 sommaire Le Nouveau Magazine littéraire • N° 19-20 • Juillet-août 2019 les idées 10 Le nouveau marché amoureux par Valentine Faure 16 La fin des Temps modernes par Olivier Cariguel 18 Féminisme : le retour de bâton par Rebecca Amsellem, Nancy Fraser, Titiou Lecoq 24 La révolution électro par Marie Fouquet le portrait 28 Chantal Thomas par Marie-Dominique Lelièvre en couverture Rencontres et destins croisés 34 Les Shelley et lord Byron par Christine Montalbetti 37 Melville et Hawthorne par Christian Garcin 39 Maupassant et Swinburne par Patrice Pluyette 41 Flaubert et Maupassant par Camille Brunel 42 Lou Andreas-Salomé et Rilke par Dorian Astor 44 Hitler et Wittgenstein par Xavier Mauméjean 46 Gide et Marinetti par Thomas Clerc 48 Marie Laurencin et Apollinaire par Julia Deck 50 Breton, Vaché et Gracq par Robert Kopp 52 Proust et Joyce par Philippe Forest 54 Kafka et Max Brod par Arnaud Viviant 56 Kafka et Gustav Janouch par Geneviève Brisac 58 Arendt et Heidegger par Alain Dreyfus 60 Yourcenar et Grace Frick par Bruno Blanckeman 62 Yourcenar et Bardot par Marie-Dominique Lelièvre 64 Dominique Aury et Jean Paulhan par Gabriela Trujillo 66 Unica Zürn et Henri Michaux par Éric Pessan 67 Marilyn Monroe et Arthur Miller par Philippe Labro 68 Beauvoir et Sartre par Alain Dreyfus 70 Marguerite Duras et Yann Andréa par Philippe Vilain 72 D. F. Wallace, Franzen et Ellis par Aurélien Bellanger nos livres 74 Nietzsche poète par Dorian Astor fiction 77 Dalie Farah par Camille-Élise Chuquet 78 Robert Littell par Alexis Brocas 80 Gabi Martínez par Fabrice Colin 85 Joseph Ponthus par Marie Fouquet 88 Spécial poches non-fiction 92 Lydie Salvayre par Alexis Brocas et Aurélie Marcireau 94 La raison du diable par Maxime Rovere 98 Hélène Cixous et Jean-Claude Grumberg par Alain Dreyfus 100 Au fil du Danube par Eugénie Bourlet le récit 102 Du côté de chez Trump par Dave Eggers dossier Les maîtres de l’épouvante 116 Plaidoyer pour le droit à l’horreur par Alexis Brocas 118 Dracula, vampire aux dents longues par Alain Pozzuoli 121 Lovecraft, un opéra cosmique par Alexis Brocas 124 King size par Fabrice Colin 126 Le cinéma souffle le show et l’effroi par Hervé Aubron 129 Huit terreurs du roman moderne idées, débats, récits... www.nouveau-magazine-litteraire.com Ont également collaboré à ce numéro : Fabrice d’Almeida, Simon Bentolila, Mélissa Blais, Gérald Bronner, Francis Dupuis-Déri, Jeanne El Ayeb, Alexandre Gefen, Franz-Olivier Giesbert, Sylvain Giovagnoli, Manon Houtart, Bernard Quiriny, Marylin Maeso, Pierre-Édouard Peillon, Hubert Prolongeau, Patricia Reznikov, Maxime Rovere, Juliette Savard. VENTURA/ALOTPRESS/ANDIA – ILLUSTRATION GIANPAOLO PAGNI POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE – NICHOLAS KAMM/AFP - ILLUSTRATION EMRE ORHUN POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE 114 102 Illustrations de couverture. Marilyn Monroe et Arthur Miller : Mondadori Portfolio via Getty Images – Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir : RDA/Rue des Archives – Stephen King : Francois Sechet/Leemage. © ADAGP-Paris 2019 pour les œuvres de ses membres reproduites à l’intérieur de ce numéro. Ce numéro comporte 4 encarts : 1 encart abonnement Le Magazine Littéraire sur les exemplaires kiosque France, 1 encart abonnement Edigroup sur les exemplaires kiosque Suisse et Belgique, 1 encart Sophia Boutique sur les exemplaires abonnés, 1 message abonnement Sciences & Avenir sur les exemplaires abonnés. 10 32 6 Le Nouveau Magazine Littéraire • N° 17 • Mai 2019 bien commun ILLUSTRATION ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE Les quais de Bordeaux, avril 2010. L'avis des animaux de Franz-Olivier Giesbert o n ne célébrera jamais assez la poule. C’est l’une des bêtes les plus intelligentes de la ferme, l’une des plus sentimentales aussi. Quand j’étais enfant et que j’entrais dans le poulailler des parents, en Normandie, je m’accroupissais, j’ouvrais les bras, et elles accouraient pour me faire des câlins. Le cerveau de la poule n’est certes pas bien volumineux, la taille d’une noisette. Mais elle a un cœur grand comme ça, avec une émotivité à fleur de peau. Elle a la même passion que les chats pour les caresses et, sous vos effleurements, ferme les yeux de contentement avant d’aller chercher son bonheur sous vos aisselles. J’ai eu beaucoup d’amies poules. La grande différence avec le chat est qu’on les mange. Grâce aux vidéos de L214, nous savons maintenant comment est traitée la volaille dans les élevages de la marque Duc, plus bas que terre, ramassée à la moissonneuse comme des céréales ou des haricots. Gageons que ça ne se passe pas mieux ailleurs. N’est-il pas temps, pour réparer tout le mal que nous lui avons fait depuis que nous l’avons domestiquée, d’élever la poule au rang d’animal de compagnie ? La science nous a appris récemment que la poule éprouve des émotions et dispose de 24 vocalises pour s’exprimer. Les chercheurs assurent aussi qu’elle peut compter jusqu’à cinq, faire des additions, des soustractions, raisonner par déduction, anticiper les événements, avoir des comportements stratégiques, voire machiavéliques. C’est pourquoi on peut la comparer à d’autres animaux uploads/Geographie/ le-nouveau-magazine-litteraire-n-19-20-juillet-aout-2019.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager