16ème sommet franco-africain à La Baule du 19 au 21 juin 1990 Conférence de pre

16ème sommet franco-africain à La Baule du 19 au 21 juin 1990 Conférence de presse de M. François Mitterrand, Président de la République, notamment sur l'aide française à l'Afrique en matière économique, militaire, financière et la démocratisation de l'Afrique, La Baule, le 21 juin 1990. Mesdames et messieurs, - Nous allons procéder à la traditionnelle conférence de presse. Mardi soir, nous avons tenu une réunion informelle entre chefs d'Etat des pays francophones. Dans le même temps se tenait une réunion des ministres des affaires étrangères des pays francophones. - Au cours de cette réunion, les projets décidés à Casablanca ont été examinés : l'Observatoire du Sahara et de la désertification, le projet pour la lutte contre les criquets, la recherche médico-scientifique sur un certain nombre de maladies en particulier les maladies du foie, la liaison entre l'université de Bordeaux et l'université du Caire. - La deuxième journée a commencé par la séance plénière à laquelle vous avez assisté. A la séance plénière de l'après-midi, les débats ont été multiples, comme vous pouvez l'imaginer : dette, développement, démocratie, problèmes des technologies, effondrement des cours des matières premières. - Des nombreuses propositions que nous avons entendues, je noterai celle du Président Diouf sur la constitution d'une sorte de grand marché à l'intérieur de l'Afrique qui s'inspirerait des structures de la Communauté économique européenne. Nous avons eu des débats sur l'apartheid et ces débats se sont poursuivis ce matin au cours d'entretiens particuliers. - J'ai reçu treize chefs d'Etat ce matin et cinq cet après-midi. Pendant que j'avais ces rencontres bilatérales, nombreux ont été les entretiens de ce type au gré des besoins et des affinités. - Au cours de la séance plénière, nous avons entendu des exposés de caractère général, ce qui n'était pas l'habitude. Sans doute le besoin de s'exprimer sur le débat démocratie et développement explique-t-il cela. Sont intervenus le Président Kolingba, le Président Chissano, le Président Museveni, le Président Eyadema, le Président Habyarimana, le Président Diouf et de nombreux autres, notamment ceux qui sont autour de cette table, Sa Majesté le Roi du Maroc au titre de précédent Président et celui qui nous recevra la prochaine fois, à la demande des chefs d'Etat rassemblés, le Président du Gabon. - Un certain nombre de mesures ont été prises que je vous ai communiquées au cours de mon exposé du matin. Je reste à votre disposition pour vous apporter tout éclaircissement, si vous le désirez, sur ce sujet ou sur quelques autres ; aucun sujet n'est interdit. QUESTION.- Avez-vous abordé les problèmes entre le Sénégal et la Mauritanie ? Vos discussions ont-elles fait avancer ce problème ? - LE PRESIDENT.- C'est un problème, malheureusement, dont j'ai eu l'occasion de parler très souvent avec le Président Diouf. Depuis que ce conflit dure, la France se trouve constamment invoquée par l'un et l'autre des antagonistes. Nous avons constamment rencontré les uns et les autres, nous avons uni nos efforts à ceux du Président Traore, du Président Moubarak, et, dans la déclaration finale que je ne vous lis pas mais qui vous sera communiquée, un paragraphe précise que les chefs d'Etat insistent pour que, sous l'égide de l'OUA, le différend trouve une solution, que les incidents qui éprouvent les populations cessent et que les relations amicales reprennent. QUESTION.- Je voudrais savoir si vous avez évoqué avec les chefs d'Etat rassemblés autour de vous la politique que Jean-Pierre Cot avait prônée, quand il était ministre de la coopération. N'a-t-il pas eu raison trop tôt ? - LE PRESIDENT.- Je me réjouis que le Figaro prenne tardivement la défense de Jean-Pierre Cot |... Je ne sais pas s'il avait raison ou tort. Quand on pourra développer les thèses qui étaient en présence, on pourra en débattre. Mais il s'agit d'un départ déjà un peu ancien, puisque cela remonte à 1982 ou 1983, 1982 je crois. On est en 1990, alors je ne peux pas vous répondre là-dessus. Que vouliez-vous savoir ? - QUESTION.- N'y a-t-il pas eu un règlement de compte ? - LE PRESIDENT.- Vous désirez que nous ayons un débat franco-français ? - QUESTION.- Non, non. - LE PRESIDENT.- Un règlement de compte entre qui et qui ? Entre le Figaro et moi, entre le Figaro et Jean-Pierre Cot, entre Jean-Pierre Cot et moi ? Je n'ai pas bien compris ce que vous vouliez dire. C'était trop fin. - QUESTION.- Ce que je voulais dire c'est que Jean-Pierre Cot avait beaucoup parlé de 1981 à 1982 de démocratisation. - LE PRESIDENT.- Eh bien, nous en avons tous beaucoup parlé, depuis 1981 et avant. Jean-Pierre Cot, c'est moi autant que Pierre Mauroy qui l'avons nommé et nous avons travaillé en confiance. Ce qui nous a séparés, c'est la thèse qu'il avançait sur la suppression du ministère de la coopération, pour que ce ministère soit joint au ministère des affaires étrangères. Cette jonction a été refusée et je continue de penser qu'il faut un ministère de la coopération. Voilà la seule réponse politique intéressante que je puis vous fournir. QUESTION.- Une phrase de votre discours, monsieur le Président, a fait couler beaucoup d'encre : c'est celle où vous établissez un lien entre l'aide française et les évolutions vers la démocratisation. Est-ce que vous pouvez nous expliquer concrètement comment cela va fonctionner ? Est-ce qu'il y aura une prime à la démocratisation comme le demande le Président Diouf, ou est-ce que vous avez déjà des modalités à l'esprit ? Je voudrais demander au Président Bongo de réagir également à cette idée. - LE PRESIDENT.- Il y aura une aide normale de la France à l'égard des pays d'Afrique. C'est évident que cette aide traditionnelle, déjà ancienne, sera plus tiède en face de régimes qui se comporteraient de façon autoritaire, sans accepter l'évolution vers la démocratie, et qu'elle sera enthousiaste pour ceux qui franchiront ce pas avec courage et autant qu'il leur sera possible. Voilà ce que cela veut dire. - On n'a pas à fixer un barême sur le progrès démocratique. Quant au Gabon, il se trouve que c'est un des pays - j'en ai compté huit - qui, au cours de ces derniers mois, pas simplement ces dernières semaines, ont entrepris d'organiser le pluralisme. Je ne sais combien il y a de parti actuellement au Gabon. Il y en a pas mal je crois. Je sais qu'il y en a dix-sept en Côte d'Ivoire. Evidemment, il faut qu'ils aient le temps de s'habituer. On ne passe pas facilement du monopartisme au multipartisme avant de parvenir au stade où en sont un certain nombre de pays, comme les pays anglo-saxons qui ont tendance à ne pas dépasser trois partis où les pays latins qui sont un peu plus prolixes. Les pays africains semblent devoir battre tous les records. Il faudra le temps qu'ils s'habituent à la démocratie pour en goûter tous les charmes avant d'en éprouver quelques inconvénients. - Au Gabon mais aussi dans quelques autres pays, et dans des conditions tout à fait différentes comme au Bénin, en Côte d'Ivoire et même au Congo, on assiste indiscutablement à une évolution importante et je crois qu'on ne peut qu'encourager ces efforts-là. QUESTION.- Une coopération suppose une circulation des biens mais aussi des personnes. Alors que vous avez décidé d'abaisser les blocages qui se posent à la circulation des personnes en provenance de votre pays, il y a toujours des obstacles qui se dressent pour la circulation des ressortissants francophones et notamment d'Afrique en direction de la France. Vous aviez dit que des efforts seraient faits à ce niveau-là. Jusqu'à plus ample informé, il me semble qu'il y a plutôt un resserrement des boulons. - LE PRESIDENT.- On ne peut pas dire cela. Ce qui est vrai c'est que l'obligation des visas a été prolongée. C'est d'ailleurs toujours une discussion assez difficile lorsqu'il s'agit de supprimer les visas même avec les pays européens parce qu'il y a toujours deux thèses : il y a ceux qui pensent que la sécurité serait menacée et ceux qui pensent qu'elle ne le serait pas davantage. Moi je suis de ceux qui pensent qu'il faut ouvrir les visas autant qu'il est possible, en tout cas, déjà à l'égard des pays d'Europe. C'est en train de se faire comme vous le savez. Cela n'a pas été fait, à l'heure actuelle, à l'égard des pays qui se trouvent de l'autre côté de la Méditerranée pour des raisons que vous connaissez bien : il s'agit là de pays d'émigration et, sur ce plan-là, nos lois et nos réglements imposent un certain nombre de vigilances. QUESTION.- Monsieur le Président, certains pays ont publiquement manifesté leur inquiétude après vos propos sur la démocratisation. Comment comptez-vous les convaincre ou les rassurer ? - LE PRESIDENT.- Ils ne m'ont pas exprimé leurs inquiétudes. Ils vous ont fait des confidences qui ne m'ont pas été transmises. - QUESTION.- Il nous l'ont dit à nous, journalistes. - LE PRESIDENT.- Alors, j'attends qu'ils me l'expriment eux-mêmes. Ils ne manquent pas de la capacité de s'exprimer. QUESTION.- Vous avez discuté des questions de uploads/Geographie/ mitran-conf.pdf

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