Presses Universitaires du Midi PAYSAGES RURAUX ET HISTOIRE RURALE EN ITALIE ROM

Presses Universitaires du Midi PAYSAGES RURAUX ET HISTOIRE RURALE EN ITALIE ROMAINE Author(s): Jean GRANET Source: Pallas, HORS SERIE: MELANGES OFFERTS A MONSIEUR MICHEL LABROUSSE (1986), pp. 23-40 Published by: Presses Universitaires du Midi Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43606313 Accessed: 10-09-2022 13:53 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires du Midi is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Pallas This content downloaded from 88.152.9.84 on Sat, 10 Sep 2022 13:53:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms PAYSAGES RURAUX ET HISTOIRE RURALE EN ITALIE ROMAINE par Jean GRANET * Il y avait en Italie, sous l'Empire, deux sortes de paysages déterminés par la manière de limiter les propriétés : Les terres de centuriation ont surtout retenu l'attention, t sont un témoignage original de l'emprise romaine sur le sol. L seaux de Kardines et de Decumani, en quadrillage géométrique, fois laissé des traces qui peuvent se lire aujourd'hui encore sur la te Mais il y avait aussi d'autres terroirs, et autrement délimité mites entre domaines y étaient tout à fait irrégulières, comme hasard. Cependant, ces limites étaient, elles aussi, inscrites su Certes elles n'ont pas laissé de traces durables par delà les sièc pendant toute la durée de l'Empire, et sans doute jusqu'à Th ces limites irrégulières ont gardé la même immobilité que les et les Decumani, et on les respectait avec le même religieux sc S'il nous est impossible de les observer directement, il s'est tro l'Empire, de l'époque des Flaviens jusqu'au Vème siècle, des obs professionnels qui les ont utilisées, décrites, et expliquées. Ce «Agrimensores», experts géomètres, et arpenteurs. Le précieu qui nous est parvenu sous le nom de «Corpus agrimensorum» compilation de brefs manuels, de définitions et conseils à l'usa prentis, d'extraits de documents officiels, le tout dans le p désordre. Les Centuriations, par leur régularité même, renvoient à une étape de l'histoire rurale et rappellent ce qu'il y avait de régulier et d'officiel dans l'occupation romaine des terres. Les limites irrégulières renvoient à un autre aspect de la même histoire. Elles aussi conservent, sous le Bas- Empire, le souvenir d'une origine. C'est cet accord entre un certain pay- sage et une certaine histoire qu'on voudrait examiner. * * * *Maftre de Conférences à l'Université de Toulouse-Le Mirail. This content downloaded from 88.152.9.84 on Sat, 10 Sep 2022 13:53:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 24 JEAN GRANET Si les délimitations entre dom tent la trace d'un très ancien p fixées pour l'éternité. Elles éch ques, et au temps qui efface tou Coulanges signalait cette surpre de siècle en siècle, gardaient mê partages ou regroupements (1). le quart, le «douzième» (unité f ne demeurait, devenu une unité domaines primitifs étaient délim ces signes divers, nul n'avait le d mesures sévères se répètent, de principale est celle de Nerva, agg Elle punit de rélégation les pe forcés les «Humiliores», coupab Paul V, 22). Il y avait certes, à même le sol, des raisons religieu techniques : ces délimitations m seul véritable cadastre officiel, loi ne manquaient pourtant pa (Formae). Il y en avait dans cha rium Caesaris. (Hygin - L. 202-2 nes qui ne sont pas dans les terr res, les cartes peuvent bien être pas de valeur officielle. C'est ce «Certains ont , il est vrai, con leurs possessions, mais qui ne car c'est là chose purement fac On comprendra aussi que, dè quadrillage géométrique, les arp vraie carte à grande échelle, suffi Aussi les terroirs formés de p étaient-ils parsemés de signes a ques, mais plus difficiles à repérer de centuriation lui-même était droites «rigores», fossés ou levées leur pérennité. En général de simp réguliers, suffisaient pour jalon juger par le soin avec lequel les lire, ces pierres, il faut croire qu This content downloaded from 88.152.9.84 on Sat, 10 Sep 2022 13:53:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms PAYSAGES RURAUX 25 immédiatement visibles sur le so coup de science et de pratique po nes hors-centuriation. Démêler d autres signes qui avaient valeur -of parmi tant d'autres arbres ou pierr des métiers, de l'Agrimensor. Le penteurs-géomètres ( Gromatici des opérations d'assignation, et à nes de séparation ; c'est, par exe que comment il a été de la sorte Mais, et surtout a l'époque où no lés commes experts pour reconn Quand il y avait litige en ces mat l'homme de métier. Il y avait alo litiges tout au moins, ils ne se co pert : leur sentence faisait loi, et procédé à la «demonstratio finiu une chose tout à fait exceptionn emploie, pour évoquer juges et situation assise : sedere, sessiones preuves après le passage de l'agrim tériellement visibles sur le sol, é d'un domaine. Voici pourquoi les tions de ces signes. Et il est vra chose que quelques séparations e nous pouvons l'entrevoir ... Ces territoires hors de toute d le le plus souvent Agri occupatom vraiment de «mensura» ( qui nu mais des délimitations capricieus qui séparent les divers domaines le plus ancien et le plus classiqu vécu à l'époque de Domitien à qu cieux, il s'occupe exclusivement ment ces terres «arcifinales» aux plus de place aux premiers (L. 165). Deux domaines sont souvent séparés par des arbres, «arbores ante missae » que les agriculteurs ont volontairement laissés intacts quand ils ont par ailleurs enlevé tout le manteau forestier : Cunctis excisis arbo - This content downloaded from 88.152.9.84 on Sat, 10 Sep 2022 13:53:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 26 JEAN GRANET rum generibus onum tantum ge Frontin fait aussi allusion à ces a quunt» (L. 41, 11) ... et il faut b défrichement. Ces arbres témoin ge, il est interdit de les utiliser tail. Lorsque ces arbres finissent cés par d'autres exactement semb ainsi, semblent éternels (L. 143, Pour que nul ne s'y trompe, ce qués d'un signe : arbores , notata ma Y quand ils sont à un angle croisement de limites. Certains voisins, mais les espèces ne sont cyprès qui est choisi comme arbr etc ... C'est là un trait de toute c régions savent bien que dans tell sier, mais, dans la commune voi d'arbre-limite entre les champs. En d'autres régions on utilisai buissonneuses (dumi), des fossés toute l'habileté de l'agrimensor avaient valeur juridique avec ceu rer l'écoulement des eaux : canab agrimensores évoquent le paysag causses qui sont une part import Elateaux ent des murs troués de de pierre dolines sèche, entre maceriae lac Fucin . Ces et murettes vallée de l' de Aterno) pierre peuvent : ils par- ent des murs de pierre sèche, maceriae . Ces murettes de pierre peuvent servir simplement -comme aujourd'hui- à retenir le sol. Dans certains cas seulement, elles servent de limites entre deux domaines, et celles-là, il ne faut pas y toucher. D'autres protègent vergers, vignes, ou olivettes (L. 150). Des tas de pierres appelés «Scorpiones» jalonnent aussi les limites de propriété. Est-ce un hasard si nos paysans du Gers appellent «arai- gnées», des monticules de pierres de même nature ? De simples pierres aussi, mais jamais choisies au hasard : chaque région a les siennes pour cet usage, et le plus souvent on utilise non pas des pierres du pays, mais des pierres apportées de loin pour bien montrer qu'elles sont posées là tout exprès (L. 139, 13). Il y avait enfin les Termini, les vraies bornes terminales, faites de main humaine, pour rendre évidentes les limites de propriété : Quod ter- rae mensuras distinguunt atque declarant (Isodore L. 366). Certaines This content downloaded from 88.152.9.84 on Sat, 10 Sep 2022 13:53:30 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms PAYSAGES RURAUX 27 sont relativement récentes et furent im pour marquer des oeuvres de bonifica ches. Mais d'autres remontent «aux sées, de toutes dimensions, de toutes d'angles, de croisement etc ... marqué res, casae litterarum) qui avaient une connu des agrimensores. Elles indiqua té d'une rivière, d'une source, et dans nes étaient marquées de signes incrus de verre, marques de feu ... Toute un et en même temps éternelle. C'est avaient l'immobilité des choses religi page a décrit ce que fut -tel qu'il rim Terme : le sacrifice qui a précédé, dan tée/la borne terminale, les offrandes d cendres chaudes, les couronnes et les cérémonie, plus émouvante, du «Trif gnaient (3). Ce paysage immuable des pierres et des arbres qui se distingue mal du paysage vivant, quand prit-il naissance ? Quelle est cette haute anti- quité que les arpenteurs évoquent avec respect ? * * * Les Agrimensores sont cer occupations pratiques. Mais i limites qu'ils décrivent. Ils f toujours le même. On le re Frontin (L. 6), Hygin (L. 1 des auteurs d'époque classiqu te notice «de l'examen des T ressemble beaucoup au célèb aborde l'histoire uploads/Geographie/ paysages-ruraux-et-histoire-rurale-en-italie-romaine.pdf

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