Poésies (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus) 1 L'Abandon est le fruit délicieux d

Poésies (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus) 1 L'Abandon est le fruit délicieux de L'Amour. Il est sur cette terre Un Arbre merveilleux Sa racine, ô mystère! Se trouve dans les Cieux... Jamais sous son ombrage Rien ne saurait blesser Là sans craindre l'orage On peut se reposer. De cet Arbre ineffable L'Amour voilà le nom, Et son fruit délectable S'appelle L'Abandon. Ce fruit dès cette vie Me donne le bonheur Mon âme est réjouie Par sa divine odeur. 2 Ce fruit quand je le touche Me paraît un trésor Le portant à ma bouche Il m'est plus doux encor Il me donne en ce monde Un océan de paix En cette paix profonde Je repose à jamais Seul l'Abandon me livre En tes bras, ô Jésus C'est lui qui me fait vivre De la vie des Elus. A toi je m'abandonne O mon Divin Epoux Et je n'ambitionne Que ton regard si doux. Moi je veux te sourire M'endormant sur ton coeur 3 Je veux encore redire Que je t'aime, Seigneur! Comme la pâquerette Au calice vermeil Moi petite fleurette Je m'entrouvre au soleil. Mon doux Soleil de vie O mon Aimable Roi C'est ta Divine Hostie Petite comme moi.... De sa Céleste Flamme Le lumineux rayon Fait naître dans mon âme Le parfait Abandon. Toutes les créatures Peuvent me délaisser Je saurai sans murmures Près de toi m'en passer. 4 Et si tu me délaisses O mon Divin Trésor Privée de tes caresses Je veux sourire encor. En paix je veux attendre Doux Jésus, ton retour Et sans jamais suspendre Mes cantiques d'amour. Non, rien ne m'inquiète Rien ne peut me troubler Plus haut que l'alouette Mon âme sait voler. Au-dessus des nuages Le ciel est toujours bleu On touche les rivages Où règne le Bon Dieu. J'attends en paix la gloire 5 Du Céleste séjour Car je trouve au Ciboire Le doux Fruit de l'Amour! Toi qui connais ma petitesse extrême Toi qui connais ma petitesse extrême Tu ne crains pas de t'abaisser vers moi! Viens en mon coeur, ô blanche Hostie que j'aime, Viens en mon coeur, il aspire vers toi! Ah! je voudrais qu'a ta bonté me laisse Mourir d'amour après cette faveur. Jésus! entends le cri de ma tendresse. Viens en mon coeur! Pourquoi je t'aime, o Marie ! Oh ! je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t'aime 6 Pourquoi ton nom si doux fait tressailler mon coeur Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur Si je te contemplais dans ta sublime gloire Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire O Marie, devant toi, je baisserais les yeux !... Il faut pour qu'un enfant puisse chérir sa mère Qu'elle pleure avec lui, partage ses douleurs O ma Mère chérie, sur la rive étrangère Pour m'attirer à toi, que tu versas de pleurs !... En méditant ta vie dans le saint Evangile J'ose te regarder et m'approcher de toi Me croire ton enfant ne m'est pas difficile Car je te vois mortelle et souffrant comme moi... Lorsqu'un ange du Ciel t'offre d'être la Mère Du Dieu qui doit régner toute l'éternité Je te vois préférer, ô Marie, quel mystère L'ineffable trésor de la virginité. Je comprends que ton âme, ô Vierge Immaculée 7 Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour Je comprends que ton âme, Humble et Douce Vallée Peut contenir Jésus, L'Océan de l'Amour !... Oh ! je t'aime, Marie, te disant la servante Du Dieu que tu ravis par ton humilité Cette vertu cachée te rend toute-puissante Elle attire en ton coeur la Sainte Trinité Alors l'Esprit d'Amour te couvrant de son ombre Le Fils égal au Père en toi s'est incarné... De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre Puisqu'on doit l'appeler : Jésus, ton premier-né !... O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse : Le trésor de la mère appartient à l'enfant Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ? Aussi lorsqu'en mon coeur descend la blanche Hostie Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !... 8 Tu me le fais sentir, ce n'est pas impossible De marcher sur tes pas, ô Reine des élus, L'étroit chemin du Ciel, tu l'as rendu visible En pratiquant toujours les plus humbles vertus. Auprès de toi, Marie, j'aime à rester petite, Des grandeurs d'ici-bas, je vois la vanité, Chez Sainte Elisabeth, recevant ta visite, J'apprends à pratiquer l'ardente charité. Là j'écoute ravie, Douce Reine des anges, Le cantique sacré qui jaillit de ton coeur. Tu m'apprends à chanter les divines louanges A me glorifier en Jésus mon Sauveur. Tes paroles d'amour sont de mystiques roses Qui doivent embaumer les siècles à venir. En toi le Tout-Puissant a fait de grandes choses Je veux les méditer, afin de l'en bénir. Quand le bon Saint Joseph ignore le miracle Que tu voudrais cacher dans ton humilité Tu le laisses pleurer tout près du Tabernacle Qui voile du Sauveur la divine beauté !... 9 Oh ! que j'aime, Marie, ton éloquent silence, Pour moi c'est un concert doux et mélodieux Qui me dit la grandeur et la toute-puissance D'une âme qui n'attend son secours que des Cieux... Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie ! Je vous vois repoussés de tous les habitants Nul ne peut recevoir en son hôtellerie De pauvres étrangers, la place est pour les grands... La place est pour les grands et c'est dans une étable Que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu. O ma Mère chérie, que je te trouve aimable Que je te trouve grande en un si pauvre lieu !... Quand je vois L'Eternel enveloppé de langes Quand du Verbe Divin j'entends le faible cri O ma mère chérie, je n'envie plus les anges Car leur Puissant Seigneur est mon Frère chéri !... Que je t'aime, Marie, toi qui sur nos rivages As fait épanouir cette Divine Fleur !... Que je t'aime écoutant les bergers et les mages Et gardant avec soin toute chose en ton coeur !... 10 Je t'aime te mêlant avec les autres femmes Qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas Je t'aime présentant le Sauveur de nos âmes Au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras, D'abord en souriant j'écoute son cantique Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs. Plongeant dans l'avenir un regard prophétique Siméon te présente un glaive de douleurs. O Reine des martyrs, jusqu'au soir de ta vie Ce glaive douloureux transpercera ton coeur Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie Pour éviter d'un roi la jalouse fureur. Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile Joseph vient te prier de partir à l'instant Et ton obéissance aussitôt se dévoile Tu pars sans nul retard et sans raisonnement. Sur la terre d'Egypte, il me semble, ô Marie Que dans la pauvreté ton coeur reste joyeux, Car Jésus n'est-Il pas la plus belle Patrie, 11 Que t'importe l'exil,, tu possèdes les Cieux ?... Mais à Jérusalem, une amère tristesse Comme un vaste océan vient inonder ton coeur Jésus, pendant trois jours, se cache à ta tendresse Alors c'est bien l'exil dans toute sa rigueur !... Enfin tu l'aperçois et la joie te transporte, Tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs : "O mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte ? "Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs." Et l'Enfant Dieu répond (oh quel profond mystère !) A la Mère chérie qui tend vers lui ses bras : "Pourquoi me cherchiez-vous ?... Aux oeuvres de mon Père "Il faut que je m'emploie; ne le savez-vous pas ?" L'Evangile m'apprend que croissant en sagesse A Joseph, à Marie, Jésus reste soumis Et mon coeur me révèle avec quelle tendresse Il obéit toujours à ses parents chéris. Maintenant je comprends le mystère du temple, Les paroles cachées de mon Aimable Roi. 12 Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l'exemple De l'âme qui Le cherche en la nuit de la foi. Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère Soit plongé dans la nuit, dans l'angoisse du coeur; Marie, c'est donc un bien de souffrir sur la terre ? Oui souffrir en aimant, c'est le plus pur bonheur !... Tout ce qu'Il m'a donné Jésus peut le reprendre Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi... Il peut bien se cacher, je consens à l'attendre Jusqu'au jour sans couchant où s'éteindra ma foi... Je sais qu'à Nazareth, Mère pleine de grâces Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus Point de ravissements, de miracles, d'extases N'embellissent ta vie, ô Reine des Elus !... Le nombre des petits est bien grand sur la terre Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux C'est par la voie commune, uploads/Geographie/ poesies-de-sainte-therese-de-lisieux.pdf

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